Nous sommes en Occident les témoins directs d'un renouveau de la spiritualité depuis quelques dizaines d'années. Cette renaissance, qui prend sa source dans une demande réelle et profonde de sens, apparaît dans un Occident las de la course au matérialisme et à l'égoïsme et que ne satisfont plus les philosophies modernes et les dogmes religieux. Il me semble que cette exigence contemporaine se caractérise par les attentes suivantes :
- une expérience directe du divin plutôt que des dogmes
- une exigence de sagesse réelle plutôt que des systèmes de pensées
- une découverte personnelle plutôt qu'un chemin tracé d'avance
- une autonomie toujours plus grande dans la pensée et dans la conduite plutôt qu'une obéissance à des autorités extérieures
- une audace d'explorer des voies spirituelles nouvelles plutôt qu'une répétition du passé
- une soif de puiser à toutes les sources authentiques de sagesse tant d'Occident que d'Orient
- une volonté de relier science et spiritualité au lieu de les opposer stérilement
- un désir d'une nouvelle compassion universelle, prenant en compte la responsabilité des humains et de la terre.
La philosophie antique, notamment celle de Platon, avait su ouvrir des chemins de conversion intérieure, de métamorphose et d'éveil. On ne pensait pas en Grèce qu'on était philosophe simplement parce qu'on enseignait des théories en chaire mais bien parce qu'on pouvait montrer dans ses actions une sagesse vivante. Mais la philosophie moderne, c'est-à-dire à peu près depuis Descartes, ignore que la pensée doit conduire à une connaissance de soi-même qui est une naissance à soi, bouleversante. Le penseur et le professeur de philosophie comprennent-ils encore de nos jours que le précepte de Delphes «Connais-toi toi-même» est une invitation à une métanoia, c'est-à-dire à un éveil intérieur à sa véritable Nature ?
Vivre sans tête, c’est voir qu’ici et maintenant, je suis construit déjà ainsi, immense, grand ouvert pour accueillir le monde ; c’est s’éveiller à ce que je suis et que je ne peux pas ne pas être.
Je vois alors que je ne suis pas un objet, que je ne suis pas dans le corps, que je n'ai pas de taille, pas de forme, que je ne suis situé nulle part ou partout, que je n'ai pas de limite, que je suis aussi grand que le monde, immense, que je suis vide, transparent, clair, éternel. Ce que je découvre au cœur du moi, c’est l’Espace infini et sans forme.