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Mary Simon (Autre)Valerie Henitiuk (Traducteur)Marc-Antoine Mahieu (Traducteur)
EAN : 9782902039128
150 pages
Editions Dépaysage (15/01/2021)
4.28/5   38 notes
Résumé :
Quelque part au nord du monde. Le froid, la faim. Un campement attaqué, des chiens éventrés. Un ours devenu fou. L'expédition punitive tourne mal, le sang rougit la banquise. Un jeune chasseur armé d'un simple harpon se retrouve seul à suivre les traces du redoutable carnassier. Mais en vérité, qui traque qui ? Rédigé dans une langue sobre et efficace, Kamik est l'histoire cruelle de cette chasse au long cours, à la fois haletant récit d'aventures et quête initiatiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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L'OURS, LA GLACE, L'HOMME ET LA MORT.

Quel étrange, essentiel et douloureux ouvrage que ce Kamik, chasseur au harpon. Son auteur, Markoosie Pastauq, canadien d'origine inuit, est né en 1941 à proximité d'Inukjuak, un village d'inuits semi-nomades entouré de la toundra du nord-Québec, dans la baie d'Hudson, déplacé par la suite avec plusieurs autres familles à 2 000 kilomètres plus au nord, dans le cadre d'une "délocalisation en Haut-Arctique". de cette expérience douloureuse et de l'écoute attentive de ses aïeux, il fera ce récit - ni tout à fait roman, ni tout à fait témoignage, ni tout à fait conte - qui n'est pas son histoire propre mais celle des habitants de cette terre recouverte de glace, où la vie est exsangue, où la faim tenaille bien souvent, où la moindre erreur peut tuer. Il en concevra aussi les ferments de sa lutte politique en tant que leader communautaire, pour la reconnaissance de ses droits (son frère et lui obtiendront dédommagement du gouvernement fédéral de ce déplacement forcé après une longue lutte judiciaire) et celui de son peuple. 

L'ouvrage lui-même connut une étonnante histoire. Quoi que ce ne fut pas exactement le premier récit entièrement rédigé en inuktitut - la langue inuit - puisque ce qualificatif revient à un autre livre édité lui aussi par les éminentes éditions dépaysage (qui réalise un travail de découverte et de reconnaissance des littératures de ces peuples premiers absolument indispensable auprès du lectorat hexagonal), Sanaaq de l'autrice analphabète Mitiarjuk Nappaaluk. Cependant Kamik fut le premier récit intégralement rédigé en inuit qui, par un certain concours de circonstances, connut une publication officielle, par l'entremise de McGill-Queen's University Press. Devant l'importance et le succès de l'ouvrage, les éditeurs demandèrent à Markoosie Pastauq de traduire lui-même son récit en anglais. le succès fut, sans aucun doute, au rendez-vous mais ce fut pour partie au détriment de sa "vraie" version. En effet, les traductions reprirent à peu près toujours la version anlo-saxonne, évidemment plus accessible, mais, pour reprendre la version française, celle-ci trahissait plus qu'il ne se doit l'intention première de l'auteur, ajoutant des liaisons ici, "corrigeant" des répétitions là. Pire : ainsi affadit, cet ouvrage finit par être proposé à un public "jeunesse" (ado), tandis qu'il s'adresse au moins autant, profondément, violemment même, à un public adulte tant est dure cette version première dont les chercheurs et universitaires Valérie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu nous donnent ici une version aussi fidèle, sincère et crue que possible. 
Car il faut bien l'admettre : sous des dehors de prime abord initiatique - le personnage principal, Kamik, est un presque jeune homme de 15 ans -, mais à cause de la dureté du monde environnant, l'auteur nous plonge peu à peu dans un monde de plus cruel, de plus en plus austère, aride, violent, un monde dans lequel une immuable solidarité entre les êtres suffit tout juste à assurer la survie, encore faut-il accepter que pour un seul qui vit, plusieurs peuvent y laisser la peau. C'est un monde qui ne sait ce qu'est la justice ou l'injustice : simplement, il est, et c'est tout ce qu'il peut offrir à ces hommes et ces femmes qui ne savent jamais de quoi le jour, l'heure, la minute d'après seront fait. Pour autant, ce n'est pas un monde d'où seraient absents l'amour, l'amitié, la pitié, l'empathie, le rire mais aussi le dégoût, la haine, les pleurs ou les désaccords. Pour autant, ces sentiments se trouvent-ils ramenés à leurs expressions les plus radicales et, bien souvent, les plus brèves : l'obligation de survie submerge tout.
On suit ainsi plusieurs groupes épars de ces inuits durant ces quelques quatre-vingt huit pages extrêmement denses, ramassées qu'une écriture ramenée à son expression la plus essentielle tend à rendre encore plus bouleversantes, bien que presque intégralement dénuées du moindre pathos. Les premiers, à l'image de Kamik et de son père, partent à la poursuite d'un ours devenu fou (la rage ? Les inuits accusent de mystérieux vers), craignant qu'il revienne, après avoir failli tuer le père de Kamik. D'autres, d'abord restés au camp, partent chercher de l'aide dans l'attente insupportable et inquiétante des premiers. Sur les conseils de la mère de Kamik qui craint le pire pour son homme, un troisième groupe, sauveteurs inattendus des premiers, se constituera avec les habitants de l'île de Qikirtajuaq : la solidarité joue à plein, même si l'on ne se connaît pas, même si la mort est toujours possible. Mais, même lorsque le pire semble avoir été atteint et, dans une large mesure, dépassé voire partiellement réparé, celui-ci demeure encore possible au détour du chemin... 

