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EAN : 9782204152303
211 pages
Le Cerf (18/08/2022)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Voici le roman vrai de Champollion, du voyage en Égypte, du mystère des Pharaons, des révélations sur leurs temples et leurs tombes. Le grand récit d’une passion orientale dévorante et d’une aventure scientifique époustouflante. L’épopée d’un homme qui fut le seul à décrypter l’histoire d’une civilisation vieille de 5 000 ans.


En 1828, six ans après avoir percé le secret des hiéroglyphes, Champollion se rend enfin sur les bords du Nil pour vér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On a tous dans un coin de notre inconscient, comme gravée, tel un hiéroglyphe, une image des dessins issue de "La Description de l'Égypte" qui représente soit le Sphinx dont seule la tête émerge du sable, soit le temple d'Abou-Simbel à demi enseveli dans le sable,

Et bien ce livre dont la couverture a attiré mon oeil, au milieu d'autres titres de la rentrée littéraire, comme émergeant des Sables du désert égyptien. Unique exemplaire perdu dans des piles de livres tels les pylônes du Ramesseum.
Et je dois bien l'avouer je suis tombé sur une PÉPITE, un TRÉSOR....

Claudine le Tourneur d'Ison, nous invite à suivre Champollion, celui qui disait "Je suis tout à l'Égypte, elle est tout pour moi", et qu'elle nous présente, à juste titre comme s'inscrivant "dans la lignée de génies comme Pythagore, Archimède, Kepler, Galilée ou Newton qui ne se contentèrent pas de regarder le monde mais s'acharnèrent à le comprendre.", lors de son voyage en Égypte en 1828/1829. Tel Jason et ses Argonautes...
Et quel voyage, on a le sentiment tout au long de l'ouvrage d'être immergés dans ces gravures anciennes tant les mots et l'écriture nous emmènent loin : "François s'étonne des modulations constantes de la nature. Sur la rive orientale, des raies de verdure émeraude, palmiers doums et cannes à sucre. À l'occident, une plaine d'or pâle. Nuées d'oiseaux annonceur du tropique. Crocodiles assoupis sur les rivages. La lumière de plus en plus belle et puissante embellit chaque détail du paysage, rompant la monotonie d'un fleuve coulant perpétuellement entre deux montagnes". On s'y voit....

D'Alexandrie point de départ de sa remontée du Nil:
"Aux yeux de Champollion, Alexandrie n'est pas l'Égypte. C'est une légende, un mythe où l'on pose le pied sur le mille-feuille du passé, où se réduisit en une fumée légendaire tout le savoir du monde contenu dans neuf cent mille rouleaux de papyrus lors de l'incendie de la féerique bibliothèque. Des cendres a jailli une nostalgie nourrit par les siècles. Enfouie dans les ténèbres, l'Alexandrie fondée aux portes du désert par le conquérant macédonien, cette cité florissante des Ptolémées, sous les califes arabes la ville de Strabon s'est évanouie dans l'indigence."
Jusqu'aux portes de la Nubie, avant de descendre le fleuve par la Vallée des Rois et son retour chaotique et" humiliant" en France.

