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EAN : 9782351761175
110 pages
Editions Galaade (04/11/2010)
3.55/5   42 notes
Résumé :
« C’était, au reste, une singulière fille. Des ardeurs étranges, un dégoût de métier, une haine de misère, une aspiration maladive d’inconnu, une désespérance non résignée, le souvenir poignant des mauvais jours sans pain, près de son père malade ; la conviction, née des rancunes de l’artiste dédaigné, que la protection acquise aux prix de toutes les lâchetés et de toutes les vilenies est tout ici-bas ; une appétence de bien-être et d’éclat, un alanguissement morbid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Cette édition propose deux romans de Huysmans : Marthe, publié pour la première fois en 1876 et Les Soeurs Vatard (1879). L'auteur, vivement critiqué par le public à la sortie de ces textes, déclare dans son avant-propos (Marthe) : "Je crois inutile de discuter maintenant sur le sujet qu'il m'a plu de traiter. Les clameurs indignées que les derniers idéalistes ont poussées dès l'apparition de Marthe et Les soeurs Vatard ne m'ont guère ému. Je fais ce que je vois, ce que je sens et ce que j'ai vécu, en l'écrivant du mieux que je puis, et voilà tout." p.26. Huysmans est clair : peu lui importe que ses récits dérangent. Son objectif est de révéler l'esthétique naturaliste développée par Emile Zola. Décrire dans ses plus infimes détails, la condition humaine des classes populaires dans ce qu'elle récèle de plus réaliste (y compris ses aspects les plus ignobles : pauvreté, maladie, alcoolisme, violence), contribue à une certaine prise de conscience nécessaire au changement. En effet, malgré leur misère et leur crasse, les classes populaires font partie intégrante de la société. S'y intéresser est indispensable pour comprendre la société dans son ensemble. Ainsi, basant son travail sur ses observations, Huysmans s'efforce de reproduire fidèlement une certaine réalité de la société (celles des ouvriers, des prostitutées et autres classes marginales de Paris) et il contribue ainsi à faire connaître le naturalisme. Marthe et Les soeurs Vatard, racontent les déboires de jeunes filles aux destins pathétiques...