D'une poésie aussi incroyable qu'inattendue, forte, laconique, brutale autant que brute, ce récit parfaitement inclassable est d'une puissance d'évocation incroyable, sous des dehors presque simplistes, à la syntaxe ramenée à sa plus crue expression.
Ici, pas d'amusement avec la nature, tout y est gratuit - les immensités enneigées, la glace, l'ours, le loup ou le boeuf musqué ; l'incroyable et inexplicable beauté des aurores boréales - mais la moindre erreur, la moindre défaillance, la moindre faiblesse s'y paient au prix fort. Et pourtant, des femmes, des enfants, des hommes y vivent, dans un dénuement matériel sans doute incompréhensible pour des occidentaux comme nous le sommes, dans une sorte de fatalité (qui n'est pas du fatalisme) que nous ne pouvons guère mieux comprendre, mais ces gens, aussi pauvres et affamés (souvent) peuvent-ils être, sont d'une richesse intérieure et, plus encore, d'une force suprême de vie que notre petit confort moderne, nos facilités diverses, nos climats (pour combien de temps ?) tempérés ne nous permet guère plus que d'imaginer. Tout à la fois conte initiatique, document, fiction, Kamik, chasseur au harpon renoue étonnement avec ce qui fit la gloire des grandes tragédies grecques, ou même avec les textes homériques, bien que le dépaysement soit en l'occurrence total. On y retiendra sans doute, plus que tout, une sacrée leçon de vie en milieu très hostile. Peut-être, aussi, pourra-t-on y lire ce que notre humanité a de terriblement fragile et fugace face à cette autre figure du destin que peut-être la nature la plus sauvage. Plus que jamais, ce texte fait écho à notre monde artificialisé qui se meurt d'avoir souhaité oublier qu'il n'était qu'un minuscule locataire d'une insigne planète nommée Terre.

Un très grand petit texte. 
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Je tiens à remercier les Editions Dépaysage et Babélio pour m'avoir envoyé ce superbe livre, à la couverture magnifique, dont la lecture a ravivé en moi les souvenirs vieux de 30 ans des soleils de minuit à Inuvik et au petit village de Tuktoyaktuk au milieu des Pingos.

Entre le 58ème et le 71ème parallèle s'étend une contrée glaciale, froide, le Nunavik « la Grande terre ». C'est sur cette terre désolée que se déroule l'histoire du jeune chasseur Kamik et de son clan.

Par une nuit d'hiver, rendu fou par une infection due à des vers, un ours blanc attaque les chiens du clan. Salluq, le père de Kamik, décrète qu'il faut le tuer car le grand nanoq est devenu terriblement dangereux : il peut contaminer d'autres ours et semer la terreur en tuant hommes et animaux. le lendemain, neuf hommes accompagnés de soixante chiens s'élancent sur les traces de l'ours. Kamik, est heureux de participer à sa première chasse à l'ours mais il est aussi empli de peur à la pensée de tous les dangers qui les attendent. Les jours passent et les recherches, compliquées par les tempêtes de neige, ne donnent rien... Mais une nuit, l'expédition tourne au drame...
Kamik, armé de son harpon et de son couteau, se retrouve désespérément seul et apeuré. Pour rallier son campement et retrouver les siens, Kamik entreprend une longue marche, affaibli par la faim et l'épuisement physique et moral. Et pourtant, chaque jour, il avance obstinément, luttant pour survivre, souffrant de gelures là où ses bottes se sont usées jusqu'à se percer, mangeant de la corde et le cuir de ses vêtements quand il n'a pas réussi à chasser un phoque et ne se reposant que la nuit dans l'iglou qu'il construit chaque soir.

