Les Tuniques Bleues, tome 23 : Les cousins d'en face

Une voie de chemin de fer détruite, un ravitaillement indispensable et un malencontreux accident de cheval du capitaine Stark, et voilà nos Tuniques Bleues préférées commises d'office à la réparation des voies, sous la neige, et accompagnées d'une pittoresque galerie de personnages secondaires.

L'histoire, au fond, est sans grande importance. le plaisir de la lecture réside surtout dans les dialogues savoureux, les piques ironiques et les réparties sarcastiques qui pimentent l'album de bout en bout. Les répliques fusent et les situations cocasses se succèdent pour notre plus grand amusement (la "capture" des confédérés reste à mon avis l'un des meilleurs moments de ce vingt-troisième tome).

Et en filigrane, comme dans presque tous les tomes de cette série, une réflexion sur l'absurdité de la guerre, illustrée cette fois par le sergent Chesterfield et ses cousins ayant rejoint les rangs sudistes.

Blutch et le sergent Chesterfield ont decidemment le chic pour hériter de missions toutes plus pourries les unes que les autres.
Les voici obligés d'accompagner un major aux méthodes plus que douteuses dans l'objectif de réparer une voie de chemin de fer. Tout ceci en plein hiver, et avec en bonus un ingénieur écossais assez pittoresque. Évidemment, l'armée sudiste , elle a d'autres interets en jeu et cela engendre quelques quiproquos.
De plus, histoire d'épicer un peu l'intrigue, Chesterfield va découvrir que deux de ses cousins ont pris l'uniforme, mais pas du "bon coté" selon lui...
Quelques moments sympathiques.....

Dans cet album, une autre spécificité des guerres civiles va être abordée, toujours sur le ton de l'humour : Les déchirures familiales.
Lorsque notre bon sergent Chesterfield reçoit une lettre de sa maman, qui lui donne des nouvelles de tout le monde, il est ravi d'apprendre que ses deux cousins se sont décidés et ont rejoint l'armée, dans l'artillerie.
Mais sa joie sera de courte durée car Blutch lui signale que leur officier est dans les rangs... Sudistes !

Stark, encore une fois blessé, le 22è de cavalerie est disponible pour une mission d'importance capitale. le régiment, pour une fois composé de plus de deux soldats, doit reconstruire une voie ferrée détruite par les Sudistes, avec l'aide d'ouvriers Chinois et d'un ingénieur Ecossais. Mais, en plein hiver, sous la neige et avec un major sadique et autoritaire, rien ne va plus. Ajoutons à cela, le fait que des cousins de Chesterfield se sont engagés dans l'armée Sudiste.
Un très bon volume des Tuniques Bleues. de l'action, de l'humour, de la neige et donc du froid (rien que pour ça j'adore, oui il ne faut pas grand chose).

Ça aurait pu être un grand album, à hauteur d'un Black Face, sur l'autre thème majeur de la guerre de Sécession à égalité avec l'abolitionnisme : la notion de conflit fratricide. 90% des aventures des Tuniques Bleues parlent de guerre civile, on y est enfin... ou pas.
Les Bleus doivent réparer une voie ferrée sous le commandement de Ransack, un genre de Quantrill nordiste, pillard et tyrannique, qui ne brille tout le long des pages que par ses colères et c'est tout. Les ouvriers chinois ne sont, sans mauvais jeu de mot, pas exploités. L'ingénieur écossais, on se demande ce qu'il vient faire dans cette galère, à part servir de support à des vannes à deux ronds sur sa cornemuse, son kilt et ce qu'il porte en dessous. Donc les personnages secondaires, ben y en aurait pas que ce serait pareil.
Quant à ceux d'en face, les cousins de Chesterfield enrôlés chez les Confédérés, mis à part la scène des retrouvailles qui fonctionne bien, plus rien de vient ensuite creuser la thématique de cette guerre qui déchire une famille, à petite (celle du sang) ou à grande échelle (celle de la nation). L'histoire loupe le coche de son propos. Même le passage qui voit Gris et Bleus travailler main dans la main fait pshit alors que l'image n'a rien d'anodine dans le contexte.
Reste un tome avec des petits trucs marrants par-ci par-là mais sans profondeur.
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