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Jacques Imbert (Traducteur)
EAN : 9782876787445
108 pages
L'Aube (25/04/2002)
3.92/5   25 notes
Résumé :
Le Paon, c'est Pavline, un ancien serf qui a racheté au prix fort sa liberté. Devenu majordome au service de la propriétaire d'un immeuble divisé en appartements dans le Moscou de la fin du xixe, il fait régner un ordre impeccable. Sa vie est bouleversée quand il adopte puis élève une jeune aristocrate ruinée. Il finira par l'épouser pour qu'elle ne reste pas sans statut. Et surtout, il continuera à la servir et à la vénérer quand peu à peu elle reviendra vers sa cl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lorsque la narratrice, sa mère et sa tante Olga Petrovna louent un appartement dans la maison d'Anna Lvovna, elles sont loin de se douter que cette dernière mène la vie dure aux locataires qui tarderaient à payer le loyer. En effet, la propriétaire a embauché comme domestique le dénommé Pavline Pevounov, qui règne en maître sur la maison. Ce dernier, impeccable dans sa tenue à galons et muni de sa canne à pommeau veille sur les biens de sa maîtresse et ne laisse aucun répit aux mauvais payeurs. Dès lors que l'un des locataires qui loue une chambre ou un appartement de cette grande maison ne paye pas en temps et en heure, les fenêtres sont aussitôt dégondées et mises sous clef quelque soient les températures extérieures. Bien évidemment cette tâche n'incombe pas à Pavline mais à ses sbires. Anna Lvovna est tellement dure en affaire qu'elle ne trouve rien à redire à ce procédé mis en application par son employé zélé. 
Or, par un funeste jour, une aristocrate, locataire, décède en laissant une enfant désormais orpheline. Que va t-il advenir de la petite Liouba âgée de six ans ? Malgré sa sévérité, une humanité se cache sous la carapace de Pavline, aussi décide-t-il de subvenir aux besoins éducatifs de la petite Liouba. L'enfant reçoit une formation, grandit puis avec l'approbation d'Anna Lvovna, mademoiselle Liouba épouse Pavline bien plus âgé qu'elle. Or, la demoiselle n'a ni la sagesse de son époux ni son honnêteté et sa droiture et la voilà qui se laisse entraîner par le sombre Woldemar qui n'est autre que le fils d'Anna Lvovna. Ce dernier n'étant vraiment pas un homme à côtoyer, Liouba court à sa perte.

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Quelle belle découverte que cet auteur russe dont Tolstoï dit de lui : "Le temps de Leskov n'est pas encore venu, Leskov est un écrivain de l'avenir".
J'ai beaucoup aimé cette lecture, son imparfait du subjonctif (oui je l'aime), ses personnages, le vernis qui craquelle, l'abnégation par amour. On retrouve ici des thèmes récurrents de la littérature russe à savoir l'amour, l'exil, la religion, la rudesse de certains coeurs ou de certaines situations et les petits mots prononcés en français par les russes, de ci de là au cours du récit.
Ce court roman publié en 1874 s'inscrit dans le cycle des Justes où, le précise Jacques Imbert (traducteur du roman), l'écrivain met en lumière des personnages, souvent simples et frustres, qui font preuve d'une authentique grandeur d'âme envers les victimes de l'étroitesse et de l'égoïsme, fruits de la dépravation des moeurs dans laquelle se vautre la société russe au milieu du XIXème siècle.
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Pavline Petrovitch, ancien serf, a acheté sa liberté et est entré au service d'une propriétaire d'un immeuble moscovite, Anna Lvovna, comme majordome. Il assume son rôle avec une rigueur psychorigide, jusqu'à faire retirer les fenêtres des locataires mauvais payeurs puis mettre ces derniers à la porte sans autre sommation s'ils ne s'acquittent pas rapidement de leur loyer. Sa vie va basculer le jour où une famille de la noblesse appauvrie emménage dans un des appartements. Trois femmes la composent : une grand-mère, une mère et une fillette. Les deux femmes finissent par mourir, laissant la petite, Liouba, orpheline. Pavline propose de la prendre à sa charge.
