AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 2571 notes
Le roman d'un été.


Le vieux conteur du Maine.

Stephen King est, de tous les écrivains que j'ai pu découvrir, celui qui raconte le mieux les histoires. Lors de ma première lecture, le volumineux recueil de nouvelles « Brume », je me rappelle de ce sentiment de sidération fabuleux et extrême qui m'avait gagné, alors que je découvrais à peine les charmes polymorphes du fantastique et des littératures de l'imaginaire. C'était au collège, et même si je suspecte de ne pas avoir pu jouir de toutes les richesses de cette lecture, ce fut déterminant puisqu'aujourd'hui, c'est l'auteur que je lis le plus et un pour lesquels je cultive un respect inébranlable (notez que j'ai réussi à caler le verbe « jouir » et l'adjectif « inébranlable » dans la même phrase). Ma prof de français de l'époque (la meilleure !) m'avait raconté sa découverte, toute jeune et alors qu'elle était malade, de Lovecraft et de la terreur fascinée qu'il avait fait naître chez elle. Ce ne fut peut-être pas si différent pour moi : c'est juste arrivé, cet hiver de quatrième, au cours d'une soirée bien froide. Et ce que j'ai développé, cette sorte d'infection chronique magnifique, n'a cessé de croître au fil des ans. C'est vous dire désormais l'immense et sincère plaisir que j'ai à lire un Stephen King.
Et son image, au fil de mes lectures, piochées éclectiquement dans la longue (et miracle ! inachevée) bibliographie, a aussi évolué. de l'écrivain extrêmement doué à faire vibrer mon imagination, il est tout simplement devenu ce conteur désormais légendaire, invocateur de toutes les légendes et créatures de son imagination, transcripteur halluciné de la vie dans ce qu'elle a de plus vrai. Qu'il nous parle de l'enfance, du rock'n'roll, de l'alcool, de la religion ou bien du meurtre, il le fait avec un tel brio que c'en devient juste impossible à vanter.
Tout ce long discours pour vous glisser simplement ceci : « Cujo », comme la plupart des livres de King, est magnifiquement bien raconté et vibre d'une réalité palpable. Il ne déroge pas à la règle, et est un pur plaisir à découvrir. Je n'ai, franchement, jamais lu un auteur qui parvienne à ce point à lier divertissement, intelligence et forme avec autant de brio.
L'histoire de ce chien ne m'excitait pourtant pas des masses. Tout comme l'histoire de « Duma Key » ne me faisait pas rêver. Mais la magie et la maestria opèrent.


Comment un chien enragé te fait parler du mal autant que des couples.

Marrant comme « Cujo » peut être trompeur. Cette histoire de chien n'est au final pas vraiment au centre du récit : elle n'est qu'une raison pour parler de la vie. Cujo est effectivement « enragé », par le virus ou par le mal qui s'est glissé à Castle Rock, à vous de choisir, et Cujo va effectivement bouffer de la chair humaine. Mais Cujo, ce n'est pas lui qui s'envole avec le récit. Non, ce sont tous ces personnages, tellement humains et tellement faillibles. Ces personnages qui à la fois peuvent vous décevoir amèrement comme devenir de véritables figures héroïques. On peut voir dans Cujo une figure féministe, c'est en tout cas ce que j'ai lu ici et là. Je ne peux que partager, dans une certaine mesure, l'assertion. On peut tout de même remarquer que King fait l'effort de présenter deux femmes très différentes, qui loin d'être définies par leur mari ou leur enfant, sont exactement l'inverse : prismes par lesquels l'histoire et la vie sont perçues. L'entreprise est réussie, et Donna Trenton se révèle effectivement valeureuse et passionnante.
King nous raconte ici des dizaines de situations fortes, autant de pistes de réflexion amenées avec douceur. Parmi eux, les violences conjugales ou l'adultère. Ces situations sont d'une justesse rare et, loin d'alourdir la lecture, la rende vivifiante.


Quelle chaleur !

