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EAN : 9782352702061
150 pages
Non Lieu (26/02/2015)
4.58/5   12 notes
Résumé :
Poésies.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans « Les pièges de l'histoire, l'élite intellectuelle roumaine (1930-1950) », la traductrice déclare dans sa note n° 2 de la page 56 : « Intraductibles, les poèmes de Mihai Eminescu ont pourtant de nombreuses traductions, toutes insuffisantes. Nous préférons ici le rendu littéral de ces quelques mots ». Il s'agit de la citation suivante : « Du Dniestr à la Tisza/Tout Roumain se plaint/De n'avoir plus de place/De tant d'étrangers/... Qui les aime tant/Que les chiens dévorent son coeur... ». Il s'agit des quatre premiers vers du poème Doïna, ainsi que de deux autres, plus éloignés : « De la Nistru pân' la Tisa/Tot Românul plânsu-mi-sa/Că nu mai poate străbate/De-atâta străinătate. » Je vous propose de comparer avec la traduction d'Elisabeta Isanos en 1993 : « De Nistrou jusqu'à Tissa/Plaintes roumaines ne cessent pas,/Car les chemins nous sont coupés/Par la foule des étrangers ». Je note que la rime est bien présente et que les différences de sens ne sautent pas aux yeux, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour juger de la suite : « Cine-au îndragit străinii/Mânca-i-ar inima câinii » ou bien : « Qui chérit tous ces païens,/Que son coeur nourrisse les chiens ». Je suis simplement reconnaissante envers Elisabeta Isanos, dont le courage de s'attaquer à l'intraduisible et le dur labeur nous rendent accessible ce poète hors normes.
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La traduction de la poésie est déjà chose suffisamment délicate (c'est-à-dire qu'entre autres, il faut que ça rime et il éventuellement compter les pieds...) mais là il s'agit pour les Roumains du génie national. S'y attaquer est donc loin d'être une mince affaire. Je me garderai donc bien d'une prise de position quelconque et me contente de constater qu'il existe une traduction, qui est en même temps une sélection de poèmes d'Eminescu et que c'est déjà un grand mérite, dans la mesure où sans cela son oeuvre me serait en grande partie inaccessible.
Que rajouter : comme souvent dans ce type d'anthologie, c'est un peu une succession de morceaux de bravoure, l'unité n'est pas évidente. Mais il faut aussi relever que l'édition est bilingue, donc lorsque le français rend mal la musicalité originale, il est toujours possible de se référer au roumain. Pour le reste, Dieu sait que tout cela méritait en effet d'être traduit. Pour ceux qui réussiraient à trouver ce livre (car cela non plus n'est pas chose aisée), commencer par la fin : "Mai am un singur dor" (Un seul désir me reste), la dernière poésie est un si ce n'est le grand classique du génie national, à lire absolument.
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Très belle traduction de l'écrivain emblématique de la littérature roumaine , Mihai Eminescu, enfin réellement accessible en français.

le volume publié par les Editions Non Lieu est en tous points remarquable: finition impeccable, présentation passionnante de textes de très grande qualité.

Il faut le lire et le faire découvrir.

Les Editions Non Lieu se distinguent par des ouvrages de haute tenue qui nous révèlent des textes littéraires roumains inconnus ou méconnus. C'est le cas de Miss Roumanie de Cezar Petrescu et d'Esclaves sur Uranus.
Editions à suivre dans leurs recherches et leurs parutions
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C'est le quinzième jour du premier mois
c'est un temps pour naître
c'est le quinzième jour du sixième mois
c'est un temps pour mourir;
trente et neuf années de vers
des années qui ont donné un nom aux choses de Roumanie,
On les a appelées Eminescu;
et quatre vingt vers, Glossa,
digression autour de l'Ecclésiaste,
la récurrence en poésie,
Gödel illustré pour notre insuffisance mathématique;
un poème lu du premier au dernier vers
du dernier mot au premier mot
sans que la virtuosité n' efface le sens des mots
Tout est nouveau, tout est ancien
dans l'intelligence et le génie du poète.

