AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 104 notes
5
5 avis
4
15 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis
Le premier sous-titre qui apparaît à l'ouverture du livre a la prétention de révéler à tout un chacun que Jacques Prévert aurait été un con !
Je vous le dis, ça part fort !
Et, je sens l'approche d'un profond désarroi du lecteur.
Le nouveau livre de Michel Houellebecq est un recueil d'interventions, composé, un peu comme ma confiture de ce matin, de 55% de recyclé et de 45 de nouvelles saveurs.
Il faut le préciser d'entrée de jeu : c'est un peu fastidieux à la lecture, décousu et fouillis, parfois de mauvaise foi et reposant souvent sur des assertions douteuses .
Mais de ce fatras d'idées mal ordonnées surgit, d'un paragraphe à l'autre, d'une ligne à une autre, quelques réflexions lumineuses et quelques vérités abruptement énoncées.
Et puis, c'est entremaillé d'humour, de dérision ...
On le sait Michel Houellebecq a la faculté d'être compris de manières diamétralement opposées.
Il peut choquer ou séduire, et peu importe en réalité, car toujours avec lui on sait que la conversation va être intéressante, parfais alambiquée et difficile à suivre, mais intéressante.
Car la provocation et la mauvaise foi, contrairement à ce que se répète notre époque, n'empêche pas la réflexion, et parfois même la pertinence.
Le contemporain, qu'il soit journaliste soucieux de la petite phrase ou critique littéraire inspiré, est souvent inattentif au fond du propos.
Et c'est là son moindre défaut !
Je tiens que Michel Houellebecq s'est trompé de siècle.
Il a tout d'un de ces hydropathes littéraires et décadents dont la fin du XIXème siècle avait le secret de fabrication.
Je tiens qu'il est un poète égaré dans le roman, perdu dans ses pensées et trop éloigné d'un XIXème que sa conception de la Littérature devrait finalement lui faire retrouver.
J'ai donc lu ce livre comme il me l'a conseillé, avec des arrêts, des mouvements inverses et des relectures.
J'ai pris un tas de notes, les ai raturées.
En ai refait d'autres à même la page.
J'ai balancé le bouquin à travers le salon, ai prophéré à voix haute quelques commentaires bien sentis dont je garderai le secret.
Quand je vous disais que la conversation promettait d'être intéressante.
Et qu'il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant d'avoir lu son livre !
Non décidément, Michel Houellebecq, même s'il affecte de ne pas comprendre ce qui ne va pas, non, Michel Houellebecq n'est pas un écrivain normal, pas aujourd'hui.
Il l'aurait été, hier, coquetant avec Huysmans, ferraillant avec Mirbeau ou Descaves.
Quoiqu'il en soit, la lecture de ce nouvel opus des interventions de Michel Houellebecq, -le quatrième et le dernier, nous dit-il-, est un moment de lecture dense qui provoque des questions, des réponses et autres réactions diverses et variées.
Peut-être est-ce cela finalement la Littérature ? ...

Commenter  J’apprécie          596
Dans ce volume rassemblant des textes écrits entre 1992 et 2020, Michel Houellebecq nous livre ses réflexions sur notre monde contemporain et son nihilisme, la poésie, le travail de l'écrivain, ses romans, l'islam, le terrorisme, la tentation de la religion, les migrations humaines, la sexualité, Donald Trump, la philosophie, l'eugénisme, les mutations scientifiques, la science-fiction, la politique…Sujets divers qu'il aborde avec sa franchise habituelle relevée d'une pointe de provocation. Pessimiste mais lucide, quelques pensées percutantes, des mots justes, pour exprimer les contradictions et le mal-être de notre époque dont le fil conducteur est l'omnipotence de l'économie de marché et la réification de l'être humain. Et l'absence de liberté de pensée…ou l'optimisme béat à la Prévert

