AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 764 notes
Décidément, on ne peut que déconseiller les séjours touristiques vers Arkham. J'en suis le premier désolé mais il s'agit d'une mesure de salubrité publique qu'il convient de prendre même si les autorités en place s'en contrefichent, comme à leur habitude.
Avec toujours la même obsession, la même hantise de ces "choses" venues d'ailleurs, HP Lovecraft concocta ce terrifiant et morbide récit où toute notion de sécurité s'effrite !
Ce pauvre Nahum vit un calvaire qui fera passer Job pour un chanceux.
Après avoir lu "La couleur tombée du ciel" vous direz avec moi : fontaine, je ne boirai pas de ton eau !
Commenter  J’apprécie          160
Diaboliquement efficace, convoquant tous les sens, nous revoyant à nos peurs...
Je découvre Lovecraft avec ce texte et découvre un écrivain audacieux et percutant. Ambiances nocturnes, phénomènes surnaturels, destruction ou mutation de la nature et folie humaine.
Du grand art.
Commenter  J’apprécie          150
Que dire de ce recueil contenant 4 nouvelles rédigée par Lovecraft dont 3 parmi les plus connues.
Avant tout sachez que j'écris cette critique sommaire en seconde lecture de ce livre.
Ma première lecture m'avait laissé avec un sentiment d'émerveillement face au style inimitable de l'auteur et son écriture si évocatrice. Chacune des nouvelles ici présentes possède sa propre force et fait naître des émotions si intenses., qu'il m'était difficile de stopper ma lecture. À un point tel que j'avais enchaîné la lecture des 4 recueils publiés par Folio SF dans le même format. À l'époque ma préférence allait à la première nouvelle, qui donne son nom au recueil, et aujourd'hui c'est encore le cas. Elle m'avait le plus marqué, à la fois par l'histoire qu'elle proposait, son déroulement mais également sa brièveté qui en faisait sa force principal. La progression du scénario prouve une maîtrise incroyable de Lovecraft à rédiger une histoire qui va toujours crescendo, réservant des moments plus "calmes" pour mieux mettre en valeur les scènes de révélations, et leur donnant ainsi toute leur intensité. Intensité dans les émotions qu'elles provoquent, autant par leur nature que par ce qu'elle suscite. Car Lovecraft ne se contente par de décrire, il suggère et évoque avec une force et un talent incomparable. Et cette capacité est ici beaucoup plus prégnante, selon mon avis. Je retrouve cela, mais de manière moins évidente dans les deux nouvelles "l'abomination de Dunwich" et " le cauchemar d'Innsmouth". la troisième nouvelle, "celui qui chuchotait dans les ténèbres" , est pour moi d'un niveau en dessous. L'histoire est construite en deux parties parfaitement distinctes. La première aurait suffit amplement et aurait pû terminer cette nouvelle, la second est beaucoup plus dispensable car elle n'en suscite pas autant d'intérêt et ne trouve, à mes yeux, pas de justification. La tension entre les deux parties redescend très clairement après que Lovecraft ait construit toute la première partie selon son mode d'écriture habituelle basée sur une montée crescendo des événements incroyables auxquels sont confrontés le personnage principal, événements qui vont naturellement susciter des sentiments extrêmes d'horreur et de terreur, et ce, jusqu'à la conclusion époustouflante. La seconde partie poursuit l'histoire sur un autre registre mais l'intérêt a disparu et ne reviendra pas au même niveau. de fait, celle ci est pratiquement superflu au regard de la première partie qui se suffit largement à elle même dans le plus pur esprit de Lovecraft.
Berf un excellent recueil malgré quelques longueurs parfois dommageables, et qui peuvent repousser les moins fans parmi les lecteurs/trices.
Commenter  J’apprécie          140
Quand ma boss me demande ......


