Arno Firenze quitte Venise, pour l'expédition d'Égypte.
Napoléon Bonaparte lui confie la lourde tâche d'être le seul musicien parmi les savants qui l'accompagnent. La première planche est très révélatrice de ce qui va suivre : l'intrigue de la bande dessinée n'est qu'un prétexte pour évoquer cette expédition qui est au coeur de l'épopée napoléonienne.
Le scénario ne progresse guère. Les conjurés de la pique rouge semblent toujours aussi déterminés à assassiner
Bonaparte et redoutablement organisés malgré leur récente défaite. Curieusement, les tentatives semblent être davantage destinées à mettre un terme prématuré à la vie du protagoniste que celle du futur empereur. Et ce n'est pas là, la seule incohérence du script. Une histoire est spécifiquement dédiée à cet album. Elle est agréable à suivre, plaisante et fait penser aux deux tomes composés par
Edgard P. Jacobs : le mystère de la grande pyramide. le registre est pourtant différent et des nouveautés font ici leur apparition. le dénouement (fortement convenu) rappelle beaucoup le pique rouge et donne l'impression de tourner en rond.
Pourtant cette impression de légèreté ne nuit pas à l'ensemble. Pourquoi ? Tout simplement parce que les dessins sont d'une force rare. Les scènes navales, pourtant peu nombreuses, sont sublimes tout comme cette succession ininterrompue de tableaux réussis. L'enchainement des cartouches force l'admiration. Les scènes d'actions, les paysages (les différents sites, la ville du Caire, le désert) sont encore sublimés par une touche de mystère (passages secrets, coulisses des sites religieux) habilement exploitée.
Comme pour l'album précédent c'est toute une ambiance qui est retranscrite ici. Si l'on a aimé le pique rouge, l'on aimera L'oeil de Kéops. Cette bande dessinée s'adresse essentiellement aux adeptes de la période (même si
Napoléon Bonaparte est moins présent), aux curieux désireux de s'immerger dans une ambiance retranscrire sur papier, aux amateurs de culture égyptienne et tout simplement aux aficionados du 9ème art, qui trouve ici un classique.