En tournant les pages de ce magnifique carnet de voyage on se sent emporté à Cuba en une seconde, comme déposé par un cyclone émotionnel au coeur de l'île. Qu'il choisisse le trait au crayon, l'encrage ou les touches de peinture,
Li Kunwu fait toujours montre de sa grande sensibilité, transfigurant ses impressions au prisme de son art.
L'objet-livre est en soi merveilleux par sa finition, sa qualité, sa densité. le format à l'italienne permet une vision extrêmement large et parfois panoramique avec quelques très belles double pages.
On ne peut que revenir encore et encore dans cet univers, feuilletant, rêvant, cherchant les détails, s'imprégnant d'un lieu si puissant. Ces visages interpellent tandis que l'on croit entendre les klaxons et les voix, sentir les odeurs de mer et d'épices, pouvoir goûter à ces fruits… C'est la quintessence du carnet de voyage, un genre qui remonte à Delacroix et Gauguin.
Ce n'est donc pas tant un carnet de voyageur qu'un carnet d'artiste. Pour en savoir plus sur le parcours de vie de
Li Kunwu il faut découvrir son autobiographie en bande dessinée, Une vie chinoise.
Avec son génie particulier, il nous sert de guide de la Havane à Santiago, à la ville comme à la campagne. Les pages en regard proposent des contrastes de style comme de sujets : offrant portraits ou foules bigarrées, monuments comme petites échoppes, paysages et scènes de vie. Certaines illustrations reproduisent des éléments textuels qui font sens : panneaux, affiches, plaques de rues, ticket d'alimentation. La série de six pages sur le combat de coq est à la fois une narration et une étude animale.
Un très bel ouvrage qui donne envie tant de partir que se plonger dans d'autres carnets de voyages…
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