Si je peux passer plus de temps sur l'autre site qui me fait plus de route en voiture (une heure au lieu d'une demi heure). Je regarde mon Tardis (comprenez mon smartphone hein) et les livres audio à l'intérieur (parce que c'est plus grand à l'intérieur) et là je vois....... Un petit Lovecraft qui m'attend. Quatre à cinq heures d'écoute. Vous pensez bien que j'ai dit oui, carrément, je te fais la semaine si tu veux. Et en plus il pleuvait, il faisait gris et quand je rentrais, il faisait noir. Si ça, ça ne vous met pas en condition pour une lecture du grand Lovecraft !


Et celui là, j'avoue que je ne le connaissais pas encore. C'est une espèce de truc qui était tombée du ciel, une météorite, je pense bien. Et depuis cela, les gens autours tombent malade, la végétation change, les animaux aussi. Et un ingénieur va pour enquêter pour faire un barrage hydraulique dans le coin. Il en ressort forcément pas très net et on se dit qu'on s'approche du contexte d'habitude avec HPL.


Et donc, mes trajets en voiture.

Rha pinaise. Ca c'était un grand écrivain du fantastique, un fantastique novelliste. Je pourrai vouer un culte à ce mec, surtout après la Maison de la Sorcière ou même les Montagnes Hallucinées. C'est un univers complètement à part et on sent bien que HPL, même si on n'est pas toujours d'accord avec ses idées et sa vie, et bien il écrivait avec ses tripes et surtout il écrivait juste pour raconter des histoires. Pas spécialement pour vendre. Et cela se sent.

Du début à la fin, cela n'a pas pris une ride, l'auteur vous emmène dans les tréfonds de la peur. Et ce n'est pas pour rien que ses nouvelles sont régulièrement reprises dans des séries b, dans des épisodes de la 4 eme dimension (pour citer la maison de la sorcière). On pourrait faire une série juste avec ses écrits (j'imagine bien avec Air Froid aussi tiens). Bref, si vous avez envie de frissonner juste pour la soirée, de sursauter, de laisser aller la magie, que ce soit en écrit ou en audio, La couleur tombée du ciel vous fera de l'effet. Je le jure sur le Nécromicon ^^
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          134
Lovecraft peut être considéré comme l'héritier d'Edgar Poe, y compris dans sa sombre condition humaine. Il existe cependant une nuance de taille, les récits de Poe sont en définitive aimables, distrayants, rassurants. le monde de Lovecraft est d'un noir absolu, le lecteur est irrésistiblement entrainé dans un monde d'épouvante où à l'issue du récit ne subsiste qu'une solitude sans espoir.
La couleur tombée du ciel est de mon point de vue sinon le chef d'oeuvre, au moins une des oeuvres majeures de Lovecraft. Il groupe quatre récits, « la couleur tombée du ciel », « l'abomination de Dunwich », « le cauchemar d'Innsmouth », « celui qui chuchotait dans les ténèbres ».
S'il faut n'avoir lu qu'une création de Lovecraft alors à mon sens il faut lire « la couleur tombée du ciel » l'homme, impuissant est confrontée à une terreur qui le dévore petit à petit ainsi que toute forme de vie. Non il ne s'agit pas d'aliens 7.3 aux dents acérées qui gambadent en semant la panique en attendant qu'un super héros matte le fauve.
Ce sont des démons invisibles venus du ciel, de la mer, surgis des profondeurs abyssales et qui peuplaient la terre bien avant l'homme. Des cultes abominables leur sont rendus dans des régions sauvages et retirés par des hommes qui sont devenus leurs servants et esclaves.
La signature de ces récits est le style envoutant de Lovecraft.
Certains pourront s'offusquer de cette perception paranoïaque de l'étranger présenté fatalement sous un visage répugnant et hideux. Lovecraft serait raciste voire nazillon.
Il s'agit pour le moins d'un raccourci à nuancer dans le contexte d'une oeuvre littéraire. Ne pourrait on pas incriminer dans le même esprit tant d'oeuvres comme Tolkien et son seigneur des anneaux, Flaubert dans Salammbô etc etc..
Oui la vision de l'univers de Lovecraft est noire, dans ses pensées Pascal lui même n'exprimait-il pas son effroi de l'homme écrasé par l'infini ?
Commenter  J’apprécie          120
Parmi la profusion de nouvelles liées aux Mythes de Cthulhu, celle qui m'aura sans doute le plus marquée est celle-ci : La Couleur Tombée du Ciel. Une vingtaine de pages (selon l'édition) où l'horreur absolue va crescendo.

