Un bon livre, c'est celui vous fait croire que tout peut arriver, qui vous fait espérer jusqu'au bout, alors que vous savez pertinemment que la fin sera inéluctablement funeste.
C'est ainsi que je continue à me laisser porter par l' incroyable optimisme des seigneurs Trencavel.
Tout comme son père avant lui, le jeune Raimon-Roger Trencavel, vicomte d'Albi, Carcassonne et Béziers, croit encore possible la coexistence de l'Eglise romaine et de la communauté Cathare qui s'implante de façon considérable dans le Midi Languedocien.
De toutes parts, on lui reproche sa tolérance envers les Parfaits, envers ceux qui condamnent les privilèges et abus de l'église de Rome. Pour autant, le jeune Trencavel à l'impudence juvénile n'en démord pas. Il ne détruira pas l'hérésie comme le pape et le roi d'
Aragon lui demandent. A cela, il répond fièrement : « Autant vouloir vider mon peuple de son sang, de son âme. »
Pourtant, la menace d'une croisade commandée par Innocent III au roi de France Philippe-Auguste se fait de plus en plus ressentir. Suivant les conseils du chancelier Bernat de Canet, Raymon-Roger avec une poignée de fidèles chevaliers-troubadours entreprend le périple jusqu'à Paris pour rencontrer son cousin le roi.
Et avec notre héros, on y croit encore ! Naïvement, on écoute le discours rassurant de Philippe-Auguste, les conseils avisés qu'il prodigue à son jeune cousin et sa promesse de ne pas envoyer d'armée dans le Midi.
On espère la victoire de la tolérance, du respect des religions, de la liberté de foi..Hélas ! C'est oublier bien sûr que cela se passait au Moyen-âge ! (Oui, je sais bien.. on peut de nos jours se faire la même réflexion.)
Ainsi, si la tension des événements à venir se fait sentir dans cet épisode, ce dernier reste néanmoins imprégné de légèreté de par l'attitude effrontée de Raymon-Roger, de ses élans amoureux à l'égard de la belle Héloïse et de la conduite amusante et querelleuse de ses compagnons de route.
Voilà, vous l'aurez compris, j'ai suivi avec engouement le rythme passionné et ensorceleur de cette Danse du Cathare. Je remercie
Bernard Mahoux pour l'amour qu'il porte à sa région et à son histoire et qu'il sait si bien traduire dans ses livres. Rien de tel qu'une expédition du héros loin de son Midi natal, pour faire apparaître au grand jour la liberté d'esprit, la simplicité des moeurs, le naturel enjoué et le goût de la fête de ses habitants.