La structuration de ce court récit n'a pas été sans me rappeler Stephan Zweig et 24 heures de la vie d'une femme (1927). Tout comme Zweig, Leskov utilise ici un personnage secondaire pour raconter l'histoire de Pavline à un groupe d'inconnus. le récit est centré sur sa vie et celle de Liouba, sans fioritures, sans aucune description de l'environnement. Les évènements, rien que les évènements, de manière factuelle et un brin psychologique.
J'ai été étonnée par la richesse de ce court récit. La séparation des classes en est un élément essentiel. Pavline Petrovitch est issu de la servitude, puis devient majordome, « suisse » comme se plait à le nommer Anna Lvovna. Toute sa vie, il conservera cette étiquette gravée sur son front. Elle lui dictera son humilité, justifiera le piédestal sur lequel il place Liouba, expliquera son refus de se déclarer lorsqu'il tombe amoureux de sa pupille. Anna Lvovna et Liouba le lui rendront bien, d'ailleurs, l'une en se servant de lui dans ses desseins personnels, l'autre en le méprisant pour ce qu'il accepte d'être.
Subtilement, un autre sujet d'importance vient se rajouter au récit : la religion. Toute la vie de Pavline est dictée par des préceptes religieux. Ce n'est pas perceptible au début, tant le zèle du serviteur prime sur sa nature propre. Mais plus il se libère de la servitude de vassal pour tomber dans la maritale, plus ses actes sont charitables. Une charité de la plus belle eau, faite de dévouements et de sacrifices. Pavline reste dans l'ombre, mais de cette ombre il agit et transfigure ceux qui lui sont liés par le destin.
Je découvre Nikolaï Leskov avec le paon. D'après ma recherche bibliographique, le clergé semble être un élément important de son univers littéraire. Dans certaines de ses oeuvres, il en dénonce le vide et l‘absence de charité. Ici, c'est la débauche qui est dénoncée au contraire et la religion est vue comme l'unique moyen de rédemption.
Intéressant petit ouvrage qui renoue mon intérêt pour la littérature russe.
Lien : https://akarinthi.com/
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M. Hofmann nous dit dans Histoire de la littérature russe que Leskov est à peine un populiste et que cela explique son peu de succès de son vivant et même assez longtemps après sa mort (1895), il avait alors 65 ans. Ecrivain de très grand talent, il a été réhabilité depuis et le doit à Réminof ..
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LE PAON de NIKOLAÏ LESKOV
Découverte pour moi de cet écrivain contemporain de Tolstoï il a beaucoup écrit sur les questions sociales. Une belle plume une triste et magnifique histoire si vous êtes intéressé par la littérature russe lisez ce très beau récit.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Bon alors Leskov, Nikolaï Sémionovitch Leskov (1831-1895) était un contemporain de Tolstoï. Il se fait connaître par des romans dans les années 60, dont la teneur politique certaine ne lui vaudra pas de soutien de la presse malgré la faveur de l'opinion. Dans les années 80, compte tenu de son engouement pour la littérature de Tolstoï depuis toujours, il épouse les thèses tolstoïennes au plan moral et religieux sans pour autant être qualifié de tolstïen, Leskov cultive sa différence. La première rencontre entre les deux écrivains a lieu à Moscou en 1887, et une correspondance va naître de là (de 1887 à 1894). Une crise d'asthme dont il souffrait depuis plusieurs années l'emportera, il avait 64 ans.

