Pendant cinq éprouvantes semaines,
Laura de Rimini, jeune étudiante en littérature, "sorte de Mister Magoo qui marche sans voir ce qui se passe dans son dos, sans s'apercevoir de rien" va devoir échapper à un gang de tueurs, à des mafieux et à des flics corrompus, tout ça parce qu'elle s'est trompée de sac. On a beau ne pas aimer les polars, quand on transporte à son insu quatre kilos de cocaïne extra-pure appartenant à Grigorij, gros caïd ukrainien en pleine crise vestimentaire, il faut vite retrouver son instinct de survie, enfoui sous une épaisse couche de timidité et de bonne éducation.
Laura de Rimini est un bon pulp à l'ancienne, dans lequel
Carlo Lucarelli démontre une nouvelle fois qu'un court récit bien rythmé est aussi efficace qu'un pavé de 400 pages, et que polar et second degré font souvent bon ménage. Lucarelli se livre à un bel exercice de style imposé par la brièveté du roman, construisant une intrigue solide et donnant vie et consistance à des personnages qui ne font que passer, la vie des mafiosis n'étant pas un long fleuve tranquille. La succession de rapides scènes d'action et l'inévitable collision des poursuivants qui convoitent tous le sac de Laura nous offrent un roman aussi visuel que sonore, avec force gesticulations, chutes, télescopages, et cris de terreur de l'héroïne (avec une scène d'orteil cogné contre un meuble en bonus). Par ces temps de disette, un brin d'humour décalé et quelques aphorismes ne peuvent nuire à la santé du lecteur de noir.