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sur 338 notes
Un livre construit d'une part sur une romance autobiographique, une liaison amoureuse d'une française et d'un activisme turc qui se termine et, d'autre part, sur un essai journalistique sur l'état Turc actuel avec l' islamisation de la société reposant sur la répression étatique du gouvernement islamo-conservateur.
Un monde difficile à cerner du fait de la grande diversités des minorités qui compose la Turquie: politiques, religieuses et ethniques avec inévitablement, en arrière-plan, le problème arménien.
Une diversité mal expliquée. On a une impression de grande confusion dans ce que dit Manteau. Il y a une volonté de dire trop de choses et d'être convaincante sur des évènements mineurs de rébellion : Manteau se cristallise sur le particulier, sur petit entre-soi d'activistes intellectuels éclairés franco/arméno/syro/turcs qui l'environne sans en expliquer la portée générale ou quand cela est fait c'est un bavardage pédant, convenu, bien pensant.
V. Manteau, brasse, convoque des faits notoires, Charlie Hebdo, attentat de Nice, des personnages internationaux célèbres Orhan Pamuk, Asli Erdogan et d'autres locaux la confrérie Gülen et Hrant Dink au nom imprononçable d'une prose tout à fait commune mais serrée et pesante.
De quoi parle-t-on? de la Turquie des turcs, des arméniens, de l'Europe
Est-ce un roman, un récit autobiographique, un essai sur la Turquie, de géopolitique, un traité de psychanalyse?
Tout est brassé, presque mouliné, on passe d'un journaliste turc ou arménien ou arménien turc nous dit-on en passant par Sarkozy, Césaire, Erdogan, l'écrivaine et l'autre, Camus, de Byzance à Constantinople à Istanbul, des syriens, à la narratrice psy quelque chose passée au yoga qui dégoise sec sur son couple en manque d'inspiration. Et ce sur un ton de lamentado lancinant de pleureuses orientales.
On vit dans une sorte de torpeur douloureuse. L'héroïne en femme féministe que rien n'effraie boit beaucoup et se ballade en jupette pendant le ramadan, demande au flics avec effronterie ou se trouve la tombe d'un activisme arménien, déplore que les turcs ne puissent pas lire des poèmes à cause de la langue arménienne, arménienne ancienne ou turque ancienne (ou je ne sais plus on s'embrouille)... Comme si en ces temps troublés c'était la préoccupation essentielle de 99. % la population turque
qui ne lit que le coran
Bref elle ose tout!
Un peu convenu ce personnage d'intello libertaire, politiquement correct, qui a tout compris et va faire sa révolution démocratico-féministe chez les ploucs d'Asie. Enfin Asie, peut-être pas, car Istanbul c'est, ça a toujours été, une ville européenne il suffit de passer le pont du Bosphore pour s'en convaincre. C'est marrant cette façon de se voir ainsi et c'est un tantinet présomptueux surtout qu'au moment de quitter la Turquie car ça commence à chauffer sérieusement, V. Manteau nous laisse croire avec un terrible suspens qu'elle va être inquiétée à la frontière!
le problème, mais V. Manteau ne l'a pas admis, c'est que la Turquie, même coté européen, ce n'est pas la France: c'est un peu plus rugueux voir viril bien qu'il y ait des femmes turques et de tête.
Prix Renaudot du roman! Quelle idée! Remporté au 6e tour par six voix alors qu‘il avait été précédemment écarté avec exactement le même nombre de voix! Vraiment il faut toujours que le jury Renaudot se distingue. L'année suivante il a fait la même chose pour S.Tesson avec son chat des neiges. Sont-ce (Hum! Hum!) là les «bonheurs d'expression» de la littérature actuelle loués par Frédéric Beigbeder ou alors est-ce un cadeau, en ce qui concerne «le sillon» pour les éditions du Tripode, son premier trophée?
On constate, d'autre part, que cette année là, le jury avait la mélancolie en écharpe. Primer «le sillon» et «Avec toutes mes sympathies» en catégorie essais et «Le Lambeau» Renaudot poche prix spécial, l'heure n'était pas à la rigolade.
Et si on regarde du coté du Goncourt «Leurs enfants après eux» était élu
alors que, à l'avis général il n'était pas le favori et qu'il a fallut que Bernard Pivot fasse pencher la balance là où il le fallait...
Des surprises donc et pas des bonnes !
Bref ce livre n'est pas vraiment «une gourmandise d'écriture » On a suivi un peu, V. Manteau, mais sans joie aucune.
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Dans un article du 23 janvier 2007 intitulé « Qui a tué Hrant Dink ?», le Monde diplomatique dressait cet état des lieux qui se voulait alarmiste : « Au cours de ces quinze dernières années, dix-huit autres journalistes ont été assassinés en Turquie, et douze sont actuellement emprisonnés.

