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Oeuvres-ouvertes (29/11/2014)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Le narrateur et sa mère – la mère, comme il l’appelle – vivent dans un étouffant huis-clos. Elle est odieuse avec lui, l’invectivant sans cesse, râlant, critiquant tout, et surtout totalement obsédée par la ronde nocturne des chiens. Ceux-ci viennent en effet chaque nuit rôder autour de la maison et la mère ferme les volets, les fenêtres, puis vérifie une fois, deux fois, que tout est bien fermé. Mais voilà, ils s’introduisent tout de même dans la maison, ils pénètr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Le chenil" de Laurent Margantin est un ouvrage fort déroutant et très à part : d'un côté extrêmement peu de personnages et une histoire tout à fait particulière, de l'autre côté un style et un langage remarquablement réussis.
Le livre, qui compte tout juste 177 pages, est subdivisé en 2 parties : la première (83 pages) intitulée "La mère" et la deuxième également intitulée "Le chenil".

Dans la première partie, les protagonistes se limitent à 3 : une mère, son fils et Ivan, l'ami du fils, une source d'information extérieure. le fils est, en fait, le narrateur, qui appelle sa mère invariablement "LA mère", comme s'il s'agit d'une étrangère. Au bout de quelques pages on comprend pourquoi et cela ne fait que s'empirer ! Normalement une mère évoque des sentiments de bonté et d'amour pour ses enfants et pour lesquels elle multiplie, parfois mine de rien, à longueur de journées des petits et grands soins. La mère de notre narrateur se trouve carrément à l'opposé : une mégère épouvantable, abominable et effrayante, qui martyrise son fils constamment. Pas seulement verbalement en le traitant de tous les noms, mais également physiquement en le frappant, le griffant et en inventant des scénarios sinistres pour le faire souffrir un maximum. Dans sa méchanceté elle ne manque pas d'imagination !
Le grand absent dans l'histoire est le père, un bûcheron et braconnier à ses heures, qui est parti et que notre jeune héros n'a jamais vu.

Dans son esprit cruel, la mère se réjouit d'avoir trouvé une solution miraculeuse pour ce fils qui lui inspire "une haine viscérale" : le faire recruter par le service communal de la gestion de l'errance animale. Car comme au XIVe siècle, du temps de la peste noire, où les rats pullulaient et propageaient la mort, la ville est envahie par des hordes et meutes de chiens de toutes les races : du teckel et caniche nain allant aux puissants bergers allemands, dobermans et rottweilers . Au début ces "clebs" sont relativement inoffensifs, mais au fur et à mesure que leur nombre s'accroît et qu'ils deviennent affamés, la menace et puis le danger s'installent.

Dans une clairière au milieu d'une forêt de sapins en dehors de la ville se trouve un grand chenil, où les chiens sont transportés quotidiennement par la grosse brute Jaspers (un ancien professeur d'éducation civique) et Kerr, son adjoint chétif, par camions pleins. Sur place, c'est Krumm qui dirige les opérations. Notre jeune héros est chargé de nettoyer, armé d'une pelle et d'un seau, les cages horriblement sales, d'où se dégage une puanteur indescriptible.

Comment la situation inquiétante évolue en ville, ce qui arrive finalement aux chiens et aux divers personnages et surtout à notre malchanceux héros et sa mère ignoble, je vous laisse découvrir.

L'auteur de ce conte quelque peu apocalyptique, Laurent Margantin, lorsqu'il n'est pas en train d'apprécier vos billets et chroniques sur Babelio, écrit des poèmes et des romans ou assure des traductions littéraires de l'Allemand.
Il est diplômé en littérature comparée et a passé une dizaine d'années à Tübingen en Allemagne, où il a présenté un doctorat sur l'oeuvre de Novalis, pseudonyme du baron Georg Philipp von Hardenberg (1772-1801), figure de proue du romantisme allemand, de qui il a écrit une biographie et traduit plusieurs ouvrages. Dans un tout autre registre, L'auteur a aussi traduit en Français des oeuvres de Franz Kafka (1883-1924) - qui n'a guère besoin d'être présenté ici sur notre site - entre autres : "À la colonie pénitentiaire" et "Chacun porte une chambre en soi".

Laurent Margantin est, en outre, l'auteur du livre à succès "Aux Îles Kerguelen" et de son tout premier roman "L'enfant neutre" de 1990, qui sera ma prochaine lecture de lui.

