Pour Maria Moukhina dit la Mouche, finie l'enfance, l'innocence. Malgré toutes les idées martelées dans sa tête à coup de propagande, et de discours d'une logique illogique, qu'elle utilise dans ses phrases menues hachées de son vocabulaire. Elle reste physiquement une enfant.
La guerre ça ne rend pas plus vieux et surtout pas plus sage. Ça ce serait sinon !
La mouche n'est qu'une fente, une tirelire sans fond, un trou où les hommes y glissent leurs doigts et leur saucisse minable à toute heure du jour et de la nuit. Ils y entrent comme dans un moulin, et il y a la queue à la porte… Recevoir du chocolat par chacun d'eux : Niet, le communiste n'aime pas offrir. Une pause-pipi : Niet, le suivant attend. Être câlinée gentiment tendrement : Niet, elle se fait pétrir. Recevoir des mots doux et chaleureux : Niet, des insultes à la place.
Il y a des moments, où elle a envie de passer l'arme à gauche. Car si c'est pour se faire chevaucher à n'en plus finir. Se réveiller le matin à demi-morte, à boire un peu de vodka pour se ranimer, la même boisson que la nuit précédente l'a rendu inconsciente… Et en voilà un autre qui arrive alors qu'elle vient de se réveiller. le collectif passe avant le reste. Donc les hommes passent sur elle.
Heureusement pour la Mouche, pour ne pas endurer, subir ces monstres d'hommes, la Mouche se transforme en Mouette lorsqu'elle s'endort... Elle s'envole, voyage par-delà le champ de bataille. Retourne chez elle. Découvre les actes d'anthropophages à Leningrad qui est pris dans un blocus. Elle voit tout ça, comme si elle était sortie de son corps telle une expérience de mort imminente (EMI). Souvent ceux qui dorment à côté d'elle la croient morte. Elle est froide, et ne respire pas.
Comment avoir foi en l'humanité, aux humains, en ceux chargé de protéger le petit peuple, quand-ils sont sans moral ?! Qu'ils justifient leurs actes monstrueux, alors que c'est honteux, impardonnable. Avoir abusé de leur statut, leur autorité, ainsi que d'avoir laissé faire et encouragé les autres à violer, abusé sexuellement d'une enfant. Une innocente. Ils méritent de payer pour cela. Mais il n'y a pas de justice. Leur mort les libère de cette condamnation qu'ils n'auraient pas eux puisqu'ils ont banalisé moralement et physiquement cela.
Déjà que ça arrive en temps de paix, mais en temps de guerre ça fait des ravages. Il y en a eu des guerres. Et il y en aura encore. Que ça soit dans d'autres pays à des milliers de kilomètres ou dans nos rangs, c'est du pareil au même. Les hommes sont des monstres. Et les guerres les arrangent, puisqu'ils peuvent vaguer à leurs vices.
Dans les abréviations militaires, certains connaissent le BMC (Bordel militaire de campagne). Là où vont les troupes, des femmes sont payées pour leur remonter le moral.
Commenter  J’apprécie         140
p.96.
« On est sur terre pour faire de la réalité un conte de fées. » C’est Staline qui l’a dit et ça doit devenir la devise de chaque soldat, de chaque général, de tous sans exception.
p.45.
Si le commissaire Tchaban avait pas été là, comment qu’elle se serait vengée d’eux tous, bande de porcs, et ça dès 41. Parce que le pistolet, elle l’a toujours sur elle, bien planqué dans sa poche arrière, même la nuit elle le sent qui lui chauffe les fesses, jusqu’à ce qu’un de ces guerriers à la noix lui retire son pantalon. Elle se le foutrait bien dans la bouche, plutôt que votre saucisse minable ! Si elle se retenait pas, elle la leur croquerait une bonne fois, histoire de leur laisser un souvenir pour la vie, et pan ! Que le tribunal se débrouille ensuite pour savoir à qui faudrait couper la zigounette en premier, pour avoir causé la perte d’une gamine ! Parce que tous, toute la bande, vous l’avez sacrément montrée, votre pourriture morale, tous vous méritez le châtiment !
p.66.
Tiens, Dieu : un mec, lui aussi ! Il doit savoir. Pourquoi il se tait, le maudit ? Pourquoi il m’a fait naître femelle ? Pourquoi il m’a pas accroché entre les jambes un service trois pièces comme tout le monde ? Le jour de la distribution, y avait sûrement pas pénurie ! Pourquoi diable il m’a collé une fente, une tirelire sans fond, un trou où on entre comme dans un moulin, coucou c’est moi que voilà… il aurait au moins pu mettre un cadenas. Ah, vivement la fin de la nuit, et de la vie pendant qu’on y est.
p.125.
Alors, raison de plus : un homme qui vit ses derniers jours pourrait se montrer un peu plus attentif avec une demoiselle.
p.48.
C’est au front qu’elle avait tout compris : les adultes étaient vraiment pires que les mômes. La plupart des officiers avaient appris l’anatomie à l’école pourtant, ça les empêchait pas d’attendre des miracles, et où ça ? Dans la culotte d’une fille normale.