« Douze ! Une bagatelle vue de 2017. Les chiffres du jour donnent cent quarante-six journalistes derrière les barreaux, et le nombre d'assassinats et de «suicides» en prison reste l'angle mort de tous les rapports. » s'insurge Valérie Manteau dans ce roman, prix Renaudot 2018, où elle parcourt Istanbul sur les traces de Hrant Dink, fondateur du journal AGOS (Le Sillon), assassiné par Ogün Samast, agé de 17 ans, dans le quartier d'Osmanbey, devant les locaux de son journal bilingue arménien-turc.

« Le Sillon comme dans la Marseillaise ? Qu'un sang impur abreuve nos sillons, quelle ironie, pour quelqu'un assassiné par un nationaliste. »

En 2011, Ogün Samast (mineur au moment des faits) est condamné à 23 ans de prison. En 2021, un tribunal d'Istanbul condamne à la prison à vie pour leur implication dans ce meurtre Ali Fuat Yilmazer et Ramazan Akyürek, ex-chefs de la police, ainsi que Yavuz Karakaya et Muharrem Demirkale, deux ex-responsables de la gendarmerie.

Cette éxécution eut un retentissement international et Valérie Manteau, documentée par son ami marseillais Jean Kéhayan, enquête sur AGOS, son fondateur « Des personnalités comme lui, chaque peuple n'en produit qu'une par génération, et encore », la communauté arménienne, et leur influence dans la Turquie actuelle confrontée au problème kurde et à la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 commanditée par une faction des Forces armées proche de Fethullah Gülen, leader musulman exilé aux USA.

La journaliste dénonce la révolution des signes (Harf Devrimi) imposée le 1er novembre 1928 par Mustafa Kemal Atatürk pour remplacer l'alphabet arabe, en usage sous l'Empire ottoman pour transcrire le turc, par un alphabet spécifique dérivé de l'alphabet latin. « Fethiye Çetin commence un de ses livres par une note sur l'alphabet et l'alphabétisation turque, disant qu'en 1913, sa grand-mère a écrit à son arrière-grand-père, émigré aux Êtats-Unis, en langue et en alphabet arméniens. Quand il a répondu, il a probablement dicté sa lettre, rédigée en «ancienne écriture», c'est-à-dire en turc et en caractères arabes. Les enfants ont dû la faire lire par une personne connaissant encore l'ancienne écriture - mais la grand-mère ne semblait pas non plus capable de lire le turc en «nouvel alphabet» latin.

C'est dire si l'acte fondateur de la République s'est fait dans le massacre des minorités et la coupure brutale de toute transmission écrite - «est-ce qu'un peuple qui ne peut pas lire ses propres poèmes d'amour peut avoir une histoire faite d'amour ? Je me demande ce que serait un Allemand qui ne pourrait pas lire Goethe, ou un Anglais à qui les sonnets de Shakespeare resteraient opaques», s'interroge, en se retournant sur le XX' siècle, Ece Temelkuran. »

Interrogation essentielle qui nous interpelle quand certains groupuscules militent pour un alphabet inclusif rompant avec notre héritage culturel. L'acuité de ce plaidoyer, au coeur des débats culturels et politiques actuels, prouve l'universalité du combat humaniste de Hrant Dink.

Cette pérégrination à travers Istanbul suit celle de Pierre Loti mais leur perception diffère car l'officier de marine VOIT le Bosphore et la ville quand l'amoureuse ENTEND les Stambouliotes. Cette oralité dicte des phrases telles que « Mais pourquoi tu vas raconter tout ça ? » qui agacera les lecteurs déroutés de plus par une foule de personnages pas toujours simples à identifier et un récit partant un peu dans tous les sens et frisant « l'illisible fatras » quand elle évoque notre pays et nos ministres.

Un sillon est traditionnellement rectiligne, Valérie Manteau creuse un sillon tourbillonnant… preuve que l'amour égare parfois la raison ?

Mais ce roman, écrit au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, est un superbe hommage au martyre de Dink ce «pigeon inquiet», un message de paix, un cri d'espérance dans l'avenir démocratique du pays d'Ahmet Altan, Asli Erdogan, Yasar Kemal, Orhan Pamuk et tant d'autres.

