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EAN : 9782492298547
244 pages
MVO Éditions (15/11/2022)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Pao, jeune femme de dix-neuf ans, quitte la maison familiale en claquant la porte. Elle fuit une mère toxique et s’installe en colocation avec Marylin, son amie d’enfance.
Elle tente, tant bien que mal, de se reconstruire peu à peu jusqu’au jour où elle tombe amoureuse… d’une femme.

Avec Pao, André Lalieux échappe au stéréotype de la femme idéalisée, reflet fantasmé dépourvu de véritable subjectivité féminine.
Il signe là un roman fort ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je découvre André Lalieux avec ce roman, qui est un petit bijou d'humour !

Je pense que ce roman est un exploit vu le ton utilisé par l'auteur, qui s'éloigne de son langage usuel personnel. Mais ça sonne "vrai", c'est plein d'authenticité. Pao et son entourage ne mettent pas de gants pour dire les choses.

J'aime aussi le fait que l'auteur donne comme cadre à l'histoire la ville de Charleroi, exaltant ses origines. Ca m'a rappelé ma première découverte de Charleroi, que j'appréhendais vu une réputation infondée. J'y ai travaillé pendant 10 ans, trouvé mes meilleures amies et découvert le grand amour de ma vie il y a 18 ans.

Ce roman est un roman résolument contemporain. Il pourrait se passer ailleurs parce que les thèmes sont universels : l'éducation un peu "vache" d'une mère pas très aimante, la découverte que le modèle hétérosexuel ne convient pas à tout le monde, ...

La seule petite chose qui m'a manquée ce sont des personnages plus fouillés sur le plan psychologique.

Mais c'est un roman que je recommande pour passer un excellent moment et ouvrir son esprit à l'autre, à la différence par rapport aux normes qu'on nous a inculquées.









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Pao, d'André Lalieux, est un ouvrage singulier comme on en lit trop rarement. D'abord, c'est un roman féminin, un vrai de vrai. Alice Zeniter, dans son essai croustillant « Toute une moitié du monde », explique que dans la littérature, qu'elle soit classique ou contemporaine, qu'elle soit écrite par des femmes ou des hommes, les vrais héros dominants sont presque toujours des hommes. Les femmes n'y jouent que les seconds rôles, ou alors elles sont victimes ou dominées. Ou bien encore, elles naviguent seules dans des univers essentiellement masculins. Dans le roman Pao, pas du tout. Les quatre personnages principaux sont des femmes.

D'abord, il y a Pao (diminutif De Paola), la narratrice, l'héroïne, jeune femme belge d'une vingtaine d'années, tourmentée et un peu caractérielle, mais à laquelle on s'attache dès les premières pages, malgré son ton rugueux et bourru, et son langage pas très châtié.
Il y ensuite sa mère, Rolande, détestable, méchante, une vraie peste qui a pourri l'enfance de sa fille au point que cette dernière aurait parfois envie de la tuer.
Vient ensuite Marylin, la coloc de Pao, son amie d'enfance, personnage haut en couleurs, un peu déjantée et accroc aux garçons, toujours de bon conseil et qui sait soigner ses états d'âme.
Enfin, il y a Malika, celle qui deviendra l'amante de Pao, une personne prisonnière des préjugés familiaux, mais aussi ambiguë, dominatrice et possessive à l'excès.

Et les hommes dans tout ça ? Insignifiants, en fait. Ils sont là pour le décor, leur rôle dans cette fiction se résumant à donner quelques couleurs exotiques au fond du tableau. Il y a les gentils, comme Edmond le garagiste, patron loufoque et rêveur dont Pao est tout à la fois la secrétaire, la comptable, la commerciale, la conseillère. Egalement Hamed, l'apprenti mécano, quasiment invisible. Il y a aussi Mathieu Louis, le psy que consulte Pao, « une dégaine de chiotte, l'expression vivante de l'imperfection, il est trop moche » dit de lui la jeune femme dans son langage cru, un vieux pas beau qui va tout de même bien aider la jeune femme à surmonter ses troubles. Il y a aussi un jeune médecin, timide et emprunté, l'exact inverse du stéréotype de l'homme macho, celui-ci plaît assez à Pao, mais le roman ne s'attarde pas sur son cas. Enfin le demi-frère, Stani, dont Pao ne découvre l'existence qu'aux obsèques de son père, et avec lequel elle va sympathiser, puisqu'il se révèle être sa seule vraie famille. Les autres hommes, que l'on ne voit que par bribes, au détour de quelques phrases, sont des types inintéressants, les machos, les dragueurs, les kakous, les mecs. Les cons, quoi, n'ayons pas peur des mots.
Parce que lui, André Lalieux, l'auteur, n'a pas peur des mots. Des mots crus, vifs, pas littéraires pour deux sous, à travers ce langage étonnant et détonnant qu'il prête à son héroïne.
Tout cela est-il bien crédible ? Une fille de vingt ans peut-elle vraiment s'exprimer ou écrire ainsi ? Elle serait la nièce cachée de l'un des Tontons Flingueurs, dans les années 60, peut-être. Mais à notre époque, en Belgique ? Je ne crois pas. du moins, je n'en ai jamais personnellement rencontré. Mais peu importe, en vérité. Ici, on est dans la fiction, c'est-à-dire, par définition, dans un autre monde que le réel. On est là pour lire un livre qui a pour principal objectif de nous faire passer un bon moment, et pour moi, cet objectif est atteint.
Alors, qu'importe le langage et le ton adoptés par Pao. Qu'ils soient crédibles ou non, on s'en fout. D'ailleurs, ils évoluent petit à petit au long du roman, de moins en moins crus, au fur et à mesure que va évoluer la personnalité de l'héroïne. le dernier chapitre, qui d'ailleurs se termine au futur simple, en serait presque poétique.