Les parcours misérables de Marthe, Céline et Désirée Vatard semblent être monnaie courante dans ce Paris de fin de siècle (fin du XIXe). Exposées à la misère et à la pauvreté, ces jeunes filles, aimées, abusées ou attirées par des ivrognes ou des hommes infortunés, subissent la violence de leur condition sociale : finissant prostituée, dévergondée, alcoolique ou mal-aimée, elles affrontent mille souffrances pour des idéaux souvent vains... J'ai trouvé ces récits banals si ce n'était l'écriture de Huymans, qui par je ne sais quel tour de force, retient son lecteur. Les innombrables descriptions ne m'ont pas ennuyée : au contraire, je leur ai trouvé une authenticité qui m'a encouragée à poursuivre la lecture. Paradoxalement, les détails ignobles des conditions de vie des Parisiens pauvres de l'époque sont si bien décrits (souci scientifique et presque anatomique pourrait-on dire, du détail) qu'on ressort décontenancé de cette lecture. En fait, je ne sais pas vraiment si j'ai aimé ou non ces romans. Toujours est-il que l'écriture de Huysmans mérite le détour...
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Un récit très expeditif, un langage tres particulier. L'auteur parle de son héroïne comme s'iil s'agissait d'un ennemi dont on garde un souvenir amer...oui, cest l'expression d'une farouche haine contre une forme de misère qui ne trouve son compte que dans un cercle vicieux, dans lequel le serpent se mord toujours la queue bien sûr...
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Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd'hui au Louvre et c'est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl. A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d'art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture et il prend la tête du combat visant à imposer l'Impressionnisme au public. Marthe, histoire d‘une fille, son tout premier roman date de 1876.
Autant vous le dire tout de suite, J.-K. Huysmans fait partie de mes écrivains favoris et cette année je suis comblé, une Pléiade vient de paraître avec ses principales oeuvres et le musée d'Orsay lui consacrera une exposition à la fin de ce mois. Ayant déjà lu ses grands romans (A rebours, En rade, Là bas, En route etc.) j'ai entamé le bel ouvrage de chez Gallimard par le commencement, c'est-à-dire ce premier roman, très court au demeurant et qui fut interdit en France en son temps.
Comme l'indique son sous titre, histoire d'une fille, dans le langage de l'époque le roman nous conte le parcours de Marthe, une prostituée. Ouvrière dans une usine de perles à Paris, elle connait une première déception sentimentale avec la mort de son amant et de leur enfant, elle tombe alors dans la prostitution puis semble s'en sortir quand elle rencontre Ginginet directeur d'un théâtre qui l'engage pour sa belle figure et partage sa couche. Une nouvelle chance s'offre à elle avec Léo, un écrivain en herbe et sans le sou qui l'aime réellement. Mais il est dit que le Destin n'a pas prévu le bonheur pour Marthe, leur liaison bat de l'aile quand le quotidien éteint la passion et malgré les efforts des uns et des autres pour la sauver, la jeune femme sombre dans l'alcoolisme et s'échoue, à jamais certainement, dans une maison de passes.
Si Marthe est un roman mineur de l'écrivain - lui-même avait envisagé un temps de le réécrire - avec ses défauts, j'y ai néanmoins trouvé matière à me réjouir. Tout d'abord, il y a cette « musique » commune à tous les romans du XIXème siècle que je vénère, une écriture ample et longue en bouche, avec ici les prémisses de ce que sera son style à venir, des phrases très travaillées, des mots rares ou bien pour nous aujourd'hui, des expressions datées qui n'en sont que plus savoureuses encore (« C'était un crapoucin bonasse et un jovial compère… »).
Roman social d'un réalisme pessimiste, une femme du peuple, les petits ateliers parisiens et les gens ordinaires, la prostitution comme une évidence pour nombre de ces femmes, les bistros et la faune qui s'y abreuve etc. Tout ceci vous semble familier car vous l'avez lu chez Zola (Nana) ou éventuellement Maupassant (Boule de suif) par exemple, mais ces écrits datent de 1880, donc postérieurs au livre de Huysmans. Que vous lisiez ce roman ou non, qu'importe, mais lisez J.-K. Huysmans, il le mérite et vous le valez bien.
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Roman de Joris-Karl Huysmans.

Marthe, ouvrière dans un atelier de fausses perles a"des ardeurs étranges, un dégoût de métier, une haine de misère, une aspiration maladive d'inconnu, une désespérance non résignée." (p. 22) Lascive et paresseuse, elle cherche la vie facile. "Un beau soir, la faim la roula dans la boue des priapées ; elle s'y étendit de tout son long et ne se releva point. [...] L'apprentissage de ce nouveau métier était fait ; elle était passée vassale du premier venu, ouvrière en passions." (p. 37) Après un passage dans une maison close qui lui meurtrit l'âme et imprime en elle la haine de la condition de fille, elle monte sur les planches du théâtre de Bobino. Belle et légère, elle sait que "tous les yeux étaient braqués sur elle, tous flamboyaient en honneur de sa gorge." (p. 17) Un soir, elle se laisse prendre aux doux mots de Léo, journaliste et écrivain sans talent. "Léo vivait de sa plume, autrement dit, il vivait de faim." (p. 41) Mais le concubinage entre l'écrivaillon et la putain chanteuse n'est pas aussi magique que promis. Léo en souffre le premier et se dégoûte de sa belle, "ce suicide d'intelligence que l'on nomme "un collage" commençait à lui peser." (p. 53) Revoilà le ruisseau pour Marthe, ruisseau qui charrie ses regrets, ses remords et ses pudeurs vaines et tardives.

