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EAN : 9782851812414
64 pages
L'Arche (13/06/1997)
3.89/5   22 notes
Résumé :
Lenglumé, noceur patenté se retrouve pris au piège de sa mémoire défaillante… au petit matin la soirée de la veille n’est plus qu’un immense trou noir, « une lacune » dans son existence bien rangée... Rien de bien grave, si ce n’est la présence incongrue de Mistingue, un camarade de classe depuis longtemps oublié, on en rit, on cache ses frasques à sa femme, on arrange les événements quand soudain l’impossible se dessine : un meurtre a été commis, et les preuves s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Disons-le tout de suite : c'est drôle. Et étant donné que le comique est la base de tout vaudeville, mieux vaut rassurer le monde derechef à propos de celui-ci. Et il me semble aussi important de préciser que la pièce n'est pas de Labiche seul, comme on a tendance à le croire dès qu'il s'agit de ses comédies, mais née de sa collaboration avec Albert Monnier et Édouard Martin ; car Labiche a beaucoup écrit en collaboration, et ses compagnons de plume sont presque toujours oubliés.

Nous voici donc avec un argument de départ dont les scénaristes de "Very Bad Trip", plus d'un siècle après "L'affaire de la rue Lourcine", vont faire leur beurre : Lenglumé, un bourgeois rentier, se réveille dans son lit aux côtés de Mistingue, un ancien compagnon d'études. Pourquoi ? Ils n'en savent rien. S'ils ont le vague souvenir d'avoir participé à la même soirée la veille, rien d'autre ne leur revient en mémoire. Voilà qui ne les préoccuperaient guère, s'ils ne découvraient des objets insolites parmi leurs effets, et des traces bizarres sur eux-mêmes. le principal souci de Lenglumé sera de taire à sa femme qu'il est parti se soûler toute la nuit de la veille. Jusqu'à ce qu'il tombe sur un vieux journal de 1837 que lui donne son domestique (on est vingt ans plus tard), mais qu'il croit dater du jour même, et qui annonce le meurtre d'une jeune charbonnière dont le corps mutilé a été retrouvé rue de Lourcine. Et voilà que les quiproquos démarrent en trombe, et s'enchaînent sans relâche. Les deux compère sont certains d'être des meurtriers (ils se trouvaient bien rue de Lourcine), d'autant que tout, mais alors tout coïncide pour les induire en erreur, chaque fait, chaque objet, chaque trace , chaque intervention d'un tiers trouvant sa correspondance avec le meurtre. S'enivrant pour se soulager, Lenglumé et Mistingue, effondrés de découvrir qu'ils sont deux scélérats de la pire espèce, sont encore plus soucieux de cacher leur crime et de faire disparaître, si ce n'est un cadavre, du moins tout indice - de manière absolument loufoque, cela va sans dire. Et vont peu à peu basculer dans une frénésie de projets meurtriers, afin de faire disparaître également tout témoignage les accablant.

C'est aussi réussi du côté des personnages (excepté celui de Norine, la femme de Lenglumé, pas très travaillé) que du côté du rythme, et la comédie monte en intensité tout comme en situations saugrenues, telle cette manie qu'ont Lenglumé et Mistingue de se laver sans cesse les mains - référence, vous l'aurez compris, à Lady Macbeth. le choix de faire connaître aux spectateurs la méprise de départ est bien trouvé et marche à fond, les quiproquos suivants sont très efficacement exploités et fonctionnent à la perfection. C'est donc drôle, je le disais, mais la fin se révèle décevante. Se terminant sur un drame involontaire, le tout retombe comme un soufflé, le rythme s'essouffle durant toute la dernière scène. C'est quand même bête de se rater sur la dernière scène... En revanche, on imagine bien, à la lecture, comment un metteur en scène peut tirer parti des situations farfelues de ce vaudeville, vaudeville qui trouvera une descendance dans le cinéma, avec des films comme "Arsenic et vieilles dentelles", et autres comédies sur ce genre de thème.


Challenge Théâtre 2017-2018
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"-Je ne tuerai plus de charbonnière, c'est trop salissant."
Qui oserait prétendre que ces gens là sont dénués de morale et de sens pratique? Nous sommes bien dans le théâtre de Labiche, même s'il n'y a pas d'amant caché dans le placard. Ici c'est une famille bourgeoise. Deux complices, mais le sont-ils vraiment, qui se réveillent difficilement d'une soirée trop arrosée. Une femme qui, ça semble vrai, en ignore tout. Un valet futé, aux ordres mais quand même. Et un cousin qui a tout vu mais ne dira rien, enfin peut-être...
"Ce que c'est que les liqueurs! ".
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mais ne dira rien, enfin peut-être...

