Le but et le désir peuvent sembler similaires, mais ils sont en réalité très différents, et constituent même parfois des forces opposées.
Le désir est personnel, étroit et univoque, et tend à la fois à l’autopréservation, l’autogratification, et aux gains et aux plaisirs à court terme. Le but est plus large, plus global, c’est une vision à long terme qui englobe le bénéfice des autres – c’est quelque chose qui vous dépasse et pour lequel vous êtes prêt à vous battre. Il y a eu de nombreuses fois dans ma vie où j’ai agi guidé par le désir en ayant réussi à me convaincre qu’il s’agissait en réalité d’un but.
Le désir, c’est ce que vous voulez ; le but, c’est l’épanouissement de ce que vous êtes. Le désir tend à s’affaiblir avec le temps, tandis que le but se renforce au fur et à mesure que vous le poursuivez. Le désir peut être épuisant, car il est insatiable ; le but, lui, est encapacitant – c’est un moteur plus puissant. Le but permet de contextualiser les souffrances inévitables de la vie pour leur assigner un sens et une valeur. Comme l’a écrit Viktor Frankl : « D’une certaine manière, la souffrance cesse d’être une souffrance au moment où elle trouve un sens, comme le sens d’un sacrifice. »
Un but noble engendre des émotions positives. Quand nous poursuivons ce que nous pensons être un objectif profond et important, nous tirons le meilleur de nous-mêmes et des autres.
Le changement peut être effrayant mais il est inévitable. À vrai dire, l’impermanence est la seule chose sur laquelle on peut compter. Si vous refusez ou si vous êtes incapable de changer de cap et de vous adapter aux incessantes marées fluctuantes de la vie, vous ne profiterez jamais de votre séjour ici-bas. Parfois, les gens essaient de jouer les cartes qu’ils auraient aimé qu’on leur distribue, au lieu de jouer celles qu’ils ont en main. La capacité d’un être humain à s’adapter et à improviser est, de loin, la plus essentielle.
Il existe une parabole bouddhiste qui m’a guidé à travers bien des transitions périlleuses. Un homme se tient debout au bord d’une rivière traître et fougueuse. C’est la saison des pluies – s’il veut rester en vie, il doit la traverser. Il fabrique un radeau à la va-vite et atteint grâce à lui l’autre rive, sain et sauf. Soulagé, il se félicite, prend le radeau sur son dos et se dirige vers la forêt. Mais tandis qu’il essaie de traverser cette jungle d’arbres, son radeau se cogne contre les branches, s’emmêle aux lianes et l’empêche d’avancer. Il n’y a qu’une seule solution s’il veut survivre : il doit abandonner le radeau – le vaisseau qui lui a sauvé la vie hier est celui qui le tuera aujourd’hui s’il ne s’en débarrasse pas.
Le radeau représente nos idées obsolètes, nos vieilles façons de penser qui ne nous servent plus aujourd’hui. Par exemple, la personne agressive et en colère que vous avez cultivée enfant, pour vous protéger des brutes et des prédateurs, détruira chacune de vos relations à l’âge adulte si vous ne vous en défaites pas. Certaines choses sont utiles, voire absolument nécessaires, durant certaines périodes de nos vies. Mais il viendra toujours un temps où nous devrons les mettre de côté et les laisser mourir.
Pour faire simple, si nous ne nous adaptons pas, nous disparaissons.
L’ayahuasca est une « décoction sacrée ». Elle est utilisée depuis des millénaires par les tribus indigènes de la jungle amazonienne lors de leurs cérémonies spirituelles et de leurs rituels chamaniques. C’est une sorte de thé fait à partir de l’écorce et de la tige d’une liane tropicale d’Amérique du Sud, parfois mélangée avec d’autres plantes psychotropes.
Son nom vient du quechua : aya signifie « âme » et wasca (huasca), « liane ». Littéralement, c’est donc la « liane des âmes ». L’ayahuasca contient un élément psychoactif appelé « diméthyltryptamine » (DMT), et est considéré comme un médicament sacré utilisé dans le cadre d’une quête spirituelle sérieuse et non dans celui d’un usage récréatif.
Les propriétés thérapeutiques de l’ayahuasca sont actuellement utilisées dans le traitement des troubles de stress post-traumatique, de la toxicomanie, de la dépression, de l’anxiété et de diverses autres affections aussi bien physiques que psychiques. (Je tiens à préciser que je n’approuve ni ne promeut, tacitement ou non, l’usage de l’ayahuasca ou de toute autre substance en l’absence de prescription et de supervision médicale professionnelle. J’ai même hésité à partager avec vous, dans ce livre, mon voyage avec l’ayahuasca – la seule raison pour laquelle j’en parle, c’est parce que c’est la vérité de mon expérience.)
Le rap ne m'a pas seulement procuré l'approbation de mes pairs dont j'avais désespérément besoin, il m'a donné une impression de puissance. Mais je savais que cette impression pouvait s'envoler du jour au lendemain, qu'il fallait la préserver, la nourrir, constamment. Je savais que j'étais bon, mais je savais aussi que je devais travailler. Le succès n'allait pas simplement venir à moi. J'allais devoir aller le chercher.
Qu’est-ce qu’il veut ?
En tant qu’acteur, c’est la question la plus importante qu’il faut se poser avant d’interpréter un personnage. Son désir ou sa quête dramatique est le premier pilier de son comportement. Ce que quelqu’un désire est un portail permettant d’accéder à la vérité essentielle de sa personnalité. Si vous voulez comprendre pourquoi quelqu’un a fait quelque chose, vous devez simplement répondre à cette question : qu’est-ce qu’il veut ? La priorité, pour un acteur, est de mettre en lumière le « système des désirs » qui s’entremêlent et entrent parfois en conflit pour créer la force motrice de sa psychologie. Jouer la comédie revient à se refabriquer une personnalité à partir de zéro.