Cette histoire, Markoosie Patsauq l'a écrite en inuktitut à partir des récits que lui racontaient ses parents et grands-parents dans les années 1940 et 1950, des récits basés sur des histoires véritablement arrivées à différentes personnes. Et ce qui aurait pu ne rester que de l'histoire orale et se perdre à jamais est devenu le premier roman inuit.

Au-delà de la tentative de survie de Kamik, c'est aussi la sienne et celle de tout un peuple que nous conte Markoosie Patsauq. En effet, le drame de Kamik doit se lire à la lumière de cet épisode honteux de l'histoire du Canada, « la délocalisation du Haut-Arctique » que l'auteur et sa famille ont vécu dans leurs chairs.

Markoosie Patsauq est né dans un camp de chasse à Inukjuak en 1941 dans le Nunavik. Mais en 1953, lui, sa famille ainsi que d'autres familles inuites ont été déportés à Resolute, dans le Haut-Arctique avec la fausse promesse d'y trouver de meilleurs territoires de chasse et de pouvoir rentrer chez eux au bout de deux années, alors que le véritable but du gouvernement canadien était de pouvoir affirmer sa souveraineté en colonisant ces terres inhabitées. Resolute est situé à 2000 kilomètres plus au Nord et les conditions de vie y sont infiniment difficiles que celles du Nunavik. Sans soutien du gouvernement, confrontées à la nuit polaire constante pendant des mois (ce qui n'était pas le cas à Inukjuak), les familles inuit vont terriblement souffrir de la famine, de la tuberculose et plus tard, dans les années 60, de l'alcoolisme, seul remède à leurs souffrances. Atteint de la tuberculose, Markoosie Patsauq sera séparé de sa famille et envoyé dans un sanatorium à l'âge de 13 ans dans le Manitoba. Il y apprendra l'anglais et le cri puis deviendra pilote d'avion en 1968. C'est vers l'âge de 30 ans qu'il compilera tous les récits de son enfance pour écrire ce livre témoignage unique, porteur de la voix et de la culture inuites, qui sera tout de suite salué comme un écrit majeur de la littérature du grand nord américain.

Cette nouvelle version française n'a pas été traduite de l'auto-traduction anglaise qu'en avait réalisée l'auteur mais directement de la version originale écrite avec le syllabaire de l'inuktitut. le style est dépouillé, direct, percutant et les points de vue alternent entre les pensées de Kamik, celles de sa mère, des chasseurs et.... de l'ours, ménageant un suspense dramatique jusqu'au dénouement final. Avec cette leçon de courage et de survie, Markoosie Patsauq nous a offert un beau récit du Grand Nord ! Il est décédé l'an dernier, avant que cette nouvelle traduction ne paraisse, mais heureux parait-il de savoir que son roman allait continuer son voyage à travers le monde.
ᖁᐊᓇᖅᐱᐊᖅᑯᑎᑦ ᒫᑯᓯ ᐸᑦᓴᐅᖅ Merci beaucoup Markoosie Patsauq !

Challenge multi-défis 2021
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Un camp d'Inuits au Canada, l'attaque d'un ours, une famille qui essaie de se défendre, une expédition qui se termine mal.
Et, au milieu, un jeune homme, Kamik, qui fait l'expérience de la vie de manière tragique.
Ce roman est l'oeuvre phare d'un écrivain inuit qui, après avoir été pilote d'avion, a souhaité témoigner par ses écrits de ce mode de vie en voie de disparition.
Ce très joli livre des éditions Dépaysage est un témoignage fort d'une civilisation qui s'éteint.
Ce court récit a une portée vraiment universelle.

Merci à Babelio/masse critique et aux éditions Dépaysage
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La merveilleuse collection des éditions Dépaysage vient de s𠆞nrichir d’un titre. Et pas n’importe quel titre.