Quiproquos, rebondissements, mise en scène tourbillonnante, portes qui claquent : nous sommes bien dans le théâtre de vaudeville, chez Labiche, précisément , même si-ouf!- nul trace, ici, d'amant caché dans le placard.

L'intrigue est légère, et si l'on devine assez rapidement le fin de mot de l'histoire- rassurez vous, on ne tue aucun être humain, enfin si, un chat tout de même- on prend un plaisir véritable à voir nos deux complices s'affoler au fur et à mesure qu'ils tentent de relier les différents indices pour remonter le fil d'une soirée qui leur a complètement échappé.

Le spectateur s'amuse follement de la situation qui prend des proportions démesurément burlesques, entre va-et-vient intempestifs, et situations de plus en plus hors de contrôle comme lorsque le cousin arrive à l'improviste et offre aux deux hommes un alibi inespéré !
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Lorsqu'il se réveille, Lenglumé, un bourgeois rentier, marié, rangé, ne sait plus ce qu'il a fait la veille au soir. Un lendemain de fête douloureux. Une lacune dans l'existence qui ouvre à toutes les suppositions d'autant plus qu'il y a un homme dans son lit. Qu'ont-ils fait la nuit d'avant ? et où sont parapluie vert et mouchoir brodé ? et qui est ce cadavre dont parle le journal ?
« L'Affaire de la rue de Lourcine » est une pièce en un acte d'Eugène Labiche qui date de 1857 et qui est surprenante de fantaisie. L'auteur frise, longtemps avant l'heure, le théâtre de l'absurde au point d'avoir fait frémir la censure de l'époque qui exigea des coupes. Car, autant qu'un délire explosif, cette pièce est aussi un portrait à charge de la bourgeoisie alors en pleine ascension. Lenglumé qui se pense assassin finira par accepter de le devenir pour protéger argent et respectabilité. La forme du Vaudeville, telle que la conçoit Labiche, se prête donc parfaitement à ce genre de scénario infernal.
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La pièce est courte d'autant plus que je l'ai dévorée.
Je n'ai pas cessé de rire : quiproquos, apartés, absurdité, situations cocasses et caractères méprisables ; l'ensemble se moque de ces deux bourgeois bien gênés d'avoir tué une charbonnière (trop salissant : ils ne le feront plus), prêts à tuer de nouveau pour sauvegarder les apparences.

Et quelles apparences... car ce sont deux benêts.

La résolution est quelque peu tirée par les cheveux (le mot "chatricide" m'a fait mourir de rire, cela dit), mais cela participe aussi de l'absurdité de la pièce, et par conséquent, du plaisir de la lecture ;) !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
MISTINGUE. - Deux scélérats !
LENGLUMÉ. - Il sait tout !... ces émotions me disloquent !
Il va à la table et se verse un grand verre de curaçao.
LENGLUMÉ. - Qu'est-ce que tu fais là ?
MISTINGUE, buvant. - Je ne sais pas, mais, quand j'ai du tintouin, je m'étourdis !...
LENGLUMÉ. - Allons ! donne-moi un verre d'eau rougie... ça m'étourdira peut-être aussi...
MISTINGUE, lui versant un plein verre de curaçao. - Avale-moi ça... c'est un velours.
LENGLUMÉ, vidant le verre d'un trait. - Mais c'est du curaçao !
MISTINGUE. - De Hollande !
LENGLUMÉ. - C'est doux... ah ! ça fait du bien !
MISTINGUE. - Ça donne du ton .
Ils fouillent dans leurs poches pour en tirer leurs mouchoirs. Lenglumé amène un bonnet de femme, et Mistingue un soulier.
LENGLUMÉ. - Hein !... un bonnet de femme à présent !
MISTINGUE. - Un soulier !
LENGLUMÉ. - Les dépouilles de notre victime !... il paraît que nous l'avons décoiffée !
MISTINGUE. - Et déchaussée !
LENGLUMÉ. - Moi, un homme rangé !... Comment faire disparaître ces traces ?... Ah ! dans ce pot à tabac !
MISTINGUE. - As-tu un puits dans ta maison ? (Il heurte une chaise.) Aïe !
LENGLUMÉ, effrayé. - Les gendarmes !
Il fourre le bonnet dans le pot à tabac.
MISTINGUE. - Non, je me suis cogné.
LENGLUMÉ. - Dieu ! que j'ai eu peur !
MISTINGUE. - Mais ce soulier ?
LENGLUMÉ. - Fais-le disparaître !... mange-le ! n'hésite pas !
MISTINGUE, faisant mine de l'avaler, et s'arrêtant. - Non... je vais le réduire en cendres. Où y a-t-il du feu ?
LENGLUMÉ, indiquant la gauche, premier plan. - Là, dans cette chambre. (Apercevant ses mains qui sont redevenues noires.) Ah !
MISTINGUE, bondissant. - Les gendarmes !
LENGLUMÉ. - Non !... toujours ce charbon qui reparaît... comme la tache de sang de Macbeth !...
MISTINGUE, montrant ses mains. - Les miennes aussi !
LENGLUMÉ. - Ah ! je ne veux plus tuer de charbonnière, c'est trop salissant !
MISTINGUE. - Vite, de l'eau !
LENGLUMÉ. - Une brosse !... du savon !