Howard Phillips Lovecraft, auteur paranoïaque et misanthrope de la première moitié du XXème siècle fut, au même titre qu'Allan Edgar Poe et Ambrose Bierce (moins connu) un écrivain qui donna ses lettres de noblesse à la littérature fantastique. Fondateur des Mythes de Cthulhu, qui influencent encore aujourd'hui la culture dans ses multiples domaines, il imagine un univers où notre monde (réel) fut dominé, dans des temps antédiluviens, par des forces obscures et puissantes repoussées depuis dans les tréfonds de la galaxie, mais qui cherchent à rétablir leur ancienne domination sur l'humanité. Les hommes confrontés à ces horreurs cosmiques n'ont d'autre refuge que de plonger dans la folie. La Couleur Tombée du Ciel est une pièce de ce cycle infernal.

En visite dans la région d'Arkham, Nouvelle-Angleterre, afin d'étudier un projet de réservoir, un jeune architecte apprend l'existence d'une légende qui court à propos d'étranges évènements qui se seraient produits quelques années auparavant dans un lieu nommé la Lande Foudroyée. Dans un premier temps sceptique quant à ces racontars, il prend peu à peu conscience que la désolation du lieu (paysage grisâtre, végétation qui a la consistance de la cendre) n'est pas d'origine naturelle. Il découvre alors que la chute d'une étrange météorite dans le champ d'un fermier du nom de Nahum Gardner fut le déclenchement d'une horreur sans nom.

On découvre le récit de la bouche de Ammi Pierce, voisin et ami de la famille Gardner, témoin direct des évènements qui se sont produits à l'époque. de la chute du météore qui laisse les scientifiques sans réponse, et ses conséquences qui décimeront la famille de fermiers. La couleur (indéfinissable, hors du spectre connu) s'échappe de l'objet céleste, s'infiltre dans les sols, contaminant tout d'abord cultures et végétaux, modifiant leur consistance et leur apparence. Puis, comme cherchant à étendre son emprise et son territoire, la couleur s'acharne sur les animaux, avant de s'immiscer petit à petit dans les êtres humains, plongeant ceux-ci dans une inaltérable folie.

Fidèle au schéma lovecraftien, l'histoire nous entraîne dans un déchaînement d'horreur où tout est suggéré plus que montré. En effet, aucune scène "gore" ne parsème le récit, l'horreur est au-delà ; Lovecraft travaille la matière, notre esprit fait le reste. L'angoisse monte d'un cran à chaque page, on redoute la nuit qui tombe, instant choisi par la couleur pour montrer sa maléfique présence et perpétuer ses obscurs méfaits. L'angoisse attend son apogée dans la scène finale, dantesque effusion d'horreur dont on sait que personne n'en ressortira indemne.
« Quand ils se retournèrent enfin pour regarder la vallée, ils virent un spectacle terrifiant La ferme tout entière baignait dans cette hideuse couleur indéfinissable. »

Bien qu'écrite en 1927, cette nouvelle n'a pas perdu un iota de sa puissance. On a vu depuis l'apparition de nouvelles maladies ou des catastrophes naturelles décimer des populations entières. On a vécu Tchernobyl, ou plus récemment Fukushima. On a grandi en visionnant multiples films d'horreur qui nous ont fait froid dans le dos… et pourtant. Pourtant, La Couleur Tombée du Ciel est encore une de ces histoire qui a le pouvoir de nous faire frissonner même en plein jour.
Peut-être parce que rétrospectivement, la couleur nous évoque-t-elle, dans un climat de pollution écologique très actuel, ce fléau invisible et incontrôlable qui nous menace tous ?
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
Commenter  J’apprécie          110
Le narrateur est une homme sain d'esprit, les deux pieds bien sur terre. J'insiste: quelqu'un digne de confiance, un véritable cartésien. Alors lorsqu'il vous dit qu'il a démissionné de ses fonctions dans l'entreprise chargée de construire un barrage parce qu'il a eu peur - une peur cosmique -, vous comprenez que les raisons qu'il va vous donner sont sérieuses et bien fondées...

