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Jacques Buge (Éditeur scientifique)
EAN : 9782850552465
231 pages
Editions André Silvaire (15/01/2003)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Milosz naît le 28 mai 1877, il passe son enfance dans le magnifique domaine des ancêtres, transfiguré plus tard par la magie de sa poésie : un manoir du 18e siècle, perdu « au fond du vieux pays lituanien », un jardin « de solitude et d'eau », une serre « incrustée d'arc-en-ciel »
En 1919, Milosz, devenu représentant de son pays, évoque avec le même lyrisme le pays de l'enfance : « Venez, je vous conduirai en esprit vers une contrée étrange, vaporeuse, voilée... >Voir plus
Que lire après Poésies, tome 1 : Le poème des décadences - Les sept solitudesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
KAROMAMA

La "divine adoratrice d'Amon" - vers 870 avant J.-C. (milieu 22e dynastie) - bronze incrusté d'or, d'argent, d'électrum - H. : 59 cm. Acquise par Champollion, elle est prestigieuse par sa technique de fonte et d'incrustations. Découverte à Karnak elle est conservée au musée du Louvre.
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Quand ton nom ne sera plus qu'une pâle légende,
Oscar-Vladislav, dans ta chambre si loin de tout bruit,
pendant que se répand en toi l'invisible mélancolie,
qui sait si le mensonge de tes pensées
ne sera pas la réalité de nos oublis,
dans le paysage décoloré de nos souvenirs
d'un extrême Novembre qui enlinceule
nos âmes d'une blanche accalmie,
alors que nos pauvres âmes en esclavage si long,
ferment la porte de nos rêves si courts ?

Il est doux, il est sage - n'est-ce pas, Fernando ?
de n'être rien, de ne vouloir être rien,
mais de porter en soi tous les rêves du monde.
Quand on blesse un poète on perd l'éternité...
Comment donc saurait-on que la vie est un vide
que l'on comble avec de l'erreur,
quand sur la table étroite où les muets voyages
des veilles de Jadis ont, entre la Bible et Shakespeare,
bousculé toutes les îles des archipels d'encre?
Qui sait si demain, le mensonge de nos pensées
ne sera pas la réalité de l'oubli ? 
Qui sait si la pensée n'est autre que
l'encensement imbécile des trompeurs de peuples ?

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
CHANSON D’AUTOMNE

Écoutez la voix du vent dans la nuit,
La vieille voix du vent, la lugubre voix du vent,
Malédiction des morts, berceuse des vivants…
Écoutez la voix du vent.
Il n’y a plus de feuilles, il n’y a plus de fruits
Dans les vergers détruits.
Les souvenirs sont moins que rien, les espoirs sont très loin.
Écoutez la voix du vent.

Toutes vos tristesses, ô ma Dolente, sont vaines.
L’implacable oubli neige sinistrement
Sur les tombes des amis et des amants…
Écoutez la voix du vent.
Les lambeaux de l’été suivent le vent de la plaine ;
Tous vos souvenirs, toutes vos peines
Se disperseront dans la tempête muette du Temps.
Écoutez la voix du vent.

Elle est à vous, pour un moment, la sonatine
Des jours défunts, des nuits d’antan…
Oubliez-la, elle a vécu, elle est bien loin.
Écoutez la voix du vent.
Nous irons rêver, demain, sur les ruines
D’Aujourd’hui ; préparons les paroles chagrines
Du regret qui ment quotidiennement.
Écoutons la voix du vent.
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KAROMAMA ***
Mes pensées sont à toi, reine Karomama du très vieux temps,
Enfant dolente aux jambes trop longues, aux mains si faibles
Karomama, fille de Thèbes,
Qui buvais du blé rouge et mangeais du blé blanc
Comme les justes, dans le soir des tamaris.
Petite reine Karomama du temps jadis.

Mes pensées sont à toi, reine Karomama
Dont le nom oublié chante comme un chœur de plaintes
Dans le demi-rire et le demi-sanglot de ma voix ;
Car il est ridicule et triste d’aimer la reine Karomama
Qui vécut environnée d’étranges figures peintes
Dans un palais ouvert, tellement autrefois,
Petite reine Karomama.

Que faisais-tu de tes matins perdus, Dame Karomama ?
Vers la raideur de quelque dieu chétif à tête d’animal
Tu allongeais gravement tes bras maigres et maladroits
Tandis que des feux doux couraient sur le fleuve matinal.
Ô Karomama aux yeux las, aux longs pieds alignés,
Aux cheveux torturés, morte du berceau des années...
Ma pauvre, pauvre reine Karomama.

