AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782283035306
288 pages
Buchet-Chastel (13/01/2022)
3.5/5   14 notes
Résumé :
Dans le désert des Mojaves, une grotte jalousement gardée abrite les derniers représentants d’une espèce de poissons minuscules. En Australie, des scientifiques s’efforcent de créer des coraux capables de supporter l’acidification des océans. Autour de Chicago, la flore aquatique n’a pu être sauvée qu’en électrifiant une rivière.

Dans La 6e Extinction, salué unanimement comme un événement lors de sa parution et récompensé par le prix Pulitzer, l’autri... >Voir plus
Que lire après Des poissons dans le désert : Quand l'homme répare la natureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Elizabeth Kolbert est l'auteure de la sixième extinction, classique du genre que j'avais commencé sans le finir il y a des années. Dans Under a White Sky: The Nature of the Future (Des poissons dans le désert en VF), elle se penche sur un phénomène intrinsèquement lié à la sixième extinction : le contrôle du contrôle de la nature, ou comment les humains se retrouvent à devoir gérer par la technique leur tentatives foireuses de contrôler la nature par la technique. Notons aussi que Elizabeth Kolbert, pour chacun des chapitres (consacrés à des cas différents), va sur le terrain parler aux gens concernés. Et pourquoi "sous un ciel blanc ?" C'est la couleur que prendrait le ciel en cas de mise en place de vastes projets de géo-ingénierie solaire.

Le premier chapitre se penche sur l'artificialisation des rivières américaines (du genre changer leur sens ou les relier par des canaux) et des conséquences sur les populations animales. Ces espèces, en bonne partie, comme les carpes asiatiques, ont été introduites elles aussi artificiellement pour, à l'origine, contrôler les herbes aquatiques, devenues elles-mêmes incontrôlables à cause des rejets azotés de l'agriculture... Ainsi des portions de rivière sont littéralement électrifiées dans une tentative de contrôler les mouvements de ces poissons introduits par les humains pour gérer des problèmes causés par les humains. A noter que c'est le Printemps silencieux de Rachel Carson, livre fondateur de l'écologie, qui a popularisé cette idée de contrôle biologique : même avec les meilleurs intentions du monde, tripoter la complexité des systèmes naturels entraine toujours des conséquences imprévues. En plus des barrières électriques, l'auteure explore une myriade de tentatives de luttes toutes plus douteuses les unes que les autres, mention spéciale à la dernière : transformer les carpes en plats gourmets, quitte à les expédier au Vietnam pour transformation avant de les réimporter. Symbolique.

Le second chapitre s'intéresse à la Louisiane qui, a cause du contrôle du Mississippi, s'effondre sous les eaux. En effet, les crues naturelles du fleuve venaient apporter de la nouvelle "terre" pour compenser l'affaissement naturel de cette région sans guère de substrat rocheux. Or, les humains modernes n'aiment pas les crues, alors ils construisent des digues, ce qui entraine un affaissement général, ce qui entraine des inondations, contre lesquelles il faut de plus grosses digues... Les natifs du coin, eux, se contentaient de bouger au rythme de l'eau. Aujourd'hui, toutes les 5 minutes, la Louisiane perd l'équivalent d'un terrain de tennis. Des sommes et des efforts fantastiques sont dépensés pour "reconquérir" des terrains ridicules qui, de toutes façons, seront inévitablement engloutis de nouveau par l'océan sous peu. Des sommes et des efforts encore plus fantastiques servent à "recréer le phénomène naturel de sédimentation" à coup d'infrastructures colossales.

On quitte les rivières pour un petit trou d'eau paumé dans la Vallée de la Mort, le Devils Hole. C'est le seul endroit où vit une petite espèce de poisson, sans doute l'espèce vertébrée avec l'habitat le plus petit du monde. Les poissons de cette espèce pèsent peut-être 100 grammes en tout. Et, alors que les espèces disparaissent à un rythme alarmant autour du monde, des efforts considérables sont déployés pour protéger celle-là. L'auteure utilise un terme aussi amusant que dramatique : espèce Stockholm. En passant, la nappe phréatique dont le trou n'est qu'un détail est si grande qu'elle a des marées. En plus des efforts passés, comme empêcher le pompage dans la nappe, un faux trou a été construit, comme pour Lascaux. A la fin de ce chapitre, l'auteure se livre à quelques songeries dans sa chambre à Vegas. Elle exprime un sentiment qui m'occupe presque en permanence ces temps-ci, alors je ne résiste pas à l'envie de la citer :

