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3,58

sur 1298 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand classique de la littérature fantastique ancienne, ce roman paru en 1898 a souvent été adapté au cinéma et à la télévision, en plus d'un opéra de Britten. C'est le visionnage récent de la série "The Haunting of Bly Manor" qui m'a donné envie de lire le livre.

Un mot sur la série : cette saison est extrêmement lente et dépouillée, beaucoup moins dynamique, torturée et terrifique que les autres saisons de la série "The Hauting". Mais elle est très intéressante sur les aspects psychologiques et fantomatiques. Il y a une créativité dans les états d'esprits que j'espérais retrouver dans le livre.

Retour au livre. Bien évidemment l'écriture est désuète, avec de longues phrases et des conjugaisons qu'on n'utilise plus beaucoup. L'auteur ne dit pas tout et cela nous captive d'autant plus. Comme les sujets ne sont pas creusés, nous nous interrogeons sur le sens des phrases, des non-dits. Loin de retrouver l'esprit de la série, j'ai tout de même été interpellé par les ambiguïtés. La narration étant du point de vue de la préceptrice, nous ne saurons jamais si elle était la seule victime des visions ou si les enfants l'étaient aussi. Elle décrit naïvement ses relations avec les autres, comme s'ils validaient ses propos et ses conclusions. Une très belle prouesse qui nous laisse néanmoins sur notre faim.
Lien : https://www.patricedefreminv..
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Lorsqu'elle arrive au manoir de Bly, après avoir été engagée dans des conditions pour le moins étranges, la nouvelle gouvernante ne se doute pas encore qu'un terrible secret entoure la demeure. Une menace tapie dans l'ombre semble guetter Flora et Miles, les deux enfants dont elle a la garde. de terrifiantes apparitions se manifestent et laissent présager un malheur à venir… Mais la gouvernante, aidée par la brave Mrs Groose va tout faire pour protéger ces deux innocents du mal qui tente de les attirer dans ses filets…

Le récit du « Tour d'écrou » commence comme une histoire d'horreur que l'on raconterait le soir, autour du feu afin de s'effrayer. Et effectivement, c'est bien d'une histoire de fantôme dont il s'agit, mais pas seulement… C'est aussi l'histoire d'une folie, qui se devine petit à petit jusqu'à éclater dans un final complètement déroutant, qui donne une toute autre orientation au texte. Certes, le rythme est lent et il ne se passe pas grand-chose, néanmoins, je me suis complètement laissée envahir par cette ambiance gothique et angoissante. Il règne une tension croissante, palpable, dans ce récit surréaliste et macabre qui se transforme en un huit clos oppressant… Ecrit en 1898, ce récit d'épouvante, s'il ne donne plus de cauchemars à notre époque, n'en reste pas moins un classique que je suis ravie d'avoir découvert !
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Une atmosphère super coincée dans le genre de la haute société londonienne ;
quelques créatures très vulnérables ;
Bref, il y a un terreau infini pour des histoires terrifiantes ;
Or, je dois dire que celle qui nous intéresse, fonctionne à fond...

Dans la moindre fissure d'un quotidien très stratifié, se déploie un réseau sous-terrain de perceptions dont la subtilité frise la folie.

- Qu'est ce qui cloche avec ces enfants adorables, dont mademoiselle a reçu la charge de s'occuper ?
- Est-elle en train de dévoiler un indicible secret ou bien de devenir folle, ou les deux à la fois ?

Cette enquête devient inévitablement l'affaire de chacun, car il y a un appel à l'aide. Ça se passe virtuellement dans le quotidien du lecteur ; on parle d'enfants innocents.
- Vous pensez à quoi ?

Alors on ne marche pas, on court ; et pendant ce temps, mademoiselle s'est déterminée à en finir...à arriver à ses fins...

Impressionné par ce récit, je reviens un peu en arrière. « Henry James, l'art du secret ». Voici l'émission de France Culture qui a fini de me convaincre de tenter cette rencontre. La première évocation de cet auteur est toutefois venue par une autre fiction : le récit d'une télégraphiste, « Dans la Cage », entre-aperçu par le biais d'un curieux commentaire de Deleuze et Guattari dans « Mille Plateaux »...

Dans le Tour d'écrou, la « matière inassignable » du secret lui donne sa forme même : le secret qui en cache un autre...
- Mais alors, quel serait un secret sans matière ni forme ?
C'est encore la promesse d'aventures engagées avec Henry James...

L'engagement, on peut aussi le sentir à partir des « nombreuses réactions indignées » dans la société de son époque.
Ce n'est certes pas le mot d'ordre qu'on attendrait aujourd'hui, en espérant la libération de la parole. C'est autre chose, mais qui touche en plein mile, en travaillant du côté des croyances et des désirs, dans les franges imperceptibles de l'expérience...

