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EAN : 9782290166383
128 pages
J'ai lu (23/05/2018)
4.35/5   47 notes
Résumé :
Ce mot ne figure pas dans le dictionnaire, mais il désigne un phénomène réel et ordinaire. Chaque jour, les gros sont victimes de discriminations : si vous pesez 150 kilos, vous aurez du mal à trouver un travail (vous êtes présumé fainéant), à vous habiller (les magasins ne vendent pas de vêtements en taille 60), à vous soigner (il faudra dénicher un cabinet équipé pour vous prendre en charge, et la bienveillance n’est pas toujours au rendez-vous), à prendre l’avion... >Voir plus
Que lire après « Gros » n'est pas un gros motVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Les auteures nous alertent sur les situations de discrimination dont les grosses personnes sont quotidiennement victimes.
Elles dénoncent d'abord les représentations erronées de l'obésité et de ses causes, et détaillent ensuite les domaines de la vie quotidienne dans lesquels l'obésité pose problème, pas seulement comme caractéristique physique mais aussi en raison de l'hostilité des autres ou de la société : difficultés pour s'habiller (trouver des vêtements à la bonne taille), pour se déplacer dans les transports en commun (dont l'avion), se nourrir (regard des autres, régimes "arnaques"…), travailler, etc.
Elles étayent leurs propos par de multiples exemples et de courts témoignages. Elles demandent au législateur de modifier la loi sur les discriminations spécifiques faites aux personnes en surpoids.

Certains témoignages sont édifiants et l'ouvrage nous fait prendre conscience de difficultés auxquelles nous n'aurions a priori pas songé. Sa lecture est donc très salutaire pour tous. S'agissant des représentations sur les grosses personnes, l'ouvrage met bien en évidence de multiples facteurs de surpoids (éducatifs, sociaux, psychiques…).

La dénonciation des régimes minceurs et autres méthodes présentées comme miraculeuses est particulièrement intéressante et étayée :
« Si [avec le régime Dukan] l'amaigrissement est significatif dans la première phase du régime, les ennuis arrivent par la suite : les patients ont de grandes difficultés à ne pas reprendre le poids perdu. Cela s'explique par le fonctionnement même de cette diète […]. Ah, l'haleine Dukan, on s'en souvient tous ! La perte de poids est rapide, souvent euphorisante mais vous puez de la gueule. […]. Une fois la joie des premiers kilos perdus envolée, le parcours du combattant Dukan est long et souvent semé d'embûches, et se solde trop fréquemment par un échec. ».

Une généralisation du propos selon lequel l'obésité ne résulte pas d'un manque de volonté occulte le fait que certaines personnes vivent en surpoids par choix de vie, en tout cas j'en connais. Leur devise à ceux-là est : « J'aime consommer, j'aime bouffer, je n'ai qu'une vie, une fin brutale vaut mieux qu'une longue déchéance, et oui je suis gros mais je vous emmerde… »

Je regrette aussi que la notion de « gros » ne soit pas mieux définie dans cet ouvrage, de manière plus technique ou médicale, avec plus de données chiffrées sur l'ampleur du phénomène dans notre société.
De fait, les auteures semblent fâchées avec les statistiques, comme le montre leur confusion entre une médiane (qui partage un effectif en deux) et une moyenne (telle que des collégiens savent la calculer) en page 43 :
« Selon une étude la femme moyenne en France mesure 1,62 m, pèse 62,4 kilos et s'habille en 42. Il faut donc comprendre que la moitié des femmes s'habillent au-delà de la taille 42 ».

Enfin, si les grosses personnes ne doivent pas faire l'objet de discrimination ni de jugements hâtifs de la part des autres, il n'en demeure pas moins que l'obésité en tant que telle mérite d'être regardée généralement comme la conséquence de modes de vie à corriger : vie trop sédentaire, aberrations alimentaires.

Une législation existe déjà pour interdire la discrimination sur des critères physiques (Code du travail). Contrairement à ce que laissent entendre les auteures, la difficulté en la matière ne réside pas dans une absence de prise en considération de possibles discriminations liées au poids mais dans la possibilité d'en établir la preuve en cas d'infraction, comme pour les autres formes de discrimination (raciales par exemple).

Enfin, plutôt que de chercher à culpabiliser les gens de manière généralisée au sujet de leurs attitudes vis-à-vis des grosses personnes, il convient de soutenir toutes les initiatives (notamment fiscales) visant à lutter contre tous ceux qui entretiennent l'obésité et/ou en vivent (industriels dont ceux du sucre, charlatans en tout genre dont les émissions de télé-achat et vendeurs de régimes 'miracles'…).
Des connaissances de base en diététique devraient faire partie des programmes scolaires (en SVT et/ou en lien avec les activités sportives).
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Gros n'est pas un gros mot, c'est vrai... Alors pourquoi utilisons-nous des adjectifs tels que plantureuse, curvy ou pulpeuse à la place ?

