Introduction au Bouddhisme

Les quatre Nobles Vérités contiennent l'essence de l'Enseignement du Buddha et marquent l'émergence historique du bouddhisme. Pour saisir profondément le sens de cet enseignement, qui est le coeur de la pensée bouddhique, il faut se tourner vers les caractéristiques de l'existence. Celles-ci, l'impermanence (anicca) et le Non Soi (anatta), sont à l'origine de l'insatisfaction et de la douleur universelles. Manifestement, la Voie spirituelle découverte et transmise par le Buddha ne peut se pénétrer qu'à partir de la reconnaissance de cette souffrance (dukkha), de ses causes (samudaya) et des possibilités de sa cessation (nirodha). Ce n'est qu'au terme de cette approche intellectuelle et expérimentale que s'ouvre le Sentier bouddhique (magga) conduisant, par étapes, à la Délivrance.
Il serait peut-être bon de rappeler que le Buddha connut, lors de son Eveil, la Paix profonde et indescriptible de la non-dualité, bien au-delà de toute joie éphémère et relative. Il contempla alors le monde plongé dans la confusion et la souffrance, lui qui s'en était affranchi après de longs, énergiques et patients efforts. Ce qu'il avait découvert, "cette Voie difficile à saisir, qui va à contre-courant...", il décida, par compassion, de la transmettre à l'humanité.

L'existence humaine prend une valeur particulière dans la pensée bouddhique, celle de permettre à l'homme de s'affranchir de sa condition insatisfaisante et de connaitre le bonheur, la lucidité et la liberté intérieure. Dans l'approche bouddhique de l'existence, c'est la qualité de l'esprit qui détermine les expériences heureuses ou douloureuses et qui fait renaître sur l'un des six plans caractérisant le cycle des existences (samsara). La forme humaine seule permet de franchir progressivement les niveaux qui conduisent l'esprit de l'obscurité à la lumière, de l'état conditionné propre au Cercle des renaissances à un état libre de tout voile d'illusion, libre du songe de l'existence, bref au nirvana non conditionné.

Voyons maintenant la thèse philosophique la plus importante du Bouddhisme qu'est le Non-Soi (anatta). Elle est, en fait, le développement de l'approche de l'individu conçu comme composé de phénomènes psychophysiques impermanents. Nous avons vu qu'aucune substance stable ne pouvait être trouvée dans l'individu et que l'homme était en constante modification. On peut ainsi parler d'un "je " conditionnel qui n'a pas de réalité permanente. D'autre part, lorsqu'on étudie l'énoncé de la production conditionnée, on peut constater que les différents facteurs de l'existence sont interdépendants et n'existent pas conséquent qu'en dépendance d'autres phénomènes. Nés de causes et de conditions, les phénomènes de l'existence apparaissent, changent et se transforment constamment. On arrive encore à la même conclusion que par l'approche analytique des cinq agrégats d'existence : il n'y a rien de permanent dans l'individu. Le Dhammapada précise bien : "sabbe sankara anicca", c'est-à-dire : "Tous les phénomènes conditionnés sont impermanents". Et l'interdépendance des phénomènes psychophysiques et des facteurs de l'existence, leur existence en dépendance d'autres phénomènes, prouve aussi qu'ils n'ont pas d'existence propre : il n'existe que par le pouvoir d'autres phénomènes. Ainsi les phénomènes sont-ils non seulement impermanents mais également insubstantiels, vides de nature propre.

L'éthique bouddhique est posée comme préalable à la méditation et à la réalisation de la Sagesse. Elle n'est pas posée en questions de bien ou de mal, mais d'actes du corps, de la parole ou de l'esprit méritoires ou non.
Révélée par le Buddha, l'éthique bouddhique vise à diminuer les trois passions fondamentales, à savoir l'illusion, le désir avide et la haine, ainsi que toutes les émotions perturbatrices qui en dérivent : la jalousie, la colère, la médisance, etc.

"Tous les êtres vivants possèdent leurs actes (kamma) : il est leur héritage, leur cause congénitale, leur parenté, leur refuge. C'est le kamma qui détermine les états bas ou élevés des êtres".

Samyutta-nikaya