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C'est un livre coup de coeur que j'ai dévoré en deux lectures.
Comment écrire sa propre histoire lorsque le monde nie votre naissance ?

Hildegard Müller est orpheline. Mais pas orpheline à la suite d'un accident de voiture ou d'un drame de la vie. Non. Cest une orpheline d'État, de l'État Nazi.

Ses parents sont une idéologie, une doctrine, une vision d'une race supérieure. Son père, c'est Himmler. Lui qui a mis en oeuvre les « Lebensborn ». Son père est un soldat SS (lequel), sa mère une grande blonde aux yeux bleus (peut-être).

Ce sont ses réflexions, ses mots et ses cris silencieux que ce livre dévoile.

Je l'ai trouvé poignant et touchant. Des mots simples et des phrases courtes qui font de ce récit un plaidoyer pour plus d'humanité.
Lisez-le !
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La race des orphelins est un livre tout à fait particulier puisque l'auteur évoque un sujet resté dans l'ombre, celui du programme Lebensborn qui, durant la seconde guerre mondiale, avait pour finalité la reproduction d'enfants dont les caractéristiques physiques correspondaient au type aryen.
C'est aussi le journal d'Hildegard Müller, née de ce programme, celui de la « race des orphelins » qui, à soixante-seize ans, sachant à peine lire et écrire, fait appel à un scribe pour qu'il devienne l'interprète de sa non existence et dessine les contours de de sa non vie.
Les mots d'Oscar Lalo sont forts et cinglants.
« Je devais être la gloire de l'humanité. J'en suis la lie », dit-elle.
Et son « je » identitaire se transforme en « pronom impersonnel » n'ayant pu trouver d'existence propre, faute de filiation. S'ensuivent des phrases choc, des négations qui s'enfilent les une aux autres sans toutefois parvenir à une possible reconstitution de l'ensemble.
« Sélection et désinfection ». « Ne pas être victime, ne pas être coupable ». « Ne pas être mort/ ne pas être vivant », « enfants de la race inférieure/enfants de la classe supérieure », « nuit de la solitude/brouillard de la clandestinité », « enfants des travailleurs forcés/enfants de l'ennemi », « entreprise de donner la vie en donnant la mort »… Autant de mots et d'expressions relatant des situations qui, de par leur force d'opposition, finissent pas devenir presque similaires.
Alors peut-on trouver une issue une fois toutes ces négations réunies ?
L'écriture de ce qui n'est pas peut-elle faire émerger un peu d'existence ? Tel est le pari d'Oscar Lalo qui ouvre pour nous sa boîte de Pandore, avec une héroïne ne pouvant qu'illustrer parfaitement le mythe, puisque née de l'association d'Haphaïstos (le dieu des armes) et d'Athéna (la déesse aux yeux bleus).
Du fait même des négations affichées, ce livre est extrêmement intéressant. Car cette écriture du vide n'est pas sans révéler nos propres incertitudes, nos propres manquements, nos propres errances. A lire donc pour briser le secret de ces « fontaines de vie », pour effleurer nos propres négations, pour s'imprégner aussi, comme le dit lui-même l'auteur dans son livre, de « ses phrases courtes qui en disent long ».
Rachel



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Valentine Goby dans "Kinderzimmer" révéla à ses lecteurs l'horreur des pouponnières nazies. Il s'agit pour Oscar Lalo d'évoquer une horreur tout aussi terrifiante, voire pire si l'on peut se placer sur l'échelle de la folie hitlérienne.
Dans les Lebensborn naissaient des enfants vitrines de la race aryenne, sans parents, sans identité. Orphelins de naissance, car les mères étaient sélectionnées comme simples reproductrices et les pères, des SS, comme géniteurs d'un soir.

Pour évoquer la douleur de ces enfants sans racines et portant le poids d'une injuste culpabilité, l'auteur s'est choisi des contraintes.
D'abord, la forme du journal intime puisqu'il se donne le rôle du scribe qui retranscrit l'histoire d'Hildegard, une femme âgée qui voudrait connaître son histoire avant de mourir.
Ensuite, il raye la mention intime parce qu'il reste à distance, ne rapporte que des faits.
Puis il restreint son espace à de courts paragraphes centrés sur une page blanche, pour ne pas s'etaler.
Enfin il cisele ses mots au plus juste, avec un sens de la formule éblouissant.