On est d'accord ou non, il nous fait sourire ou nous agace, voir nous énerve, mais difficile de rester indifférent. Il a abordé tous les sujets essentiels qui traversent le monde actuel, souligné toutes ses aberrations sans minimiser le rôle de l'homme…et de la femme ! Il lit énormément et nourrit sa pensée de sérieuses connaissances scientifiques, philosophiques, littéraires à la manière des humanistes de jadis. Tout en déplorant l'effrayante censure actuelle. « Ce qui est terrible, c'est à quel point on ne peut plus rien dire…Nietzsche, Schopenhauer et Spinoza ne passeraient plus aujourd'hui. le politiquement correct, tel qu'il est devenu, rend inacceptable la quasi-totalité de la philosophie occidentale. de plus en plus de choses deviennent impossibles à penser. C'est effrayant. » Et dénonçant ce qui constitue pour lui la plus grave menace de notre civilisation : la légalisation de l'euthanasie.
A méditer.
Commenter  J’apprécie          275
Ce volume d'essais, d'entretiens et d'articles, reprend pour partie les précédents recueils intitulés Interventions, Interventions 2, et Lanzarote et autres textes. La seconde moitié du livre contient d'autres proses du même genre, mais publiées de façon dispersée dans la presse, de là sans doute l'impression de désordre que des lecteurs peu habitués aux recueils d'essais (dont la forme fouillis vient de Montaigne) ont pu ressentir.

Les textes que j'ai découverts ont été écrits entre 2003 et 2019, et ils permettent de constater que le Milieu, éditeurs, écrivains journalistes, et autres figures connues des médias et de Babelio, continuent de parler à Michel Houellebecq, qui consent lui-même à leur répondre. Pourtant il n'a pas les opinions qu'il faut, mais il n'a pas été éliminé de la scène, grâce au succès de ses livres et aussi, peut-être, à ses dons diplomatiques. La "cancel culture" (oui, on appelle cela culture) ne l'a pas atteint, bien qu'il ait été classé par Edwy Plenel, Lindenberg, Assouline, Joffrin etc, parmi les néo-réactionnaires. On s'attendra donc à des propos nauséabonds.

Pour ce qui est du contenu, l'impression de variété, ou de fouillis, n'est qu'apparente, car le dernier essai du livre, sur la mort de Vincent Lambert, résume bien les idées fondamentales de l'auteur sur l'homme, la morale et la société, rédigées dans un style sobre et sans nulle confusion. Son esthétique apparaît bien dans un essai déjà ancien (1992), "Jacques Prévert est un con", réédité au début du volume. Entre ces deux termes, on s'intéressera aux effets de sa formation scientifique sur sa vision du monde et de la littérature. La philosophie d'Auguste Comte revient souvent, et a laissé une profonde marque sur la pensée de l'auteur. On n'oubliera pas que Michel Houellebecq est un artiste qui a lu toute sa vie (c'est le titre d'un des essais) : ses jugements littéraires, ses goûts, se discutent, et sont toujours intéressants, car il ne se laisse pas abuser par les fausses gloires mal acquises.

On retrouve ici une personnalité d'écrivain, mais non le plaisir que procurent la forme, le style, l'imagination romanesques ; de là viennent sans doute les réserves de Michel Houellebecq lui-même à l'égard de son propre livre.
Commenter  J’apprécie          240
Ce livre contient des chroniques et des interviews publiées entre juillet 1992 et juin 2020.
Les thèmes sont divers : faits de société, littérature, poésie, religion... J'ai notamment beaucoup aimé les analyses littéraires et les réflexions sur la poésie.
Il n'y a pas à dire, même si on n'est pas d'accord avec lui, Michel Houellebecq est le roi de l'argumentation. de surcroît, il n'est ni outrecuidant, ni agressif, il progresse avec minutie et efficacité dans le raisonnement tout en accordant aux affects leur place essentielle, car le raisonnement sans affect n'est qu'un mécanisme stérile et machinal ne débouchant que sur lui-même, ou sur quelque rouage inintéressant.
S'il ne m'a pas fait changer d'avis sur les points où nos vues divergent, il a ouvert mon horizon, et certaines questions mijoteront en suspens. Il est rare de rencontrer un auteur qui ne soit pas dans la véhémence et le ressentiment, qui ne veuille pas à toute force vous imposer son avis. Cela le rend d'autant plus efficace qu'on n'est pas sur la défensive. On se laisse imprégner par le sujet, et on se dit "tiens, je ne suis pas d'accord là-dessus, mais cela méritera d'être à nouveau pensé..."
C'est un écrivain qui donne envie de lire, furieusement, de réfléchir. Beaucoup.
Un homme sans oeillères, ou avec le minimum vital, capable d'envisager ce qui met le feu aux naseaux de la plupart des trop prévisibles buffles qui ruent dans les brancards à la simple agitation de la cape du torero.
Une pointure.