Des mutations existentielles asignifiantes peuvent devenir de puissants mouvements de libération, ou de destruction, qui opèrent dans les strates organisées de notre existence individuelle et sociale. C'est l'enjeu de la “schizo-analyse” ou de la “pragmatique” de Deleuze et Guattari...

Or le pragmatisme est une réflexion, on ne peut plus familière, pour Henry James, puisque son propre frère, William James en est l'un des premiers théoriciens. Mais dans cette fratrie, il se peut que Henry se démarque, en étant précisément le “romancier de l'indirect”, le plus indirect possible...

Il y a là encore un sujet passionnant que David Lapoujade promet d'explorer dans son livre « Fictions du pragmatisme ».
C'est dire qu'on n'est pas prêt de conclure...
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Ce livre m'a été chaudement recommandé par 2 copines de lecture. Je me suis dit que sortir de mes thrillers pour renouer avec un classique ne me ferait pas de mal. La 4ème de couverture me plaisait beaucoup, je pressentais une ambiance mystérieuse propre à littérature de l'époque victorienne. Et je n'ai pas été déçue. Déroutée oui, mais pas déçue. Une jeune fille se trouve embauchée par un mystérieux oncle pour élever et éduquer ses deux jeunes neveux, une fille et un garçon, tous deux orphelins. L'homme lui précise qu'il lui accorde son entière confiance mais qu'il ne souhaite être dérangé sous aucun prétexte. Sous le charme, la jeune fille ravie, accepte et part dans le comté de l'Essex prendre son poste dans un manoir isolé et quelque peu austère, appelé Bly. Elle est accueillie par Mrs Grose, intendante aimable mais introvertie, et fait la connaissance des deux enfants : apparemment parfaits en tous points. Mais très vite, l'atmosphère change et devient angoissante. Rien n'est clairement écrit, tout est suggéré. Ce livre oscille entre fantastique et psychologique. En tant que lecteur, on est toujours sur le fil. La gouvernante dit-elle vrai ? Voit-elle réellement des fantômes ou bien ceux-ci sont-ils la projection d'une part sombre et délirante d'elle-même ? La tension est omniprésente, le suspense également. le style d'H. James est poétique, élégant et suranné. Seule la fin de l'histoire m'a (justement) laissée sur ma faim. J'aurais aimé en savoir plus. Je l'ai trouvé brutale, sans concession. Je me suis sentie frustrée. En résumé, un petit classique, pas si classique que ça, très bien écrit, qui fait froid dans le dos !
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Si Henry James est talentueux pour décrire une atmosphère envoûtante, je trouve que "Le tour d'écrou" est une lecture particulièrement surprenante. Autant l'écriture est ciselée, autant l'action n'avance pas et pour cause, l'auteur laisse l'interprétation des faits au lecteur.
Je trouve cela à la fois très fort et un peu frustrant (comme je suis une lectrice un peu feignante j'aime bien qu'on m'explique).

Une jeune femme raconte ce qu'elle a vécu à Bly, une grande demeure de l'Angleterre rural du 19ème siècle. Elle s'y installe pour assurer l'éducation de deux enfants, une petite fille de huit ans et un garçon de dix ans qui ont la particularité d'être précoces et charmants. Dans ces conditions, sa situation de gouvernante aurait dû être plaisante. Pourtant, elle va se rendre compte qu'elle voit les fantômes d'un homme et d'une femme, deux anciens employés de la maison. Comme leur réputation n'était pas bonne, elle s'engage à protéger les enfants de la mauvaise influence des revenants.

Il y a un suspense indéniable et on ne sait jamais si la narratrice fantasme ses visions alors forcément on oscille en permanence entre lui donner raison ou la considérer comme folle.
Ce qui est particulièrement bien décrit par Henry James ce sont les non-dits et sous-entendus d'un mal dont les enfants doivent être protégés. Cela rend parfois la lecture complexe mais c'est un bijou pour la psychanalyse.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022 44
Challenge ABC 2021-2022
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Curieux ce titre.
Le tour d'écrou … une traduction malheureuse qui a quand même l'avantage d'avoir fait fonctionner les rouages de mon cerveau pour mieux comprendre le pourquoi d'un tel titre. C'est nettement mieux en anglais : The Turn of the Screw … Nettement plus effrayant, non ? Ne serait-ce qu'avec ce son grinçant, « screw ». Un son comme un crissement d' ongles sur un tableau noir, qui suggère un visage grimaçant, en face.

