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EAN : 978B0000DPL6Y
P. Hachette, (30/11/-1)
3.67/5   6 notes
Résumé :
L’un des romans populaires de Lamartine. C’est l’histoire, contée par lui-même, de Claude des Huttes, tailleur de pierres dans un pauvre hameau du Mâconnais. “L’originalité de ce roman… est dans la forme choisie du récit enchâssé dans l’interview” (Laffont-Bompiani). Saint-Point était un lieu bien connu de Lamartine: son père y acheta le château en 1802 et Lamartine en devint propriétaire en 1820. Il y est aujourd’hui enterré.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre, qui frise le débat théologique (parfois) quand ce n'est pas la description de la belle nature autour de Mâcon qui l'emporte, mérite d'être connu... Claude des Huttes, le "héros" de ce roman, a bel et bien existé et le récit de son enfance par Lamartine est touchant et traversé par une foi inébranlable. Son compagnonnage sur les routes de France, son histoire d'Amour et ... je n'en dirais pas plus !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ainsi, l'hiver la rivière déborde et noie les prés : il a fallu bâtir la maison au dessus de ces débordements, elle s'est assise par nécessité sur le rocher, où elle voit et d'où elle est vue. Il a fallu que le courant de l'écluse tombât sur les palettes de la roue du moulin pour faire mouvoir la meule : la maison a dû tourner un de ses flancs à la rivière pour tendre sa roue à l'eau, l'écluse à mi-côte, l'eau qui s'en échappe en faisant cascade contre les murs, les mousses verdâtres qui s'y attachent et qui donnent aux soubassements l'apparence du "vert" antique, les murmures et les ronflements de la chute du ruisseau impatient de jaillir de l'écluse, les scintillements de ses gouttes écumeuses à travers les branches et sur les feuilles trempées des vernes, les rideaux des peupliers et de platanes qui ont poussés d'eux-mêmes, les pieds dans le ruisseau, et qui entre-croisent leurs rameaux de diverses teintes sur le toit de tuiles rouges comme un second toit, la cavité au flanc de la maison, d'ou le moyeu tend la roue à l'écluse et qui ressemble à une grotte sombre voilée de brume, le colombier qu'il a fallu ajouter ensuite au moulin, parce que le pigeon suit le grain qui tombe, la tour carrée qu'il a fallu élever d'un étage au dessus du toit de la maison, pour que les ramiers reconnussent de loin leur repaire au-dessus des arbres, le sentier tournant qu'il a fallu tracer à la pioche, dans le sable jaune, pour que les ânes et les chars des hameaux voisins le gravissent sans peine avec leurs sacs, la poussière du blé vanné qui sort de la fenêtre, la fumée bleue qui rampe du toit entre les cimes des peupliers, les chèvres qui broutent...

Page 21
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Il paraît que Denise trouvait aussi les jours longs à la maison comme je tes trouvais longs à la carrière ; car maintenant, avant qu’on entendît sonner midi au clocher de Saint-Point, elle prenait son panier de lattes de hêtre entrelacées, au fond duquel elle mettait une nappe de chan— vre, et elle m’apportait elle-même toute seule mon pain, mon lait, mon beurre et mon sel à la carrière. Elle n’avait plus peur de se rencontrer ni même de rester en têteà-tête avec moi maintenant dans le fond de la carrière ou dans le souterrain. Mais je ne voulais pas qu’elle y descendît, de peur qu’elle ne coupât ses beaux pieds nus sur les débris coupants de mes tailles. Dès que je l’entendais venir, je remontais au bord, je prenais le panier, et j’allais m’asseoir, pour manger ma provende, tout en haut de la carrière, sous le grand sapin dont les racines découvertes pendaient, le long du précipice, comme des serpents accrochés par leurs têtes aux branches et qui laissent ondoyer leurs queues. Alors elle tirait du panier ce qu’elle y avait mis elle étendait la nappe de grosse toile sur l’herbe, et elle restait là debout, adossée contre l’arbre à me regarder boire et manger. J’avais beau lui dire Asseyez-vous donc, Denise, et mangez un morceau avec moi. Elle riait et elle disait Non, c’était bon quand nous ne nous parlions pas encore et que je n’étais que votre cousine ; mais, à présent que je suis votre promise et que vous serez bientôt mon maître, je dois vous servir et non pas m’asseoir et manger devant vous. C’est la coutume du pays, monsieur ; je n’avais rien à dire mais je me vengeais en faisant semblant de laisser tomber un morceau de mon pain à terre, pour toucher des lèvres, comme par hasard, le bout de ses pieds. Elle les retirait en rougissant. Voila comment nous passions le temps, monsieur. Hélas monsieur, nous étions si heureux que nous ne pensions qu’à nous. C’est l’habitude. Denise ne s’apercevait pas que, pendant ces absences de la maison et pendant nos longues promenades dans les roches ou pendant nos songeries au bord du ravin, le pauvre Gratien, qui jusque-là ne l’avait pas plus quittée que le galon de son tablier, demeurait souvent tout seul avec Annette ou avec le petit chien.
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J'ai semé des gazons, j'ai tracé des allées sablées dans les bosquets de noisetiers qui l'entourent, j'ai enfermé dans une enceinte de murs quelques arpents de terre et de prés qui suivent les ondulations et les caprices de la colline, j'ai préservé de la faux ou de la hache du fermier quelques grands arbres dont les rameaux m'ont remercié en s'étendant sur mes pelouses.
J'ai percé quelques portes et quelques fenêtres dans les murs de cinq pieds d'épaisseur du vieux manoir, j'ai attaché à la facade principale une galerie massive de pierres sculptées sur le modèle des vieilles balustrades gothiques d'Oxford.
C'est sur cette galerie que les hôtes de la maison se promènent le matin au soleil levant ou s'assoient le soir, à l'ombre immense des tours, sur le pré en pente. On y attache à des clous les cages des oiseaux, les chiens s'y couchent à nos pieds sur les dalles tièdes, des paons familiers qui peuplent les jardins, à qui nous émiettions du pain dans leur enfance et qui s'en souviennent, perchent nuit et jour sur le parapet de la balustrade, leur queue brillant au soleil et flottant au vent...

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