Vivre fauché mais vivre libre, le sous-titre fait déjà rêver. Voici l'histoire du voyage de Benjamin, Nicola et Raphael (respectivement français, italien et allemand) et leur incroyable aventure humaine. D'abord, une décision, partir, voyager, découvrir. Mais pas n'importe comment, non surtout pas. Ils ont des conditions très spéciales :
1. Voyager sans argent (ils emmèneront en tout et pour tout 30€ pour payer des visas)
2. Laisser l'emprunte carbone la plus faible possible
3. Ne pas amener de téléphone et ne se servir de la technologie que pour tenir leur blog
4. Vivre d'échanges, de dons et de recyclage
Tout un programme n'est-ce pas ? Nous allons les suivre un an en partance de la Haye, Pays-Bas et arriver vers Cancun, Mexique, en passant par le Maroc, les Canaries, le Cap-Vert, le Brésil (entre autres). Un voyage parsemé de belles rencontres mais pas exempt de galères. Nuits passées à la belle étoile, journées sans manger, des heures d'attentes pour repartir plus loin. Mais en échange, wouha. de magnifiques rencontres à ne plus finir, des paysages hors du commun, la découverte de petits lieux connus que par les habitants. Et surtout, une philosophie de vie qui leur collera à la peau, un nouveau mode de vie qu'ils développeront tout au long de leur aventure et qui aujourd'hui encore reste leur raison d'être.
Mais vous me demanderez, avec de telles valeurs, pourquoi commercialiser un livre retraçant leur voyage ? Eh bien pour en faire profiter un maximum de personnes, montrer que c'est POSSIBLE et au final l'argent des ventes sera utilisé pour offrir des livres à ceux qui ne peuvent pas l'acheter.
Alors, qu'attendez-vous ?
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Benjamin, Raphael et Nicola sont jeunes et épris de liberté. Pour donner un sens à leur vie, pour se challenger ou juste pour explorer, ils ont pris le pari de voyager depuis La Haye jusqu'à Mexico sans argent. le but ? Lâcher prise, accepter le monde tel qu'il est, apprendre à recevoir et non pas à exiger.
Un parcours à la fois humble et discutable : est-ce que c'est éthique de voyager aux dépens d'autrui quand on est Européen ? Les trois compères ne se cachent pas qu'ils n'avaient pas réfléchi à la question avant leur départ et qu'ils se sont sentis plusieurs fois très embarrassés quand des personnes plus démunies qu'eux leur viennent en aide. Cette histoire est une véritable leçon de vie.
Vous vous en doutez, ce voyage ne sera pas de tout repos. C'est la misère et l'injustice qu'ils vont côtoyer – car il semble bien que la pauvreté nous encourage à rester dans l'entraide et que la richesse conduit à l'individualisme. Des horreurs, des galères : c'est le monde dans toute sa noirceur et sa lumière qu'ils vont découvrir.
Qu'est-ce que j'aurais aimé vivre ça à 25 ans, moi aussi…
(Remarque, je suis en bonne voie pour le faire à 30^^)
Plusieurs fois pendant ma lecture, je me suis prise à rêver de faire la même chose. Avec une nuance, toutefois : je préférerai prendre de l'argent pour m'acheter à manger, ou rétribuer les gens qui me viennent en aide. Mais partir en stop jusqu'au sud de l'Espagne, puis prendre un ferry jusqu'au Maroc avant de trouver un voilier pour rejoindre les Amériques, dormir à la belle étoile ou chez des inconnus, n'est-ce pas une aventure fabuleuse ?
Qu'est-ce qui me retient, en fin de compte ?
J'ai si bien intégré le discours « tu es une femme, le monde est dangereux pour toi » que je me retiens encore de faire mes expériences de crainte de me faire agresser. C'est idiot : les hommes aussi peuvent se faire agresser.
C'était donc très inspirant. Mais j'ai quelques bémols à apporter : j'aurais voulu avoir plus de sensations, d'impressions, de réflexions sur ce qu'inspire ce voyage. A certaines reprises, j'avais presque l'impression de lire un compte-rendu : tel jour on était là, puis tel autre on arrivait ici, à Bogotá les gens étaient comme ci, etc.