Il y a une expression outre-manche qui nous montre qu'Henry James roule un peu des mécaniques ( le style est un peu pompeux, certes) mais plus encore que la mécanique du récit est bien huilée. « A turn of the screw : an action that makes a bad situation worse, especially one that forces someone to do something. »

Autrement dit, il annonce qu'il faut s'attendre au pire, que ça va dégénérer, qu'il est question de domination et de soumission puisqu'il est question de quelqu'un qui est forcé à faire quelque chose. Il se trouve qu'il nous parle d'éducation, et peut-être même d'éducation sexuelle. (Et là, j'en effraie peut-être certains, parce qu'il y a deux enfants « innocents » dans l'histoire).
Le topos (parce qu'il y a un lieu commun et un jeu littéraire) :
Il introduit dans un domaine isolé une préceptrice sans référence aucune, qui se doit de faire l'éducation de deux orphelins à la nature « délicate » - mais quelle est la nature de ces enfants ? - parce qu'elle s'est entichée de leur oncle et qu'elle s'est sentie investie d'une mission sacrée, vertueuse, qui est de s'occuper quasi seule de ces deux enfants « adorables ».
Elle les adore, oui, d'autant qu'ils lui rappellent un peu leur oncle, cet homme qui pose comme condition qu'on ne lui parle plus de ses neveux, et qui se décharge de la responsabilité de ces orphelins sur la première inconnue venue.
Étrange, étrange, étranges tous autant qu'ils sont. On apprend petit à petit certaines choses, entre autres que ceux qui se sont précédemment occupés des enfants ont connu une fin tragique. On apprend aussi qu'il se passait de drôles de choses dans cette maison mais les non-dits sont incroyablement nombreux et on ne peut qu'imaginer le pire vu les réactions de la préceptrice qui s'effraie de plus en plus … mais on se demande aussi si elle n'est pas folle à lier, dangereuse. La préceptrice veut protéger les enfants, oui, c'est la mission sacrée dont elle s'est sentie investie mais la gouvernante ne serre-t-elle pas un peu trop la vis aux enfants ? J'en reviens au titre : le tour d'écrou.

J'ai cherché dans le texte les occurrences qui m'expliqueraient un peu mieux le pourquoi de ce titre et j'ai repéré  : "Si cet enfant donne un tour de vis de plus à votre émotion, que direz-vous de deux enfants ? " ainsi que "Je ne pouvais tenir qu'en appelant, pour ainsi dire, « la nature » à mon secours et en me fiant à elle, en me disant que ma monstrueuse épreuve me poussait dans une direction anormale, sans doute, et déplaisante, — mais qu'elle ne demandait, après tout, pour y opposer un front serein, qu'un tour de vis supplémentaire à l'humaine et quotidienne vertu. " Tout tourne autour de cette préceptrice et de ces enfants, de l'éducation, mais tout tourne autour du sujet.
Il y a de la monstruosité et de l'anormalité dans cette relation.
Je crois qu'Henry James nous parle de ce qui est tabou, de la sexualité (féminine) et de la mort. Ce qui effraie tant la gouvernante, n'est-ce pas après tout ce qui revient d'outre-tombe, lors de ses visions ? Et qu'est-ce qui est reproché à ces revenants, qu'elle voit, si ce n'est leur comportement déplacé, anormal, vis-à-vis des enfants ?

En tout cas, l'auteur huile soigneusement tous ses rouages, pour nous faire réfléchir malgré tous ces non-dits, et les éléments moteurs du récit participent à cette tension dramatique qui nous effraie, et il imbrique les récits les uns dans les autres, et il rend les récits si suspects ...
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Deux bonnes raisons au moins m'ont incité à lire ce livre. La première, c'est que je n'avais encore rien lu d'Henry James. Une grave lacune, car on parle ici d'un auteur majeur de la littérature réaliste américaine du XIXe siècle. La deuxième raison tient au fait que ce petit roman est pour beaucoup considéré comme un chef-d' oeuvre. Il figure aussi en bonne place dans les livres recommandés par Bernard Pivot dans sa "Bibliothèque idéale". Enfin, je peux y rajouter une troisième raison, plus prosaïque, celle de désencombrer ma table de chevet qui commence à craquer sous le poids des livres en attente de lecture.