Que vous dire d'autre sur « Cujo » ? Je ne sais pas vraiment. « Cujo », malgré son épaisseur tout à fait raisonnable, est très loin d'être le roman le plus simple à lire de King. D'une part à cause de sa densité : les thèmes sont nombreux, les pensées inarrêtables et le résultat massif. Et ceci est à mettre en relation avec l'histoire, qui d'un pur point de vue narratif, « d'action » est extrêmement mince. le livre est riche, mais finalement peu mouvementé. Les joyaux ne se cachent pas dans le carcan esquissé par la quatrième de couverture. Et enfin à cause de la structure du récit. « Cujo » est traître : c'est un roman dans le roman et ceci dans plusieurs plans ( ça part loin, pardon). Et ces « différents romans » se chevauchent parfois, se succèdent d'autre fois :
- C'est l'histoire d'un chien enragé bien nerveux (le comble quand on a la rage !) / C'est l'histoire de deux familles mises à l'épreuve par les aléas du quotidien.
- C'est l'histoire de la famille Trenton (Donna Trenton) / C'est l'histoire de la famille Camber (Charity Camber).
- C'est une satire du quotidien se déroulant à Castle Rock / C'est un huis-clos dans une voiture.
- C'est l'histoire d'un chien enragé qui diffuse le mal à Castle Rock. / C'est l'histoire de Castle Rock et son mal dont Cujo n'est que le symptome.
Bref, les symétries de construction et les dissections du livre peuvent être nombreuses, mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir.


« Cujo » est le roman d'un été, l'été le plus chaud depuis cent ans ! Alors tant qu'à faire, respectez le et lisez-le dans la fournaise de juillet (ce que j'aurais aimé faire, avec du recul). Croyez-moi, vous n'allez pas être déçu du voyage.
Commenter  J’apprécie          92
Stephen King a tant écrit au cours de sa longue vie d'auteur prolifique que le public qui, aujourd'hui, le découvre, a beaucoup de mal à hiérarchiser et à trouver le chemin vers certains oeuvres parfois un peu oubliées et pourtant parmi les plus intéressantes de sa carrière.

Tout naturellement, les nouveaux lecteurs vont choisir ses grands classiques, célébrés un peu partout - comme Ça, Shining, La ligne verte, par exemple) ou bien se tourner vers les derniers romans publiés, puisque King continue à produire un moins un pavé par an : Duma Key, Dôme, 22/11/63). Pourtant, il y a de quoi faire - et de quoi lire ! - ailleurs !

J'ai donc décidé de ressortir, exhumer de l'incroyable tas de feuilles sorties de l'imprimante du maître du fantastique, les romans souvent considéré "mineurs" et qui, aujourd'hui, méritent d'être redécouverts. : Cujo en fait partie.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
Commenter  J’apprécie          90
J'ai été séduite dès la première ligne : "Il était une fois, il n'y a pas si longtemps..." Oh oui, Monsieur King, racontez moi une histoire !

Le lecteur peut suivre plusieurs points de vue , et cela donne vraiment une dynamique agréable au récit. Les trois histoires s'entremêlent et sont intéressantes, je les ai suivies avec plaisir et impatience. La mise en place des personnages est rapide ce qui n'est pas toujours le cas dans les romans de Stephen King. :
-Vic, Donna et leur fils Tad Trenton. Vic est un publicitaire qui doit sauver sa boîte : ses réflexions, recherches de spot, entretiens d'affaires, font une histoire parallèle que j'ai trouvé savoureuse ( un colorant défectueux a créé une vague de parano chez les consommateurs).
Ce sont Tad et Donna qui devront faire face à Cujo; au sujet de Donna : elle m'a contrarié par son manque de décisions, j'ai trouvé qu'elle manquait de force, de détermination. Cela fait partie de ce qui crée la tension dans le roman, d'ailleurs : c'est elle qui prend de mauvaises décisions, que ce soit dans sa vie de femme autant que dans sa vie de mère.
-Steve Kemp, l'amant déçu de Donna, un personnage que j'ai trouvé criant de vérité et qui m'a beaucoup plu par ses réactions...excessives de mâle blessé dans son orgueil.
L'infidélité de Donna, éventée par son amant éconduit, est abordée avec tact et justesse dans ce roman : le raz-de-marée d'émotions, tristesse et colère, les discussions de Vic et Donna, c'est émouvant de suivre ce couple qui s'aime mais s'est "perdu" en route.
-Joe Camber, sa femme Charity et leur fils Brett : les propriétaires de Cujo. Joe est un génie de la mécanique, mais c'est la seule chose qu'il a pour lui : c'est un alcoolique qui bat sa femme et terrorise tout le monde. Son seul ami est un vétéran de la guerre du Vietnam aussi imbibé et méchant que lui. Charity est un personnage que j'ai beaucoup aimé : elle est lucide sur sa situation, sa vie, les choix qu'elle fait sont pensé même s'ils sont douloureux.
-Cujo : vraiment très original de rentrer dans la peau du chien, et d'assister au délitement de sa conscience : ça fait mal aux tripes ce qui lui arrive, à ce brave gros toutou...
Cujo n'est pas le seul monstre du roman, loin de là. Joe Camber est monstrueux.Sa femme a appris à le craindre, à interpréter la façon dont il marche pour savoir de qu'elle humeur il est. Stephen King traite ce sujet de la violence conjugale aussi bien que celui de l'adultère.C'est un sujet récurrent dans ses romans (je me souviens en particulier de Rose Madder). Mais je n'écarte pas totalement le surnaturel dans ce roman : les protagonistes ont des "pressentiments", les cauchemars-visions sont très nombreux, et il y a le placard de la chambre de Tad, ce fichu placard qui s'ouvre sur un monstre que même ses parents pensent sentir sans se l'avouer.