Ce roman est percutant et intelligent, il choisit de balayer les émotions, même si elles surgissent nécessairement, pour s'exprimer sur le mode de la colère, celle d'Hildegard contre ses bourreaux, la nôtre contre ceux qui tentent à nouveau d'imposer la notion de race.
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Hildegard Müller, 76 ans. Elle devait être la gloire de l'humanité, elle en est la lie.
Elle nous propose un journal, son journal , mais ce n'est pas elle qui l'a écrit, elle a engagé un scribe, un traducteur à qui elle raconte sa vie pour essayer de comprendre ce qui ne peut l'être. En français en plus c'est très bien car la langue allemande, celle qui donne des ordres, langue torturée par les SS, elle ne peut plus l'entendre.

Pour réveiller sa mémoire et les souvenirs inexistants, le scribe lui lit des livres et des silences surgissent des bribes. Elle veut quitter le silence qui a fait d'elle une figurante de sa vie et témoigner, raconter l'irracontable car il n'existe pas. Elle souhaite pour ses enfants que ce journal soit "le cadeau de sa naissance avant qu'elle meure" pour qu'ils sachent d'où ils viennent.

Mais qui est Hildegard ? Elle préfère qu'on la nomme Sara sans H car certaines lettres évoquent des douleurs, elle est enfant du 3ème Reich.

H comme Hitler, comme Himmler surtout à son origine et celle du Lebensborn Programm, de 34 centres répartis en Europe durant la seconde guerre qui vont créer "la race des orphelins" en ayant la volonté de créer une race parfaite supérieure engendrant la volonté d'exterminer d'une part et de procréer, entendez par là de créer professionnellement.

Des mères de type aryenne, de préférence norvégienne car race pure sans mélange et des SS qui obéissent aux ordres et offrir des enfants au Führer pour une Allemagne de race supérieure !

Notre narratrice est conçue et abandonnée par un fantôme, le TOTALITARISME.

Une horreur, une abomination qui laisse comme racine la douleur de l'ABSENCE. Impossible de retrouver des traces de ses racines, de ses "parents" car toute preuve, tout document ont été détruits à la mort d'Hitler.

Elle est face à un mur, pire face à un DÉNI puisque ces centres semblent n'avoir jamais existé, seule la souffrance existe car appartenant à l'État, elle est et restera toujours du côté des persécuteurs, des SS, c'est tout ce que l'on voit d'elle; le mal, l'horreur, la persécution alors que c'est elle la victime, elle qui est du côté de la souffrance.

Elle est un cadeau empoisonné, officiellement conçue par PERSONNE avec uniquement ses incertitudes quand à son nom, le lieu et la date de sa naissance, l'identité de ses parents.

C'est une victime accusée d'être coupable.

Oscar Lalo nous offre un roman dont la construction est originale, très intéressante. Son écriture est puissante, percutante, avec retenue, pudeur et fermeté. Peu à peu on apprivoise Hildegard et l'empathie très présente nous l'a fait ressentir murmurant sa vie à notre oreille.

Sur chaque page, des textes courts mais extrêmement percutants. Avec une économie de mots l'indicible nous est conté. C'est fort, très fort en émotions, j'en ai pris des claques. La langue est somptueuse, chaque mot choisi à la perfection. L'envie de méditer, de prendre une respiration m'a accompagnée car chaque phrase est travaillée, ciselée et percute, fait mouche en plein coeur, m'a fait chavirer. Ce texte est dur, très dur mais essentiel et la beauté des mots l'emporte.

Oscar Lalo nous livre ici un réel plaidoyer pour réhabiliter Hildegard, la faire exister et surtout mettre en avant la mémoire oubliée, gênante dont la honte peut-être fait qu'elle soit toujours inaccessible, oubliée.

J'avais envie de connaître la vie d'Hildegard, de voir si sa quête de savoir, de vérité allait enfin aboutir et en même temps, j'avais envie de lire lentement pour la garder un peu plus longtemps près
de moi. Une chose est certaine c'est que je ne sors pas indemne de son histoire et qu'elle restera encore très longtemps dans ma mémoire.

Ce récit nous apprend beaucoup sur un sujet dont les livres d'histoire sont trop discrets, en le lisant je pensais à "Kinderzimmer" de Valentine Goby mais aussi au livre de mon compatriote Jean-Louis Aerts qui évoque le Lebensborn de Wégimont dans son roman "Un demi-siècle de mensonges"

J'ai encore envie de vous dire beaucoup de choses sur cette pépite, mais le plus simple est sans doute que vous vous rendiez chez votre libraire indépendant et le découvriez à votre tour.

