Ce roman est une magnifique histoire d'amour, qui ne cache pas les difficultés qui peuvent exister au sein d'un couple. Les deux héros évoluent, leur amour grandit, se renforce via une sorte de voyage initiatique dans l'ouest américain, le tout dans un univers empreint d'originalité; adopter un flamant rose ou jouer du piano cocktail, ce n'est pas courant!!
L'écriture est incroyable: personnages, paysages, émotions... tout y est décrit avec beaucoup de finesse et de sensibilité. On s'y croirait. Cette randonnée et nuit à la belle étoile dans le Grand Canyon accompagné d'un indien et de ses animaux totem: j'y étais; ca m'a transporté.
Que dire de plus: une histoire qui fait du bien, qui fait rêver, qui donne envie de croire en des moments meilleurs. Une ode à l'amour et à la liberté. A lire et à relire.
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Ce roman m'a enchantée, je m'y suis promenée avec plaisir et j'ai reconnu la plume si jolie, et sentimentale bien sûr, de Benedicto, la poétesse. La poétesse qui fait rêver avec son talent de conteuse. La lire est goûter mille atmosphères quand les sentiments et les émotions se croisent et se touchent, quand la tension est à son comble puis que le plaisir est d'être deux et de voir la vie avec les pensées de l'autre et quand tous les souffles et soleils les caressent lors de leur conquête de l'Ouest…Un beau roman à lire.
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Notre différence d'âge impliqua pour moi un respect inné : vingt et une années nous séparaient. Vingt et un comme les vingt et un grammes que pèse l'âme. La rêveuse que je suis y vit un signe du destin, il restait à découvrir lequel.
Alors que je venais au monde, il avait déjà connu le deuil de ses parents, les ivresses de l'alcool et des courses de moto, les rapports charnels souvent froids et sans vraiment de passion. Il vécut son entrée dans le monde adulte avec une rage au ventre, en rébellion contre les schémas de vie classique. Un peu comme James Dean au même âge (...)
Selon lui, lorsque deux hypersensoriels se rencontrent, soit ils se combattent, soit ils s'unissent. Nous nous étions unis, attirés l'un vers l'autre sans aucune possibilité de lutter. Et malgré des caractères aussi têtus l'un que l'autre, nous ne nous opposions ou fâchions que rarement. (...) il n'aimait pas vraiment parler et n'avait que rarement exprimé ses sentiments et ressentis. Je fis preuve de patience, essayant de ne jamais le brusquer. Mon taciturne délia petit à petit sa langue. Je trouvai ses maladresses en la matière, plutôt touchantes. Conciliante et lucide, je gardai néanmoins à l'esprit qu'il cultiverait toujours son jardin secret.
J'ai assimilé nos journées américaines à un cours d'eau : l'eau de la rivière ne se pose pas de questions. Elle sillonne, traverse les prairies, les champs, les forêts, le jour, la nuit, elle va de l'avant quoi qu'il se passe, quelle que soit la force des éléments ou des obstacles qu'elle rencontre. Si elle croise du beau, une libellule ou que sais-je, elle l'admire et continue sa route. Si elle se trouve confrontée à un obstacle, elle bute contre lui, trouve la solution qui lui convient puis poursuit son chemin. Elle emmène dans son pèlerinage, cailloux, poissons, branchages, l'air, le vent, le temps. Elle profite des caresses des herbes qui l'effleurent ou qui poussent sur son lit. Quoiqu'il se passe, à son rythme, elle poursuit sa quête, qu'elle soit petit ruisseau ou fleuve. Elle suit le sens de sa vie. Elle ne possède pas cette faculté qu'à l'homme de penser, de pouvoir s'arrêter, se remémorer le passé, voire le regretter. L'homme par sa nature, parce qu'il est doté d'un cerveau, suivant son caractère, s'embellit ou se gâche la vie.
Mais ce matin-là, à sa grande stupeur, une enveloppe un peu dodue dormait sur une publicité pour tondeuses à gazon dernier cri. Ébaubi, il inspecta l'enveloppe : ses nom et prénom y étaient inscrits, dans une écriture fine et appliquée, son adresse complète y figurait, un « UNITED STATES » en lettres majuscules avait même été rajouté. Les quatre jolis timbres représentant des cosmos de différentes couleurs qui venaient égayer ce qui était somme toute, une banale enveloppe, lui firent comprendre que ce petit bout de papier avait traversé la moitié de la planète pour atterrir entre ses mains. Cory resta en contemplation totale devant cette missive : quelqu'un, quelque part, avait pensé à lui. Il s'en trouva sincèrement ému. À un point tel qu'il ne songea même pas à ouvrir son trésor. Il savoura pleinement sa surprise et sentit des larmes de bonheur perler le long de ses joues.
Il comprit rapidement que la parentalité n'était pas un engagement dont il était vraiment capable et même dont il avait envie. Il aimait ses enfants, à sa façon, comme il aimait les arbres et les abeilles. Il ne garda aucun lien avec Tamy. Au fil des ans, il vécut quelques brèves histoires, mais s'établir avec une femme devint, pour lui, synonyme de contraintes. Son mariage représentait l'une de ses erreurs les plus cuisantes, de celles qu'il ne reproduirait pas. Il préférait la vie entre hommes, sans minauderies, à la dure. Suite à son divorce, avait germé dans sa tête l'idée que tout était temporaire : les émotions, les pensées, les personnes, les paysages. Il me répétait régulièrement « Ne t'attache pas à quoi ou qui que ce soit, contente-toi de flotter au milieu de ce qui t'entoure. » Je ne savais pas faire.
Convaincue que chaque individu est un puzzle à part entière et que certaines de nos pièces sont à retrouver chez d'autres, j'étais persuadée que je pouvais le découvrir encore mieux en apprenant à connaître les personnes avec lesquelles il se trouvait des affinités. Nous éparpillons des bouts de nous sans le savoir, créant ainsi des alchimies insoupçonnées. Candide et philosophe, je me plais à penser que l'objectif de notre vie consiste à recomposer notre puzzle, faire en sorte d'imbriquer tous ces petits bouts dans notre vie comme dans celle des autres afin de constituer un tout.