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Lilian Mathieu (Autre)Vincent Porhel (Autre)Jean-Yves Seguy (Autre)Yves Verneuil (Autre)
EAN : 9782729714130
268 pages
Presses universitaires de Lyon (18/05/2023)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Ce livre présente de manière inédite le « moment 68 » (non seulement les événements eux-mêmes mais aussi l'avant et l'après), selon l'expression de l'historienne Michèle Zancarini-Fournel qui en signe la conclusion.
D'abord, il explore le terrain lyonnais, étendant ponctuellement ses travaux jusqu'à Grenoble ou Roanne, ce que la recherche a peu fait jusqu'à maintenant.
Ensuite, il se place à hauteur d'acteurs : on suit tout autant les mouvements lycéen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique


Les dates- anniversaire sont des temps forts de la mémoire.
L'histoire y inscrit ses interrogations et ses recherches sous des formes diverses.
Le colloque organisé en octobre 2018 à l'Université Lumière Lyon 2, pour marquer le cinquantenaire de 1968 à Lyon, revient sur la manière dont ces temps de rupture ont été vécus dans les structures d'enseignement, de l'Université au second degré, dans l'agglomération lyonnaise et sa région. Cet ouvrage en est le fruit.
Examen « décentré » d'une crise majeure, il présente deux éclairages complémentaires: la spécificité de la crise à l'échelle locale et la manière dont y prennent forme des caractéristiques symptomatiques du contexte national.
La préface et l'introduction présentent cette dualité avec vivacité, dans une problématique qui met en relief les fondements de ce temps de rupture.
Le « moment 68 » s'inscrit en effet dans la complexité. Celle du temps tout d'abord, car la crise n'est pas limitée aux mois de mai et juin 1968. Elle s'inscrit dans une décennie qui voit prendre forme progressivement la remise en cause d'un héritage institutionnel dans ses traductions sociales. Une autorité figée, des normes culturelles, sociales, dépassées: les générations nées depuis la guerre interrogent des valeurs qu'elles ne comprennent plus.Par ailleurs, la croissance économique des trente glorieuses crée de nouveaux déséquilibres, de nouvelles fractures. L'ensemble de l ‘édifice social vacille. Les conflits du travail se multiplient au fil des années soixante. La longue grève de l'usine Neyrpic en 1962 et 1963 à Grenoble en est un exemple. Avec pour enjeu la défense des droits syndicaux, il scelle un des premiers exemples de solidarité avec les milieux universitaires. de même en décembre 1967, l'Association Générale des Etudiants de Lyon soutient la grève de Rhodiacéta à Vaise. Les différentes contributions de cet ouvrage mettent ainsi en scène les rencontres, la parole partagée, toutes les manifestations d'une remise en question de la société qui prend forme progressivement tout au long des années soixante pour éclater ensuite au printemps 1968.
Elles mettent tout particulièrement en lumière la manière dont l'école, en pleine expansion numérique, a été à la fois un lieu d'expression et un accélérateur de la crise. La massification de l'enseignement touche d'abord le second degré, dans la diversité de ses filières toujours présente. A Lyon comme à l'échelle nationale la croissance des effectifs scolarisés en lycée, entraîne logiquement celle des effectifs universitaires. En 1967-68, l'Université de Lyon avec 30 000 étudiants est la deuxième au niveau national, les IUT nouvellement crées, comme celui de Saint Etienne y ajoutent leurs effectifs. A l'aube de 1968, les travaux qui interrogent cette croissance nouvelle de la population étudiante, posent la question des mécanismes de reproduction des élites sociales, avec les travaux de Bourdieu et Passeron.Le ministère de l'éducation nationale, de son coté multiplie colloques et groupes de travail pour mettre les réformes pédagogiques et éducatives à l'ordre du jour.
Il va être être pris de vitesse.
A Lyon comme à Paris, le développement des groupes politiques d'extrême gauche, les premiers comités d'action lycéens, accélèrent le mouvement qui part dans les deux villes de la périphérie pour gagner ensuite le centre. A Lyon comme à Paris, la mobilisation dans le second degré est sans précédent, les travaux présentés ici s'appuient pour en faire état sur les archives du rectorat de Lyon, sur celles de nombreux lycées, elles rejoignent d'autres sources plus traditionnelles comme celles de la Préfecture de police.
Dans une première partie : « Contestation et résistance », les articles présentés dressent un tableau très exhaustif de tous les acteurs mobilisés en mai juin 1968, au sein de la communauté éducative, les lycéens dressés contre « les lycées casernes » les professeurs en grève à partir du 13 mai, les associations de parents d'élèves à la recherche d'une réforme des lycées. C'est avec l'exemple de Grenoble que la situation des Universités est évoquée.
Le sens de ce printemps de révolte et son devenir sont examinés ensuite dans une grande diversité des contributions. Les transformations de l'Université avec la loi Edgar Faure de l'automne y trouve sa place tout comme des portraits éloquents comme celui de Jeannette Colombel, des exemples permettant d'approcher le climat social de l'époque à l'image du film de Bertrand Tavernier «  L'horloger De Saint Paul ». Des témoignages nombreux dessinent une forme d'épilogue à ce recueil d'articles.
Par la richesse et la diversité de ses articles, l'ouvrage apporte un éclairage précieux à cette page de notre histoire. Il rappelle brillamment que si ce temps d'insolence et d'arrogance n'a pas bouleversé les structures économiques et sociales qu'il dénonçait, il n'en a pas moins permis de faire émerger une pensée nouvelle et différente, et l'école, comme la société dans son ensemble en ont été durablement marqués.
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Un livre qui aborde l'atmosphère de la période de mai 68 pour les jeunes collégiens, Lycéens, étudiants, parents et professeurs de la région, notamment Lyon mais aussi Grenoble, Bourg-en Bresse, Roanne...
C'est un gros travail de synthèse avec de très nombreuses sources (écrites, orales).
On a une présentation du contexte de l'époque, les mouvements de contestations et de résistances qui montent en étant différents et pas toujours unitaires. le point de vue des jeunes élèves et des parents sur les réformes ainsi que des professeurs est aussi bien détaillé.
Les auteurs abordent les évolutions dans le privé et le public.
On retrouve par exemple des parties avec des témoignages d'acteurs de l'époque (enseignants, lycéens, etc....), un regard critique sur le film de 1974 "L'horloger de Saint Paul" de Bertrand Tavernier, le futur des enseignants "soixante-huitards", etc....
Chaque page se termine par les sources et chaque chapitre à sa propre bibliographie. Si on souhaite aller plus loin dans les infos, il y a de quoi faire !!!
J'ai parfois eu plus de mal à suivre certaines parties de chapitres alors que d'autres m'ont plus intéressé mais c'est purement personnel et chacun ne recherche pas forcément la même chose.
Un énorme travail et un livre qui reste très accessible bien que le contenu soit conséquent.
On découvre ces événements d'un point de vue locale et
donc différemment des habituels retours sur le mai 68 à Paris.
Merci au service de Presse Universitaires et à l'opération Masse Critique pour l'envoi de ce livre.
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Écoles en révolte est un ouvrage scientifique sur les évènements de Mai 68, à Lyon, vu par le prisme de l'école au sens large. Il est composé de plusieurs articles, chacun abordant un thème donné. Je suis assez partagée sur ce livre.