C'est un immense coup de coeur, c'est LE livre dont j'ai envie de parler à cette rentrée littéraire.
Un véritable chef-d'oeuvre ♥♥♥♥♥

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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L'héroïne de ce roman est une orpheline allemande d'un genre particulier, puisque née dans un Lebenborn, une de ces pouponnières créées par Himmler dans le but de créer une race supérieure. Les archives ont été détruites, donc tout ce qui tourne autour de sa naissance est factice, son existence est bâtie sur des sables mouvants. Elle engage un scribe (notre auteur ?) pour débloquer sa mémoire, raconter son existence et remonter le temps jusqu'au secret de sa procréation.
La forme du roman est particulière : chapitres courts, très courts, toujours moins d'une page, parfois quelques lignes seulement. Cela permet une lecture rapide, mais surtout, ça permet de lever l'oppression que provoque cette lecture. Car ce que ce roman raconte est terrible, il relève d'un secret extrêmement bien gardé qui a embarrassé autant le régime nazi après sa chute que les alliés, qui ont préféré ignorer ces enfants, gênants même si innocents des crimes de leurs pères.
L'écriture relève presque de la psycholinguistique, car elle utilise des ‘jeux de mots' qui vont plus loin que le sens premier. Petit exemple tiré de la toute première page : «J'ai juste besoin d'une main qui écoute. Une main qui saura écrire ce qu'elle a entendu. Même quand je ne dis rien. Une main qui sache écrire vite aussi, pour ne pas avoir à me répéter si les mots sortent. Une main courante. Pour témoigner.»
Au niveau de la forme, ce roman m'a un peu rappelé Charlotte, de Foenkinos, où les retours à la ligne (poème en prose) permettaient aussi d'alléger la charge émotionnelle du texte. Au niveau du fond, il y a moi pour un peu de Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro pour le côté ‘Comment se fait-il que ces gens aient une âme ? Ce serait quand même mieux s'ils n'en avaient pas'. Chez Ishiguro, ce sont des clones créés pour servir de pièces détachées, ici ce sont les futurs représentants de la race supérieure du IIIème Reich, devenus inutiles après la défaite, la race des orphelins.
Une lecture dure, mais utile, sur une histoire honteuse que tout le monde a voulu balayer sous le tapis.
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Ce fut une bonne expérience cette lecture commune
Je n ai pas grand chose à ajouter aux critiques demes collègues challengeuses.
Ce livre est un peu lassant
J'aime beaucoup les livres sur fond historique mais celui ci ne m'a pas captivée
Il faudrait que je tente une nouvelle lecture de cet auteur.
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Comment se construire quand on ignore qui on est ? Quand aux yeux du monde on est l'enfant du mal ?
Hildegard Müller n'a pas de passé. Elle sait juste qu'elle est née dans un Lebensborn de parents répondants aux critères Aryens. Toute sa vie elle devra subir son ascendance alors même qu'elle n'a jamais eu d'enfance, ni de père, ni de mère. Comment faire comprendre au monde qu'elle aussi est victime ?
N'ayant pas de mots pour se raconter, pour narrer sa non-vie, Hildegard fait appel à un scribe pour traduire ses maux en mots.

On plonge dans l'obscurantisme des projets nazis pour la création d'une race pure. Au final ils n'auront créé que des orphelins dont personne ne voudra. Des hommes et des femmes qui ont grandi sans racine et dans le silence.
Cette partie de l'histoire est peu connue, ses victimes invisibles.