Vaste question à laquelle tentent de répondre les deux autrices de ce livre, Daria Marx et Eva Perez-Bello, membres du groupe «Gras politique».

Elles abordent d'abord la série de clichés qui collent aux grosses personnes tels que : ils sont paresseux, rigolo, ils sentent mauvais, ils sont lubriques. Même de l'écrire, ça pique et ça fait honte. Bien sûr, elles reviennent sur l'inefficacité des régimes et la pénibilité des chirurgies de l'obésité, ainsi que sur la boulimie et l'hyperphagie qui sont encore mal considérés.

Pourtant, les statistiques parlent d'elles-mêmes... La part de la population en surpoids ou obèse est en constante évolution et plus d'un tiers des femmes françaises s'habillent en 40-42.

Alors pourquoi les gens gros sont-ils invisibilisés ? Pourquoi ne sont-ils pas mieux représentés dans la fiction et les media ?

C'est que nous vivons dans une société grossophobe qui discrimine les gros. Que ce soit pour s'habiller, trouver un emploi, se soigner, ou boire un verre à une terrasse, tout est difficile et non adaptés et les témoignages parsemant cet essai l'attestent.

Une lecture très instructive qui fait le tour de cette discrimination ordinaire qu'est la grossophobie, à l'aide de chapitres courts et concis.

Un livre qui révolte car cette discrimination est encore très ancrée. À nous d'agir à notre niveau, en changeant notre regard, en évitant certaines réflexions blessantes, en en parlant autour de nous et en ne riant pas aux blagues anti-gros...

Je le recommande vraiment et je dirais même qu'il est indispensable de le lire. Vous pourrez compléter cette lecture avec le témoignage super pertinent de Gabrielle Deydier «On ne naît pas grosse», dont j'ai déjà parlé ici.

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Il y a quelques semaines j'ai vu en entrevue les 2 auteures, et l'une d'elle a énoncé une chose, une chose anodine mais qui m'a marqué, que nous étions tous plus ou moins grossophobe car nous avons tous peur d'être gros.

On s'imagine dans notre inconscient que non je ne suis pas grossophobe, mais la réalité c'est que nous le sommes tous (un peu).

Sans s'apercevoir par des petits détails, des petits gestes, des petits regards, des petites réflexions, dans notre vie d'enfant, d'ado, d'adulte nous l'avons tous été et nous le sommes encore.

A la lecture de cet essai je me suis reconnue dans les 2 camps. La honte de manger en public, les commentaires des médecins, regarder une personne en surpoids et la juger sans m'en rendre compte.

Chaque chapitre évoque un thème différent : l'enfance, les régimes, les transports, le travail …..Illustrés par des statistiques, des situations de la vie de tous les jours et surtout des témoignages. Des témoignages courts mais percutants voire dans certains cas cruels.

Ce livre n'a pas été écrit pour juger, mais plutôt pour alerter et mettre en évidence une situation qui perdure : La fausse image du corps dans notre société. Arriverons-nous à nous remettre en question, à changer nos mauvais réflexes .... j'en doute....