On écoute les cantates de Jean Sébastien Bach composées pour être jouées de la première mesure à la dernière ou à l'envers, devant un anneau de Moebius revu par Escher; tout cela avec des Kürtös Kalàcs et toute la Palinka disponible.





Marin Sorescu Il leur fallait un nom
Richard Hofstadter Gödel, Escher, Bach
Mihai Eminsecu Poésies si possible - quand on ne connait que peu ou pas de roumain - l' édition bilingue chez Paralela 45 (traduction J.L. Couriol)
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Cet auteur nous transporte par ses poèmes romantiques, la nature est également très présente parmi ses textes ! Excellemment traduit, possibilité de le lire en roumain et en français (l'édition Non Lieu 2018). C'est une balade dans le temps, à lire sans modération
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai qu'un seul désir

Je n'ai qu'un seul désir:
Sous le couchant d'éther
Qu'on me laisse mourir
Près du bord de la mer
Que mon sommeil soit doux
Et le vieux bois voisin,
Que mon ciel soit serein
Dessus les eaux partout.
Je ne veux de drapeaux
Ni de riche cercueil,
Mais seul un lit de feuilles
Fait de jeunes rameaux.

Que personne après moi
Ne pleure à mon chevet:
Seul l'automne m'envoie
Le chant de sa forêt.
Quand tombent cristallins
Les ruisseaux qui bruissent
Que l'or de lune glisse
Aux cimes des sapins
Que la clochette franche
Pénètre le vent froid
Que le tilleul sur moi
Secoue sa sainte branche

Et comme à l'avenir
Ne serai plus errant
Me couvrira le temps
Aux flots des souvenirs.
L'étoile qui surgit
De l'ombre des mélèzes,
Sourira bien aise
Comme éternelle amie.
Gémira l'âpre chant
Que soulève la mer...
Je ne serai que terre
Dans mon trist néant.

*Une mention: traduction realisée par Elena VELICU
http://www.estcomp.ro/eminescu/seuldes.html
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Si fraîche…

Si fraîche, en moi réveilles
Le blanc des fleurs du cerisier,
Et sur la terre, aux anges pareille,
Devant moi tu apparais.

Tapis que tu effleures à peine,
À tes pieds frissonne la soie,
Et de la tête jusqu'à la traîne
D'un simple rêve, tu as le poids.

Issue des plis de ton vêtement,
D'un marbre tu prendrais la place,
Dans tes yeux, dont je dépends,
Les larmes amplifiaient la grâce.

Ô, rêve heureux de mon amour,
Ma fiancée venue des contes,
Arrête ! Si tu souris toujours,
De ta douceur, je me rends compte,

Et combien forte tu serais
À m'ombrager toujours la vue,
Par des paroles murmurées,
Par les étreintes des bras nus.

Et brusquement, une pensée sage
Voile la braise de tes regards :
C'est le désir qui les ombrage,
C'est le renoncement noir.

Et tu t'en vas… je comprends :
Ne pas suivre mon bonheur,
Et je te perds éternellement,
Ma douce fiancée du cœur !

C'est mon péché de t'avoir vu,
Je ne pourrais jamais m'absoudre,
Je veux l'expier, la main tendue,
En vain, dans le désert de poudre.

Et tu m'apparaîtras, icône,
De la Vierge de tous les temps,
Et sur ton front portant couronne ;
Pourquoi partir ? Et tu viens quand ?
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Hors des vagues du temps…

Hors des vagues du temps, mon amour, tu surgis,
Tes bras blancs sont de marbre et tes longs cheveux blonds,
Tes joues ont la couleur de la cire jaunie
Et de tendres douleurs y tracent leurs sillons.
De ton sourire si doux tu caresses mes yeux,
Femme entre les étoiles, étoile entre les femmes,
Penché sur ton épaule ton visage est heureux,
Le bonheur me sourit mais il pleure dans mon âme.
Comment donc t’arracher à l’insondable nuit,
Te prendre contre moi, mon bel ange chéri,
Et poser sur ta joue mon visage, en pleurant,
Aspirer ton haleine de mes baisers ardents,
Saisir ta main de glace et, pour la réchauffer,
La prendre sur mon coeur et la poser, tout près ?
Mais tu n’es rien, hélas, rien qu’une ombre qui passe,
Une ombre qui se perd dans des brumes de glace,
Je suis seul à nouveau et mes bras n’ont saisi
Que le souvenir pâle d’un rêve évanoui…
Vers ton ombre qui fuit vainement je les tends,
Je ne puis te tirer hors des vagues du temps...
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D’ici à l’étoile qui paraît…