That night, my last in Nevada, I stayed on the Strip, at the Paris, in a room with a view of the Eiffel Tower. This being Vegas, the tower rose out of a swimming pool. The water was the blue of antifreeze. From somewhere near the pool, a sound system pumped out a beat that reached me, dull and throbbing, through the sealed windows of the seventh floor. I really wanted a drink. But I couldn't bring myself to go back down to the lobby, past le Concierge, Les Toilets, and La Réception, to find a faux French bar. I thought of the Devils Hole pupfish in their simulated cavern. I wondered: is this how they felt in their darker moments?

Ensuite, les coraux. Ils accueilleraient la diversité de vie la plus importante au monde, supérieure à celle de l'Amazonie (à surface équivalente). Bien sûr, ils sont foutus, mais plein d'apprentis-sorciers cherchent des "solutions". Dans des labos sont simulées les conditions que connaitront les océans dans le futur, et des croisements sont effectués entre coraux qui, dans la nature, ne vivent pas aux mêmes endroits. C'est sans compter les plans du genre fécondation des coraux par robots et brouillard artificiel pour leur faire de l'ombre, bref, toutes sortes de "amazingly imaginative innovation". L'auteure ne commente pas les déclarations de ce type, énoncées par les gens qu'elle rencontre.

En Australie, les énormes crapaud-buffles, introduits par les humains encore une fois dans un but foireux de contrôle biologique (contre des nuisibles de la canne à sucre), déciment la faune locale : ils sont toxiques, mais les animaux australiens, n'ayant pas évolué à proximité d'une telle bestiole, ne le savent pas. Ils mangent le crapaud (extrêmement abondant) et meurent. Donc, comment gérer ce problème crée par une tentative de gérer un problème ? La réponse est sincèrement stupéfiante : le génie génétique a désormais les connaissances nécessaires pour modifier génétiquement des populations entières d'animaux sauvages. Sans doute le truc que j'ignorais le plus dingue de tout le livre : j'avais déjà vu passer cette idée à propos des moustiques, où je crois elle ne va pas tarder à être appliquée à grand échelle, mais sans en comprendre toutes les implications. Il s'agit de forçage génétique : la capacité d'un gène à dépasser les 50% de chances de transmission et d'ainsi éliminer le gène concurrent. C'est un phénomène qui existe naturellement, mais il est désormais possible de créer un forçage génétique artificiel, dans ce cas en modifiant le gène qui provoque la toxicité des grenouilles (par exemple le remplacer par un gène de toxicité bien plus modérée). Ainsi on prend des crapauds, on modifie génétiquement leur descendance en remplaçant le gène cible par un autre (processus effectué sur l'oeuf, c'est-à-dire avant la division cellulaire de l'embryon), puis une fois que ceux-ci sont grands, on les relâche. Ainsi, quand ils se reproduiront, ils transmettront à coup sûr le gêne artificiel au détriment du gène naturel, et sur le long terme, paf, contrôle génétique des populations sauvages. Et pour aller plus loin, l'idée de "suppression drive" : le forçage génétique d'un trait si délétère qu'il entraîne la fin d'une espèce, par exemple en forçant la transmission des chromosomes XY au lieu des XX, entrainant une descendance intégralement mâle. Cette idée est sérieusement envisagée pour des îles envahies par des souris (introduites par les humains) qui détruisent les populations d'oiseaux locaux. Jusqu'à présent, la méthode de lutte était le largage de grandes quantités d'anticoagulant par hélicoptère. Par contre, si quelques souris s'échappent...

Les chapitres suivants s'intéressent aux solutions de géo-ingénieries du type aspirer le carbone de l'atmosphère ou bloquer les rayons du soleil en injectant je ne sans quelles substances dans l'atmosphère. le premier point, l'auteure l'explore, est complétement utopique, tant les procédés non seulement coûteraient indiciblement cher, mais surtout demanderaient eux-même énormément d'énergie, et d'où viendrait cette énergie ? Comme exploré d'une façon tout aussi utopique dans The Ministry for the Future par Kim Stanley Robinson, cette dernière idée, celle de la modification atmosphérique pour réduire l'intensité solaire, risque fort de devenir réalité, car il suffit qu'un seul pays se lance en solitaire. Ce procédé, même s'il fonctionnait sans conséquences négatives, ne changeraient rien aux causes du changement climatique. Ce ne serait qu'un palliatif temporaire qui, pour compenser le réchauffement, devrait être maintenu de façon permanente et exponentielle. Si jamais il prenait fin, pour une raison ou une autre, un réchauffement incroyablement brutal s'abattrait sur la Terre : tous les degrés de réchauffement remis à plus tard arriveraient d'un seul coup. On tient là un candidat sérieux sur la liste des Grands Filtres.

