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André Markowicz (Traducteur)
145 pages
Mesures (01/04/2020)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Si Léonid Andréïev (1871-1919) fut à son époque, de l’avis général, « l’écrivain le plus connu de son temps, à part Tolstoï », qui le connaît aujourd’hui ?
Il est l’auteur d’une œuvre gigantesque, multiforme et violente, comprenant une centaine de récits et une quarantaine de pièces, chacune totalement nouvelle, qui furent créées par les plus grands metteurs en scène des années 1910.
Cet insatiable inventeur de formes, cet homme d’une envergure épique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai découvert cette pièce de théâtre en cinq actes grâce à une chronique d'André Markowicz où il parlait de la traduction et réédition de cette pièce rare, même en Russie. L'article a piqué ma curiosité car j'apprécie cet écrivain.
Joué en 1907, cette pièce « la vie de l'homme » marquera le théâtre russe. La mise en scène originale et innovatrice de Meyerhold bouscule alors les règles classiques. Une série de tableaux traite des différentes étapes de « la vie de l'homme » Andreïev nous parle de la toute puissance du destin. Il semble fataliste. Il faut à ce titre évoquer la nature révoltée et tourmentée Andreïev, et de façon suicidaire il a joué avec son destin. André MarKowicz écrit : « Il a fait une première tentative de suicide en se jetant entre les rails d'une voie ferrée, au passage d'un train, après avoir noté dans son journal : « Si je reste en vie, c'est que la vie a un sens ; si le train m'écrase, eh bien, ce sera la volonté de la providence. » par la suite il fit deux autres tentatives.
Ces tableaux : naissance et souffrance de la mère, amour et pauvreté, le malheur de l'homme et bien sûr sa mort... sont dressés dans un clair obscur où la lumière d'une bougie se consumant, constitue le symbole de cette vie. Tout le décor : les tentures noires, les acteurs drapés, l'ombre, la lumière, la musique participent à créer une ambiance lugubre. Il n'est pas facile de transcrire les affres de l'âme humaine. Evidemment lire une pièce de théâtre ne donne qu'une vague idée du décor et de la mise en scène où les symboles tiennent une place prépondérante. C'est tellement nouveau qu'il faut lire et relire, heureusement le texte est court.
Andreïev excelle dans l'écriture des drames de la vie et des souffrances de l'âme humaine, Gorki disait être rempli « d'effroi » par la lecture d'Andreïev. Son écriture est hyperéaliste et noire et c'est le cas dans cette oeuvre qui constitue le drame symbolique de la vie de l'homme où tout concourt vers la déchéance et la mort. Dieu ! Que la vie est triste et sombre selon la vision D'Andreïev !
Andreïev explore la relation de l'homme à Dieu il est la puissance d'un ultime recours dans son désespoir, il le maudit et implore son aide. « L'homme » vient de perdre son fils, il est triste, et miséreux, il s'écrie alors en interpelant Dieu : « Quant à toi, je ne sais pas qui tu es, dieu, diable, destin ou vie, mais je te maudis ! ». Il crie sa détresse : « Réponds inconnu… Réponds tout-puissant et miséricordieux »

le public a accueilli la première représentation avec enthousiasme ! Cette oeuvre est importante car Andreïev a écrit de nombreuses pièces de théâtres dont beaucoup sont perdues. Les éditions Mesures viennent de rééditer cet ouvrage André Markowicz en est le traducteur. Dans sa postface il parle du « sanglot du désespoir c'est le nom dit-il qu'avait trouvé Andréï Bély pour qualifier ce dont cette pièce était pénétrée ».
Je déconseille la lecture à ceux qui broient du noir !!!


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Leonid ANDREÏEV a écrit durant sa carrière une quarantaine de pièces de théâtre, certaines paraissent aujourd'hui définitivement perdues, d'autres difficiles à dénicher, notamment en langue française. Heureusement, les éditions Mesures sortent de leur chapeau magique « La vie de l'homme », une pièce de structure originale et désarmante.

En cinq tableaux, c'est toute la vie d'un homme qui nous est donnée à découvrir. Une femme accouche en d'affreuses souffrances. « Ça, ça ressemble plutôt au hurlement d'un animal. On sent de la nuit dans ce cri ». de vieilles dames commentent au loin l'acte de maternité tandis qu'une bougie se consume. Cette bougie, tenue par un énigmatique « Être en gris » au visage de pierre représente l'espace temps, elle va brûler tout au long de l'action. Jusqu'à s'éteindre.