Voici une lettre de Tolstoï datée du 3 décembre 1890 qui éclaire leurs rapports d'alors :
"J'ai bien reçu votre dernière lettre, cher Nikolaï Sémionovitch, et le numéro de la Revue avec votre nouvelle. J'ai commencé à lire, séduit par le ton et l'extraordinaire ma^trise de la langue, mais .. j'ai retrouvé votre pêché mignon, dont il semble si facile de se défaire et qui est en lui-même plus une qualité qu'un défaut : l'exubérance d'images, de couleurs, d'expressions pittoresques, qui vous étourdit et vous entraîne trop loin. Du superflu, du démesuré en pagaïe, mais la verve et le ton sont étonnants. L'histoire est quand même très bonne, dommage que cette surabondance de talent l'empêche d'être encore meilleure.
Votre intention de venir avec Goltseev, à quelque moment que ce soit ne peut que nous combler de joie.
Gué était ici quand votre dernière lettre est arrivée, et nous avons ri ensemble de votre description. Mais, plaisanterie mise à part, l'affaire est très intéressante et tout à fait significative. Nous en parlerons à notre prochaine rencontre."
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Liouba était tout feu tout flamme : pour la première fois on lui disait que les hommes la regardaient, et qui plus est, ces mots sortaient de la bouche d'un femme aussi sérieuse que la générale, qui attirait la jeune fille comme le soleil l'héliotrope. Il lui était agréable qu'Anna Lvovna la défendit ainsi. Dans un transport nerveux elle jeta son ouvrage, se précipita contre la poitrine de la générale et sanglota.
"Aidez-moi, balbutiait-elle, je vous obéirai en tout".
Anna Lvovna lui rendit ses caresses, continua de l'instruire et de la décider, et conclut en ces termes :
" Je n'ai qu'une crainte : peut-être Pavline te paraît-il en effet un peu vieux ?"
Liouba garda le silence.
" Peut-être veux-tu à tout prix un mari jeune ?
-Ah ! Je ne dis pas ça, l'interrompis Liouba.
- Eh bien, si tu ne le dis pas, c'est parfait. Alors que Dieu t'accorde le bonheur.
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Il y a de ça une vingtaine d'années, quand j'étais élève dans un lycée de Saint-Pétersbourg, j'habitais avec ma défunte mère et ma seour Olga Pétrovna, ma tante donc, dans la maison de mon autre tante - du côté paternel-, une femme riche. Elle n'est plus de ce monde, mais je ne donnerai pas son vrai nom. Nous l'appellerons Anna Lvovna. Sa maison, qui est toujours là, était à l'époque une construction imposante dans notre rue, mais aujourd'hui c'est une des moins grandes. D'énormes et récentes bâtisses l'ont étouffée et on ne la remarque plus comme jadis.

J'ai commencé mon récit non pas par les gens, mais par la maison ; Je dois donc être conséquent et vous dire quelle maison c'était. Eh bien, c'était une maison horrible, horrible sous de nombreux rapports. En pierre, à trois étages et trois cours qui communiquaient entre elles, de tous les côtés .."
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"Comment les gens s'épousent-ils parfois ? De fins observateurs prétendent que l'insouciance humaine ne se manifeste nulle part autant que dans le mariage. Les hommes les plus sages, dit-on, achètent leurs bottes avec plus de soin qu'ils n'en mettent à prendre compagne pour la vie. En vérité, il n'est pas rare que ce choix obéisse simplement au hasard le plus aveugle et le plus narquois. Ce fut le cas pour Pavline et Liouba.."

Parfois oui, on dit bien mariés, mal mariés. Mal mariés, je présume que ça se voit, ou ferait-on des confidences qui amènent à le penser ; mais bien mariés comment ça se voit, qu'en sait-on ?
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Comment les gens s'épousent-ils parfois ? De fins observateurs prétendent que l'insouciance humaine ne se manifeste nulle part autant que dans le mariage. Les hommes les plus sages, dit-on, achètent leurs bottes avec plus de soin qu'ils n'en mettent à prendre compagne pour la vie. En vérité, il n'est pas rare que ce choix obéisse au hasard le plus aveugle et le plus narquois.
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