J'exagère un peu, évidemment : bien sûr qu'il y avait de la poésie et des réflexions. Mais moins que ce que j'aurais voulu, donc j'ai eu du mal à me mettre à la place de nos trois étudiants (chez moi, le chemin extérieur est toujours accompagné du chemin intérieur : c'est ce qu'il m'est arrivé quand j'ai décidé de traverser la France à vélo. Mes impressions étaient si fortes, tout m'émerveillais, et je sentais ma pensée en train d'évoluer grâce à ce que je vivais et il m'a manqué ces impressions pour tout à fait m'identifier). le livre se déroule sur un an et n'excède pourtant pas les 300 pages. D'énormes ellipses ponctuent leur aventure, alors que j'aurais voulu ressentir le quotidien dans chaque pays qu'ils traversaient.
Une petite mise en bouche, pour moi.
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J'aurais aimé que ce livre soit bien plus long !!
La magie d'un voyage hors du commun, au fil des rencontres et des paysages. L'auteur ne nous en livre que des bribes, sans nous donner le fond de sa pensée au gré des événements. Pourtant, j'aurais aimé combler les blancs entre les étapes et profiter davantage de ses réflexions.
A lire pour avoir l'impression de voyager mais aussi pour réfléchir à notre façon de vivre dans ce monde et pour partager, le temps d'une lecture, le rêve de ce jeune homme et de son meilleur ami...
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Malgré ses maigres moyens, Mohammed nous offre du thé et des biscuits le lendemain matin. Impossible de refuser, même si nous savons que Mohammed est bien plus pauvre que nous. Je me sens très gêné, j’ai l’impression de commettre une injustice. Mais j’apprends aussi que la nature humaine peut être généreuse, que les gens ont plaisir à donner et qu’il faut savoir recevoir avec humilité.
Notre projet, ce serait d’aller en stop de La Haye au Mexique, sans argent et en laissant derrière nous l’empreinte écologique la plus faible possible ! Nicola n’était pas emballé à l’idée de partir les poches vides.
« Pourquoi sans argent, quel intérêt ? objecta-t-il. C’est un bon outil si on l’utilise bien. Pourquoi s’en priver ?
— Parce que si l’on veut que le voyage soit le plus écologique possible, il faut consommer le moins possible, fut la réponse de Raphael.
Nous faisons connaissance avec les serveurs. Ils dorment sur place, travaillent douze heures par jour, quinze jours d'affilée. Ensuite ils bénéficient de deux jours de repos, avant d'entamer à nouveau quinze jours de travail. Le tout pour 510 réaux par mois, à peine plus de 200 euros.
(Recife, Brésil)
Il est des moments comme ça, où l'on ne contrôle plus rien, où l'on devient aveugle, inconscient, sourd à toutes les précautions ou les messages de raison ...C'est ce qui nous est arrivé ce soir-là, sur la route de Rabat.
La nuit tombe quand nous finissons par arriver chez des amis de Mohammed, où nous sommes fraîchement accueillis. Notre hôte est dépité et gêné. Du coup, nous découvrons qu'en réalité, il n'a pas de chambre et qu'il vit en haut d'un escalier, devant la porte qui mène au toit. Il s'est installé sur des cartons avec ses seules possessions : quelques vêtements et des livres. Notre nuit se passera à ses côtés, sur les larges marches de l'escalier. Malgré ses maigres moyens, Mohammed nous offre du thé et des biscuits le lendemain matin. Impossible de refuser, même si nous savons que Mohammed est bien plus pauvre que nous. Je me sens très gêné, j’ai l’impression de commettre une injustice. Mais j’apprends aussi que la nature humaine peut être généreuse, que les gens ont plaisir à donner et qu’il faut savoir recevoir avec humilité.
(Rabat, Maroc)
Benjamin Lesage présente Corentino, son nouveau roman inspiré d'une histoire vraie.