Le seul reproche que je ferais à l'auteur, c'est que contrairement à la mère, tout à la fois laide et méchante, les trois personnages principaux, la narratrice, la coloc et l'amante, sont des filles « canons », à la plastique parfaite. Pour les rendre parfaitement atypiques et hors des normes machistes de la littérature et de la société, il aurait été à mon sens préférable qu'au moins l'une, voire deux d'entre elles, et pourquoi pas les trois, soyons fous, soient affublées de quelques défauts de silhouette. Elles n'en auraient été finalement que plus attachantes. Car là se révèle le vrai problème de notre société machiste : la priorité et l'avantage que l'on offre toujours à la beauté et au physique. Quand on est belle, on décroche plus facilement le job, non ?

Il y a un point que j'ai beaucoup apprécié : André Lalieux, malgré son langage cru, nous épargne toutefois les détails trop intimes des amours entre filles, il laisse au lecteur le soin d'imaginer, ou de ne pas le faire, c'est comme celui-ci le souhaite ; pas de porno, et cela, c'est vraiment une très très bonne chose.

Oui, un vrai livre féminin, crédible ou pas peu importe, mais écrit par un homme, c'est possible ; la preuve avec Pao.
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Une découverte et une rencontre !
Une découverte car c'est le premier roman que je lis de cet auteur. André Lalieux est un "régional", fier de l'être puisqu'il situe son roman dans la région de Charleroi ! Il ne se satisfait pas de ce cadre, son texte comporte de nombreuses allusions linguistiques, culinaires, folkloriques et des références à notre culture wallonne. Cela donne à l'ensemble un ton chaleureux, pittoresque, dynamique, authentique. Sans oublier un humour bien de chez nous !
Une rencontre car j'ai fait la connaissance De Paola, surnommée Pao.
j'ai partagé son quotidien, j'ai assisté à son évolution. C'est vrai, qu'au début, Pao semble "ordinaire" et le milieu marginal dans lequel elle a évolué n'a pas favorisé son développement personnel. Mais Pao se cherche, elle grandit, elle évolue.
Et le talent de l'auteur se révèle dans ce portrait ! André Lalieux nous livre un superbe portrait de femme : vrai, naturel, pudique, sincère sans jamais tomber dans la mièvrerie ni la vulgarité , en respectant la nature profonde de son héroïne.
Il réussit à nous proposer un roman féminin ,féministe et il faut avouer que les personnages masculins sont quelque peu malmenés.
Un roman d'une extrême sensibilité que je recommande vivement !
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Avec Pao, l'auteur André Lalieux relève avec brio le délicat défi de se glisser dans les réflexions et les émotions d'une jeune femme d'une vingtaine d'années issue d'un milieu social défavorisé.
C'est Pao qui nous parle, nous raconte, nous dirige, nous explique ; elle est l'unique narratrice du récit et donne, par son langage abrupt, imagé et nourri de défiance, la tonalité du roman.
Petite personne, petit animal carencé et maltraité, à mi-chemin entre l'enfance et le monde adulte, elle kidnappe le coeur des lecteurs avec ses coups de griffes, ses idéaux sentimentaux et surtout sa nature intacte : les collections de baffes dans la figure et de mots tranchants ne sont pas parvenues à bousiller l'essentiel.
Plus qu'attachante, c'est une héroïne bouleversante.

Mais Pao, c'est aussi un regard non militant sur la découverte d'une appartenance sexuelle flottante, mal définie et sur les difficultés sociétales induites par cet état de fait.
Alors, n'hésitez pas, vous ne pourrez être que fatalement subjugués par la créature d'André Lalieux !
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Un langage cru et populaire rimant pourtant avec finesse et émotions pour décrire le comportement d'une gamine de 20 ans qui cherche à la fois à se séparer d'une mère toxique et à découvrir l'amour. Un roman décalé qui se lit vite et avec plaisir. Très touchant !





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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le plaisir secret du psy, le voilà : il entre le doigt dans la plaie, il touille et il prend son pied à observer sortir le pus. Etendu sur son divan, le patient fait ce qu'il veut de toute cette merde : que ça cicatrise ou pas, à lui de voir, le doc aura fait le job.
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Trop craquant , son désir de vouloir à tout prix terminer une histoire dont elle a perdu le fil commence toujours par m'amuser. Puis, ses mots me bercent , me laissent rêveuse et apaisée comme une enfant qu'un de ses parents endort d'une comptine, un enfant qui se sent aimée et qui sait qu'elle n'a rien à craindre, plus jamais et de personne.
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Elle pose nos verres sur la table basse et se rassoit. Puis elle avale le sien en un coup. J'ai envie de l'embrasser. Je n'ose pas. Je la laisse me prendre la main, elle en baise la paume, je me sens toute molle, je soupire. On rougit à nouveau, on se sent connes et on rit. C'est trop bon.
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