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EAN : 9782072760990
112 pages
Gallimard (15/02/2018)
3.62/5   13 notes
Résumé :
« Relever le lustre et le privilège des dames, opprimées par la tyrannie des hommes, de les combattre plutôt par eux-mêmes, c'est-à-dire par les sentences des plus illustres esprits de leur sexe profanes et saints, et par l'autorité même de Dieu », voilà résumée en partie l'ambition de Marie de Gournay (1565-1645). Car, si elle défend la position des femmes, qu'elle veut à l'égal des hommes, et si elle réclame pour elles un accès au savoir et aux débats intellectuel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après la découverte des discours de Théroigne de Méricourt, George Sand, Elizabeth Guigou (tous trois regroupés dans "Citoyennes, armons-nous !") et Olympe de Gouges, c'est tout naturellement que j'enchaîne ma lecture des textes fondateurs pour les droits des femmes avec "Égalité des hommes et des femmes et autres textes" de Marie le Jars de Gournay.
Je remercie donc les éditions Folio et Babelio pour m'avoir permis de le lire dans le cadre de Masse Critique.


À l'instar d'Olympe de Gouges, Marie le Jars de Gournay a l'intelligence de ne pas faire de réquisitoire contre l'homme ni de plaidoyer sur la suprématie féminine, car comme elle l'explique intelligemment "je me contente de les [les femmes] égaler aux hommes, la Nature s'opposant pour ce regard autant à la supériorité qu'à l'infériorité."
Mais même si les deux sexes sont égaux, et qu'en cela elle ne dénigre pas les hommes, elle les accuse néanmoins d'avoir permis à la société de déconsidérer la place des femmes. Elle démontre sans peine que le fait de reléguer les femmes au rang de sexe faible est une invention purement humaine, car rien ni dans la Nature, les textes religieux, philosophiques, historiques ne place la femme en-dessous de l'homme sur l'échelle humaine ; elle rejoint d'ailleurs par là une idée émise par​ une autre femme de lettre,​ Mary Wollstonecraft ​- ​maman de la célèbre Mary Shelley​ -​ dans son courageux pamphlet pro-féministe "Défense des droits de la femme" ​: ​"Car, telles les fleurs plantées dans un sol trop riche, leur force et leur utilité sont sacrifiées à la beauté, et les feuilles étalées, après avoir satisfait un oeil méticuleux, fanent dans l'indifférence sur leur tige, bien avant la saison où elles auraient dû arriver à maturité. J'attribue l'une des causes de cette floraison stérile à un système d'éducation erroné, établi en fonction des livres écrits sur le sujet par des hommes qui, considérant les femmes en tant que sexe opposé et non comme des êtres humains, tenaient plus à en faire des maîtresses élégantes (...). "

Le propos est assuré, les idées proposées solidement démontrées, et défendues​ avec bravoure et finesse​. de plus, j'admire son ambition et son projet​ tout entier​, ​et j'aime le fait qu'​elle n'hésite pa​​s​,​ pour​ ​parvenir à​ ses fins, à s'adresser ​directement aux plus puissants​ et plus concernés par l'égalité entre les deux sexes​,​ à l'instar de la Reine à qui elle dédie son pamphlet. On apprend, dans la préface, qu'elle destine également aux souverains et aux plus nobles du royaume, des traités d'éducation et de vertus : car qui mieux qu'eux, sans cesse sous les projecteurs, pourra donner l'exemple au peuple de ce qu'est un comportement respectueux pour une vie saine et bonne ?

Son argumentaire solide a su me convaincre, j'ai beaucoup apprécié le fait qu'elle se base sur des faits réels pour illustrer ses propos, en évoquant les grandes figures féminines qui ont marqué L Histoire comme Sa​p​pho,​ la mathématicienne et philosophe Hypathie,​ les amazones, mais aussi les témoignages de grands hommes comme Platon, S​é​n​è​que​ ou Saint Jérôme, défendant à leur tour la valeur des femmes, et leur attribuant les mêmes facultés que les hommes.
Elle prouve par sa dissertation, qu'elle n'a rien à envier aux grands esprits masculins de son époque​, et donne à toutes les femmes la fierté d'être l'une de ses paires​.