D'abord, il y a les rumeurs: des colons qui refusent de rester dans une vallée trop sombre, des histoires de sorcelleries anciennes, des habitants parlant par ellipse des jours étranges. Ensuite, les faits: une forêt trop dense, une clairière aride appelée lande foudroyée, une poussière sèche et grise, les ruines d'une maison en bord de cette clairière. Et surtout un témoin, le seul survivant des jours étranges. Il s'agit d'Ammi, un fermier austère sans imagination. Sans imagination? Oui, sans imagination. Heureusement pour lui...

Il y a quelques années un météorite est tombé sur la lande. Un météorite mou - en plastique? Un météorite chaud, d'une matière corrosive, d'une couleur dont le spectre n'a rien ni de terrestre, ni de stellaire, d'une couleur indicible, fondamentalement désagréable. Puis, le météorite a fondu - ou s'est-il plutôt sublimé? Les mots manquent pour décrire sa disparition progressive. Mais c'est ensuite que les choses ont pris une tournure vraiment bizarre... Enfin Ammi lui-même n'a pas eu le courage d'observer jusqu'au bout. le narrateur n'a de toutes façons pas voulu en savoir plus...

Howard Phillips Lovecraft signe un récit captivant où le surréel s'infiltre par petites touches, où la poésie et le non-dit jouent le rôle principal.
Commenter  J’apprécie          90
Ma première rencontre avec Lovecraft commence avec un recueil de nouvelles publié chez Denoël : La Couleur tombée du ciel. J'étais un peu intrigué par la couverture – visible ci-dessous – et la quatrième de couverture qui promettait une intrigue bizarre et un temps de lecture singulier. Depuis, je me suis acheté en double voire en triple l'intégrale de Lovecraft, parce que j'étais trop débile pour voir que plusieurs maisons (notamment J'ai Lu et Gallimard) ont eu l'idée d'éditer l'intégrale des nouvelles. Bon, heureusement on m'en a volé une (oui, vous avez en face de vous un mec qui aime se faire voler des livres). J'ai également acheté la biographie mal finie parue en 2019 chez ActuSF (la première édition est bourrée de fautes d'orthographe, des phrases qui ne veulent rien dire et des fautes de frappe en veux-tu en voilà. La maison s'est plantée en beauté, sur ce coup-là). Et j'ai également le livre de Houellebecque sur Lovecraft, le Guide paru chez ActuSF, un Necronomicon, un jeu de rôle paru aux éditions 404, etc. Et pourtant ! Je ne suis pas un fan hardcore de l'auteur américain qui est, finalement, assez mal connu. On ne retient de lui que l'aspect horrifique de son oeuvre, avec les Grands Anciens, les Profonds, les shoggoths, etc. Mais Lovecraft est plus que ça, et je vous invite à aller voir les vidéos de François Bon sur YouTube pour vous faire une idée de qui était le loustic. François Bon, pionnier de l'édition numérique en France (il a fondé publie.net), auteur et traducteur de Lovecraft aux éditions du Point.
Mais revenons au début. Comme beaucoup de lecteurs et de lectrices, j'ai rencontré Lovecraft durant l'adolescence, plus exactement au lycée. La rencontre était fortuite parce je cherchais quelque chose à lire dans la bibliothèque de mon père, bouffeur de SF. Et c'est donc là qu'était caché La Couleur du Ciel. J'attache à ce recueil une dimension toute particulière. Et si vous ne connaissez pas Lovecraft mais que vous désirez le connaître, je dirais que ce recueil est à peu près la meilleure porte d'entrée.
La Couleur tombée du ciel ouvre le bal. La nouvelle éponyme met en scène un jeune architecte originaire de Boston venu à Arkham pour étudier un projet de réservoir, pas loin de la ville. En discutant avec les locaux, il apprend une histoire assez dingue sur un endroit appelé la Lande Foudroyée, théâtre de phénomènes étranges que l'esprit humain ne saurait véritablement comprendre. Il s'agit là d'une des nouvelles les plus accessibles et les plus géniales de Lovecraft. Ce dernier, refusant de donner à un quelconque extraterrestre – car il s'agit bien d'une histoire avec un extraterrestre – une forme vaguement humanoïde, décide qu'une « couleur » pourrait tout à fait être considérée comme étant de la vie venue de l'espace. Entendons-nous bien : la couleur en question est indéfinissable, et c'est ce qui rend la chose franchement malsaine. Lovecraft ne nous a pas pondu une nouvelle dans laquelle un pot de peinture bleue tout droit sorti de Monsieur Bricolage fait du mal à une famille de fermiers. L'intérêt de la nouvelle réside en ce fait que l'auteur est en équilibre entre récit folklorique (du même acabit que le vieux qui voit des soucoupes volantes enlever ses vaches, vous voyez), polar et récit d'horreur. Personnellement, le coup de la mère enfermée dans la mansarde, qui devient de plus en plus folle et que l'on devine se métamorphoser en quelque chose d'horrible me terrifie.
Stephen King, dans son Anatomie de l'horreur, pour expliquer les différents états de l'horreur, utilise une métaphore bien particulière : le plan sur la porte de la chambre de la jeune fille possédée dans l'Exorciste. Quand elle est fermée, on parle de terreur (comme Edgar Allan Poe), parce qu'on ne voit rien mais on devine que ce qu'il y a derrière n'est pas Oui-Oui et Petit Ours Brun en train de pique-niquer. Quand elle est grande ouverte, on parle d'épouvante (comme les films d'horreur old school), parce qu'on voit clairement le monstre et sa vision nous effraie, réveillant en nous les instincts de survie les plus enfouis. Lovecraft est entre les deux : la porte est entrouverte, on ne voit pas grand chose, mais le peu qu'on voit suffit à nous donner des cauchemars pour le restant de notre vie. Et la Couleur tombée du ciel est assez bien représentative de cette métaphore de la porte entrouverte.

