La parution du dernier roman de
Carole Martinez est toujours un moment attendu. L'auteur prend son temps entre l'écriture de chacune de ses oeuvres qui se révèlent toujours être des instants de lecture particuliers, un temps où le lecteur est transporté dans un monde vacillant entre le réel et le merveilleux.
La narratrice , une romancière (double de
Carole Martinez ou
Carole Martinez elle-même ?) cherche l'inspiration pour écrire un nouveau roman. Lorsqu'elle tombe un jour sur une vieille carte postale représentant une vue d'un petit village avec la silhouette d'une femme, l'auteure est intriguée, aspirée par cette femme inconnue qu'elle imagine boiteuse. Après quelques recherches, elle retrouve ce village où elle décide de s'installer pour trouver l'inspiration et écrire son nouveau roman.C'est à Trébuailles, situé en pays Gallo, qu'elle s'installe. Et c'est dans ce village qu'elle rencontre Lola Cam, la postière, qui va lui conter une étrange histoire de coeurs cousus.
Etrange roman que «
Les roses fauves » qui renferme non pas une mais trois histoires. Si Lola Cam est certainement le personnage central de ce roman, c'est ensuite autour d'elle que se ramifient les histoires de Dolores Ines, son aïeule, et celle de Marie, la boiteuse. Trois femmes, trois vies, où des roses mystérieuses au parfum envoûtant vont jouer un rôle déterminant. Les personnages secondaires, joués par les commères du village qui se regroupent à la poste, forment le choeur de ce récit aux accents tragiques.
D'une extrême sensualité, l'écriture de
Carole Martinez nous entraîne à la suite de ces femmes qui s'ouvrent et s'offrent au désir charnel, au même rythme que ces roses prolifèrent à foison. La frontière entre la réalité et le merveilleux s'efface, les personnages deviennent ceux d'un conte où les roses déversent également un venin et une malédiction. La narratrice elle-même n'échappe pas à ce récit fantastique, se perdant dans les visions d'une autre époque.
«
Les Roses fauves » est certainement le roman de l'écrivaine qui touche le plus à l'intime puisqu'elle s'y met en scène.Au-delà des histoires qu'elle nous conte,
Carole Martinez nous fait également partager ses réflexions sur l'écriture et sur la conception d'un roman. Comme elle nous le dit si bien, « Un roman n'est pas un mensonge, puisqu'il ne se présente pas comme la vérité, même s'il s'en donne les apparences. Il peut pourtant contenir plus de réalité qu'un témoignage, permettre de toucher à l'intime, de dire ce qui ne saurait être dit autrement. ».
L'auteur livre dans son dernier roman une part d'elle-même que l'on ne retrouvait pas dans ses précédents ouvrages. La féminité est également au coeur de ce récit qui parlera à toutes les femmes.
Mais est-ce le fait d'entremêler trois histoires en une ? Toujours est-il que l'une remporte ma préférence (celle d'Ines) et que les autres, pour le coup, m'ont moins touchée, entraînant certaines longueurs dans le roman. le fameux choeur des commères m'a également semblé parfois confus.
Ce sera ici mon seul regret car
Carole Martinez nous démontre une nouvelle fois tout son talent de conteuse, qui malgré nous, nous emporte également.
Merci à Babélio et aux éditions Gallimard pour ce précieux cadeau.