Comment connaître l'avenir pour un Grec ancien ?

Les éditions des Belles-Lettres publient cette année (2023) un volume de Danielle Jouanna, "Comment connaître l'avenir pour un Grec ancien", que j'ai lu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Les méthodes de connaissance de l'avenir sont classées par l'auteur en deux grands groupes : la consultation des dieux, et celle des hommes (surtout les morts, sous la forme de nécromancie). Chaque méthode est abordée et étudiée d'abord dans l'épopée, puis dans la tragédie et la prose, enfin selon l'archéologie quand on a des témoignages d'activité divinatoire. L'auteur, régulièrement, cite et surtout résume des passages significatifs de la littérature grecque, ce qui fait de son livre un grand catalogue. Cet ouvrage est donc un outil commode de consultation, mais sa lecture particulièrement monotone, car la part de réflexion, d'analyse et de commentaire est très réduite au profit de listes et de paraphrases. La table des matières et l'index des auteurs cités seront très précieux pour un chercheur pressé.

Danielle Jouanna prend le parti de considérer que les textes littéraires qu'elle cite sont des représentations de la réalité, ou des allusions à des pratiques réelles. Cela au moins se discuterait, de même que les notions d'avenir, de passé, de destin selon les mentalités des Grecs des époques concernées. Ce ne sont pas des invariants. Malheureusement elle ne propose que des résumés, aucunement des pistes de réflexion sur le sujet.

Un ouvrage très surprenant, où l'on découvre qu'à l'époque de Platon, on pouvait aussi avoir recours aux poupées vaudous !

J'ai eu un souvenir foudroyant des épisodes de la pythie que l'on venait consulter en lisant l'ouvrage, mais cette dimension fantastique n'était pas nécessairement la 1ère image qui me venait à l'esprit malgré le poids de la mythologie grecque.

L'ouvrage nous plonge dans un monde alternatif mais qui est aussi un visage de la Grèce antique. Outre l'intérêt de nous dessiner les contours d'un homme enclin à interroger les dieux, par les oracles, les devins ou mêmes à les invoquer seuls, nous naviguons parmi différents textes historiques mais aussi poétiques comme des tragédies, voire des liens sont établis comme lorsque l'auteur relie le texte de Theocrite « les magiciennes » avec des papyrus grecs magiques.

L'autre aspect intéressant du livre est la mise en lumière de cette ambiguïté, qui se perpétue dans toutes nos sociétés, ce balancement entre cette croyance que l'avenir est tracé, et préfiguré ici par le rôle des Moires, et la volonté de le changer.

Mais avant de tenter de changer cet avenir, car : « tout être a un sort bien défini, nul n'est libre que Zeus » (Eschyle), se pose la question de l'accès à la connaissance de celui-ci. Et l'auteur passe en revue les très nombreux moyens mis à leur disposition : la lecture des rêves (par des oneiropolos), les visiteurs nocturnes, les révélations envoyées par les oiseaux (par un oiônopolôn), l'examen des viscères, l'aide des devins, et bien sûr les oracles avec leurs réponses énigmatiques, parfois en vers.
La panoplie des techniques pour tenter de changer son destin est tout aussi riche, et l'on oscille entre le monde de la magie bienveillante et une autre plus sombre, mais surtout on examine tous les gri-gris et objets magiques : Les papyrus grecs pour recouvrer la santé, l'amour, etc. les manuels et recettes magiques, la iynx, véritable aimant qui prive l'autre de la liberté de choix, qui prend la forme d'une roue bordée d'oiseaux, des tablettes de malédiction « defixiones » (on en a retrouvé plus de 2000 !) dénommées katadesmos et par prévention des antikatadesmos, des figures humaines et autres poupées vaudou, des amulettes pour détourner le mal (apotropaïque) ou le prévenir comme l'oeil grec prophylactique, entre autres…

Un beau paradoxe, tellement humain, dans cette volonté d'infléchir un destin censé être déjà fixé, qui est conclu joliment par le mythe de Pandore…l'espérance étant le seul élément resté dans la jarre quand tous les autres maux se sont échappés…

Pour ceux qui découvrent la Grèce antique, c'est un détour intéressant par les pratiques des gens. Mais comme l'autrice n'est pas spécialiste des religions, cela reste un inventaire à la Prévert de ce qui est connu sur la Grèce antique en la matière sans le moindre recul. Inutile de chercher à comprendre la Grèce antique ou la mantique avec ce type d'ouvrage. D'ailleurs, l'autrice semble coutumière de faire papillonner son érudition sur des thèmes variés sans se rendre compte que l'IA peut le faire désormais aussi bien.

J'espérais qu'il y ait beaucoup de notion de la mythologie grecque et je n'ai pas été déçu.
Le livre comprend deux parties donc une la première parle de la rencontre avec les dieux au temps de la mythologie et comment cela aidait les grec. Il y a beaucoup d'extraits tirés de celle ci.
Dans la deuxième partie, ce sont plus les hommes qui sont concernés avec la science et la magie.
J'ai mis un peu de temps à lire ce lire car je n'ai pas l'habitude de lire des études philosophiques.
J'ai adoré les passages consacré à la mythologie grecque

Un ouvrage aussi surprenant que riche.
J'avais gardé quelques souvenirs du lien entre les grecs et l'avenir mais étais surtout pétrie des souvenirs de mythes et des propos de la Pythie.

L'autrice s'appuie sur de nombreuses sources pour proposer l'étude la plus complète possible et mettre en avant les moyens par lesquels les Grecs cherchaient à connaître/ deviner / maîtriser l'avenir : par les Dieux, par la science, par les rêves et par la magie.

J'appréhendais la sécheresse de l'essai mais il est très agréable à lire !