Commenter  J’apprécie          220
Celui qui voulait avoir des nouvelles de Michel Houellebecq, notre plus grand écrivain contemporain, eh bien en voici, il va bien bien depuis janvier 2019, il continue d'écrire mais qui en aurait douté. Il ne boit plus comme un trou, sinon il ferait pipi au lit et ce serait dommage pour un jeune marié ..

La quatrième de couverture donne le ton, il n'y aura pas de 4eme édition des Interventions. Il semble désireux désormais d'en dire encore moins sur lui au public, sur ce qu'il pense, comme des confidences qu'on évente sur le monde d'aujourd'hui ..Il se protégeait déjà presque comme une huitre, ce sera désormais rideau sur sa vie privée.

Chaque chronique, une quarantaine que compte l'ouvrage, est datée, localisée, titrée, c'est agréable à lire et pour un aficionados c'est toujours un régal. Ceux qui l'aiment l'aimeront davantage, et ceux à qui il donne des boutons, et bien ils n'en auront pas moins puisqu'il conforte ses positions.

Juste un mot encore pour ces derniers , mais juste un mot, beurk, ceux qui voulaient profiter de la sortie d'un nouveau Houellebecq, comme le fumiste mal éduqué qui attaque ad hominem à défaut de talent littéraire, beurk ! : ils en seront encore plus pour leurs frais à mesure que le temps passe, non seulement Houellebecq entend prendre du champ par rapport à l'engeance ou je ne sais quel manant qui le suit comme un morpion mais il a confié la gestion de ses affaires au plus gros agent littéraire de la place de Paris : le chien aboie la caravane passe !


Pour moi Houellebecq, c'est typiquement celui qui a quelque chose à dire et de profond. La petite musique comme dirait PPDA, celle qui élève l'âme. Un authentique artiste en somme. Et quand il est dedans, lui seul le sait et il arrive à la faire partager.

Oui quand ça coule de source, ce n'est pas comme la Grande Librairie de Busnel qui n'a jamais invité Houellebecq d'ailleurs continue de polluer le paf avec cet invité de la semaine prochaine : qu'est-ce qu'on en a à faire de cette histoire de fesses au sein de la famille Kouchner. Oui vraiment là ça coule d'une autre source de s'alimenter dans des eaux fangeuses qui puent !

Et je peux comprendre pourquoi Houellebecq ait envie de se barricader une fois pour toutes face à ce genre d'intrus ..
Commenter  J’apprécie          198
Bon c'est officiel, je suis la plus grande fan de Houellebecq de France enfin disons de ma ville. Je ne comprends même pas qu'il soit possible de le détester. En effet Michel Houellebecq est un érudit: Saint Paul, Nietzsche, Schopenhauer, Lovecraft, Huysmans, Céline, Sartre, Prévert... n'ont aucun secret pour lui, et son entreprise de vulgarisation est salutaire y compris lorsqu'il s'agit de se moquer, notamment de ce pauvre Prévert. Que reproche-t-on à Michel Houellebecq en somme ? premièrement d'être moche; bon no comment. Ensuite d'être libidineux. Oui ok, comme presque tous les hommes de son âge. Notez cependant que contrairement à nombre de ses contemporains post soixante-huitards, Michel Houellebecq dénonce sans équivoque la pédophilie. On lui reproche d'être déprimant mais ce n'est pas Houellebecq qui est déprimant c'est la société qui est déprimante c'est notre civilisation qui est déprimante. Michel Houellebecq n'est pas responsable du libéralisme sauvage et de la compétition narcissique à laquelle sont obligés de se livrer les individus dans cette jungle où nous sommes condamnés à vivre. Ce n'est pas la faute de Houellebecq si le monde de l'art est devenu une gigantesque machine à fric et à produire des artistes aussi arrogants que ridicules. Ce n'est pas la faute de Michel Houellebecq si les féministes se sont trompées de combat en aspirant a remplacer les hommes là où ils sont le plus malheureux à savoir l'entreprise. Enfin on accuse Houellebecq d'être islamophobe. C'est probablement la seule critique fondée mais force est de constater que depuis quelques années les tenants d'un islam radical et politique ne sont pas forcément les plus enclin à "vivre ensemble" avec leurs concitoyens que ce soit en France en Belgique au Royaume-Uni et qu'au bout d'un moment on peut s'interroger sur la possibilité d'un fond commun.
Bref Interventions 2020 n'est pas un roman; ce n'est pas un essai non plus; c'est une compilation de textes, d'interventions, de transcriptions d'interview entre 1992 et aujourd'hui. C'est brillant, très drôle et, de façon inattendue, gorgé d'amour.
Commenter  J’apprécie          90
Houellebecq se dévoile un peu dans cette compilation de textes parus depuis une dizaine d'années. Il aborde tous les sujets avec une grande force intellectuelle. Son propos n'est jamais neutre mais toujours argumenté. On partage ou pas ses vérités mais incontestablement c'est un homme d'esprit et d'érudition. Il symbolise admirablement la liberté d'expression, le tout porté par une plume brillante, de plus, non dénuée d'humour.
Commenter  J’apprécie          90
Houellebecq n'a pas fini de nous surprendre. Tour à tour qualifié par les lecteurs de ses romans,de fumeux, de fumiste, de décadent , d'obscène il nous livre ,dans ce recueil de textes compilés ces dix dernières années ,des réflexions très profondes sur le monde contemporain.
Un grand nombre de sujets sont abordés : l'art , l'art contemporain, la religion , le monde du travail la vie sexuelle mais aussi la poésie , les sciences , la littérature et la philosophie.Et toujours l'auteur se place en Sage décryptant les mécanismes de déshumanisation de nos sociétés modernes responsables du désarroi de nos contemporains. Houellebecq ne triche pas et nous décrit sans concession l'intimité mentale des “ gens” aux existences broyées par les contraintes actuelles.
Avec pour seule rédemption : La Bonté.
Commenter  J’apprécie          62
Compilation pour l'histoire