L'abomination de Dunwich est l'une des plus connues de l'auteur et celle que j'apprécie le moins. Dans une ferme du Massachusetts, une femme donne naissance à un drôle de bonhomme, Wilbur. Celui grandit beaucoup plus vite que la normale, apprenant à marcher et à parler très rapidement (allusion de Lovecraft quant à sa propre précocité ?). La famille achète régulièrement du bétail qui n'en finit pas d'être la proie de phénomènes bizarres, de maladies, et Wilbur et son grand-père font des travaux qu'un témoin extérieur jugerait inutile et bizarre. le grand-père lui confit tout ce qu'il sait avant de mourir. Wilbur et sa mère continuent de vivre dans la ferme familiale. Mais Wilbur est physiquement très bizarre, très grand, monstrueux. L'entourage de la ferme fait face à des cas de disparition et de mutilations de bétail, et quelques disparitions d'enfants. Tout accuse Wilbur, surtout quand sa propre mère disparaît à son tour alors qu'elle a tenté de trouver de l'aide dans le village d'à côté. le garçon -ou le monstre, hein – se rend à l'université du Miskatonic pour y compulser le Necronomicon, un ouvrage interdit pour son contenu impie.
J'oserais parler ici de science-fantasy, un genre littéraire que je ne maîtrise pas du tout, donc excusez-moi si je blasphème, d'autant que je n'aime pas ce terme, relativement oxymorique. le thème de la sorcellerie, du savoir impie, est quelque chose d'assez récurrent dans les nouvelles les plus connues de Lovecraft. Celle-ci est assez appréciée, sauf par moi, alors que j'ai adoré l'Affaire Charles Dexter Ward, qui s'inscrit dans un même registre. Quand je veux relire le recueil de la Couleur tombée du ciel, juste pour le plaisir, je saute volontiers cette nouvelle que je défends donc pas, même pour la seule couleur de vos beaux yeux.

