Les BD de
Simon Hureau («Le Massacre», «Crève Saucisse») se démarquent de la pléthore d'albums publiés grâce à leurs thèmes originaux et un style de dessin peu commun (proche cependant du style de
Plantu, en moins mollasson) ; une «différence» qui n'est pas forcément gage de succès commercial, à l'ère du marketing et de la culture de masse.
La Boîte à Bulles vient de rééditer «Hautes
Oeuvres», dont le scénario se déploie de façon presque circulaire autour de l'exécution du célèbre François-Robert Damiens (1715-1757), auteur d'une tentative de régicide contre la personne de Louis XV.
La BD de S. Hureau souligne la dimension de spectacle dionysiaque des exécutions en place publique, dont la violence érotique magnétisait le public autant que n'importe quel carnaval ou défilé militaire. «Hautes
Oeuvres» vaut pour ce rappel de la bestialité sociale, que les idéologies totalitaires du XIXe siècle se sont efforcé d'occulter derrière leurs utopies progressistes; l'idéologie libérale, notamment, en propageant l'idée de «liberté sexuelle» de la manière la plus sournoise; ou le nazisme à travers la théorie de l'amélioration biologique de la race humaine. Ce type de rappel est préférable aux cris d'orfraie hypocrites consécutifs à la violence conjugale de tel chanteur populaire, ou aux débordements libidineux de tel politicien ambitieux.
Du moins dans la littérature du marquis de
Sade, évoqué dans cette BD, l'apologie du viol et de la torture est-elle franche, et non larvée et insidieuse comme dans certains types de divertissements modernes, ou comme la violence des riches dominants (de nature érotique également). On pense également à
Nietzsche, dont l'incitation réactionnaire à un retour à la domination des faibles par les forts a le mérite d'être posée clairement, permettant à celui qui n'adhère à ce régime de castes de s'y opposer plus facilement qu'à une violence bourgeoise plus souterraine. (...)
(Critique complète dans le webzine Zébra)
Lien :
http://fanzine.hautetfort.co..