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EAN : 9781092100076
258 pages
Mosesu (01/12/2013)
4.46/5   14 notes
Résumé :
Quand Luc Mandoline est appelé pour un remplacement dans le Pas-de-Calais, il ne se doute pas que ce qui l'attend est encore plus noir que le charbon des houillères d'Auchel.
Ce n'est pas au fond de la mine qu'il va descendre, mais dans les arcanes d'une organisation secrète aux vieux relents de race supérieure.

Manipulation génétique, lavage de cerveau, sexe et trahisons... Pour sa première incursion dans le milieu du polar, Jess Kaan réunit t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'Embaumeur, c'est Luc Mandoline, un ancien de la Légion étrangère qui a plus d'une corde à son banjo et s'est recyclé comme thanatopracteur.
La série fonctionne à la manière du Poulpe, à savoir qu'un auteur différent prête sa plume à chaque volume.
Sur la douzaine de titres parus, j'en ai lu autant que le cheval, soit trois : Concerto en lingots d'os de Claude Vasseur, Anvers et damnation de Maxime Gillio et le Label N de Jess Kaan.

J'ai parlé dans d'autres chroniques de Fissures Noires et Investigations avec un Triton, la logique voudrait que j'attaque cette chronique par une phrase du style “Le Label N tranche avec les autres bouquins de Kaan”. Certes mais pas tant que ça.
Eidonius était détectivé dans Investigations, Mandoline se retrouve embarqué dans une enquête. La dimension sociale/sociétale/critique du roman noir apparaît dans plusieurs nouvelles de Fissures Noires et dans Investigations. le ton sombre, ai-je besoin de développer quand le recueil s'appelle Fissures Noires ? Enfin, on retrouve les marqueurs stylistiques made in Kaan (néologismes, par exemple). Bref, c'est du Kaan, le gars n'arrive pas dans le polar les mains vides. Y a juste moins de dragons et de farfadets vu que les Embaumeurs prennent place dans le monde réel (enfin son équivalent romanesque).

Le Label N respecte le cahier des charges de la série et prend la peine de s'inscrire dans la continuité par des allusions aux précédents volumes.
Le lecteur recevra la dose attendue de cadavres, castagne, fusillades, retournements de situation. Sans frénésie d'action délirante non plus, attention, c'est pas du nawak hollywoodien genre Les Ailes de l'Enfer.
J'ai pensé à Kitano, de très loin, mais il y a une parenté d'esprit sur le rythme d'ensemble. Les scènes posées alternent avec les passages violents, les premières donnant ainsi plus de relief aux seconds.
Et parce que c'est toujours un argument vendeur, si tu aimes le sexe, tu auras ton compte ! J'avoue garder une préférence pour LA scène de Claude Vasseur dans Concerto (lisez-le, vous comprendrez pourquoi il est indétrônable), mais Kaan se défend bien aussi.
Dans tous les cas, il ne cède jamais à la facilité. Quand il te place du sexe ou de la violence, tu cherches en vain l'esprit racoleur d'un Morandini.
Bien conçu, donc, et bien écrit aussi. J'adore la plume de Kaan. C'est propre, harmonieux, efficace. Beau. Il trouve toujours le mot juste, au besoin l'invente. Quand il veut glisser quelque chose, une vanne, un message, il procède avec finesse, économe de moyens et d'effets à deux ronds. Un style “force tranquille”, discret et puissant à la fois.

Kaan développe ici un Mandoline tout en décalage. Un homme d'action qui aimerait bien un peu de calme, parce qu'il en a déjà fait beaucoup et pas que du joli-joli. Et puis, en ancien militaire, il sait que les héros sont souvent décorés à titre posthume. Un type droit dans ses rangers, attaché à certaines valeurs très vieille France, le côté réac en moins, dans une époque aux repères moraux flous, en manque de modèles. Une machine à tuer (légionnaire, hein) en quête de rédemption, reconvertie au service des morts et des vivants.
J'aime bien cette version de Mandoline. Solide comme un roc… mais avec ses fissures, pas le héros monolithique, propre sur lui, à l'aise dans ses baskets, inébranlable dans ses convictions (américain, quoi).
Parmi les scènes marquantes, il en est une où on le voit dans l'exercice de ses fonctions psychopompes. Il rencontre la famille d'une défunte pour mettre au point les dispositions funéraires. A la description des lieux et de ses occupants, on voit qu'il s'agit de “gens simples” – dénomination que je déteste parce qu'elle pue la condescendance. La pantalonnade beaufiste et bienvenuechezleschtienne serait facile, Kaan lui préfère l'empathie.

La grande force de ce bouquin – et de la plume de Kaan en général –, c'est de rester centré sur l'humain. de s'attarder sur les petits, les humbles, les sans-dents, ceux dont le nom est légion/chômeurs/précaires. Sans pitié hautaine, condescendance ou pathos tire-larmes facile. Sans sonner creux comme un discours de préfet. Un authentique attachement aux éclopés de la vie et aux victimes de notre “beau” modèle socio-économique, formidable machine à broyer le monde et les gens.
Le début du roman constitue un exemple parlant avec la peinture d'Auchel et du Nord qui l'entoure. Un Nord qui en chie, qui a sa fierté, qui a eu son heure de gloire avant d'être laissé de côté, qui s'enfonce un peu plus à chaque élection dans le “label Haine”. Kaan en dit beaucoup en très peu de pages, sans tomber dans le misérabilisme sauce JT ou le cliché ch'ti.

