Ma petite fille est écoeurée : elle doit lire les «
histoires fantastiques »
De Maupassant, et cela lui paraît infaisable, vieillot, inintéressant, trop difficile à comprendre. Alors, je lis, avec la conscience qu'elle a raison, mais quand même…
Maupassant, c'est génial. Les textes, dont la première version du Horla, et la seconde version est effectivement rébarbatif pour une gamine de 13 ans.
Maupassant dans chacune des petites nouvelles, met en scène un intervenant lors d'une conversation, intervenant qui chaque fois, un peu comme Socrate le faisait, cherche la vraie signification du mot peur . « Vous avez eu peur, dites vous, vous vous trompez sur le mot et sur la sensation que vous avez éprouvée. »
La peur est différente de l'émotion, de l'étrange vision, de l'agitation, de l'anxiété. Avoir peur n'est pas faire un intolérable cauchemar, être effaré d'étonnement ou follement anxieux.
La peur est une sensation atroce, effroyable, comme une décomposition de l'âme. Ma petite fille fait mine de m'écouter mais cela la rebute plus encore que les quelques pages qu'elle a essayé de lire.
Heureusement,
Maupassant vient à notre aide, dans sa nouvelle « qui sait ? ». C'est drôle, imagé, elle pourra en parler à ses copines. Il s'agit d'un homme qui, rentrant chez lui en pleine nuit, voit ses meubles sortir à la queue leu leu. Il essaie d'intervenir, mais un des meubles s'affronte à lui et le renverse. (Rires). La police ne peut rien faire. Plusieurs années après, dans une rue perdue de Rouen, chez un antiquaire, et il voit tous ses meubles, effets, objets de décoration, tout ce qui s'était carapaté.
Il achète un ou deux objets, va voir la police, qui ne peut pas plus intervenir, car le magasin a disparu, personne ne se souvient. Et la police lui reproche d'avoir acheté deux bricoles, il a soulevé des soupçons.
Il rentre chez lui… ma petite fille a deviné la suite, elle était enchantée.