Outre l'arnaque d'avoir reversé dans ce volume une grande partie des précédentes interventions, on prend plaisir a redécouvrir la plupart des textes qu'on avait passablement oubliée dans l'intervalle temporel qui les sépare.

Houellebecq est un penseur iconoclaste qui tombe souvent juste. Sa liberté et son indépendance d'esprit nous surprend et nous réjouit, nous pauvre petite chose trop souvent inféodée à une doxa qui nous colle comme un vêtement mouillé.

Entrer dans les arcanes cérébrales d'un grand écrivain est la proposition littéraire la plus aristocratique qui soit. Les pièces fondamentales de ses réflexions et de ses positions révèlent un éclairage nouveau de ses romans ou une confirmation de ses fulgurances narratives.

Une oeuvre essentielle à la compréhension d'un édifice ô combien prestigieux, olympien. Une capsule protectrice éventrée dont le liquide révélateur s'écoule jusqu'à inonder notre perception globale du sujet Houellebecq.

Ses espérances, ses réactions, ses analyses froides, cliniques, dressent le portrait d'un homme étonnant, surprenant, encore au-delà de son image médiatique.

Vous l'avez compris, j'aime Michel Houellebecq et je fais même partie de cette secte qui le considère comme le plus grand écrivain français vivant, un géant comme on n'en n'a plus eu depuis cinquante ans et dont le successeur n'apparaîtra que dans le même espace de temps.

Pour conclure, un ravissement pour la pensée et un plaisir de lecture au sommet par le sens des mots et l'agencement de ceux-ci.

Bien plus qu'un livre parmi d'autres, c'est le témoignage sur son époque d'une grande figure de la littérature contemporaine et mondiale, tout simplement une compilation pour l'histoire.



Samuel d'Halescourt
Commenter  J’apprécie          51
J'aime bien la fibre polémique de Houellebecq et … je goûte son nihilisme. Mais sur l'ensemble, la qualité du recueil est hétérogène. Un exemple : le texte sur le philosophe Auguste Comte (une préface) me semble indigeste. Pareil pour Opera Bianca, une sorte de saynète expérimentale.
Peut-être l'auteur et son éditeur auraient dû faire un ‘best of' sur 200 pages.

Un extrait :
« Ce qui est terrible, c'est à quel point on ne peut plus rien dire… [ ] le politiquement correct rend inacceptable la quasi-totalité de la philosophie occidentale. [ ]
Si je suis politiquement correct, qu'est-ce que j'y gagnerai ? On ne me promet même pas soixante-douze vierges. On me promet juste de pouvoir me faire chier, de pouvoir acheter des polos R@lph Lauren … » P204
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (236) Voir plus



Quiz Voir plus

Houellebecq et son territoire

Dans quelle île est né Michel Houellebecq ?

Martinique
île Maurice
La Réunion
Guadeloupe

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Michel HouellebecqCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..