« Kamik » de Markoosie Patsauq est le premier roman écrit par un autochtone au Canada en 1969. L𠆚uteur est inuit et l’histoire du roman lui vient d’un récit entendu lorsqu’il était lui-même un jeune homme. Mettre par écrit un récit de tradition orale n𠆞st pas anodin. C𠆞st toute la volonté de survivance d’une culture qui se cache entre ces pages.

Ce roman - si je devais le mettre dans des cases - est à la fois un roman d𠆚venture, un roman sur le passage à l�ulte et le témoignage d’un mode de vie. Kamik, 16 ans, participe pour la première fois à une expédition de chasse, avec sept hommes, dans le but d�ttre un ours dangereux sur l𠆚rctique. On suit l’épopée du jeune homme qui va être confronté à de nombreuses difficultés dont bien évidemment je ne vous dirais rien. Mais si la blancheur de la neige recouvre le paysage c𠆞st bien la noirceur qui l𠆞mporte dans ce récit dur et immersif.

Au delà de la littérature, ce texte est un document pour l’histoire. D�ord écrit en inuktitut, l𠆚uteur l𠆚 très vite traduit en anglais (il connu d𠆚illeurs le succès) puis il fut retraduit dans d𠆚utres langues à partir de la version anglophone. L’intérêt et l’importance de cette version tient dans le fait qu’il est traduit en français directement de l’inuktitut. Et ça change tout. Sans médiation on colle au plus près à la mémoire inuite et aux intentions de l𠆚uteur. Tout cela est clairement expliqué dans le « à propos de la traduction » qui ouvre le roman.
La préface et le mot de l𠆚uteur, quant à eux, viennent mettre en lumière le déplacement forcés d’inuits par le gouvernement canadien dans le haut arctique dans les années 50. Un chapitre sombre de l’histoire canadienne.

« Kamik » est un indispensable pour quiconque s’intéresse aux peuples autochtones du continent américain. Je ne saurais répéter une fois de plus l’incroyable travail accompli par cette maison d’édition pour nous éclairer, pour nous donner à lire des textes écrits PAR des auteurs des premières nations plutôt que des textes écrit SUR les premières nations.

Traduction de Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu
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J'ai acheté ce livre il y a de nombreuses années à la librairie du Québec, à un moment où je découvrais la littérature francophone d'outre-Atlantique. Ce livre bilingue (inuit-français) est un objet assez particulier avant tout parce qu'il permet de découvrir une écriture que je n'avais jamais vue avant, faite d'étranges symboles plutôt géométriques. C'est aussi un livre témoignage puisque, comme répété à l'envi, sur la quatrième de couverture, dans les différentes partie de l'introduction et je ne sais où encore, il s'agit du premier roman inuit publié. Je me suis aperçue que la traduction française a été établie à partir de la traduction anglaise, ce que je déplore, d'autant que j'imagine qu'il doit bien exister des traducteurs de l'inuit au français. Mais j'ai tout de même lu ce livre avec plaisir et intérêt. L'objet est d'ailleurs agréable à tenir en main, avec sa couverture aux couleurs sobres et au toucher épais et rugueux.
Dans son court avant-propos, Markoosie, l'auteur, indique qu'il raconte ici une histoire qu'il a maintes fois entendue raconter enfant, elle fait partie de son patrimoine oral et il a décidé de l'écrire pour qu'elle ne se perde pas. Et cette histoire est dépaysante lorsqu'on la lit avec nos yeux d'Occidentaux. C'est une histoire de solidarité, de passage à l'âge adulte, de responsabilité, de dépassement de soi. On sent le froid, on sent la faim, on sent l'effort, on sent le dépassement de ses propres limites. On ressent la vie telle qu'elle peut être dans des milieux aussi hostiles, et pour moi qui suis particulièrement frileuse, j'apprécie de lire ce type de roman cachée sous ma grosse couette.
Mais le livre n'est pas que dépaysant, il est déroutant aussi. Dès sa parution en anglais puis en français, il a été classé en littérature jeunesse, ce qui hélas a probablement nui à son rayonnement. Mais je ne donnerais certainement pas ce livre à lire à des enfants. En effet, au-delà des scènes de chasse et de randonnées harassantes, ce livre questionne ouvertement le sens de la vie, les raisons que l'on a (ou que l'on n'a pas) de continuer à vivre, de se battre pour survivre, et la fin est tout à fait inattendue.
Markoosie a entendu cette histoire enfant. Manifestement l'éducation des enfants inuits à son époque diffère profondément de l'éducation occidentale actuelle. Cela en dit probablement aussi assez long sur la façon dont on prépare ses enfants aux tâches, responsabilités et défis qui les attendront adultes. Et c'est un livre très intéressant à lire en tant qu'adulte.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En 1941, le gouvernement fédéral a commencé à assigner un numéro à chaque Inuit-e. Ces numéros se retrouvaient sur des disques d'identification - qui n'étaient pas sans rappeler les plaques pour les chiens - et devaient être portés autour du cou. L'ujamik («collier») de Patsauq indique qu'il a été enregistré dans la région à l'est de la baie d'Hudson. Suite à la mise en place d'un nouveau programme gouvernemental contraignant les Inuit-e-s à adopter des noms de famille, souvent ceux de leurs pères ou de leurs grand-pères, le système des disques est abandonné en 1972.