Et pour conclure, une idée sur l'origine des civilisations liée au climat. Avant l'optimal climatique qui a permis la naissance de l'agriculture il y 12000 ans environ, les températures variaient drastiquement et brutalement. Les cultures naissantes ne pouvaient pas donc jouir d'une stabilité suffisante pour durer dans le temps. Avec le changement climatique anthropique, d'une échelle sans précédent depuis l'extinction des dinosaures, c'est clairement la fin de cet optimal climatique : l'âge des migrations est de retour. Un chiffre pour saisir l'ampleur des modifications anthropiques : aujourd'hui, une molécule de CO2 sur trois présente dans l'atmosphère a été rejetée par les humains. Et ça grimpe, ça grimpe.

Article tiré de mon blog :
Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
Commenter  J’apprécie          50


Dans « Walden », THOREAU disait « laissons l'ancien temps aux anciens et que les nouveaux venus s'occupent des temps nouveaux ».
Ce livre parle de personnes qui tentent de résoudre de problèmes crées par d'autres qui tentaient elles aussi d'en résoudre (SIC), nous précise Elizabeth KOLBERT dans un essai qui a pour ambition de nous sensibiliser aux efforts de certains scientifiques dans le domaine environnemental.

Dans une liste à la Prévert, qu'elle a choisi de scinder en trois parties (« le long de la rivière », « L'ouest, le vrai » et « Dans les airs), elle aborde les problèmes liés à la présence des carpes asiatiques dans les lacs américains, celui de l'expansion de l'embouchure du Mississipi à La Nouvelle Orléans, de la survie des « Pupfish » dans la vallée de la mort, de l'extinction de la barrière de corail, des effets des OGM, de la nuisance du crapaud-buffle et des émissions de carbone responsable du réchauffement de la planète.
Cette longue suite d'exemples assortie de faits et de chiffres précis aurait pu sembler rébarbative, mais le talent de cette éco-journaliste expérimentée est de l'avoir « humanisée » en donnant vie à des acteurs plus ou moins clés de ces actions locales diablement intéressantes.

Nous serions passés dans l'ère géologique de l'Anthropocène, succédant à celle de l'Holocène (qui a duré environ 12 000 ans depuis la fin de la période glaciaire). Ce terme controversé scientifiquement, symbolisant l'homme comme étant l'acteur des changements environnementaux majeurs, daterait selon elle et les stratigraphes du début des années 1950. En fait, il a été employé pour la première fois par le prix Nobel de chimie Paul CRUTZEN en 1995.
Faisons fi de ces querelles de dates. « La nature, ou du moins son concept, est inextricablement liée à la culture » précise avec pragmatisme l'auteure.
Elle va plus loin : « Une fois de plus, il était frappant de constater à quel point il était beaucoup plus facile de détruire un écosystème que d'assurer son bon fonctionnement (p. 114) ».

« Des poissons dans le désert » fait référence à une espèce de très petits poissons extrêmement rares sur la planète, découverte dans une grotte (la caverne « Devils hope ») au milieu d'un désert, qui ne peut survivre actuellement qu'avec l'aide de l'homme. C'est amusant. L'homme est à la fois sa perte et son salut. le terme technique en anglais pour désigner les créatures tributaires de mesures de conservation est « conservation-reliant ». On aurait pu employer, ironise E. KOLBERT, le terme de syndrome de Stockholm…

Il y aurait tellement à écrire sur tous ces exemples, à la lecture terriblement passionnante (et stupéfiante). J'ai retenu partialement une anecdote (véridique ?), liée aux terribles effets des conséquences terribles de l'effroyable éruption du volcan du mont Tombora – sur l'île indonésienne de Sumbuwa - et de ses répercussions climatiques en Europe qui imposèrent à Percy et Mary SHELLEY de se confiner à cause de pluies incessantes. Ils décidèrent à ce moment-là d'écrire des histoires de fantômes, un exercice qui donna naissance à « Frankenstein »…

