on peut maintenant constater que la politique est déjà détruite. (...)
La politique n'est pas un moyen neutre, une forme qui existerait dans toute société et qui serait susceptible d'être remplie par n'importe quel contenu. Ce que nous entendons aujourd'hui par "politique" est la forme spécifique dans laquelle s'effectuent, au sein d'une société de marché, les rapports entre les sujets de marché.
Tant que la société sera gouvernée par les lois aveugles d'une économie autonomisée, toute forme d'administration "politique" de la société sera forcée d'exécuter le diktat qu'impose le développement de la marchandise.
Une démocratie dans un sens très différent, conçue comme une société qui fait consciemment sa propre histoire et qui a reconduit toutes ses créations (l'économie, la politique, les sciences, etc.) aux décisions en commun (au lieu d'être gouvernée par elles), ne sera possible qu'après avoir dépassé la subordination de l'activité humaine à la forme-marchandise.
La "spectacularisation" de la politique, donc la substitution du spot publicitaire à l'argument et le remplacement du programme de gouvernement par la tentative d'apparaître le plus souvent possible à la télévision, n'est que l'un des aspects les plus visibles de ce changement fondamental.