Lorsque
le service des manuscrits de Violaine Lepage reçoit l'ouvrage signé Camille Désencres, c'est le choc. Un chef d'oeuvre, si on en croit les lecteurs de la maison d'édition. le problème : personne ne sait rien de l'auteur, qui ne communique que par courriel. On ne peut même pas dire si Camille est un homme ou une femme. En lisant ces « Fleurs de sucre », Violaine a l'impression étrange que ce livre a été écrit pour elle.
Un roman qui parle de littérature et d'édition ne peut que piquer ma curiosité.
Celui-ci, divisé en trois parties, comporte de nombreux échanges de messages électroniques ou de textos et se termine par une longue confession écrite. Original, donc.
Si le début est tragique, puisque le personnage se réveille d'un coma dans un hôpital, il ne manque pourtant pas d'humour. En effet, la chambre de Violaine est pleine de beau monde :
Marcel Proust,
Georges Perec,
Michel Houellebecq,
Virginia Woolf,
Patrick Modiano... Visions provoquées par les médicaments qu'on lui administre ? Sans doute. Quoique. Chaque fois qu'elle est dans l'embarras, Violaine discute avec
Marcel Proust. Une habitude que lui a transmise son ami Charles, dont le répertoire téléphonique est rempli de noms d'auteurs morts. Certes, leurs numéros sortent de son imagination, mais, quand il a le cafard, Charles en appelle un et tente de deviser avec l'écrivain choisi, à la grande surprise de l'interlocuteur qui ne sait pas très bien s'il a affaire à un fou. Une idée que j'ai trouvée épatante.
J'ai donc été tout de suite happée par l'atmosphère évoquant un monde qui m'est cher : celui de la littérature. Et ce d'autant plus qu'une des employées du service des manuscrits s'appelle comme moi, Béatrice et, comme moi, « lisait en moyenne quatre livres par semaine sur lesquels
elle s'amusait pour elle-même à rédiger une fiche de lecture. » La ressemblance s'arrête ici, malheureusement. Car cette Béatrice-là est richissime et vit dans une sorte de palace.
Je suis proche aussi de Muriel, la correctrice, qui fait « la chasse aux fautes d'orthographe ou de frappe », car, pour ma part, je ne peux m'empêcher de corriger toutes c
elles qui émaillent mes lectures. Et comme
elles sont légion, je pense qu'il n'y a plus beaucoup de Muriel dans les maisons d'édition ! Mais si, pour Muriel, trouver « un participe mal accordé ou encore un "ils avait" » lui procure « un plaisir qui confinait à l'orgasme », chez moi, cela ne déclenche que colère et grincements de dents !
Je n'ai cependant rien appris, car je connais déjà beaucoup de choses concernant l'univers de l'édition ou des prix littéraires.
L'énigme posée par le manuscrit de Camille Désencres, si semblable à ce qui arrive dans la réalité, m'a tenue en haleine au début, mais à la fin, je n'ai éprouvé qu'une cruelle déception. J'ai eu l'impression de m'être fait flouer et j'ai eu envie de dire : « Tout ça pour ça ?! »
J'ai également déploré un certain manque de structure qui m'a fait penser qu'
Antoine Laurain était parti sur une très bonne idée, mais qu'au bout d'un moment, il n'avait plus trop su qu'en faire.
J'ai regretté que les fleurs de sucre, pas le roman mystérieux, mais les chefs d'oeuvre des pâtissiers, ne jouent pas un rôle plus important dans l'histoire.
J'étais donc pleine d'enthousiasme au début, qui s'est affaissé comme un soufflé raté.