 En deux mots, rappelons qui est Henry James (1843-1916). Il est né à New York au sein d'une famille aisée. La fortune de son père lui permet de choisir librement son activité. Après un court essai dans la peinture, il décide de devenir écrivain. Il voyage beaucoup et passera la majeure partie de sa vie en Europe en particulier à Londres. Son oeuvre est immense et très variée : romans, théâtre, essais, récits de voyage. Ses oeuvres les plus connues sont : "Les Bostoniennes", "Washington square", "Les ambassadeurs". Ses thèmes de prédilection : l'évolution de la société américaine de son temps, la naissance du féminisme, les histoires de fantômes. Et justement avec "Le tour d'écrou", publié en 1898, on est en plein dans le mystère, le fantastique, les maisons hantées, un genre dans lequel il excelle.

 De quoi s'agit-il ? Dans une vieille maison, un soir de Noël, au coin du feu, un homme raconte une histoire macabre à quelques amis réunis pour la circonstance. Ce récit provient du manuscrit rédigé par l'héroïne de l'aventure :

Une jeune institutrice est engagée par un riche gentleman pour s'occuper de ses neveu et nièce, Flora et Miles. L'action se déroule dans une vaste propriété qui au premier abord semble offrir une belle sinécure. de nombreux domestiques s'occupent de tous les détails matériels, il y a même une gouvernante qui libère l'institutrice d'un certain nombre de tâches, la vie se déroule paisiblement au milieu d'une agréable campagne. Première énigme, on ne saura pas pourquoi l'oncle a envoyé les enfants dans cet endroit relativement désert, de plus il ne veut en aucun cas être informé de quoi que ce soit, il délègue toute son autorité à l'institutrice. Très rapidement, celle-ci est séduite par les enfants, tous les deux d'une grande beauté et particulièrement intelligents, mais elle est aussi confrontée à d'effrayantes apparitions, celles de deux anciens serviteurs du domaine, Peter Quint et miss Jessel, décédés quelques années avant. L'institutrice va se comporter en courageuse gardienne de l'intégrité morale et physique des enfants. Elle va tout faire pour les préserver de l'influence maléfique des revenants tout en essayant de percer les secrets qui entourent leur personnalité. L'intérêt de l'histoire repose sur l'interprétation des phénomènes étranges qui se produisent et l'analyse psychologique des personnages. L'auteur entretient l'ambiguïté et le doute, rien n'est affirmé explicitement. On peut penser que l'institutrice est folle à moins que ce ne soient les enfants, dont le comportement est parfois déroutant. On peut même voir dans cette histoire un récit freudien ou le personnage principal exprime ses fantasmes. le suspense est entretenu avec finesse. L'histoire est découpée en petits chapitres qui se terminent souvent par un fait surprenant ou par une question de l'un des protagonistes qui laisse le lecteur en suspension. La réponse est partiellement distillée par touches impressionnistes dans le chapitre suivant. Jusqu'à la fin, le doute persiste. L'auteur a voulu nous plonger dans l'angoisse et le vertige provoqué par des événements d'apparence surnaturelle, sans nous donner la clé de l'énigme.

 À ses lecteurs qui lui reprochait de n'avoir pas expliqué la nature de ces mystérieuses apparitions, Henry James à répondu : «Aussi longtemps que les événements demeurent voilés, l'imagination s'emballe et suscite toutes sortes d'horreurs, mais dès que le voile est levé, le mystère se dissipe et, avec lui, tout sentiment de terreur.»

 Je ne sais pas si cette nouvelle est le meilleur point d'entrée dans l'oeuvre d'Henry James, mais je pense qu'elle donne un bon aperçu de son talent et de son style très raffiné. Certaines phrases sont parfois un peu longues et correspondent à la manière d'écrire un peu chargée de détails des écrivains du XIXe siècle, c'est la raison pour laquelle cet ouvrage pourrait ne pas plaire à toutes les générations. Il y a pourtant beaucoup de charme dans ce texte finement ciselé et qui se prête bien à la description psychologique des principaux personnages. Peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais à tout le moins un grand classique du genre fantastique, avec une ambiance qui évoque le célèbre roman "Rebecca" de Daphné du Maurier. L'histoire se termine par un fait inattendu qui permettra peut-être aux plus sagaces lecteurs de trouver une interprétation satisfaisante.


Bibliographie :

"Le tour d'écrou", Henry James, le livre de poche (1995), 159 pages.