En épilogue, elle précise qu'un petit groupe de nations déterminées, grâce à une action dans la stratosphère, pourrait suffire à résoudre le problème du réchauffement de la planète.
Mais pour cela, il faudrait s'engager vers un renversement des valeurs, comme Simone WEIL a tenté de le concevoir au travers d'un projet de civilisation capable d'accueillir les tensions entre exigence de libertés et confrontation avec les limites matérielles du monde (« Simone WEIL et l'expérience de la nécessité » - Édition le passage clandestin – 2016).
Commenter  J’apprécie          71
Au fil du temps l'homme s'est senti maître de la nature sur notre unique planète et s'en est donné à coeur joie. C'est bien connu, et l'intérêt de ce livre n'est pas de raconter ce qu'on sait tous, mais d'exposer quelques exemples de réparation des dégâts (après lecture, il est bien possible que je sois pleine d'ironie dubitative au sujet desdites tentatives de réparation...).

Direction les grands lacs, où creuser un canal il y a un bout de temps histoire de déverser des eaux usées a conduit à rendre les bassins versants de ces lacs et du Mississipi un poil trop communicants. Dorénavant les eaux sont plus propres, mais celles du Mississipi accueillant de grandes carpes venues d'Asie (devinez qui les a introduites?), il y a risque que ces poissons ne viennent déséquilibrer la faune et la flore des lacs. La solution pour l'instant : on électrifie une rivière.

Passons en Louisiane : le delta du Mississipi est vivant, les bras ne demandent qu'à bouger, le limon qu'à se déposer, les terres qu'à être immergées au fil du temps. de nos jours existent des digues immenses, solides (on l'espère). "Mais plus on pompe de l'eau, plus vite s'affaisse la ville. Et plus elle s'enfonce, plus il faut pomper."

Les poissons dans le désert du titre sont eux surveillés par les chercheurs et la petite centaine existant encore survit dans une grotte dont on ignore la profondeur (elle est sensible aux marées, alors que située dans le Nevada, incroyable!) et dans une grotte artificielle crée pour elle. Il faut dire que les essais nucléaires menés dans ce coin n'avaient pas trop arrangé les choses, à un moment.

Quant à la grande barrière de corail, l'idée est de s'arranger pour que le corail devienne plus résistant à l'élévation de la température de l'eau, en sélectionnant les organismes les plus costauds.

(Rappel : l'Australie et ses mines de charbon, acheminé en passant vraiment pas loin du récif.)

Restons en Australie, là c'est le crapaud buffle qui pose problème. Bien évidemment, ce n'est pas une espèce indigène. "Si la carpe pose problème aux Etats-Unis, c'est que rien ne la mange, tandis que le crapaud buffle représente une menace en Australie parce que tout le mange." Il empoisonne ses prédateurs, quoi. L'idée est de changer quelques gênes de la bestiole pour la rendre non consommable mais pas toxique. le remède sera-t-il pire que le mal?