A lire et à relire sans modération.
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Le collectif "Gras politique" se bat contre la grossophobie. Malheureusement dans une société où la culture de la beauté est reine, la cruauté va de paire. C'est d'autant plus vrai quand cela est corroboré avec un culte de la maigreur, du sans-poil, du sans-ride. Alors dès qu'une personne ne rentre dans pas les critères la pression sociale explose. Combien de femmes se sentent bien dans leur corps? A force de croire qu'il faut ressembler à un squelette, elles croient qu'avec un kilo en trop, elles sont grosses. Alors comment doit se sentir des femmes avec du vrai surpoids? Et bien, c'est vraiment difficile car il faut faire face aux regards dans la rue, des remarques désobligeantes, des gestes déplacés... Cela aussi bien de la part d'inconnus que des professionnels de la santé qui n'hésitent jamais à émettre un jugement digne d'un enfant de 4 ans. Combien de personnes en allant voir un médecin se sont fait reprocher leur poids avant même que ce dernier ne demande les raisons médicales ou même si déjà elle fait du sport? Ce n'est pas encore demain que le serment d'Hippocrate aura un vrai sens sur le respect du patient. D'ailleurs l'association propose sur son site une liste de médecins bienveillants sur la France. "Aujourd'hui, bien que n'étant pas une maladie infectieuse, l'obésité est considérée comme une pandémie et un véritable enjeu de santé publique. Depuis 1975, le nombre d'obèses sur la planète a presque triplé. En 2016, 1,9 milliard d'adultes étaient en surpoids, dont 650 millions en obésité, soit 13%. En France, plus précisément, 15,3% de la population adulte est obèse (contre 8,5% en 1977) : d'ici 2030, l'OCDE estime que la proportion d'obèses pourrait atteindre 21% (47% pour les Américains...)." Un véritable enjeu de société qui montre pleins de problème outre que la pauvreté. Il n'y a pas que de bons gros qui ont le droit à de la compassion comme une femme qui suit une PMA ou atteint d'un dérèglement hormonal. le reste ce n'est qu'une bande de fainéants qui ne bougent pas leur cul, qui glandent et qui profitent des aides. Qui voudrait embaucher une telle personne? Dans certains pays, les hommes obèses représentent la réussite. Mais uniquement les hommes et ceux qui ont de l'influence. C'est une exception. Les clichés sur les gros deviennent normaux à force de les entendre partout et légiférer par les représentants scientifiques. Il faut apprendre à déconstruire les mensonges que l'on entend comme des vérités. La publicité qui promet de faire perdre du poids en achetant un produit ou un régime miracle n'est qu'argument de vente. Faire croire déjà qu'il y a un problème avec le fameux IMC totalement biaisé c'est déjà pas mal et à cela se rajoute la facilité. D'un coup de baguette magique, tout peut changer. le seul effort est d'ouvrir son porte feuille et plusieurs fois de suite. le mensonge et la culpabilité est un sacré de commerce. La chirurgie plastique va même surfer sur la vague pour charcuter tous ceux mal dans leur peau. le temps passe et les gens qui se suicident, meurent sur la tableau d'opération s'accumulent. Jusqu'à quand faudra t'il accepter cela pour évoluer? le changement est possible maintenant si chacun apprenait la tolérance, l'acceptation des autres et l'écoute sans jugement.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Nous sommes tous grossophobes parce que nous vivons dans une société qui l'est, qui les rejette. Je suis grosse, moi que j'ai pu l'être, je fait partie des 5% de chanceux qui ont réussi à perdre du poids et à se maintenir (pas sur l'intégralité mais j'ai quand même réussi à ne reprendre que 10 kilos et à stabiliser à -16 kilos)
Je suis (presque) bien dans ma peau, j'ai conscience des discriminations, j'en ai souffert et pourtant.
Je lorgne sur les corps obèse, je l'espère très discrètement mais c'est plus fort que moi, j'ai toujours cette double pensée : "ça aurait pu être toi" et "c'est ce que tu pourrais devenir si tu ne fais pas attention"
Avoir peur de devenir gros, c'est déjà de la grossophobie, être écoeurée par son propre reflet (ça m'arrive encore) aussi. Tellement de choses à déconstruire. Tellement d'erreurs à ne pas reproduire, sur soi mais aussi pour les autres.
C'est un excellent travail que ce petit livre, une base sur le sujet, il devrait être à remettre entre toutes les mains. Il souligne toutes les violences et les clichés avec pertinence , il permet d'ouvrir les yeux, tout simplement.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
[...]voici quelques pistes pour être un bon allié dans la lutte contre la grossophobie:
[...]
quelques exemples de phrase à bannir de votre vocabulaire:
*Mais, c'est dommage, tu as un si joli visage !
*Tu serais tellement mieux avec quelques kilos de moins.
*Tu as déjà pensé à faire un régime ? Tu connais Dukan ?
*Tu as tellement de courage...
*Pour une grosse, tu t'habilles drôlement bien.
*Non, mais toi, ce n'est pas pareil, je ne vois pas que tu es gros(se).
*Tu pourrais faire un effort.
*Je vais te présenter Robert, il est gros lui aussi.
Nous les avons déjà toutes entendues. Vous n'êtes pas original. Vous n'allez pas nous sauver. Vous ne faites que nous stigmatiser.
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J'ai demandé à ma mère d'arrêter d'acheter du chocolat parce que la tentation était trop douleureuse. Elle m'a répondu qu'elle n'allait pas punir mes frères parce que je n'arrivais pas à me contrôler.

Amaury, 27 ans
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La lutte contre la grossophobie nous concerne tous. Si les personnes grosses apprennent dès leur plus jeune âge à ne pas prendre de place, les discriminations grossophobes se chargent de leur rappeler le volume qu'elles occupent. Un des premiers pas de la lutte anti-grossophobie est de donc de rendre aux personnes grosses leur espace, et la légitimité à l'occuper.
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La pilule du lendemain de première intention, Norlevo, perd de son efficacité à partir de 70 kilos.
[...]
les femmes obèses âgées de moins de 30 ans ont quatre fois plus de risque de débuter une grossesse non désirée ou d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) par rapport aux femmes ayant un IMC normal.
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80% des obèses souffrant de troubles du comportement alimentaire font état de climats infantiles hostiles. Ainsi la famille n'est plus un lieu sécurisant pour les enfants gros, mais l'espace de violences qui peut engendrer des troubles conduisant à l'obésité.
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Daria Marx . La révolte d'une grosse.
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