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EAN : 9782844901453
160 pages
Farrao et léo Scheer (01/01/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
C'est le début d'une rencontre littéraire, en province. Peu de monde. L'animateur est en déroute. Il faut pourtant tenir, deux heures. L'invité en vient à tisser son propos d'anecdotes et d'histoires pour répondre aux questions du public, tantôt irritantes, tantôt stimulantes, toujours abruptes. Surgissent les figures de Stendhal et Kafka aussi bien que de Jimi Hendrix ou d'assassins aux noms spectaculaires, celles encore de Rimbaud et Gauguin, les grands disparus, ... >Voir plus
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Alors, oui, le moment du hiatus, ce serait celui d'une coulée de lumière, celui où la langue qui est matière, qui est la matière même de nos existences ou en tout cas de toutes leurs représentations, où la langue quitte l'état solide de l'information gelée pour retrouver les qualités liquides qui sont les siennes, jusqu'à l'ébullition, peut-être, et s'ouvrir à de nouvelles formes, au mouvement, à la vie. Ou alors, pour le dire autrement, le moment du hiatus, ce serait celui où le monde chante au diapason de la langue et cesse d'être absurde, c'est-à-dire sourd, selon l'étymologie, du latin "surdus", ab-surdité, sourd à ce qui ne s'entendait pas l'instant d'avant et ne s'entendra plus l'instant d'après, mais qui bouillonne justement sous le discours collectif pour tôt ou tard en trouer, en exploser la couche de glace et laisser fuser du verbe en son sein, du verbe liquide comme l'eau de source, liquide comme la connaissance dont elle sourd mais qui ne peut la contenir,(...) liquide comme la vie, oui donnant à entendre ce qui ne s'entend pas mais subitement se laisse ouïr en un éclair, jouir à peine un éclair, insaisissable, mais quel, qui vous laisse abasourdi, pour le coup, terrassé, enfin rendu au monde, à la matière du monde, au sol, à la terre, indécence, ou non des cinq sens en incandescence... Les lettres dansent, déplacent les sons, renversent les significations, forment des figures imprévisibles, animales, sexuées, étranges bien sûr, et tout prend sens, dans un grand paradoxe, puisque ce sens semble ne pouvoir advenir qu'avec l'éclatement, la pulvérisation de l'identité constituée, identité qui le chassera dès son retour, dès le rétablissement des tôles mentales qu'on peut simplement espérer un brin plus écartées, identité qui renverra aussitôt l'éther à "l'oublire", pour citer le si beau néologisme d'Hélène Cixous. D'où la nécessité d'y revenir toujours. Lire, écrire, aimer, jouir (boire).
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Ou plutôt, quand jaillit enfin du réel depuis l'océan de la langue pris dans les glaces, quand fuse le vif-argent du réel dans l'océan de mots qu'on appelle réalité, vif-argent surgissant fugace d'entre les mots, d'entre les sons, quand la parole passe le mur du son dans une déflagration qui vous met à genoux et tout ce qui l'instant d'avant paraissait absurde, insensé, à se cogner la tête contre les miroirs du discours et de l'identité de l'animal parlant que je suis dans le vaste palais des glaces où nous errons tous au quotidien gris des jours, dans un monde quine relève même plus de la scène d'un théâtre, mais très exactement d'un reality-show sur laquelle chacun vit dans la terreur de l'exclusion, que tout ça qui me tue d'être toujours tu s'embrase au feu terrible de la joie.
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L'insu, donc, qui est sans doute la chose que nous partageons le mieux, la chose la plus banale, mais cette banalité est insaisissable dans nos histoires, toutes ces petites histoires sinon médiocres aux accents de paranoïa ordinaire que chacun construit et se raconte au long des jours pour tenir, tenir son rôle, ne pas être éliminé de la partie en cours, sans même parler de celles désormais dont le monde nous abreuve à perte de vue, à tire larigot, à gogo, même, à nous faire tourner gogos, ces histoires préfabriquées, formatées sous les auspices douteux du marketing, des histoires analgésiques sinon placebo (...)océan gelé des représentations stéréotypées sur lequel laisser glisser nos existences au nom du principe de bonheur tranquille.
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La littérature, comme l'érotisme et a fortiori la sexualité, évidemment, la littérature est un hiatus : une solution de continuité dans la trame des jours mortifères, ceux qui dominent l'économie et le lien social, ce lien social qui n'est pourtant que du langage, du langage normatif, certifié, du langage oral enraciné dans du langage écrit, et de toute façon du langage articulé d'abord aux notions d'ordres et de pouvoir, parce qu'il faut bien que ça tourne, comme on dit, dans les familles les bureaux les usines, que ça tourne et de plus en plus vite comme on peut le voir depuis deux siècles.
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Et mieux vaudrait dire notre incapacité d'énonciation, qui nous condamne à rester dans les normes, dans les clous, les clous de la morale chrétienne qui survit dans une lente décomposition à ses idoles, notre incapacité d'énonciation qui nous amène à nous représenter nos vie et le monde en respectant les schémas préétablis, suivez les pointillés, créez votre propre silhouette sociale, on appelle ça un patron, je crois, en couture, alors oui, c'est ça, cette incapacité qui nous désarme, nous condamne à respecter le patron, ne pas mordre, apprendre dociel à en démordre au contraire...
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Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits. Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés. Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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