Ce recueil regroupe d'autres essais sur divers thèmes, car, même si la place que l'on donne à la femme dans la société est le sujet de dissertation favori de Marie de Gournay, elle n'hésite pas à donner son point de vue sur d'autres sujets, comme la superficialité des relations humaines, le manque de moralité des ses pairs ou les moeurs de la société.
Elle se plaît notamment à tourner en dérision les différents types de "mauvais" amis, comme celui qui sera toujours de votre côté par intérêt, que vous fassiez le bien ou le mal ; celui qui ne critiquera jamais vos faits et gestes, alors même qu'il pourrait par là contribuer à votre apprentissage et à votre perfectionnement "pourvu que l'injure se prononce avec juste douleur, pour décharger un coeur qui crève, pour éclaircir encore et non pour offenser l'écoutant" ; enfin celui, déraisonnable, qui vous suivra aveuglement et vous admirera sans mesure.


Son propos est très convaincant tout au long de cette lecture enrichissante, les idées ambitieuses, et le tout merveilleusement servi par une plume libre, forte et percutante.
Je dois néanmoins admettre que la syntaxe désuète m'a semblé difficile en début de lecture.

En somme, des réflexions passionnantes et convaincantes d'une grande femme et auteure qui pose un regard critique et réfléchi sur son époque, avec la volonté certaine d'une prise de conscience et de changement des comportements délétères pour la société - encore aujourd'hui cruellement actuels sur bien des domaines.
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Challenge Plumes Féminines
Challenge ABC 2018-2019
19/26

Le bandeau de l'exemplaire que j'ai acheté porte la phrase suivante :"L'égalité des sexes, un combat moderne ?"
Clairement, non (et même sans le bandeau, on s'en doutait un peu). La fille d'alliance de Montaigne (qui pourtant ne fut pas tendre pour les femmes) aborde des questions, des situations qui m'ont semblé pour beaucoup très familière à l'oreille... Devoir démontrer que les femmes sont bien les égales de l'homme sur tous les plans (sauf celui de la force, mais pour elle, la force, c'est une part de l'animal en nous. Surtout si l'on s'en sert pour dominer), sur la réclusion et le cantonnement des femmes à certains rôles, manque d'éducation qui mène à un manque de connaissance et de culture et n'autorise de ce fait pas l'accession à de hautes fonctions...Elle se sert de la littérature classique, mais surtout de la religion pour appuyer ses propos (bon, son appel à Saint Paul me laisse tout de même perplexe) et surtout, elle n'essentialise pas les différences entre les sexes, puisque pour elle, elles ne sont qu'à la marge.
Elle est mordante, ironique et tourne en dérision ses détracteurs et ceux de la gent féminine. Puisqu'ils ne prennent pas la peine de les lir avant de déclarer que les écrits des femmes sont inintéressants, elle les renvoie à leur bêtise et leur suffisance. En démontrant au passage qu'elle, elle sait de quoi elle parle : elle a lu leur écrit et peut donc se permettre de les renvoyer face à eux-même.
Une grande femme, malheureusement un peu oubliée.
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Voici encore une lecture issue d'une masse critique, celle de février. Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour m'avoir sélectionné et expédié ce petit livre que j'ai trouvé le soir du 7 mars dans ma boite aux lettres. A un jour près il arrivait un jour très symbolique et en relation avec son contenu.
Le texte proposé ici est le texte d'origine, seul l'orthographe de certains mots a été modernisée. Et pour cela la lecture de ces quelques 85 pages m'a demandé un certain effort : il faut bien reconnaître que les tournures de phrases du 17ème siècles sont un peu différentes de ce qu'on à l'habitude de lire 400 ans plus tard.
Ce recueil se divise en 4 essais assez courts, dont le premier (égalité des hommes et des femmes) et le dernier (Grief des dames) traitent de la place que les hommes laissent aux femmes dans la société, et du mépris dont elles peuvent être victimes. Tout présentant de nombreux exemples (souvent en se référant à des classiques grecs) que les femmes sont toutes aussi compétentes que les hommes.
Les deux autres essais sont plus "sociologiques".

