Dans la quête de la vérité, dans celle du bonheur aussi, chacun cherche à faire coïncider une idée et un acte, une promesse et un geste. La coïncidence est le mot qui traduit l'idée d'une pleine réalisation, d'une cohérence entre soi et les autres, entre le monde et sa représentation. L'Age classique a ainsi fait de la coïncidence la définition même de la vérité, comme l'art classique a fait de la coïncidence avec la nature son précepte essentiel. S'accorder, se recouper, fusionner, se faire écho, fondre, confondre, unifier… On entend dans ces mots la possibilité d'une vie accomplie, parce que répondant à l'écho qui l'appelle. Cohérente par l'évidence d'un accord parfait.
Contre cette évidence partagée par nous tous spontanément, le philosophe
François Jullien opère dans son essai
Dé-coïncidence, d'où viennent l'art et l'existence, un écart conceptuel pour théoriser exactement l'inverse : c'est la dé-coïncidence qui conditionne l'existence. Pour l'auteur, dont l'oeuvre prolifique se joue sans cesse des écarts avec les normes et les idées reçues, la coïncidence, c'est la mort. Alors qu'au contraire, la dé-coïncidence, “c'est la possibilité d‘une vie".
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