Remarquable esthète décadent avant d'être écrivain religieux, Huysmans a d'abord baigné dans le naturalisme. Ce court récit en est un concentré minutieux et foisonnant : la langue épaisse et grasse épouse son sujet et se déploie lourdement, comme un rideau de velours poussiéreux dont on pourrait compter chaque fil. Huysmans ne s'épargne aucune peine et fouille les dessous honteux de la belle Marthe, il retourne la crasse des bouges et scrute le fonds des chopes, à l'affût de l'infime détail qui signera superbement la scène qu'il dépeint. Comme l'a fait Zola dans son cycle gigantesque, Huysmans se pique de théories sociales : "Une fille est perdue dès qu'elle voit d'autres filles. [...] L'atelier, c'est la pierre de touche des vertus, l'or y est rare, le cuivre abondant." (p. 22) Huysmans esquisse ici une ification : sous sa plume, la fille prend place au pied de l'échelle du monde, elle ne peut en gravir les échelons que pour mieux les redescendre. L'amnestie n'est pas permis pour elle. Marthe est une autre Nana, mais moins audacieuse et moins lumineuse. Si Nana fait aimer la vie canaille et débraillée, Marthe en dégoûte. "Les filles comme elles ont cela de bon qu'elles font aimer celles qui ne leur ressemblent pas, elles servent de repoussoir à l'honnêteté." (p. 109) On le sait, les filles de joie remplissent une mission d'utilité publique, mais il n'est pas certain qu'elles en cernent tous les détails.

Depuis Là-bas, j'ai décidé de lire Huysmans jusqu'à la dernière ligne. Un grand merci à George qui m'a offert ce livre et me permet de poursuivre ma découverte de l'auteur. La collection Il était une fois la femme, des éditions Galaade, propose de courts récits que l'on trouve d'ordinaire dans des recueils. Les livres sont petits, faciles à manipuler et bénéficient d'une mise en page simple mais très esthétique. Entre noir et rouge se déploient le texte et quelques photos d'auteurs et gravures. En ouvrant le livre, on sait qu'on plonge dans un univers où la femme est reine, qu'elle trône sur un siège d'immondices ou qu'elle chevauche la vertu à la recherche de la connaissance.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Un avant-goût de Nana, mais concentré, compendieux. Un Zola ristretto en quelque sorte : puissant, âpre et corsé que le barista Huysmans vous sert sans une goutte de lait mais dans une délicate tasse de porcelaine rocaille.

Dans cet abrégé de la vie putassière, c'est le style qui emporte tout. Huysmans entrelace son récit de préciosités, d'archaïsmes et de raretés comme autant de fils d'or dans une trame bourbeuse. Car elle se roule dans la fange, sa gironde Marthe : ni chanteuse convaincante, ni cocotte convaincue, elle ne quittera jamais vraiment sa flache natale et, fille de rien, elle finira femme de tous. Tentant de s'acheter une respectabilité -toujours encartée cependant- avec Léo écrivain impécunieux, elle le quittera pour un minable paillasse roi de la roustée, Ginginet le boit-sans-soif, avant de rouler dans le caniveau d'où elle ne se relèvera plus.

A lire Marthe on découvre un lexique musqué, raffiné, chypré, on barbote dans un marigot expressionniste (amoureux de Grünewald, il anticipe Grosz et Dix), on s'extasie de descriptions mitonnées (une épicerie comme une tache de vomi ou un bal de trognes, crayonné lors d'un voyage en train) ou on s'émeut d'allusions picturales (bien avant Swann et son Odette à la grâce botticellienne, Léo est séduit par la ressemblance de sa petite grue avec un portrait signé Ferdinand Bol).