Comme je l'ai déjà dit, le français d'époque n'est pas forcément aisé à lire par ma petite personne, aussi j'ai peut-être raté certaines subtilités. Mais j'ai été tout particulièrement intéressées par les textes sur la conditions féminines. Lors que j'ai l'occasion de parcourir des témoignages "anciens" sur le sujet, je ne peux pas m'empêcher de mettre cela en parallèle avec notre époque, et me demande "alors où en est-on ?".
Alors, oui aujourd'hui les femmes sont libres d'exercer les métiers qu'elles souhaitent - au moins dans la majorité des pays occidentaux. Mais je n'oublie pas qu'en France, ce droit n'a que 50 ans. Et surtout, comment sont elles jugées par les hommes ? je ne peux m'empêcher de penser aux sifflets à l'encontre de Madame Duflot un jour d'été où elle est entrée dans l'assemblée Nationale, en robe... ou les imitations de poule, produites par un député pendant l'intervention d'une de ses collègues.
Je pense aussi à cette collègues, mère de 4 enfants, épuisée par ses doubles journées de travail, et qui nous explique que son mari, au lieu de faire sa part (et non pas l'aider....), lui reproche de ne pas savoir s'organiser !!
Je pense aussi, il y a quelques années, lors de ma dernière année d'étude, dans une promo de mecs, le discourt que m'avait fait un autre étudiant "tu t'en fous, si tu rates tes études, tu n'auras qu'à te marier"....

Cette petite lecture permet de mesurer le chemins parcouru depuis 4 siècles, permet de se rendre compte que c'est surtout ces dernières années qu'on a pu avancer.
Je pense que je feuilletterai de temps en temps quelques pages.
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Un texte fondateur pour les droits des femmes, qui demande un certain effort de compréhension à cause de la syntaxe complexe, des tournures de phrases utilisées. Mais dans cet ouvrage, Marie de Gournay prône, brillamment, l'égalité entre les deux sexes sur tous les plans, elle les place sur un même niveau. Elle démontre et défend cette égalité grâce à la Nature, grâce aux textes religieux et philosophiques. Elle traite également du mépris dont elles peuvent être victimes. L'infériorité de la femme par rapport à l'homme n'est qu'une construction humaine et sociale qu'elle tente de déconstruire tout au long de son essai.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un grand merci aux éditions Folio ainsi qu'à Babelio pour l'envoi de ce libre.

Etant en plein questionnement féministe depuis quelques temps, je suis très heureuse d'avoir pu recevoir ce petit livre. Je m'attendais à un pavé, mais il n'en est rien.

Les textes sont assez courts, mais tous très intéressants. le style, bien que datant du XVIème, est plutôt accessible.

Je ne connaissais pas cette femme de lettres, ma lecture n'en a été que plus enrichissante. Les idées évoquées sont présentées de manière juste et logique.

En bref, une lecture plus qu'intéressante !
Lien : http://mybooksntea.wordpress..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il n'est pas nécessaire d'exprimer ici, que ce que la raison nous enjoint de pratiquer nous-mêmes, elle nous enjoint aussi à le faire pratiquer à nos amis et au prochain, si nous pouvons, car on sait assez que les lois civiles et philosophiques nous tiennent coupables du mal que nous n'empêchons ou ne corrigeons pas de tout notre pouvoir, et coupables nous tiennent encore ces dernières, du bien que nous ne faisons pas faire, s'il est en notre puissance.
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Il faut donc apprendre à ces sots amis, que le premier, le plus inviolable et le plus précieux devoir qu'ils puissent rendre aux personnes qu'ils chérissent, consiste en la vive réprimande de leurs erreurs, folies, insolences et en la correction de leurs cervelles et de leurs mœurs ; le second à maintenir leur repos une des principales branches duquel est la pacification de leurs querelles, s'ils en ont, comme ils en ont communément parmi tels jeux.
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La plupart de ceux qui prennent la cause des femmes, contre cette orgueilleuse préférence que les hommes s'attribuent, leur rendent le change entier, renvoyant la préférence vers elles. Moi qui fuis toutes les extrémités, je me contente de les égaler aux hommes, la Nature s'opposant pour ce regard autant à la supériorité qu'à l'infériorité.
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Ajoutons que celui qui défend un puissant et riche en mauvaise cause, non seulement ne défendra pas un faible et pauvre en la bonne, mais il donne à croire à ce riche et puissant, qu'il l'abandonnera lui-même de pur mépris et sans aucun intérêt, s'il devient pauvre et faible.
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Au surplus, l'animal humain n'est homme ni femme, à le bien prendre, les sexe étant faits non simplement, ni pour constituer une différence d'espèces, mais pour la seule propagation. L'unique forme et différence de cet animal ne consiste qu'en l'âme humaine.
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