Je ne le répéterais jamais assez,
Stefan Grabinski fait partie des plus grands nouvellistes de fantastique, auprès de
Jean Ray,
Lovecraft,
Machen, etc. Méconnu en dehors de Pologne où il a récemment été réédité, cet auteur du début XXe bénéficie d'une belle mise en avant dans le Visage Vert grâce à son traducteur Pierre van Cutsem. Après la publication de deux premières nouvelles dans le numéro 30, nous avons droit ici à "La vengeance des élémentaires" et à "La chambre grise". La première est issue du "Livre du feu", un recueil entièrement consacré à l'une des obsessions de Grabinski; les flammes seraient animées d'une vie propre, en lutte avec l'humanité. Il y organise un combat de dimension biblique entre un sapeur-pompier réputé et les élémentaires. Mais chez un grand auteur, les niveaux de lecture sont toujours multiples, et bientôt, il s'agira aussi de possession et de pyromanie. "La chambre grise" aborde le thème de l'appartement hanté sous un angle très original et convaincant; les traces psychiques que nous laissons dans les pièces que nous habitons. S'ensuit une longue et passionnante analyse de
Michel Meurger sur le thème du feu dans la littérature fantastique.
De ce numéro, on retiendra l'excellent texte "l'arbre mort et la femme guérie" de l'auteur
André de Richaud, doté d'une plume sobre, poétique, délicate. Une plongée mémorable dans le folklore provençal et ses superstitions.
Patrick Mallet évoquera les fantômes du Titanic avec un réalisme glaçant.
On découvrira deux nouvelles d'un auteur chinois contemporain, ironiques et surréalistes, Zhu Yue, la revue n'hésitant pas à explorer d'autres continents.
Enfin, les frères Liau, Nicolas et Florent, démontrent leur maîtrise stylistique au service d'une atmosphère rurale et lugubre, sur les traces de Seignolle.