On termine avec encore une belle idée pour se débarrasser du dioxyde de carbone. le piéger en sous sol profond? Autre idée pour lutter contre le réchauffement : imiter la nature qui après une explosion de volcan bien costaude envoie des particules et cause un climat plus frais comme en 1815/1816 sur toute la planète après l'éruption du Tambura? je passe les détails, l'imagination humaine est fertile (trop, souvent).
Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          72
J'avais déjà lu et beaucoup apprécié "La 6ème extinction" de la même auteure. J'ai retrouvé dans cet opus la même intention d'informer et de s'interroger sur notre place et les conséquences de nos actions sur la nature et la planète en règle générale.
Ici, Elizabeth Kolbert s'interroge sur les actions humaines qui tentent de réparer les dégâts causés par les actions humaines justement, un comble... Ona l'impression que c'est le serpent qui se mord la queue mais c'est un peu plus que ça.
Elle nous décrit donc plusieurs expériences en place ou en devenir et on passe de la carpe asiatique qui envahit les rivières américaines et dont on essaie tant bien que mal de contrôler l'éparpillement à toute l'Amérique, y compris en électrifiant les cours d'eau, à la création d'une grotte artificielle pour essayer de garder en vie un tout petit poisson mais unique en son genre et surtout au monde ou encore à l'engloutissement de la Louisiane pour l'équivalent d'un terrain de foot par jour qu'on essaie d'empêcher par le biais de reconstruction mais qui déséquilibre forcément le territoire. Ou encore, le blanchiment des coraux dû au réchauffement de l'eau de mer qu'on veut combattre en mettant au point des greffons de supers coraux résistants par manipulations génétiques. Autre exemple à faire frémir, la modification génétique de l'ADN du crapaud buffle en Australie pour l'éradiquer car il détruit par le poison qu'il sécrète des chaines entières d'espèces vivantes. Et le top du top, la géo-ingénierie qui cherche à modifier l'atmosphère afin de diminuer le rayonnement solaire et ainsi d'atténuer la hausse des températures.
Toutes ces soi-disant solutions nous font à nouveau passer pour des apprentis-sorciers car nous touchons à quelque chose qui nous dépasse. Se croire maitre de la nature est d'une présomption incroyable mais l'être humain en est là aujourd'hui car chacune de ces solutions a des conséquences qui engendrent ou engendreront d'autres catastrophes et doit-on vraiment passer notre temps à mettre un pansement sur une fuite d'eau en espérant que cela suffira?
Livre très intéressant, dans un style ouvert à tous et qui pose la grande question à mon sens, l'Homme est-il la plus grande menace pour la nature et la planète et n'est-il pas justement la plus dangereuse des espèces invasives qui existent sur Terre?
Commenter  J’apprécie          20
Acheté et lu en août 2022.
J'avais reçu une leçon et un choc en lisant La 6ème extinction en 2015. Sept ans déjà, j'étais davantage optimiste. Aujourd'hui, après l'été catastrophique de 2022, la pandémie et les ravages climatiques de 2021, je pensais naïvement que nous allions réagir... du coup, j'ai eu besoin de savoir ce qu'Elizabeth Kolbert pense des solutions techniques que nous pourrions trouver pour limiter le désastre.
Des poissons dans le désert c'est d'abord l'histoire de quelques convaincus qui tentent de sauvegarder dans les nappes anciennes de nos déserts d'étranges poissons issus du fond des âges. Y parviennent-ils ? En partie. Ces animaux, comme d'autres sur Terre, dépendent désormais de nous, nous les nourrissons, nous refroidissons leurs bassins que nous réchauffons d'un autre côté en saturant l'atmosphère de gaz à effet de serre. Oui nous pourrions les conserver, dans leur milieu "naturel" (enfin, peut-on qualifier de naturel ces fissures où la nourriture manque et que nous supplémentons...) ou dans des bassins artificiels reproduisant quasi exactement les conditions naturelles au prix d'une jolie dépense d'énergie et d'un émerveillement un brin plus artificiel.
Ce n'est là qu'un exemple.
Ce livre parle de la capture de notre CO2 dans la roche, de la naturalité inexistante du Mississippi modifié et re-modifié pour revenir sur nos erreurs premières, de l'invasion de la carpe asiatique dans les grands lacs américains contenue en électrifiant les rivières, de notre possibilité de refroidir l'atmosphère en changeant sa composition...
Alors, quelque part, on en sort en se disant que peut-être, les sapiens futurs trouveront une solution technique pour contrer les effets désastreux du réchauffement climatique et de l'extinction de masse. Peut-être aussi que le remède sera pire que le mal.
Mais auront-ils le choix ?
Considérant la vitesse du changement aurons-nous le choix ?
Elizabeth Kolbert semble un brin dubitative au regard des échecs de nos interventions passées sur le vivant, mais toutes n'ont pas échoué. Un des scientifiques participant à l'enquête évoque l'agriculture. Si on oublie les dégâts de ces dernières années, on peut estimer qu'il s'agit d'une invention réussie.
Cette lecture a tout de même illuminé une micro étincelle d'espoir dans un été quasi apocalyptique.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
LesEchos
08 mai 2022
Ce livre donne un aperçu de l'infatigable fourmillement scientifique pour sauver la planète. Si les solutions présentées sont loin d'être parfaites, elles participent à l'effort de sauvetage du navire à la dérive.
Lire la critique sur le site : LesEchos

autres livres classés : natureVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Elizabeth Kolbert (1) Voir plus

Lecteurs (104) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
411 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..