Ce qui est vraiment intéressant de Krishnamurti, c'est qu'il a une approche à part, il vous incite à réfléchir sur vous même sans chercher à vous convaincre. Il est dans un réel partage.
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Nulle forme de méditation consciente n’est la véritable méditation, et ne le sera jamais.Tenter de méditer délibérément n’est pas méditer. La méditation survient, on ne la provoque pas. Ce n’est pas un jeu de l’esprit, elle ne dépend ni du désir, ni du plaisir. Toute volonté de méditation porte en soi sa propre négation. Prenez simplement conscience de ce que vous pensez, de ce que vous faites – rien d’autre. Voir, entendre, c’est agir, sans que jouent les notions de récompense et de punition. Le savoir-agir passe par le savoir-regarder, le savoir-entendre. Toute autre forme de méditation mène inévitablement à la déception, à l’illusion, car le désir aveugle.
La douce lumière du printemps baignait la terre et la soirée fut très agréable.
Vous aviez l’impression d’être un intrus, car vous veniez de bavarder et de rire et, en vous engageant dans ce bosquet sans savoir ce qui s’y trouvait, vous avez reçu avec surprise le choc d’une félicité inattendue. Votre cœur battait moins vite, comme apaisé devant une telle splendeur, au centre même de ce lieu. Depuis, lorsque vos pas vous y conduisent, vous retrouvez cette beauté, ce calme, ce troublant silence. Et quoi qu’il advienne, la densité, la plénitude, l’innommable demeureront.
L'autre jour, en rentrant d’une longue promenade à travers champs, nous avons traversé le bosquet* qui se trouve près de la grande maison blanche. Dès que l’on pénétrait dans ce petit bois, on éprouvait immédiatement un intense sentiment de paix et de calme. Rien ne bougeait. Fouler ce sol, le parcourir, semblait un sacrilège ; parler, respirer même, étaient profanation. Les immenses séquoias étaient totalement immobiles. Les Indiens d’Amérique les nomment « les silencieux », et rien, en effet, n’altérait ce silence. Les chiens eux-même avaient renoncé à chasser les lapins. Vous restiez vous aussi immobile, retenant votre souffle.
Ce n'est que récemment qu'il prit conscience du fait que nulle pensée n'occupait son esprit durant ses longues promenades dans les rues grouillantes de monde ou le long des sentes désertes. Depuis son enfance, cela s'était toujours passé ainsi : son esprit était vide de toute pensée. Il regardait, il écoutait. Rien d'autre. Pensées et associations d'idées ne se produisaient pas en lui. Aucune image ne se formait. Il se dit un jour que c'était bizarre, singulier. Il tenta souvent de penser, mais nulle pensée ne survint. Durant ces promenades, qu'il fût seul ou accompagné, le mouvement de la pensée n'intervenait pas. C'est cela, être seul.
Il existe un espace de vacuité dont le volume n'est pas limité par le temps, la mesure de la pensée. Dans cet espace, l'esprit ne peut pénétrer; il ne peut qu'observer et, lors de cette observation, il n'existe pas d'expérimentateur. Cet observateur n'a pas d'histoire, pas d'associations d'images, pas de mythe. Cet observateur est ce qui est.
Extrait du livre audio « Un esprit calme et silencieux » de Jiddu Krishnamurti, traduit par Colette Joyeux, lu par Jean-Philippe Renaud. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/un-esprit-calme-et-silencieux-9791035413361/