Un grand coup de coeur pour moi, ce roman d'un auteur néerlandais quasi inconnu chez nous. Véritable OLNI, ce livre raconte une journée clé de Henk, un aide-soignant de 56 ans, divorcé depuis trois ans, sans enfants, en pleine déprime, vivant seul avec son vieux chien Canaille, qu'il affectionne beaucoup, mais qui a un coeur fragile.
Le grand tour de force de ce roman de seulement 180 pages est la richesse des sujets abordés à travers les pensées et les actions de son anti-héros, Henk, qui se sent usé par les aléas de la vie et qui, en une seule journée, verra sa vision du monde changer du tout au tout.
Résumer ici cette journée n'est pas chose facile, car l'auteur a écrit un ouvrage très riche en sujets et en matière à réflexion, tout en évitant le piège de plomber le texte de références inutiles. C'est avec beaucoup de finesse et une langue souvent poétique (excellente traduction de
Daniel Cunin) que l'auteur nous parle du sens de la vie à travers les pensées d'abord claires, puis de plus en plus embrumées, voire oniriques de Henk, qui passeront de ses souvenirs d'enfance à sa vision personnelle de la vieillesse et de la mort, méditant sa situation actuelle d'humain se sentant sur la pente descendante, ruminant les pensées philosophiques de
Nietzsche, suivies de réflexions de l'ordre de la physique, avec les particules élémentaires.
Mais si la première partie de cette unique journée (un samedi caniculaire de juillet) nous dépeint un Henk fataliste, déboussolé, songeant à son enfance, ses amours passées, son mariage qui fut un échec ou ses relations tendues avec son frère cadet, dont il s'est éloigné au fil du temps, la seconde partie de cette journée lui permettra de revivre. Invité de dernière minute à un barbecue organisé par son frère, Henk, en se rendant à cette fête en empruntant les transports en commun, retrouvera progressivement le goût à la vie. Ce soir là, il tombera amoureux fou d'une femme de son âge rencontrée le matin même, scellera son amitié avec sa nièce de 17 ans qui adore son tonton, se saoulera et cuvera son vin (ces scènes sont truculentes), avant de retrouver son appartement et son chien Canaille, accompagné de cette femme que le destin lui aura permis de rencontrer et avec qui il passera la fin de la soirée.
Outre la richesse des thèmes abordés dans ce roman, l'auteur a très bien su s'éloigner du pathos des premières pages pour se rapprocher du roman feel-good vers la fin. Cependant, à mon humble avis, cette approche est erronée, mais à chacune et chacun de l'interpréter à sa manière.
Il n'empêche que ce livre restera encore longtemps dans ma mémoire de lecteur et je ne puis que le recommander aux Babeliotes souhaitant sortir de leur zone de confort.
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Une journée de chien » a obtenu le Prix Libris, équivalent néerlandais de notre Prix Goncourt.