Dans l'imaginaire collectif Champollion c'est le déchiffrement des hiéroglyphes :
"Après des années d'efforts, d'études, de tâtonnements, il ne cesse de progresser. En mai 1821, il a compris que l'écriture hiératique est une simplification de l'écriture hiéroglyphique, puis que le hiératique et le démotique dérivent des hiéroglyphes. le jour de ses trente-et-un ans, le 23 décembre 1821, sa vision s'illumine. À partir du décompte des mots dans les trois retranscriptions du même texte, grec, démotique, hiéroglyphique de la pierre de Rosette, il réalise, stupéfait, qu'à quatre cent quatre-vingt-six mots grecs correspondent quatre cent dix-neuf hiéroglyphes. Il en déduit que l'écriture n'est ni symbolique, ni seulement idéographique ou alphabétique mais phonétique. Cette découverte le propulse à deux doigts de l'énigme. En janvier 1822, lui parvient la retranscription d'un texte où, comparant le cartouche de Ptolémée à celui de Cléopâtre, il retrouve le lion couché qui dans les deux cas représente L. C'est une lettre supplémentaire ajoutée à son alphabet hiéroglyphique. Il sait qu'il est proche du but. Poussé par l'exaltation, il en perd le sommeil, travaillant jour et nuit comme un boulimique jamais rassasié. Il s'empare de tous les cartouches renfermant en hiéroglyphes, les noms des souverains étrangers. Surgissent alors, comme par magie, les inscriptions[...] Début septembre 1822, cloîtré dans le grenier aménagé en bureau, rue Mazarine à Paris, comme un forcené entrevoit la liberté, il avance dans un état de transe, étudiant et rassemblant les éléments qui peu à peu vont l'amener à la lumière. Après l'accueil enthousiaste de l'Académie des Inscriptions à son mémoire sur le démotique un mois plus tôt où enfin il ne fut plus le proscrit désespéré, il sent, dans un état de fièvre permanent, qu'il tient la clé au bout de ses doigts et que la serrure se rapproche. Debout à l'aube, le 14 septembre, il n'a quasiment pas dormi. Un coursier lui dépose des reproductions de bas-reliefs effectués récemment à Abou Simbel par Jean-Nicolas Huyot, professeur d'architecture et membre de l'Institut. Un cartouche lui saute aux yeux. Il y reconnaît le disque solaire, le signe S et au milieu une lettre à trois jambages. Soleil en copte se dit RA et la lettre finale est S. le souffle court, il murmure Ramsès, le plus illustre des pharaons. Pouvait-il rêver plus fabuleux, plus éblouissant ! L'Égypte s'ouvre soudain à lui par l'apogée de sa civilisation. Pris de vertige face à une telle révélation, il se fait violence pour vérifier qu'il a bien rassemblé tous les morceaux du puzzle et que ce qui s'offre là, sous ses yeux, c'est bien le système en entier. Un système non pas double mais triple : phonétique, alphabétique et idéographique."

L'auteure nous dit :" Sous son regard, les bas-reliefs vont commencer à parler, la mémoire à traverser le temps. En inaugurant cette lignée des grands chercheurs des sciences du langage, il a rendu l'écriture hiéroglyphique compréhensible et, avec elle, toute l'histoire des rois, des dieux, du peuple. Il fait remonter de la nuit des tombeaux, la voix de l'Être divin, le chant de l'oeil du Monde, la musique de la Lumière Céleste, le murmure du Flux Primordial."
Au risque de la paraphraser :
Sous son écriture, Champollion se révèle à nous tels les hiéroglyphes. Nous remontons le temps quand lui remonte le Nil. En nous liant à cet homme passionné, Claudine le Tourneur d'Ison nous gratifie de la découverte de ce personnage, que l'on pense connaître. Nous entrons dans les tombeaux avec lui, nous partageons sa passion pour l'Égypte, nous posons notre regard, avec le sien, sur ces merveilles antiques. Nous écoutons et ressentons ses colères. Nous partageons ses enthousiasmes et joies.

"Courir de merveilles en merveilles… il n'aura pas assez des six mois qu'il va passer dans ce fabuleux condensé de la civilisation égyptienne à son apogée pour en extraire toute la substantifique moelle. Il y concentre son énergie, ses forces physiques et sa puissance intellectuelle. Ses extases sur la beauté s'entremêlent à ses exaltations face à la richesse de ce qu'il découvre. Tout ce qu'il avait imaginé, pressenti, espéré, rêvé même, tout est là qui s'offre à lui sans limite que celle du temps trop court dont il dispose. Alors pour compenser cette fuite des jours, il étire les journées à l'extrême, refusant tout compromis avec la fatigue." Voilà ce que sera, on le sait moins, son seul et unique voyage en Égypte.

