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EAN : 9782864326403
188 pages
Verdier (03/03/2011)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Résumé de l'éditeur
Qu’elle s’exalte dans la gloire ou se dissolve dans la déchéance, la dignité humaine ne va pas sans une part d’absurde, d’ironie saugrenue, de dérision subsidiaire.
C’est ce que relève Bernanos lorsqu’il affirme que « le ridicule n’est jamais très éloigné du sublime ». Dans une suite de tableaux aussi tendres que cruels, Michel Jullien décline cette loi en l’appliquant à une galerie de héros des siècles passés. Hommes, f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Plusieurs récits mis en parallèle deux par deux autour du destin tragique des êtres humains.
Les descriptions sont minutieuses, aussi bien celle des techniques (peinture, horlogerie, navigation) que des personnages ou animaux dans les différentes manifestations de leurs maladies.
Ce livre est bien écrit, mais froid.
La plume de l'auteur se transforme en scalpel de chirurgien.
A vrai dire, pour ma notation, j'ai hésité entre trois ou quatre étoiles.
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En abordant chacune de ces courtes chroniques, le lecteur se demande à quelle époque, en quel lieu, au cours de quelle épopée, avec quel personnage il va bien pouvoir se retrouver. Délicieusement déstabilisant, mais Michel Jullien, confiant dans l'agilité de son lecteur, lui offre cependant quelques prises où se raccrocher.

De l'Antiquité (Ovide exilé, deux sportifs de Crotone) à notre époque (conquête du pôle sud, Kathleen Ferier) en passant par le grand incendie de Londres ou un voyage de Vasco de Gama, chaque fois ce sont des destins particuliers, exposés dans une langue drue, précise, rythmée, usant d'un vocabulaire souvent inusité ou décalé dont le lecteur exigeant fera son miel.

Aucun marque-page inséré au cours de ma lecture, tellement je savais que tout passage pris au hasard allait bien convenir:

Autoportrait de Poussin au Bristish Museum
Il a enfilé un méchant hoqueton dont la dernière rangée de boutons ballotte à vide sur le pan gauche. le col fripé, rebiquant, s'avachit au droit d'une chemise largement échancrée, découvrant l'avant-poste d'un torse à crin. Par dessus la tête, un calot de peintre, un bonnet de nuit, on ne sait trop - une embarcation renversée, un soufflé-, tout à fait de travers, plié, ourlé, s'affaisse comme un fromage mou. Pour le reste, une barbe frisottée par l'essor de la négligence, une moustache, comme n'importe quel malade peut en porter après plusieurs jours de couche, des mèches en bataille surgies du calot, vivaces contre les joues, une pleine encoiffade. On ne voit pas ses mains. c'est une représentation en manchot, cadrée serré, sur l'essentiel."

Après Esquisse d'un pendu, Michel Jullien m'offre un autre joli coup de coeur!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Page 103.

Le déchargement du Terra Nova sur le sol antarctique prit des jours. Pour le seul entretien des amourskis, la pesée du séjour comptait : trente tonnes de paille compressée — du blé fauché vert puis compacté —, cinq tonnes de foin, six de tourteau, cinq de son, trois d’avoine, quatre de maïs. Construite sur une bande de détritus morainiques, l’écurie d’été, orientée au nord, contre le blizzard, tenait par des murs doublés, un toit de bois, un plancher isolé, couvert de paille. Du baraquement des hommes, le soir, s’échappait le son d’un gramophone. Éraillé à la source, il parcourait la cinquantaine de mètres séparant les deux abris préfabriqués, franchissait les planches, s’entendait parfois dans les box, plus que gommé, les grésillements en moins, les poneys absorbés, sourds, mâchant du foin aggloméré. Dehors, la colonie des chiens dormait à la longe.

Scott avant l’hivernage comptait lancer une première percée en direction du pôle Sud, en équipe réduite. Oates, lad, aidé d’Anton, premier palefrenier, désigna huit poneys dans la troupe, dès janvier. En plus de deux attelages de chiens, les petits chevaux aideraient au transport de plusieurs tonnes de vivres, de graisse, d’accessoires et de matériel lâchées de dépôt en dépôt, de jalons congelés signalés par un cairn, une perche au milieu renforcée de filins en acier galvanisé, des amers, des magasins intermédiaires abandonnés selon des calculs logistiques pointus, dix fois recomptés. Ainsi la tentative du pôle permettrait de partir "plus léger" l’année suivante. À la prochaine saison, à l’aller tout au moins, hommes, chiens, poneys, se reposeraient sur ces décharges essaimées, réserves stockées en fond de roulement, pesées au kilo près. Pour la marge d’erreur, inquantifiable, l’équation diététique prévoyait que le chien tôt ou tard consommerait du poney, que l’homme aussi, qu’un chien abattu pouvait en nourrir d’autres dans la meute, que l’homme se nourrirait de chien alors qu’un poney, on le sait, ne se sustente ni de chien ni d’homme.
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Vidéo de Michel Jullien
Michel Jullien, « Andrea de dos » (éditions Verdier, 2022)
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