[Extrait de la préface de Valérie Henitiuk, universitaire et par ailleurs co-traductrice de cette réédition entièrement nouvelle en langue française, publiée chez dépaysage en 2020]
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Les chasseurs, exténués, se reposent à nouveau. Ils se sont couchés là, à même la neige, et ne font aucun bruit à part celui de leur respiration. Kamik a sommeil et s'endort sur place, le visage contre la neige. Mais ses muscles fourbus lui font si mal qu'ils le réveillent. Il se tourne sur le dos et voit les étoiles dans la nuit tombée. Il y a de si belles choses à voir en ce monde, se dit-il, mais c'est un monde de froid glacial et de famine. Puis il voit aussi des aurores boréales. Il se demande ce qui les fait apparaître et pourquoi elles apparaissent à cet endroit précis. Le monde peut vous donner de belles choses à voir tout en vous faisant mourir de faim.
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Comme les chiens se mettent à hurler, les chasseurs sont tous réveillés au même moment. Ils sont encore là, à l'intérieur de leur iglou, lorsque quelque chose le réduit en morceaux. Tous entendent alors un grand bruit. Le grondement d'un ours blanc. Kamik comprend que l'animal est arrivé jusqu'à eux. On lui a raconté que les ours détruisent les iglous d'un seul coup de patte. Il se rend compte que cela vient d'arriver au leur. Ecrasé par les blocs de neige, il essaie en vain de se relever. Quand il y parvient au prix d'un grand effort, il saisit son harpon et se retourne.
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L’ours qui est venu ici n’a certainement pas toute sa tête. Il doit être malade, car je n’ai jamais connu d’ours qui s’approche des hommes uniquement pour se battre avec les chiens. Je pense qu’il a attrapé des vers qui rendent fous. Lorsque les chiens et les renards ont ces vers, c’est ce qui arrive : ils perdent la tête et deviennent dangereux. Peut-être que cet ours les a aussi attrapés. Si c’est le cas, il va semer la terreur. S’il s’est abattu avec un autre ours, cet adversaire sera infecté aussi. Et si d’autres ours attrapent les vers, ils vont tuer beaucoup d’hommes, de chiens et d’animaux.
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Kamik a sommeil et s'endort sur place, le visage contre la neige. Mais ses muscles fourbus lui font si mal qu'ils le réveillent. Il se tourne sur le dos et voit les étoiles dans la nuit tombée. Il y a de si belles choses à voir en ce monde, se dit-il, mais c'est un monde de froid glacial et de famine. Puis il voit aussi des aurores boréales. Il se demande ce qui les fait apparaître et pourquoi elles apparaissent à cet endroit précis. Le monde peut vous donner de belles choses à voir tout en vous faisant mourir de faim.
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Vidéo de Markoosie Patsauq
- "Kamik, chasseur au harpon", de Markoosie Patsauq,chez Dépaysage. Kamik, chasseur au harpon est un roman fondateur de la littérature inuite canadienne. C'est le récit haletant d'une chasse à l'ours qui nous ouvre à l'univers âpre et sauvage des grandes étendues de glace. Terrible et beau, un texte traduit pour la première fois de l'inuktitut. A découvrir absolument ! https://www.librest.com/livres/kamik--chasseur-au-harpon-markoosie-patsauq_0-6966834_9782902039128.html
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