Ce roman court est vraiment poignant. Pour décrire l'horreur et l'indicible, l'écriture se fait poétique, les mots magnifiques. C'est une plume remarquable qui joue avec les mots, les associe, les fait rimer et rebondir pour mieux nous captiver.
J'ai eu envie de prendre Hildegard dans mes bras pour la consoler durant toute l'histoire.
C'est un livre émouvant qui donne une voix à toutes ces victimes passées sous silence.
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"Si vous collez votre oreille contre cette page, vous entendrez des mots qui ne s'écrivent pas".
J'ai entendu oreilles grandes ouvertes pour ne pas oublier cette nouvelle infamie de l'espèce humaine.
C'est l'histoire d'une enfant de 76 ans.Ce récit est un cri chuchoté.
Cette petite fille ne se plaint pas de l'humanité car la cruauté de certains l'a empêchée d'en faire partie.
Cette écriture est bouleversante et la lecture de ce texte ressemble à un coup de poing donné avec un gant de velours pour laisser croire qu'il ne faut pas entendre cette femme et la laisser à nouveau dans l'ombre de la vie réelle.
Livre à offrir ou prêter sans modération.
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Hildegard est née dans un Lebensborn, une pouponnière nazi, ou une usine à vie, dont le but était de créer une "race" supérieure aryenne pour servir le IIIe Reich.

Elle va demander à un écrivain (son scribe) de l'aider à coucher son histoire sur le papier.

Cette femme de 76 ans, analphabète, d'une grande innocence et ignorance n'est que souffrance de ne pas connaître sa propre histoire, et d'être confrontée au rejet et même à la haine envers les circonstances particulières de sa naissance.

Avoir pour géniteur un soldat SS, là place, pour certains, dans un statut flou mi victime mi bourreau qui la ronge depuis sa naissance.

Chaque mot du roman de Oscar Lalo claque, marque, percute, fait réfléchir sur ce sujet tabou de la Seconde Guerre mondiale.

Ce roman est une fiction dont chaque ligne est véridique.

Enfin le style de narration est particulier mais qui mieux que Hildegard elle-même pour le décrire :

"𝘗𝘦𝘶 𝘥𝘦 𝘭𝘪𝘨𝘯𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘳 𝘱𝘢𝘨𝘦. 𝘋é𝘫à 𝘶𝘯 𝘮𝘪𝘳𝘢𝘤𝘭𝘦 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘺 𝘢𝘪𝘵 𝘤𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘤𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘨𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘵𝘦𝘯𝘦𝘻 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘷𝘰𝘴 𝘮𝘢𝘪𝘯𝘴. 𝘝𝘰𝘶𝘴 𝘢𝘶𝘳𝘪𝘦𝘻 𝘱𝘶 𝘵𝘦𝘯𝘪𝘳 𝘥𝘶 𝘷𝘪𝘥𝘦. 𝘔𝘰𝘯 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘯'𝘢 𝘱𝘢𝘴 𝘥𝘦 𝘥é𝘣𝘶𝘵. 𝘗𝘢𝘴 𝘥𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘯𝘰𝘯 𝘱𝘭𝘶𝘴. 𝘑'𝘢𝘪 𝘱𝘦𝘳𝘥𝘶 𝘮𝘰𝘯 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘤𝘦. 𝘔𝘢 𝘷𝘪𝘦, 𝘤𝘦 𝘷𝘪𝘥𝘦."
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Il y a des livres qui se lisent avec le sourire, d'autres qui nous broient l'estomac. La race des orphelins fait partie de cette catégorie.
C'est l'histoire d'une femme nait dans les Lebensborn, des maternités dans lesquelles les Nazis ont tenté de créer une « race supérieure » . Cette femme c'est Hildegarde Müller, qui choisit de nous raconter son parcours à travers des bribes, des fragments de vie. Écrit par Oscar Lalo sous la forme d'un journal, ce livre retrace la quête d'identité d'une femme nait orpheline, quête de vie, quête de sens, permis d'exister, permis de vivre. Hildegarde tente au travers cette vie déposée sur le papier de trouver une justification à sa vie, une origine à sa naissance ; elle qui est née par la volonté du Führer .
Chaque page se compose de quelques phrases, quelques mots ; des phrases peu nombreuses mais percutantes et éclairantes. Difficile de lire les maux, la détresse, le désespoir, d'une femme nait au mauvais endroit au mauvais moment pour des mauvaises raisons. Est-ce que l'origine de notre naissance conditionne notre droit d'exister ? Légitimiste notre permis de vivre ?
Qu'il est difficile de grandir et évoluer au sein d'une société qui ne les jamais reconnus, de trouver sa place quand rien ne prouve sa naissance.
Qu'il est dur d'avancer dans ce livre et de lire les horreurs issues d'une idéologie sans nom , mais que c'est bien écrit !! Ici pas de langue de bois, l'auteur va droit au but et de mâche pas ses mots, c'est dur, c'est fort, ça retourne l'estomac, et quel formidable travail de mémoire !
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