C'est le 2 eme livre de junger que je lis. Il a été traduit par m.Betz. Je me prends pour des Ophites. Il arrive qu'une phrase brève me paraisse inachevée. Durant une nuit de tempête dans le Harz. J'ai déjà lu orage d'acier. J'ai eu le livre Falaise de marbre. Les sagittes. Les hommes vivent comme des animaux. Au centre de gravite, nous sentons depuis longtemps le poids caché.le plus grand écueil du roman est d'insérer des réflexions dans l'action. Dans les intervalles, nous rencontrons des sentences parfaites.la fete de l'homme est de voir mourir ce qui ne paraît pas mortel. le rapport entre la liberté et le destin est le même qu'entre une force centrifuge et la gravitation. Seules les abeilles peuvent atteindre la mer. Comment expliquer qu'ensuite nos pensées se portent que sur une seule. Les blêmes essaims d'éphémères dont le mécanicien de l'univers emploie des corps a graisser. le bal masque du neant. 25 juin 1940. On ne peut pas se poser la question de l'extrême droite.
Commenter  J’apprécie         320
4.V.1939 - Parce que mon cabinet de travail était trop central dans la maison, je me suis aménagé, avec l’aide de Perpétua et de Louise, une cellule d’ermite au grenier. J’ai toujours eu du goût pour les greniers poussiéreux ; on y rêve comme dans le royaume de l’oubli.
Une certaine substance s’amasse, me semble-t-il, dans les pièces inhabitées, un humus spirituel d’où l’imagination tire une riche nourriture. C’est ainsi que les rêves affluaient, lorsque je couchais à Ueberlingen dans la cave. Cette influence devint presque monstrueuse, pendant la guerre; lorsque je m’installai à Douchy, dans un abri abandonné, qui était situé au milieu des jardins et que je quittai après ma première nuit. Ici seraient sans doute à leur place des histoires de visiteurs qui couchent dans des chambres poussiéreuses de vieux châteaux et qui voient les apparitions mystérieuses. Dans les pièces que nous avons longtemps habitées, cette force étrangère s’épuise ; elles ressemblent à un sol depuis longtemps cultivé. On s’explique aussi que le peuple attache à la première nuit passée dans une nouvelle demeure et à ses songes la signification d’un présage.
251 - [Le Livre de Poche biblio n° 3006, p. 49]
Ensuite au jardin. Semé petits pois, salade, bettes, oignons, navets. Comme les petits pois brillaient, rangées d'un vert gris et mat, dans les sillons plus sombres ! En pensant, à les voir, que j'allais les recouvrir de terre, je réalisai soudain combien ce travail sur des plates-bandes est étrange, voire presque magique.
Lorsqu'on fouille dans la terre, celle-ci transforme les mains, les dessèche, les ronge, et, dirait-on, les spiritualise. La main subit dans la terre une purification. Mouvoir ses doigts dans un terreau lâche et tendre, que le soleil et la germination ont réchauffé, est une sensation fort agréable.
Le poêle en tôle qui me chauffait dans la hutte aux roseaux était en métal très ordinaire. Mais l'ardeur du feu faisait virer sa couleur à un rouge transparent et fort beau. De même, la vie et les choses recèlent des vertus que le cours ordinaire ne nous dévoile pas, mais qui se révèlent à l'instant où nous nous élevons d'un degré ou accedons à un temps nouveau.
Kirchhorst, 3 avril 1939 : Travaillé pour la première fois dans la nouvelle maison. La Reine des serpents, - peut-être trouverai-je un titre meilleur, de peur que l’on ne nous tienne pour des Ophites. Il me semble, lorsque je relis cet écrit en pensée, qu’il ne produit pas sur moi son plein effet. Il arrive qu’une phrase brève me paraisse inachevée, bien que je sache que la concision a souvent une force efficace. La phrase, telle que l’écrit l’auteur, se distingue de la phrase telle que son lecteur la lit. Lorsque je rencontre des notes ou des lettres dont je ne sais plus que ma plume les avait tracées, la prose m’en paraît meilleure, plus vigoureuse.
299 - [Le Livre de Poche biblio n° 3006, p. 23]
Sous le soleil brûlant, je songeais à l’enchaînement des livres d'un écrivain. L'oeuvre est comparable à une maison où l'on accède par la route de tout le monde. Les premiers ouvrages d'un auteur, s'inspirent des modèles généralement reconnus et ce n'est qu'au cours des années que se forme le style personnel. L'auteur mène le lecteur jusqu'à son propre univers en traversant des enfilades qui se transforment peu à peu.
Dans son nouveau roman "Le barman du Ritz", l'homme de radio, Philippe Collin, nous plonge dans la période de l'Occupation française. Imaginez un rendez-vous de hauts dignitaires nazis, de personnalités à la mode, de collabo et de résistants qui se croisent autour d'un verre sous l'oeil d'un barman virtuose, Frank Meier, un agent double à ses heures perdues. Dans le bar du grand palace de la place Vendôme, qui bénéficiait d'un statut spécial lui permettant de rester ouvert, on y croisait entre autres, Jean Coctzau, Gabrielle Chanel, Sacha Guitry, Barbara Hutton, Ernst Jünger ou Hermann Göring. Pendant ces années sombres, l'élite parisienne se retrouve donc à trinquer avec les SS. Et pour servir ce petit monde, Frank Meier, un fils de prolétaire juif, né en 1884 et issu du Tyrol autrichien. Expatrié aux Etats-Unis, il va rejoindre un hôtel de luxe de New-York et gravir les échelons jusqu'à devenir l'un des papes des barmen, avant de finalement rentrer en France. Naturalisé Français grâce à sa participation à la Première Guerre mondiale, il atterrit ensuite au Ritz en 1921. Derrière son bar, métaphore d'une ligne de front, il voit alors l'arrivée des Allemands dès 1940. Dans ce palace, véritable modèle réduit de la France occupée, il assiste en tant que spectateur, puis acteur de cette partie sombre de l'Histoire. Une question se pose alors : comment réagir ?
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite