La Terroriste

Le titre ne me séduisait guère mais le commentaire de l'éditeur "un roman puissant et mouvementé au comique volontiers grinçant" a balayé mes hésitations. En fait, dès les premières pages, c'est surtout de la colère que j'ai ressentie contre ces petits révolutionnaires minables regroupés dans une communauté, un micro-parti politique, le Centre de l'Union Communiste, qui penche vers l'IRA. Ils squattent une villa promise à la démolition, ils rêvent de détruire le système en place, "un impérialisme fasciste", ils n'ont que haine et mépris pour les autres citoyens mais ils n'oublient pas, chaque mois, d'encaisser leurs allocations sociales versées par ce même gouvernement tant haï!
Les différentes péripéties de ce groupe de paumés ne m'ont fait nullement sourire, bien au contraire, (j'ai cherché en vain le côté comique...). La complexité d'Alice me déroute : elle est intelligente et sensible, pourtant elle s'accroche à un misérable Jasper, égoïste, fanfaron, loin des réalités, elle dépense une énergie folle pour rendre confortable un logis voué à la destruction et faire de leur squatt un foyer à caractère bourgeois (électricité, gaz, toilettes, eau chaude, tapis et rideaux!), elle n'hésite pas à quémander l'aide de ses parents quitte à les voler, tout en déversant sur eux son trop plein de haine!
Ce roman traverse le temps et l'espace : hier comme aujourd'hui ou demain, ici ou ailleurs, à Paris rue des Rosiers, dans une gare à Madrid, dans les rues de Belfast, dans un métro à Londres, dans un bus en Israël, dans un marché de Bagdad, de Kaboul, du Caire ou d'Alger, sur les trottoirs de Karachi ou de Bombay, sur les tours de Manhattan, au nom d'un dieu, d'un homme ou d'une Cause Sacrée, des fanatiques font exploser des bombes...
J'ai refermé ce livre, une chose est certaine, je ne le relirai pas!

Après avoir lu le Carnet d'or du même auteure ou l'action et la qualité littéraire faisait corps, je dois dire que dans ce cas la faiblesse du lien entre ces deux aspects rend une critique plus difficile à articuler.
Je prends donc le parti de départager ces deux aspects. Premièrement, si je m'en tiens style, je suis un peu déçu par les répétitions de caractères ou de descriptions physiques des personnages et des lieux. Aussi, nous devons faire avec une ponctuation plutôt singulière et difficile à appréhender. Deuxièmement, pour ce qui est du contenu politique et social nous devons là aussi nous contenter d'analyses schématiques qui, si elles ont la qualité de bien rendre le peu de formation et d'expériences des personnages, nous amène à porter nous même des jugements caricaturaux sur la politique et les activistes de cette époques qui, il faut cependant l'admettre, vivaient un passage à vide de la vie militante de gauche.
Un livre à lire tout de même pour partager ne serait-ce qu'un page de la vie presque quotidienne des jeunes protestataires de l'après Stalinisme.

Doris Lessing retrace la dérive suicidaire d'un groupe d'apprentis révolutionnaires. Alice, l'héroïne, est bonne, dévouée mais faible et immature. Elle vit avec un personnage aux idées fumeuses, aux projets dérisoires. Ils squattent une maison abandonnée, s'assemblent avec des chômeurs, des paumés. Les révolutionnaires de métier les repoussent. C'est dans l'incohérence qu'ils préparent des attentats. Livre très vivant qui bouleverse et explique un monde de violence imbécile et de folie.