Celui qui chuchotait dans les ténèbres est l'échange passionné d'un professeur d'université féru de folklores et d'un habitant du Vermont. L'Etat américain a connu des inondations importantes au début du siècle, et les torrents ont apporté avec eux des créatures venues d'ailleurs. le professeur n'y croit pas trop, il est amusé par ce qu'il croit être des histoires d'individus arriérés. Mais quand un homme du Vermont, cultivé, intelligent, lui parle de ça, le professeur se met à douter, puis à croire, à d'indicibles choses.
Je ne suis pas non plus fan de cette nouvelle que je trouve oubliable, quoique tout aussi horrible que la Couleur tombée du ciel et le Cauchemar d'Innsmouth.

Le cauchemar d'Innsmouth est ma nouvelle préférée. Elle est l'une de celles qui me met le plus mal à l'aise et j'ai bien peur, cher lecteur, chère lectrice, que mon jugement ne soit pas objectif. On suit un jeune homme qui, à sa majorité, décide de parcourir la Nouvelle-Angleterre à la recherche de ses origines, tout féru de généalogie soit-il. du fait d'un argent de poche relativement peu élevé, il cherche des combines pour continuer sa route. C'est ainsi qu'à Newburyport il prend connaissance d'une ligne de bus qui pourrait l'emmener à destination, mais elle passe par Innsmouth, un patelin que tout le monde semble éviter, mais bon. Une fois sur place le narrateur comprend qu'il y a quelque chose de pas normal, par ici : les gens ont des faciès bizarres qui n'est pas sans rappeler celui des poissons, certaines maisons sont abandonnées et l'herbe de leurs cours est grise et cassante, il y a cette drôle d'église de l'Ordre Esotérique de Dagon pas très loin, l'Ordre vouant un culte impie, etc. Il arrive à parler à deux personnes normales, qui lui racontent l'histoire de la ville, liée à celle d'un ancien capitaine qui a ramené un culte étrange à son retour de Polynésie. le jeune homme continue de mener son enquête et finit par découvrir l'horreur à l'état brut.
Quand on parle de Lovecraft, on parle souvent d'horreur, et plus exactement d'horreur cosmique. Mais les fonds marins sont aussi le lieu de cauchemars indicibles. Après tout le personnage lovecraftien le plus connu, Cthulhu, est retenu prisonnier dans une cité engloutie. Mais d'une manière générale, l'eau, au même titre que les rêves, a chez Lovecraft un rôle prépondérant. le bizarre arrive très vite dans cette nouvelle que je trouve la plus effrayante du recueil, et ça vient de manière progressive : les bijoux aux motifs étranges dans le musée de Newburyport, la forme humanoïde entraperçue dans l'encadrement de la porte de l'église de l'Ordre Esotérique de Dagon, la nuit passée à Innsmouth étant le paroxysme de l'horreur. Non vraiment… Si par hasard vous visitez une ville en bord de mer, que vous constatez que l'architecture est vieillote, que les gens sont bizarres : fuyez pauvres fous, vous pourriez bien vous retrouver nez à nez avec les Profonds.