Un roman que j'ai dévoré.
Commenter  J’apprécie          92
Il faisait chaud dans cette cour qui se trouvait à des kilomètres de toute maison, il faisait chaud dans mon jardin, également. Ils avaient soif, moi aussi. Un chien tournait autour de la voiture, le mien dormait tranquillement à l'ombre. Ce livre, que je n'ai lu qu'une fois, me renvoie immédiatement au parfum de l'herbe fraîchement tondue du jardin de mon adolescence, au soleil et aux vacances, cette époque où je pouvais, sans scrupules, passer une journée entière sur une chaise longue à dévorer notamment les livres de Stephen King.
Il se trouve que la maison, la cour et le chemin qui plantent le décor de la quasi-totalité du roman auraient très bien pu se situer dans les environs du jardin où je lisais ce livre le coeur palpitant, et cette histoire m'en paraissait d'autant plus crédible.
King a le chic de nous taper sur les nerfs et de nous plonger en même temps dans l'angoisse, avec ces personnages qui refusent de faire ce que nous leur crions de faire, ces enfants innocents qui sont souvent les premières victimes. Ici, il serre ce huis-clos au plus près, ne laissant aucune alternative possible à ce qui doit se passer, verrouillant une à une toutes les issues et mettant les personnages au supplice.
Après avoir lu ce livre, je n'ai jamais plus regardé les chiens ni les maisons isolées de la même façon - tout comme pendant longtemps je devinais un certain sadisme dans les phares de voitures après la lecture de Christine- .
Une bonne séance de massage est nécessaire après la lecture de ce livre.
Commenter  J’apprécie          90
Cujo, c'est plus qu'une histoire de chien enragé, c'est surtout une histoire sur la déchéance du couple, sous couvert d'un point de départ presque banal, King nous emmène vers le drame social, ici pas de fantastique -ou si peux-mais même sans ça, ça reste du King et a sa façon bien à lui de nous raconter cette histoire, avec toujours cette capacité à tenir en haleine jusqu'à la dernière ligne.Et puis c'est aussi un de ses romans les plus dure, dans le sens où il ne fait aucune concession sur le devenir de ses personnages, ce livre à sa sortie à fait hurler ses fans, mais King s'est justifié en prétextant qu'aprés tout la mort c'était la vie !
Commenter  J’apprécie          90
AprèsCarrie, Salem et Shining, Cujo (1982) fait partie des tout premiers best-sellers de Stephen King que j'avais envie de relire. Un gros saint-bernard débonnaire qui se transforme en bête enragée, l'idée me plaisait. Mais le « style Stephen King » dilue la tension de l'intrigue. « Le style Stephen King », pour moi, c'est ce dosage entre scènes d'horreur et peinture de l'Américain moyen. L'auteur décrit toujours très en détail la psychologie de ses personnages, y compris secondaires ; parfois ça m'aide à entrer dans l'ambiance, parfois cela m'agace (« Accélère ! »). Ici il est clair que l'objectif est de démontrer comment « tant de circonstances ont pu se lier » pour mener au drame final. Et on ne peut être qu'admiratif de la construction de l'ensemble. Mais si j'ouvre un Stephen King, c'est pour le frisson et l'horreur, et tout ce que l'on attend, ce sont les attaques du chien. J'ai trouvé le portrait de celui-ci particulièrement réussi : bien que rendu fou par la maladie, il reste touchant par ses instants de lucidité où son bon caractère lutte contre la violence qui l'envahit malgré lui.
Commenter  J’apprécie          80
Tout d'abord, merci à Dorian d'avoir organisé cette LC, sinon ce livre serait toujours dans ma PAL.
Finalement, comme ce livre n'a pas de chapitre, ni de découpage, j'ai préféré me tourner vers l'audio, qui lui est passé tout seul.
J'ai donc suivi les histoires de Cujo et les familles de Brett et Tad.