Les rapports de domination mis en scène tout le long du bouquin relèvent de la même logique. Derrière un certain nombre de choses que je ne vais pas spoiler (je dirais juste que le coupable n'est pas Luc Mandoline avec la guitare dans le funérarium), on trouve une réflexion sur les rapports entre les puissants et les faibles – ou des tortionnaires et de ceux qui n'ont rien demandé, selon de quel côté on se place.
Triste constat : l'esprit de révolte est mort ou à peu près devant un asservissement mi-subi mi-assumé.

Pour un premier polar, Kaan s'en sort haut la main (peau de lapin). Il confirme son statut d'auteur touche-à-tout, qui n'hésite pas à prendre des risques, capable de se renouveler sans se dénaturer pour autant. le gars, tu peux le ranger nullle part et partout : nouvelle, roman, parodique, noir, jeunesse, fantastique, fantasy, polar, etc. (si je me lance dans la liste complète des subdivisions de genres, on y est encore demain). Et avec talent en plus !
Lien : https://unkapart.fr/le-label..
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L'Embaumeur est un personnage de série comme le Poulpe, des règles à respecter, de nombreux auteurs et une descente dans les travers de la société.

C'est sûr que l'idée d'un croque-mort itinérant peut paraitre étrange mais c'est une fonction qui peut permettre d'être en contact avec une certaine réalité, avec des comportements transformant des personnes lorsque la mort est là.

Et puis l'Embaumeur n'est pas sans ressources, ancien légionnaire, des amis aux talents diversifiés et utiles. Mandoline est aussi très bien servi par le style sans fioritures et sans concession de Jess Kaan. C'est cru et direct, certaines scènes, certains dialogues, sont de véritables coups de poing en pleine figure. Les premières pages où Kaan décrit la région sont marquantes et tellement vraies quand on la connait.

Je trouve juste dommage d'avoir eu l'impression que le dénouement était vite plié, peut-être l'obligation de faire tenir le récit dans un nombre de pages limité.

Le label N est un polar réaliste qui se lit en une seule fois car il y a un attrait pour cette part malsaine de certains personnages.
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Deuxième livre de la collection de l'embaumeur pour moi. J'ai commencé avec le Numéro 1 et je suis passée directement au 6 car je voulais découvrir l'univers de Jess Kaan.
J'aime l'idée que plusieurs auteurs reprennent un même personnage mais c'est un exercice périlleux pour eux. J'apprécie le personnage de Luc Mandoline alors il ne faut pas en faire n'importe quoi il est devenu sacré à mes yeux.
L'auteur à pour moi respecter le personnage et lui a créer une histoire parfaite pour sa carrure.
J'ai passé un super moment en plus cette histoire pas loin de chez moi à Auchel.
Mais ce n'est que mon avis....
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Jess Kaan a très bien retranscrit le côté obscur de l'âme humaine. J'ai beaucoup aimé, c'est très bien écrit!
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Incident sur les voies.
En jargon SNCF, cette formule désignait le plus souvent un désespéré passé à l'acte. Pour Luc, l'incident sur les voies avait en plus le nom et le visage de Liliane Thérembert. Liliane - il l'appelait par son prénom malgré les années - avait été l'une de ses premières rencontres avec la mort née de l'envie de se détruire.
Un matin d'hiver, cette caissière de trente ans s'était levée avec pour quotidien glauque celui d'une femme couverte de dettes, abandonnée par son mari. Elle avait ensuite préparé le petit déjeuner de ses enfants comme d'habitude, les avait embrassés en riant avant qu'ils aillent à l'école. Mais au lieu d'aller bosser pour des clopinettes (...) elle avait pris sa petite voiture et s'était arrêtée sur le passage à niveau.
Caissière paupérisée contre train de marchandises.
La physique à ceci d'emmerdant qu'elle n'a guère l'âme d'une hors-la-loi. Du côté divin, Dieu et ses anges ne donnaient pas dans le miracle ce jour-là.
Luc avait ramassé les morceaux éparpillés.
Une existence pulvérisée sur deux kilomètres de voie. Une vie mise en sac. Le plus long avait été de retrouver la tête. Alors qu'il s'apprêtait à fouiller les bas-côté, pensant l'avoir manquée, il était tombée nez à nez avec Liliane Thérembert, tête et rachis. La malheureuse était fichée sur le butoir de la locomotive comme la caboche du gouverneur de la Bastille au bout d'une pique, un jour de juillet 1789. Une seconde, il avait cru que cette blonde peroxydée et livide le contemplait, quémandant l'attention que toute la société lui avait refusée.
Une seconde ou une éternité ? Pour l'Embaumeur, chaque défunt est unique.
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Il faut toujours comprendre ses ennemis pour les anéantir. Toujours. C'est de cette manière que l'on survit !
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Nous ne sommes que de passage sur terre. Il faut savoir abréger les souffrances de ceux que l'on aime, ce n'est pas pour autant que les portes de l'enfer s'ouvriront sous nos pieds, ou alors Dieu est sadique.
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