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Étant moi-même sur le point de partir en congés, il m'a pris l'envie de relire un vieux livre de voyage et j'ai ressorti celui de John Steinbeck : « Voyage avec Charley » (édition Babel de 1995, donc pas vraiment récente). C'est à cinquante-huit ans que l'auteur qui a le virus de la bougeotte décide de traverser l'Amérique dans un mobile home (à qui il donne le nom de « Rossinante », comme le cheval de Don Quichotte) et il emmène avec lui un compagnon, son chien Charley. Ceci en 1960 et pour un road-trip d'environ trois mois. Il va ainsi parcourir le pays d'Est en Ouest et pouvoir se plonger dans l'Amérique profonde. Lors de ma précédente lecture, je m'étais plus attachée au voyage en lui-même, tous ces États traversés, du Maine au Montana, la description des grands espaces, la beauté des paysages… Cette fois, j'ai porté un peu plus d'attention à toutes les réflexions de l'auteur sur ses rencontres, les problèmes de son pays et surtout le racisme, le gaspillage (il se fabrique une machine à laver) et la grande pauvreté présente trop souvent. Et puis, je le reconnais, Charley m'a beaucoup touchée car il s'est montré un compagnon plus que présent. Il ne lui manquait que la parole bien que pour s'exprimer, il émettait des « Ftt » très explicites. D'ailleurs, l'auteur a écrit en page 37 : « C'est le seul chien que j'aie jamais connu, capable de prononcer la consonne « f ». « Ftt » indique en général qu'il aimerait saluer un arbre ou un buisson ». Puisque Charley est capable de si bien se faire comprendre, l'auteur a de grandes conversations avec lui. Ils sont tous les deux en train de tracer une route de 16.000 kilomètres, entrecoupée de surprises (parfois bonnes, parfois moins). Souvent à la recherche de quelque hôtel pour avoir un peu plus de confort (surtout un vrai bain) malgré que Rossinante soit super équipée. Mais John Steinbeck qui voulait revoir son pays, est apparemment déçu quand il se rend compte qu'il a tellement changé. Il ressent une certaine désillusion, de l'amertume, lui qui voulait voir « à quoi ressemblent les Américains aujourd'hui ». A la lecture on ressent une certaine nostalgie d'autant plus que l'auteur se savait malade, alors était-ce un voyage d'adieu ? Il est à signaler que deux ans plus tard, John Steinbeck a reçu le Prix Nobel de littérature et il est décédé en 1968. C'est un auteur de romans mythiques tels que : « A l'Est d'Eden », « Les Raisins de la Colère », ou « Des Souris et des Hommes », qui ont été portés à l'écran. Si au début ses livres n'ont pas connu un grand succès, la gloire lui est venue un peu plus tard et son oeuvre se montre souvent cocasse avec quelques traits d'humour. Pour ne rien gâcher, il sait très bien dépeindre l'amitié et la solidarité de façon bien émouvante. Voilà donc un bon voyage que j'ai refait au milieu de mes valises, avant d'entreprendre le mien qui ne sera pas, lui, un tel périple (en tout cas pas cette fois). Par contre j'émets une petite réflexion sur la couverture de mon livre (c'est rare) : on y montre un homme, certainement l'écrivain, avec un chien tout blanc dans les bras et ce n'est pas un caniche. de plus, dans le récit le chien est gris-bleu !? Où est l'erreur ? J'aurais préféré que cette couverture soit conforme au récit. Mais bon, je ne vais pas chipoter car on me dira (et c'est vrai) : « ce n'est pas le contenant le plus important, c'est le contenu ». N'empêche…. Pour terminer, je voudrais dire que ce livre m'a remis à l'esprit la chanson de Bernard Lavilliers, écrite par Willie Nelson : « On the road again » et elle trottine dans ma tête : On the road again Goin' places that I've never been Seein' things that I may never see again And I can't wait to get on the road again.. + Lire la suite |