Je ne peux qu'avoir de l'admiration pour quelqu'un qui combine d'une part la solidité pour s'attaquer à des écrivains pas exactement faciles comme Goethe, Novalis et Kafka et d'autre part l'aisance de nous dépeindre cet archipel français au sud de l'Océan Indien et de nous raconter ce conte original et angoissant qu'est "Le chenil".


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(En attendant mieux)
Récit onirique - à la frontière du cauchemar - le chenil raconte, l'histoire d'un homme, de sa mère, et de chien.
L'une terrorise son fils, le maltraite, semble une incarnation même de ce que l'on nomme la mauvaiseté dans certaines campagne
L'autre subit,
Les chiens eux sont une présence qui envahit, la ville, l'histoire, la gorge ...

Le roman de Laurent Margantin est disponible à la lecture sur "Oeuvre ouverte"
par petit chapitre.
ici
http://goo.gl/qtI6yn
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Je viens de finir cette histoire il y a à peu près deux minutes seulement et je dis chapeau à l'auteur pour la narration oppressante du personnage principal, Sylvain, rien qu'au ton donné par les phrases courtes qui s'enchaînent les unes après les autres. le chenil raconte l'histoire d'un homme battu et effrayé par sa mère, qui n'est ni plus ni moins qu'une sorte de monstre de campagne, alors qu'une meute de dobermans inquiétants et affamés semblent semer la terreur en ville. Poussé par sa mère, le narrateur doit travailler dans un chenil, où, au fur et à mesure, l'arrivée des chiens-monstres se fait imminente.
Le récit est divisé en deux parties, ce qui nous laisse le temps de bien se familiariser avec le cadre spatio-temporel, qui ressemble à un futur proche. La première partie se focalise sur la mère, personnage sans humanité, cruelle et violente avec son fils jusqu'à la transition avec la deuxième partie qui se concentre sur le chenil où le narrateur travaille et où, de plus en plus "bastonné" par mère, il est sujet à d'étranges visions.
Je dis merci à Laurent Margantin pour ce récit cru, haletant et rythmé! :)
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Le cauchemar du chenil ou la confusion du discours. Entre appréhension, prémonition et réalisation de la crainte atavique du débordement d'une sauvagerie domestiquée, Laurent Margantin livre un récit étouffant, onirique mais dont la portée symbolique, heureusement, toujours s'esquive. le chenil par sa prose cumulative, son monologue halluciné, contamine et transmet cette sourde inquiétude au centre de la parole littéraire.
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Quelque chose qui accroche tout de suite dans le ton, dans cette forme d'adresse directe qui ne mime pas tant l'oralité proprement que le retour soi-même (la remémoration est annoncée d'emblée), comme si la mise en récit provoquait aussitôt le retour d'une foule de faits circonstanciés, dont il est rendu compte au fil de la phrase par l'ajout d'autant de notations incessamment précisées. le « Je me souviens » inaugural propulse bien le lecteur dans la temporalité emblématique du récit, orienté d'un passé plus ou moins lointain au présent du narrateur, ici.
[...]
Lien : http://glossolalies.net/sylv..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En entendant les premiers aboiements et gémissements des chiens je pensais à ce que la mère avait raconté du chenil, des cages propres, des chiens tranquilles, peu nombreux et en bonne santé, remuant la queue et venant vous lécher la main à travers la grille lorsqu’on s’approchait, la plupart des cages vides avait-elle dit aussi, quand moi en chemin vers le chenil son odeur déjà m’avait envahi et j’entendais que les aboiements furieux se multipliaient à cette heure si matinale, ce qui me faisait penser que les chiens étaient nombreux et que sans doute j’allais découvrir tout à fait autre chose que ce que la mère avant de chantonner m’avait raconté, ou bien avait-elle simplement enjolivé pour que j’aille me perdre dans la forêt en chantonnant moi aussi ?
Les chiens, on les entendait et surtout on les voyait en ville depuis un moment déjà, hagards, affamés et assoiffés, si maigres qu’on leur voyait les côtes, rôdant en bandes généralement, cachés pendant la journée et sortant au coucher du soleil, où se cachaient-ils on l’ignorait, sans doute dans les champs autour des nouveaux quartiers pavillonnaires au sud, là ils avaient un accès direct aux rues et surtout aux jardins dans lesquels ils pénétraient la nuit, cherchant sans doute une porte ouverte pour entrer dans une maison, mais ce qui les attirait le plus c’était les poubelles qu’ils renversaient sur le trottoir, cela nous réveillait en pleine nuit, la mère jurant dans le couloir, allumant la lumière sur le perron et sortant en