Après " le lion d'Alexandrie: le voyage inouï où Marc inventa l'Evangile" de Jean-Philippe Fabre, encore un très bel ouvrage des Éditions du Cerf.
Romans Vrais ou Vrais romans ? Une certitude Vraies Réussites.
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Ce cernier voyage de Champollion se lit très facilement, le lecteur n'ayant pas, contrairement à lui, à affronter les traversées maritimes et fluviales, les rudesses du climat, ni les attaques de goutte. Ce séjour sur le Nil avec l'expédition franco-toscane de 1828-1829 nous permet de découvrir aussi bien la splendeur des paysages que les vestiges de la mère des civilisations. On sent l'autrice passionnée par son sujet et d'une grande érudition. Il manque toutefois une carte pour suivre ce dernier voyage, et peut-être aussi un lexique des termes architecturaux et maritimes fréquemment employés. La lecture est en revanche gâchée par les nombreuses et violentes erreurs de grammaire, qui décrédibilisent le style délibérément emphatique choisi pour rendre compte de la magnificence des paysages traversés et des découvertes partagées. L'intérêt s'émousse et la lectrice enrage lorsqu'il faut s'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre une phrase où les adjectifs sont mal accordés ou les verbes mal conjugués.
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L'auteure nous emmène dans un récit très érudit et magnifiquement écrit dans les traces de la seule et unique expédition de Champollion, le Déchiffreur, en Egypte. Ce texte est un véritable hommage à l'homme et au scientifique, à son obstination face aux obstacles, à l'adversité et à ses contemporains. Il est douloureusement ironique que celui qui a donné à tous les clés de l'Egypte n'ait pu y séjourner qu'une seule fois.
Un livre passionnant, centré sur Champollion et assez peu sur ses compagnons qui ne sont que des présences fantomatiques, ce que j'ai trouvé dommageable, et qui lève le voile sur les débuts de l'égyptologie et ses difficultés: le trafic d'antiquités, les déprédations irréversibles commises par l'occupant ottoman, la pauvreté extrême des populations, les difficultés à trouver des financements -d'ailleurs, la moitié de l'expédition est financée par le grand-duc de Toscane et le succès de l'expédition doit plus à ses membres italiens qu'aux Français-, etc.
Une belle découverte.
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J'ai vu ce livre sur instagram et l'avis lu m'a beaucoup plu. A l'occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion , j'ai sauté l'occasion pour lire ce livre.
L'autrice a choisi de ne raconter que l'unique voyage de Champollion en Egypte.
L'approche de l'autrice est assez intéressante car elle ne cherche qu'à nous raconter le voyage en Egypte avec des réussites comme des déconvenues. La chaleur, l'entente de l'équipe franco-italienne ou encore la maladie ont mises à mal cette première immersion en Egypte. Au final, j'ai trouvé ce livre assez intéressant, bien écrit et à la portée de tous.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Comme une rage qu'il porte en lui face à ceux qui refusent son déchiffrement de la langue et l'antériorité de la civilisation égyptienne sur les textes bibliques, il défend avec toute sa force, sa pugnacité, son orgueil et dans une belle et généreuse dignité, être celui qui a sorti l’Égypte des ténèbres.
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Au IVe siècle, le christianisme, en Égypte, signe l’arrêt de mort de la mère des civilisations. Ses 4 000 ans d’histoire sont anéantis sous le fléau de l’intolérance. L’élimination de cette culture fondamentale entraîne la disparition de sa langue qui se perd et s’éteint avec les derniers prêtres de ­l’Antiquité pharaonique. Plus personne au monde n’est capable de la déchiffrer ni même d’en comprendre le principe.

Lorsqu’il pose le pied à Alexandrie, le 18 août 1828, l’Égypte ignore qu’elle ne sera jamais plus la même. L’homme de trente-sept ans qui débarque de France, possède le pouvoir de faire parler les murs restés muets depuis tant de siècles. Il est le premier. Et s’est préparé toute sa vie à cette révélation.