PS : le mystère de la rue Papa Roncallli est résolu :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le sillon c'est une immersion en aller simple vers Istanbul, sa vie trépidante, la chaleur humaine, les errements de la narratrice dans cette vie cosmopolite. On ne sait pas très bien quelle est son rôle, on ne sait pas très bien ce qu'elle fait, mais elle semble extrêmement concernée par le procès de Hrant Dink, journaliste défendant les arméniens et plus généralement la liberté retrouvé assassiné par la milice de Erdogan, on ne sait pas.
Si le livre raconte une histoire, la quête de liberté, cette immersion profonde dans la vie d'Istanbul, j'ai vraiment eu du mal avec les personnages très hétéroclytes, nombreux et ponctuels. Je n'ai compris que très tard le lien avec Charlie hebdo même si on sent une grande fragilité et instabilité chez la narratrice.
Je pense aussi que ce livre doit être mis au regard d'une carte de Turquie d'une part, et qu'il faut un minimum de connaissances avant de rentrer dedans. Mais je comprends que ceux qui possèdent tout çà soient enchantés !
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Un roman politique qui dénonce, à travers la voix de l'auteur, la dérive du nationalisme turc à l'encontre des Arméniens, des Kurdes mais aussi des Turcs. C'est un récit haché dont nous sortons grandis, mais aussi pessimiste voire triste. Les civilisations se succèdent à coup d'injustices et de massacres et la narratrice ne peut rien y faire sauf à écrire ce roman avec ses multiples personnages qui, tous, se débattent comme ils peuvent. La littérature comme dernier rempart, ou comme une chimère, la dernière avant les ténèbres.
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Je suis passée à côté de ce texte, je dois avouer ne pas avoir tout compris de la quête de l'auteure. Les enjeux politiques, les conflits, les révolutions arabes sur Istanbul m'ont échappés. C'est un livre très documenté qui peut toucher par le fait qu'il parle des différents attentats commis à l'encontre des journalistes et personnalités qui défendent les libertés comme Hrant Dink et ceux de Charlie Hebdo qui sont nommés comme des références. le récit porte essentiellement sur la recherche d'informations pour écrire un livre sur Hrant Dink, assassiné devant son journal Agos qui signifie le sillon en turc. Et de plus, elle côtoie beaucoup de personnes, les noms se multiplient, je me suis perdue.
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j'ai été très touchée par ce livre que j'ai lu lors d'un séjours touristique à Istanbul en décembre 2021.
J'ai aimé ces histoires parallèles : celle personnelle de la narratrice, celle de Hrant Dink, et celle des intellectuels ou militants engagés qui nous sont contemporains.
Je ne me suis pas sentie perdue dans ce livre mais complètement absorbée dans les pas de la narratrice, et dans sa réflexion.
Une très belle découverte !
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Une femme française vit en couple avec son amant turc à Istanbul. Elle fait des recherches sur l'assassinat en 2007 de Hrant Dink, un journaliste turco-arménien. Ce texte est un flot de pensées dans lequel bouillonnent la politique turque, Erdogan, les intellectuels, Charlie Hebdo, l'amour, l'amitié, la frénésie stambouliote, le chaos de la vie. Difficile à résumer mais Valérie Manteau trace son sillon et on la suit allègrement.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Que dire sinon une très grande déception pour ce livre ayant raflé le prix Renaudot en 2018.
Un style unique certes mais c'est le seul point positif que je retire de ce récit féministe dans lequel je me suis perdu et où j'ai dû forcer pour arriver au bout.
A part vous dire que cela parle de liberté dans un pays où celle ci est en permanence bafouée, je n'ai rien retenu d'autre malheureusement.
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Au début, difficile de suivre, et de la suivre...
Il faut comprendre que V. Manteau a été journaliste à Charlie Hebdo jusqu'en 2013 – année où Erdogan, président de la Turquie, a fait réprimer une manifestation à Istanbul contre la destruction du parc Gezi.
Comprendre aussi que Agos (le sillon), est le nom du journal fondé par Hrant Dink, écrivain et chroniqueur turc d'origine arménienne, assassiné en 2007 à Istanbul par un nationaliste.
V. Manteau, à travers ses errances dans Istanbul et sa recherche de la vérité au sujet de Hrant, nous fait vivre l'histoire récente de la Turquie : putsch de 2016, droits démocratiques bafoués et autoritarisme, procès. Elle est confrontée au doute, à la peur et elle conte sa résistance comme celle de ses amis turcs avec ironie et exactitude, dans un style très personnel et direct.
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Il y a quelque chose d'immédiatement attachant dans ce roman, peut-être le genre hybride, mi-souvenirs, mi-roman, et un certain humour, et aussi la manière très chaleureuse de présenter les rues et les habitants d'Istanbul, loin des clichés. Pourtant, après une soixantaine de pages passionnantes sur le pays, sur la langue, et à propos de Hrant Dink, journaliste arménien turc assassiné en 2007, un chapitre sur la Turquie face à l'Europe s'avère plus indigeste. Ensuite, je n'aime pas quand il y a trop de citations et d'insertions provenant d'articles ou de livres divers. L'histoire personnelle de la narratrice avec son ami turc ne me parle pas trop non plus. J'ai donc laissé le roman de côté pour peut-être le reprendre plus tard.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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