Scène X
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LENGLUMÉ : Personne !… Tiens, il fait grand jour !… (Il se glisse en bas de son lit. Les rideaux se referment derrière lui. Il a son pantalon.) Où est donc mon pantalon ?… (Le regardant.) Tiens ! je suis dedans !… Voilà qui est particulier !… je me suis couché avec… Ah ! je me rappelle !… (Avec mystère.) Chut ! madame Lenglumé n’est pas là… Hier ; j’ai fait mes farces… Sapristi, que j’ai soif ! (Il prend une carafe d’eau sur la cheminée, et boit à même.) Je suis allé au banquet annuel de l’institution Labadens, dont je fus un des élèves les plus… médiocres… Ma femme s’y opposait… alors, j’ai prétexté une migraine ; j’ai fait semblant de me coucher… et v’lan ! j’ai filé chez Véfour… Ah ! c’était très bien… on nous a servi des garçons à la vanille… avec des cravates blanches… et puis du madère, du champagne, du pommard !… Pristi, que j’ai soif !… (Il boit à même la carafe.) Je crois que je me suis un peu… pochardé !… Moi ; un homme rangé !… J’avais à ma droite un notaire… pas drôle ! et à ma gauche, un petit fabricant de biberons, qui nous en a chanté une passablement… darbo ! ah ! vraiment, c’était un peu… c’était trop… Faudra que je la lui demande… Par exemple, mes idées s’embrouillent complètement à partir de la salade ! (Par réflexion.) Ai-je mangé de la salade ?… Voyons donc ?… Non !… Il y a une lacune dans mon existence ! Ah çà ! comment diable suis-je revenu ici ?… J’ai un vague souvenir d’avoir été me promener du côté de l’Odéon… et je demeure rue de Provence !… Était-ce bien l’Odéon ?… Impossible de me rappeler !… Ma lacune ! toujours ma lacune !… (Prenant sa montre sur la cheminée.) Neuf heures et demie !… (Il la met dans son gousset.) Dépêchons-nous de nous habiller. (On entend ronfler derrière les rideaux.) Hein !… On a ronflé dans mon alcôve ! (Nouveaux ronflements.) Nom d’un petit bonhomme ! j’ai ramené quelqu’un sans m’en apercevoir !… De quel sexe encore ?…

Scène 2.
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Ah ! je ne veux plus tuer de charbonnière, c'est trop salissant !
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Il y a une lacune dans mon existence ! Ah çà ! comment diable suis-je revenu ici ?… J’ai un vague souvenir d’avoir été me promener du côté de l’Odéon… et je demeure rue de Provence !
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Lenglumé, avec exaltation: Oh! oui?Je veux sortir! Je veux respirer la brise! Je veux baptiser le petit Potard! .. et regarder en face toute la gendarmerie française!...
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Vidéo de Eugène Labiche
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Jean-Basptiste Sastre et comédien et metteur en scène. Après des études au Conservatoire national supérieur d'Art dramatique de Paris, il signe en 1995 sa première mise en scène, Histoire vécue du roi Toto, d'après l'oeuvre d'Antonin Artaud. Il montera par la suite des textes de Genet, Duras, Marlowe, Büchner, Marivaux, Labiche ou Coleridge. Son travail de metteur en scène ne consiste pas seulement à assurer la direction d'acteurs, mais aussi à créer avec ceux qui l'accompagnent, et plus particulièrement les poètes et les plasticiens dont il s'entoure, une esthétique propre à chaque spectacle. À partir de 2005, Jean-Baptiste Sastre, alors lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Londres, débute un travail sur le théâtre élisabéthain et tout particulièrement sur La Tragédie du roi Richard II. En 2018, il présente au Festival d'Avignon La France contre les robots de Georges Bernanos, co-adapté avec Gilles Bernanos.
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