La meilleure biographie d'Henry James :

"Henry James Une Vie", Léon Edel, Seuil (1990) avec 24 pages de photos en noir et blanc, 855 pages.
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J'ai longtemps tourné autour de cette oeuvre sans parvenir à la pénétrer. Une première tentative s'était soldée par un échec, je l'avoue. Mais, admirateur de Robert Louis Stevenson, il me fallait lire celui que ce dernier considérait comme un maître de la littérature…

« le Tour d'écrou » est un petit roman admirable !!! Ce qui m'avait manqué jusque-là, c'est du calme et de la concentration pour déguster à sa juste mesure un récit et une écriture d'une précision mécanique.
D'abord, l'histoire possède une double lecture qui la rend très profonde. Si, de prime abord, on croit lire une histoire fantastique (une grande demeure isolée, des domestiques muets, des revenants, des enfants peut-être possédés par ces derniers), on se rend compte au fur et à mesure des indices laissés par l'auteur qu'une histoire bien plus terrible plane dans le fond. Je n'en dirai pas plus par respect pour la finesse, la minutie et la subtilité avec laquelle l'auteur conduit son sujet. Rien n'est dit, tout est suggéré…
Ce court roman reste également un témoignage de la société anglaise de la fin du dix-neuvième siècle. Il montre bien comment un système de classes joue sur la personnalité de ces sujets, les conditionne…

J'ai été soufflé dès l'introduction. En quelques phrases, Henry James a piqué ma curiosité et m'a enchaîné à son histoire. J'étais tour à tour intrigué, impressionné, haletant. Il faut, je le répète, beaucoup d'art pour parvenir à un tel degré de suggestion dans l'art d'écrire. le narrateur du « Tour d'écrou » nous lit en effet le témoignage écrit d'une jeune femme qui fut le témoin de faits terrifiants lors de son premier emploi de préceptrice auprès de deux enfants… Mais son témoignage est-il fiable ? ce roman frappe par l'utilisation de la psychologie. Le frère d'Henry James était un grand psychologue et l'on ressent toute l'influence qu'elle a pu avoir sur le romancier… En creux, perce le doute quant à la subjectivité du témoin… Pour la première fois dans l'histoire de la littérature, Henry James introduit un narrateur dont on peut douter de la bonne foi… Ce procédé, très répandu dans l'écriture moderne, doit tout au « Tour d'écrou ».
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Je découvre avec bonheur la littérature classique mondiale. Il y a plusieurs années que j'ai lu le Tour d'écrou d'Henry James. Et, j'ai profité de la lecture commune du challenge Mauvais genre pour le dévorer à nouveau. Cette nouvelle lecture me conforte dans mes goûts littéraires. En 2017, j'avais lu un essai sur le roman gothique anglais sans en avoir jusqu'à présent fréquenté sa prose fictionnelle. Henry James est le plus anglais des américains. Né à New York en 1843, il a été naturalisé anglais en 1915. le tour d'écrou pourrais avoir mal vieilli comme ces vieilles séries américaines des années 70-80. L'écriture de James est raffinée. Elle ressemble à cet art chinois de la calligraphie chinoise ou la peinture à l'encre de Chine. Henry James trace l'atmosphère de son récit à travers la silhouette de ses personnages, leurs qualités, leurs comportements, leurs émotions, à travers la vision du château et à travers la ligne de paysages inconnus et inquiétants. Il y a une harmonie entre l'écriture et le récit. Henry James par l'intermédiaire de l'institutrice mais aussi par le narrateur raconte une histoire de fantôme. Peter Quint, un homme à tout faire et l'ancienne institutrice, Miss Jessel hante le domaine de Bly et son vieux château ainsi que les deux jeunes enfants dont la nouvelle institutrice a la charge. Flora et Miles. Cette présence malfaisante affecte ses relations avec ses protégés. Les deux fantômes semblent manipuler ces enfants innocents. Cette manipulation intervient jusqu'au collège où est interné Miles. Il revient au château pour les vacances d'été précédé par une lettre du directeur par laquelle il refuse le retour de Miles à la rentrée suivante sans fournir d'explication. Déjà, les ombres de ces esprits démoniaques s'invitent dans l'entourage de l'institutrice.
J'ai trouvé la fin du récit abrupte mais totalement dans l'esprit du roman.
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Je suis tombée sous le charme de son écriture un peu désuète, de ses phrases qui s'enroulent, de ses circonvolutions.
J'ai aimé ces deux personnages de femmes, l'une naïve, ignorante du monde et soumise au joug de ses émotions, l'autre plus terre à terre et pleine de bon sens. Toutes deux s'épauleront, malgré leurs différences, unies par leur amour des enfants.
J'ai aussi apprécié dans les premiers chapitres, sa manière d'installer la tension, le flou entre réalité et fantasme.
Par contre, la lassitude se fait vite sentir, on s'enlise rapidement et la fin semble bâclée.

Un roman dans l'esprit des contes, nouvelles ou autres histoires fantastiques du XIX ème qui ne m'a pas vraiment emballée mais qui va m'inciter à relire les maitres du genre, Poe, Théophile Gautier ou Maupassant.

Merci à Flaubauski et Polarjazz qui m'ont accompagnée
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