Le recueil est une porte d'entrée assez facile pour qui voudrait s'initier à Lovecraft, je l'ai dit. Il n'en demeure pas moins inégal, et de ces quatre, deux sont vraiment majeures, soient la première et la dernière. La première est d'ailleurs adaptée pour le grand écran, et la dernière inspire pas mal de développeurs de jeux vidéo, de réalisateurs de métrages, etc. Lovecraft est à la fin de sa vie quand il les signe et l'écriture est arrivée à maturité. Elle peut déstabiliser par son style archaïque, l'auteur étant très grand amateur du XVIIIème siècle et tout particulièrement de sa littérature et de sa linguistique. Les horreurs décrites peuvent sembler ringardes, d'autant plus dans la façon dont elles nous sont présentées : l'auteur appuie beaucoup, voire un peu trop, sur l'aspect effrayant. Ah mais, je n'ai pas dit que Lovecraft était un écrivain parfait, au contraire ! Pour finir, ces quatre nouvelles rassemblent à peu près les grandes thématiques de l'auteur : des personnages principaux intellectuels, scientifiques, journalistes, rationnels voire rationalistes, confrontés à des choses qui les dépassent. Lovecraft a vécu à une époque où les explorations sous-marines nous ont dévoilé beaucoup de chose, et les yeux tournés vers les étoiles ont vu des choses qui peuvent paraître monstrueuse. Les monstres lovecraftiens sont souvent très difficiles à imaginer, du fait d'une trop grande description – un effet tout à fait volontaire de la part de Lovecraft. Encore une fois, ces nouvelles ne reflète qu'une petite partie de ce qu'était Lovecraft. Dommage qu'on ne retienne que ça de lui.
Commenter  J’apprécie          93
Quand on parle des écrits de Lovecraft, trois cycles majeurs émergent : le cycle des Histoires Macabres, ensemble de courtes nouvelles d'épouvante, le Cycle de Cthulthu, qui est le plus populaire de l'écrivain et rassemblant un panthéon d'Anciens Dieux, et enfin le Cycle du Rêve, ensemble de balades oniriques et hallucinées où les rêves se confondent avec la réalité.

Et pourtant, le cas de la Couleur Tombée du Ciel est fascinant, car il pourrait très bien s'intégrer dans chacun de ces trois cycles ! Est-ce une histoire macabre, car regroupant une montée en tension et une horreur étouffante durant une soixantaine de pages sans interruption ? Est-ce un récit du Cycle du mythe de Cthulthu, comme on le rattache d'ordinaire, avec son météore rappelant une entité impie et indescriptible venue d'un royaume oubliée du cosmos ? Ou bien est-ce, et c'est là le plus intéressant, une nouvelle du Cycle du Rêve, de par l'aspect presque onirique qui semble émaner de cette lande foudroyé grise et terne ? Cette possible liaison avec ce dernier cycle gagne, selon moi, à être plausible de par le fait qu'elle est sorti en 1927, à la fin du cycle des rêves et un an après le démarrage du Mythe de Cthulthu, signant une sorte de transition entre deux ères clée du fou de Providence.

Du Cycle du Rêve, on en retrouve donc la poésie propre à cette ère, cette impression de surréalisme suintant de chaque parcelle du terrain des Gardner, ou d'étranges plantes poussent de part et d'autres et où une phosphorescente inquiétante émane de tout ce qui est vivant. Cette impression d'un lien direct avec la radioactivité, cette matière rongeant et "suçant la vie" d'absolument tout sur son passage, maintenant son emprise sur le vivant pour des années à venir, est aussi effrayante que l'aspect presque prophétique qu'elle rêvet. Cette nouvelle est aussi de celle dont Lovecraft disait être le plus fier, et cela se comprend d'emblée, car le fabuleux lieu qu'il invente et développe sous nos yeux, fruit d'une étrange pierre tombée du ciel, un message âpre et isolé des autres univers et royaumes perdus au coeur du cosmos, gagne à devenir de plus en plus oppressant et lugubre, mêlé au récit de vie d'une pauvre famille victime du vortex vampirique de cette étrange roche.

Telle cette aberration chromatique qui suinte de la roche, qui voile l'existence de chaque être vivant, ce récit possède lui aussi une aura indéfinissable, impalpable et indescriptible, comme une couleur tombée du ciel.
Commenter  J’apprécie          80
Il s'agit de mon premier Lovecraft et je n'ai pas été déçu ! J'avais un a priori me poussant à croire que science-fiction rimait forcément avec technologies avancées. Cet a priori a volé en éclat dès la première nouvelle ! Ce recueil regroupe en fait quatre nouvelles qui se lisent d'une traite, les deux dernières étant pour moi les plus prenantes.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (1865) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Affaire Charles Dexter Ward

Dans quelle ville débute l'histoire ?

A Providence
A New York
A Los Angeles
On ne sait pas.

9 questions
80 lecteurs ont répondu
Thème : L'affaire Charles Dexter Ward de Howard Phillips LovecraftCréer un quiz sur ce livre

{* *}