L'homme est désormais marié, lui et sa femme sont miséreux (« Comme ils sont pauvres ! Comme ils sont heureux ! ») mais font des projets, envisagent un avenir radieux que l'on croit fantasmé. Et pourtant, nous les retrouvons riches, organisant un bal faste et somptueux pour lequel sont présents de nombreux convives, tous impressionnés au milieu d'un buffet abondamment garni.

Mais la vie pouvant réserver de vilains écueils, l'homme et la femme, devenus subitement vieux et usés sont de nouveau pauvres. Témoins de l'agonie finale de leur fils, ils implorent le ciel. Puis survient l'inéluctable fin de l'homme. Extinction de la bougie.

ANDREÏEV désirait écrire un théâtre non académique, loin des règles en vigueur. Par cette pièce, il démontre son talent hors normes. Si le texte est bien divisé en cinq actes, c'est pour mieux le découdre et le faire parfois évoluer vers une structure purement romanesque qui bouscule le lectorat. Lors de ces extraits, il n'est plus possible de savoir qui parle car, contrairement au théâtre classique, le nom de celui qui prend la parole n'est soudainement plus écrit, et le texte bascule vers une fiction romanesque avant de réintégrer sa structure première plus aérée. Quant à la bougie, témoin de cette vie, elle en est en quelque sorte le personnage principal, alors qu'elle n'apparaît qu'en de rares occasions. Elle fait figure de métronome.

Un autre témoin de cette descente aux enfers conjugale est « La petite vieille » qui vit chez eux. « Vous vous demandez où est passée la richesse – je ne sais pas, peut-être que c'est étonnant, mais j'ai passé toute ma vie chez les gens, j'ai vu comment l'argent partait, comment il disparaissait, peu à peu, comme dans des fentes. Maintenant, c'est pareil chez mes maîtres. Il y en avait beaucoup, après il y en a eu moins, après, plus du tout ; il y avait des clients qui venaient et faisaient des commandes, et puis ils ne sont plus venus. Un jour, j'ai demandé à Madame comment ça se faisait, et elle m'a répondu : « Ce qui plaisait ne plaît plus ; ils n'aiment plus ce qu'ils ont aimé ». – Comment ça se fait, que ce qui a plu puisse cesser de plaire ? Elle n'a pas répondu et elle s'est mise à pleurer, mais pas moi. Ça m'est égal. Ça m'est égal ».

ANDREÏEV semble jouer avec les situations, par des phrases ou images à double sens. Il fait preuve d'une grande innovation tout en rendant la forme poétique. Cette pièce – sa troisième, les deux précédentes ayant été touchées par la censure - écrite en 1906 fut montée en Russie dès 1907 par Vsévolod MEYERHOLD notamment, mise en scène qui va provoquer une brouille entre les deux hommes. C'est dans une postface détaillée d'André MARKOWICZ que vous connaîtrez la teneur de cette dispute. le traducteur du présent ouvrage propose de longs extraits de la correspondance entre ANDREÏEV et MEYERHOLD mettant en avant leurs profonds désaccords. Ce livre somptueux est paru en 2020 aux éditions Mesures à 500 exemplaires, mais une réimpression de 100 copies fut mise en oeuvre dès la toute fin de 2021. Pour parachever le travail, le volume s'achève avec une très instructive chronologie de l'auteur.

Si Leonid ANDREÏEV représente une quelconque importance littéraire pour vous (s'il ne représente rien, nous n'avons plus rien à nous dire !), inutile de préciser qu'ils vous faut vous jeter sur cette pièce de théâtre. Pour finir et vous faire un peu plus languir, j'ajoute que visiblement cette pièce n'était auparavant parue qu'une seule fois en France, c'était en 1930…

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Regardez et ecoutez vous qui venez ici pour vous amuser et pour rire.Vous verrez passer devant vous toute la vie de l'Homme, de sa sombre origine jusqu'à sa sombre fin. Lui qui n'a pas encore été, mystérieusement enterré dans l'infini du temps, qui n'a été ni pensé, ni senti ni connu par quiconque, - il brisera mystérieusement les verrous du néant et amorcera par un cri le début de sa courte vie
Dans la nuit du néant surgira un luminaire allumé par une main inconnue, - voici la vie de l'Homme. Regardez sa flamme - voici la vie de l'Homme.
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Vidéo de Leonid Andreïev
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