(INCIPIT)
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Franchissant la vaste enceinte de Karnak, ce « Vatican égyptien », Jean-François entre dans le domaine sacré d’Amon. Il contemple et, au-delà des monuments, il sait que l’éblouissement qu’il ressent à Karnak, Louqsor comme aux Pyramides ou devant le Sphinx, jaillit des vagues d’or du désert qui viennent expirer à leurs pieds en les magnifiant. Ruines plus que jamais magnétiques dans la solitude des temps et de l’espace. Symbole de la force qui se dresse, éternelle et mystérieuse. Belles dans leur mer de sable.

Cette « Thèbes aux cent pylônes est le livre tou­­jours ouvert de cette triomphante histoire », écrira Ernest Renan après sa visite dans « cette bibliothèque sans égale ». Comment décrire Karnak, s’interroge Champollion, face à cette grandeur démesurée qui dépasse l’échelle humaine. Le site lui donne l’impression d’une ville de monuments. Une sensation d’écrasement. Cité bâtie pour les dieux où il rôde avec stupeur. Littéralement écrasé par ce « palais de géants » dont il ne reste qu’une magistrale forêt de pierres où, dans un désordre fantastique, les tambours s’enchevêtrent dans les linteaux, les fragments de piédestaux gisent près des architraves brisées, les chapiteaux escaladent les corniches.
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Pendant quarante-cinq siècles, on n’a jamais fait aussi haut, ni aussi gros. Depuis quarante-cinq siècles, nul n’en a percé le mystère. Ce peuple qui a réussi à ériger des monuments d’éternité est aussi parvenu à ne laisser aucune trace de la manière dont il s’y est pris. C’est un de ses plus grands secrets que, depuis, les hommes s’acharnent à vouloir briser.
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De l’Italie, il aima la « vie de Naples », « la grandeur » de Rome, « la liberté » de Florence. Contrairement au rejet qu’il subit en France, à l’acharnement de l’Institut de France à refuser de l’admettre en son sein, au-delà des Alpes, il est « le symbole des Lumières » face à l’obscurantisme hexagonal. Pourtant, malgré les honneurs, il est demeuré et demeure modeste. S’il a révélé la clé d’un système d’écriture, il lui reste tant à démontrer, tant d’obstacles encore à franchir « dans le grand labyrinthe de l’Écriture sacrée.
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Vidéo de Claudine Le Tourneur d'Ison
Quand la France, en Égypte, sauvait l'héritage des pharaons. le combat d'une femme au secours du patrimoine mondial. Une épopée saisissante. Égypte, 1954. Nasser annonce la construction du haut barrage d'Assouan. Les prestigieux temples d'Abou Simbel vont être à jamais engloutis sous les eaux du Nil. En France, l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt lance aussitôt l'alerte : un patrimoine universel est sur le point de disparaître. Avec un courage et une volonté farouches, elle va dédier plus de vingt ans de sa vie à un combat qui, au départ, semble une pure utopie. Aux côtés d'André Malraux, de René Maheu, directeur général de l'Unesco, et de Saroïte Okacha, ministre égyptien de la Culture, elle ne va cesser de solliciter les Nations unies pour récolter les fonds nécessaires au sauvetage des monuments pharaoniques. Dans cette course contre la montre où se mêlent enjeux diplomatiques et financiers, Christiane Desroches Noblecourt illustre, par sa détermination sans faille, la vocation culturelle de la France. Le récit magistral d'une incroyable aventure pour sauver les trésors de l'humanité.
Journaliste et autrice de nombreux ouvrages, dont des biographies consacrées à de grands égyptologues, Claudine le Tourneur d'Ison a réalisé plusieurs documentaires pour la télévision. Elle a reçu le Prix Diane Potier-Boès de l'Académie française en 2000 pour Mariette Pacha ou le rêve égyptien. Elle est l'autrice, aux Éditions du Cerf, de Champollion. le dernier voyage.
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