D’ici à l’étoile qui paraît
Le chemin est si long à franchir
Qu’il a fallu bien des années
À sa lumière pour venir.
Elle s’est peut-être éteinte avant
Dans le bleu profond des lointains
Tandis que son rayon ne vient
Briller à nos yeux qu’à l’instant.
L’image de l’étoile entrevue
Doucement monte au loin.
Vivante on ne la voyait point,
Lorsqu’on la voit, c’est qu’elle n’est plus.
De même, lorsque notre amour meurt
Et qu’il se perd dans la nuit,
La lumière de notre amour mort
Lui survit et nous poursuit.

De ce nu-mi vii ?

Vezi, rândunelele se duc,
Se scutur frunzele de nuc,
S-aşază bruma peste vii –
De ce nu-mi vii, de ce nu-mi vii ?
O, vino iar în al meu braţ,
Să te privesc cu mult nesaţ,
Să razim dulce capul meu
De sânul tău, de sânul tău !
Ţi-aduci aminte cum pe-atunci,
Când ne plimbam prin văi şi lunci,
Te ridicam de subsuori
De-atâtea ori, de-atâtea ori ?
În lumea asta sunt femei
Cu ochi ce izvorăsc scântei…
Dar, oricât ele sunt de sus,
Ca tine nu-s, ca tine nu-s !
Căci tu înseninezi mereu
Viaţa sufletului meu,
Mai mândră decât orice stea,
Iubita mea, iubita mea!

Tu ne viens pas, pourquoi, pourquoi ?

Tu vois, les hirondelles fuient,
Les feuilles tombent des noyers,
Les vignes rousses ont gelé,
Tu ne viens pas, pourquoi, pourquoi ?
Reviens te glisser dans mes bras,
Mes yeux ont tant besoin de toi,
Et mon visage de se sentir
Contre ton sein, de s’y blottir !
Est-ce qu’il te souvient d’autrefois,
Quand nous allions par champs et bois ?
Quand je te prenais dans mes bras,
Tout contre moi, tout contre moi ?
Il y a des femmes ici-bas
Dont les regards vous ensorcellent…
Aussi séduisantes soient-elles,
Tu es plus qu’elles, tu es toi !
C’est toi qui éclaircis le ciel,
Souvent troublé, de mes pensées,
Aucune étoile n’est plus belle,
Ô mon amour, ma bien-aimée !

Târzie toamnă e acum,
Se scutur frunzele pe drum,
Şi lanurile sunt pustii…
De ce nu-mi vii, de ce nu-mi vii ?

L’automne doucement s’éteint,
Les feuilles jonchent les chemins,
Les champs brusquement se sont tus,
Tu ne viens pas, tu ne viens plus ?
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La reine magique

Argentée, la lune engendre
Des brouillards illuminés,
Et ils naissent sur les ondes
Pour se mettre sur le pré.

La veillée des fleurs dévide,
De l'araignée, le fil rompu,
Sur le vêtement nocturne,
Des joyaux seront pendus.

Près du lac où les nuages,
L'ombre l'ont ourdie, légère,
Et les ondes la déchirent
En ravins de lumière,

Écartant les joncs, s'incline
La jeune fille, et jette les roses
Rouges, dont le charme s'épanche
Sur les ondes où elles se posent.

Elle voit quelqu'un dans l'eau
Qui en cercles s'enfuit,
Car un mot l'ensorcela,
De la Sainte Mercredi ;

Pour que le visage émerge,
Fraîches sont les roses qu'elle jette,
Par la Sainte Vendredi,
D'un seul mot, magie est faite.

Elle regarde… Dorés, ses cheveux,
Son visage resplendissent,
Dans le bleu de ses yeux,
Tous les contes se réunissent.
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Vidéo de Mihai Eminescu
Première Épitre, Mihai Eminescu in Les Cing Epitres de Mihai Eminescu
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