Comme très souvent, je trouve que King prends bien son temps pour poser les personnages, les décors et l'histoire.
Les personnages sont souvent des gens que l'on pourrait croiser dans la rue, ou encore quelqu'un de notre famille, c'est l'une des chose que j'aime beaucoup chez les personnages de Stephen King.
Finalement, j'ai quand même passé un bon moment, un peu angoissant par moments, attention aux claustrophobes.
Commenter  J’apprécie          80
Une lecture touchante, où King montre encore une fois que l'innocence n'est jamais épargnée. Peut-être est-ce ma sensibilité mais j'ai été touchée par le point de vue qui nous est offert du chien, victime absolument perdue dans la maladie. le maître de l'horreur démontre encore une fois que les histoires ne finissent pas forcément bien, et que lorsque tout s'arrange l'horreur peut encore nous tomber sur la tête. J'ai été surprise, emportée, par ma lecture et je me suis laissé prendre au jeu. La fin m'a fait mal, très mal, et King a eu l'intelligence de me rendre extatique, prise dans le combat pour finalement me faire retomber au plus bas. Dans ma lecture j'étais devenue la mère prête à tout pour son fils, qui se met en danger, et qui découvre la terrible vérité. Une simple phrase, une simple question, si adroitement placée et tout s'effondre.
L'histoire est parfois frustrante, dans sa réalité, avec des quiproquos, des concours de circonstance. Tout aurait pu aller bien plus vite, s'arranger, si ceci n'avait pas eu lieu, si cela n'avait pas été fait. Dans l'horreur Stephen King réussit encore à dépeindre une réalité malsaine, mais si commune désormais. J'ai tremblé avec les personnages, j'ai été frustrée, j'ai pleuré, j'ai eu peur, eu de l'espoir, de la joie. Une lecture somme toute optimiste dans ses dernières pages, mais qui passage par de très sombres heures.
Une lecture somme toute, donc, simple, sans trop de prise de tête malgré la frustration.
Commenter  J’apprécie          80
Cujo, un classique du grand Stephen KING qui faisait partie de ma pal depuis un certain temps. Je me décide enfin à me replonger dans cet auteur que j'ai découvert et m'a procuré bien des frissons à l'adolescence. Malheureusement, Cujo m'a un peu déçue... seul le dernier tiers du roman m'a incitée à accélérer ma lecture. il y a beaucoup de longueurs et on se demande où notre cher S.KING veut en venir. Les personnages sont peu attachants, voire même agaçants. Dommage car l'idée est bonne, j'aurai aimé plus d'intrigue, être tenue davantage en haleine... Cela ne m'empêchera pas de continuer à découvrir les autres oeuvres de cet auteur que j'apprécie beaucoup.
Commenter  J’apprécie          82
C'est le premier roman que j'ai lu de Stephen King. A l'époque le roman m'avait paru ni bon ni mauvais, mais je crois que je ne l'avait pas comprit en entier.
Récapitulons, une femme et son jeune fils se retrouvent seul dans une voiture, en pleine chaleur et au milieu d'une ferme isolé. Jusque là tout va bien mais un chien ayant la rage tourne autour de la voiture et les deux individus ne peuvent pas sortir de la voiture.
L'auteur construit son roman en mettant l'histoire dans le désordre, ajoutant des épisodes à la vie de cette femme qui n'a déjà pas de chance de se retrouvait dans cette voiture et cela alourdi le récit. C'est cela que je n'ai pas apprécier dans le roman.
On ne comprend pas non plus l'intérêt de l'homme qui l'a poursuit.
Je retenterai peut-être ma chance avec un autre Stephen King, on verra bien ...
Commenter  J’apprécie          81




Lecteurs (6452) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quiz Stephen King !

Quel est le premier livre de King a avoir été publié ?

Shining
Dead Zone
Carrie
Le dôme

10 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thème : Stephen KingCréer un quiz sur ce livre

{* *}