Et de tes journées, qu’en faisais-tu, prêtresse savante ?
Tu taquinais sans doute tes petites servantes
Dociles comme les couleuvres, mais comme elles indolentes ;
Tu comptais les bijoux, tu rêvais de fils de rois
Sinistres et parfumés, arrivant de très loin,
De par delà les mers couleur de toujours et de loin
Pour dire : « Salut à la glorieuse Karomama. »

Et les soirs d’éternel été tu chantais sous les sycomores
Sacrés, Karomama, fleur bleue des lunes consumées ;
Tu chantais la vieille histoire des pauvres morts
Qui se nourrissaient en cachette de choses prohibées
Et tu sentais monter dans les grands soupirs tes seins bas
D’enfant noire et ton âme chancelait d’effroi.
Les soirs d’éternel été, n’est-ce pas, Karomama ?

— Un jour (a-t-elle vraiment existé, Karomama ?),
On entoura ton corps de jaunes bandelettes,
On l’enferma dans un cercueil grotesque et doux en bois de cèdre.
La saison du silence effeuilla la fleur de ta voix.
Les scribes confièrent ton nom aux papyrus
Et c’est si triste et c’est si vieux et c’est si perdu...
C’est comme l’infini des eaux dans la nuit et dans le froid.

Tu sais sans doute, ô légendaire Karomama !
Que mon âme est vieille comme le chant de la mer
Et solitaire comme un sphinx dans le désert,
Mon âme malade de jamais et d’autrefois.
Et tu sais mieux encor, princesse initiée,
Que la destinée a gravé un signe étrange dans mon cœur,
Symbole de joie idéale et de réel malheur.

Oui, tu sais tout cela, lointaine Karomama,
Malgré tes airs d’enfant que sut éterniser
L’auteur de ta statue polie par les baisers
Des siècles étrangers qui languirent loin de toi.
Je te sens près de moi, j’entends ton long sourire
Chuchoter dans la nuit : « Frère, il ne faut pas rire. »
— Mes pensées sont à toi, reine Karomama.
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Voyage

Fanny, ma nostalgique aux yeux couleur de cieux
Défunts ! partons, vers le Jadis, en diligence...
Ô ! la route sentimentale, et le silence
Des vieux soleils, et ce désordre en vos cheveux,

Ma frêle amie aux yeux couleur de fleur-de-lin !
Le postillon jovial active les collines
En fuite à contre-sens, et les brises câlines
Agacent les feuillets de votre Jocelyn.

Ce lac, ce lointain lac, petit comme une fleur !
Ah ! puisse-t-il ne point finir, le cher voyage !
Vos yeux sont les calmes dormants d’avant l’orage
L’ennui blanc des chemins grelotte de chaleur.

Le véhicule roule avec des rythmes doux
Vers le vieux pays des brigands et des musées.
La forêt vous bénit de branches amusées,
Mélancolique enfant fière de votre toux...

C’est la vieille chanson qui vient pleurer tout bas
Dans le parc orphelin de jadis, c’est l’amère
Et chevrotante mélodie, ô ma bien chère,
Du pauvre bon vieux temps qui ne reviendra pas...
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AUX SONS D’UNE MUSIQUE...


Aux sons d’une musique endormie et molle
Comme le glouglou des marais de la lune,
Enfant au sang d’été, à la bouche de prune
Mûre;
Aux sons de miel de tes chevrotantes paroles
Ici, dans l’ombre humide et chaude du vieux mur
Que s’endorme la bête paresseuse Infortune.

Aux sons de ta chanson de harpe rouillée,
Tiède fille qui luis comme une pomme mouillée,
— (Ma tête est si lourde d’éternité vide,
Les mouches d’or font un bruit doux et stupide
Qui prennent tes grands yeux de vache pour des fenêtres),
Aux sons de ta dormante et rousse voix d’été
Fais que je rêve à ce qui aurait pu être
Et n’a pas été...

Quels beaux yeux de n’importe quel animal tu as,
Blanche fille de juin, grande dormeuse!
Mon âme, mon âme est pluvieuse,
D’être et de n’être pas je suis tout las.

Tandis que ta voix d’eau coule comme du sable
Que je m’endorme loin de tout et loin de moi
Entre les trois bouteilles vides sous la table.

— Noyé voluptueux du fleuve de ta voix...
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Soyez la bienvenue, vous qui venez à ma rencontre
Dans l'écho de mes propres pas, du fond du corridor obscur et froid du temps.
Soyez la bienvenue, solitude, ma mère.
Quand la joie marchait dans mon ombre, quand les oiseaux

Du rire se heurtaient au miroir de la nuit, quand les fleurs,
Quand les terribles fleurs de la pitié étouffaient mon amour
Et quand la jalousie baissait la t^te et se regardait dans le vin,
Je pensais à vous, solitude, je pensais à vous, délaissée.
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Videos de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz
O. V. de MILOSZ – Le chant du feu nocturne (France Culture, 2002) Émission "Surpris par la nuit" diffusée, le 6 mars 2002, sur France Culture. Jean Pietri, accompagné des lectures réalisées par Emmanuel Lemire, s'entretenait avec Alexandra Charbonnier, Jean Bellemin-Noël, Jean-Baptiste Para, Laurent Terzieff, André Silvaire, Krzysztof Yezewski et Czeslaw Milosz.
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