"(...) c'est comme les choses qui seraient véritablement bonnes, ça n'existe pas !" vitupère Ginginet. Huysmans prouve le contraire avec virtuosité !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
En suivant à gauche de l'Observatoire, le boulevard de Port-Royal, ils arrivèrent après quelques minutes de marche, devant des escaliers qui s'enfoncent sous un pont et tombent dans l'une des rues les plus hideuses de Paris, la rue de Lourcine. Il y avait, d'un côté, un terrain vague avec des baquets pleins d'eau, des pierres de taille accotées les unes contre les autres, des piquets reliés par des ficelles et laissant flotter, comme des drapeaux, des camisoles à pois déteints, des blouses bleuâtres, des culottes à côtes vert bouteille, des haillons effilochés, et, de l'autre, vis-à-vis ce chantier de pierres, s'étendaient en rangs d'oignons, des masures lézardées, mitrées de toits de zinc effondrés et croulants. Il y avait des boutiques de petits commerçants, joaillers en savates, orfèvres en cuir, ravaudant les vieux socques, rapetassant les bottines, débitant des semelles de paille et de liège ; des fruiteries où l'on vendait du lait et des soldats de plomb ; des épiceries où s'entassaient, séparés par des cloisons de verre, des amas de pommes tapées, aux pelures froncées et couleur d'amadou, des vagues d'amandes blondes, des piles de sucre candi, des biscuits Guillou, des meules de gruyère, des confitures orangées ou roses, limpides ou bourbeuses, des litres rouges, des tambours en bois où se liquéfiaient les chairs dissoutes de géromés à l'anis ; des gargotes aux vitrines desquelles se racornissaient des poissons rissolés et friables, des lapins saignants encadrés d'un mur de vaisselles opaques et de saladiers regorgeant de pruneaux qui s'enlisaient dans la vase de leur sauce.
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« – Tiens, vois-tu, petite, disait Ginginet, étendu sur le velours pisseux de la banquette, tu ne chantes pas mal, tu es gracieuse, tu as une certaine entente de la scène, mais ce n’est pas encore cela. Écoute-moi bien, c’est un vieux cabotin, une roulure de la province et de l’étranger qui te parle, un vieux loup de planche, aussi fort sur les tréteaux qu’un marin sur la mer, eh bien ! tu n’es pas encore assez canaille ! »
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Elle allait alors à vau-l’eau, mangeant à même ses gains de hasard, souffrant le jeûne quand la bise soufflait. — L’apprentissage de ce nouveau métier était fait ; elle était passée vassale du premier venu, ouvrière en passions. Un soir, elle rencontra dans un bal où elle cherchait fortune en compagnie d’une grande gaupe, à la taille joncée et aux yeux couleur de terre de sienne, un jeune homme qui semblait en quête d’aventures. Marthe, avec sa bouche aux rougeurs de groseille, sa petite moue câline alors qu’il la lutina, sa prestance de déesse de barrière, son regard qui se mourait, en brûlant, affama ce naïf qu’elle emmena chez elle. Cet accident devint bientôt une habitude. Ils finirent même par vivre ensemble. Chassés d’hôtels en hôtels, ils se blottirent dans un affreux terrier situé rue du Cherche-Midi.
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Ce garçon s'était affranchi de bonne heure de la servitude maternelle et il avait tant mésusé de la liberté acquise que, vengeresse des mœurs, la débauche l'avait flétri, corps et âme. Se sentant un vrai talent que devaient apprécier les artistes et honnir les bourgeois, il s'était jeté, tête baissée, dans le marécage des lettres. Il n'y avait malheureusement pas un pied d'eau à l'endroit où il avait plongé ; il se meurtrit si violemment sur les pierres du fond qu'il se releva découragé avant même que d'avoir tenté de gagner le large. Il vivait de sa plume, autrement dit, il vivait de faim. À force de tourmenter l'idée, d'essayer de rendre les bizarreries qui le hantaient, les nerfs se tendirent et une immense fatigue l'accabla. De temps à autre, dans les bons moments, il écrivait une page fourmillant de grotesques terribles, de succubes, de larves à la Goya, mais le lendemain, il se trouvait incapable de jeter quatre lignes et peignait, après des efforts inouïs, des figures vagues qui défiaient l'analyse et qui échappaient à l'étreinte de la critique.
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Il s’assigna la tâche de rester sur la banquette pendant une heure. Il lut et relut tous les journaux, bâilla, alluma un cigare, fit la remarque que les gens qui l’entouraient tenaient des conversations idiotes, que deux poussahs, dont l’un avait un bec-de-lièvre et l’autre un œil de bigle, riaient comme des pleutres, en jouant au billard, regarda de nouveau la pendule, appela le garçon, qui vint trop vite à son gré, et sortit, se reprochant de n’avoir pas attendu, pendant cinq minutes de plus, que l’heure fût sonnée.
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