robe de chambre pour crier et effrayer les pauvres bêtes qui avaient déjà fui, affolées par le fracas des boîtes de conserve sur le bitume que l’une d’entre elles parfois saisissait dans sa gueule pour aller en lécher l’intérieur cachée dans un fourré, la mère était persuadée que les chiens cherchaient à rentrer dans la maison et même en été ne laissait jamais une fenêtre ouverte, et peut-être avait-elle raison, peut-être les chiens cherchaient-ils à rentrer dans les maisons pour y voler quelque chose, voire pour y attaquer les habitants, les journaux répandant régulièrement des histoires de chien féroce qui avait égorgé un enfant endormi dans son lit avant de s’enfuir par la fenêtre, mais c’était dans d’autres villes, jamais chez nous, et étions-nous sûrs que c’était vrai ? On essayait de les chasser, mais comme certains fantômes dans nos rêves ils revenaient toujours, la gueule grande ouverte parce qu’ils avaient soif, les yeux fixés sur nos maisons quand ils réapparaissaient en fin de journée, errant dans les rues désertes du quartier pavillonnaire où tout le monde - même avant que les chiens ne soient venus - se calfeutrait chez soi dès que la nuit venait.
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Je me souviens qu'en arrivant au sommet de la colline une fois sous les arbres on ne voyait pas le chenil, mais que ça sentait, oui, ça sentait l'odeur des clebs à plein nez mêlée à celle des feuillages et de l'herbe de la forêt d'abord, et puis plus loin plus que l'odeur des clebs, des clebs tu disais comme tous ceux qui travaillaient au chenil. Odeur infecte de bêtes enfermées dans des cages à plusieurs dizaines pendant plusieurs jours, odeur infecte qui finissait par imprégner tous les vêtements, au point que la mère se plaignait de ma puanteur quand je rentrais le soir, tu pues m’avait-elle dit dès le premier soir en guise de salut (ce qui avait au moins l’avantage de remplacer les remarques désagréables qu’elle répétait en boucle depuis des années), odeur infecte qui, le premier jour, m’avait donné envie de gerber, et d’ailleurs j’avais gerbé en sortant du chenil le dernier jour de la première semaine, gerbé à cause de l’odeur qui m’était rentrée dans la gorge sans que je m’en rende compte et avait fini par me rendre malade, gerbé parce que, le dernier jour de la première semaine, j'avais justement découvert la véritable origine de l'odeur que je retrouvais chaque matin en haut de la colline, une fois sous les arbres.
Le premier jour en marchant jusqu'au chenil - une bonne demi-heure depuis le quartier où j'habitais au sud de la ville -, je m'étais dit que cette marche quotidienne me ferait du bien, que cela me ferait de l'exercice après une longue période d'inactivité à traîner dans les rues ou à rester enfermé dans ma chambre, mais dès le premier jour, dès la première ascension de la colline j'avais été saisi par cette odeur de putréfaction animale, oui, c'est ce que je m'étais dit dès le premier jour, cette odeur n'est pas une odeur d'animal vivant, mais d'animal pourrissant quelque part, et sous les arbres déjà j'avais commencé à regarder autour de moi, à chercher un charnier ou je ne sais quel tas de viande en putréfaction, en vain bien sûr, car l'odeur ne provenait pas de la terre couverte de ronces à cet endroit, mais du ciel, oui, l'odeur flottait dans l'air, mais très haut dans l'air, comme suspendue au-dessus du monde, menaçante, et concentrant ses attaques sur cette colline.
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j’avais découvert la véritable origine de l’odeur que je retrouvais chaque matin en haut de la colline, une fois sous les arbres.
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"Chaque soir quand la mère me bastonnait, des images revenaient, images floues au début puis de plus en plus distinctes..."
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https://www.youtube.com/watch?v=8Xbq6tRXK8A
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Vidéo de Laurent Margantin
« Œuvres ouvertes » est l’un des sites pionniers du web littéraire francophone. Créé en 2000 par l’écrivain et traducteur Laurent Margantin, on peut y lire notamment des récits de Kafka, des fragments de Novalis et de nombreux textes d’auteurs contemporains. Une fois l’an, la revue en format numérique et papier Œuvres ouvertes se propose de faire découvrir ou redécouvrir plusieurs des auteurs publiés sur ce site à travers des extraits de leurs travaux en cours. Avec des textes de : Franz Kafka, Lucien Suel, Laurent Margantin, Antoine Brea, Claudine Chapuis, Pierre Cendrin, Noëlle Rollet, Renaud Schaffhauser, Grégory Hosteins, Serge Marcel Roche, Bernard Saulnier, Serge Bonnery, Ingeborg Bachmann.
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