Tout d'abord, les différents articles permettent d'avoir une vue assez vaste de ce qu'on appelle en général Mai 68. L'ouvrage insiste sur une autre dénomination : « le moment 68 » car il traite aussi bien du contexte que des suites des évènements de Mai-Juin 1968. Plusieurs angles sont étudiés : l'impact sur les collégiens, leur mobilisation, les différences qu'il y a pu avoir entre les lycées de filles et de garçon, la réaction des parents d'élèves, des professeurs. Il y a un article original sur le scolasticat de Lyon, soit les étudiants à la prêtrise. C'est un aspect que je n'aurai pas imaginé voir, et je me suis aperçue qu'il y avait là aussi une demande d'autonomie, et de modernisation de l'enseignement.

J'ai trouvé très intéressants les témoignages à la fin de l'ouvrage où l'on voit l'ambiguïté du moment : toutes les personnes interrogées sont d'accord pour dire que Mai 68 a eu un impact non négligeable sur leur vie et leur engagement mais sont déçue que ça n'ait pas suffi à « changer le monde ».

Malgré tout je suis restée un peu perplexe sur la forme et quant à savoir à qui était destiné l'ouvrage. Personnellement je suis restée un peu sur ma faim. Chaque article aborde un thème différent, mais du coup, de façon assez 'superficielle'. Attention, tout est très bien écrit et très bien documenté, on voit que les recherches sont sérieuses. Mais en une vingtaine de pages, les auteurs ont juste le temps de présenter les faits, et il y a peu d'analyse derrière. du coup pour quelqu'un qui ne connaît pas le sujet c'est un peu austère. Certains articles rentrent dans le détail de savoir qu'untel était d'abord Maoiste, ensuite au Parti Communiste, mais il était en désaccord avec Machin, etc. Quand on n'est pas au fait de ces gens, c'est difficile à suivre.

Ça n'est clairement pas écrit comme un ouvrage de vulgarisation à destination du « grand public » même pas un « grand public » averti. J'ai par ailleurs l'impression, que ça n'est pas assez détaillé pour être utile à des chercheurs mais pour le coup je peux me tromper.

Pour conclure, j'ai appris des choses intéressantes, mais je ne sais pas trop quoi en faire, et si quelqu'un écrit un ouvrage d'analyse des faits qui sont présentés ici, ça serait cool :)
Lien : https://marianneprofeta.fr/?..
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Un récit rempli de témoignages et de recherches, faisant apparaître les nombreuses sources de ces derniers.

Il nous plonge dans l'histoire de mai 68. On suit tout autant la naissance du mouvement des lycéens, la révolte mais aussi la manière dont les professeurs les ont accompagnés. Ma lecture m'a permis d'apprendre beaucoup de choses notamment le regard et le vécu des profs peu connu du grand public. Également sur le mouvement qui s'est déroulé loin de ceux de la capitale, que ce soit dans l'enseignement privé ou public.

Un gros travail de recherche aux références nombreuses (comme je l'ai déjà dit) qui permettront d'aller encore plus loin dans la connaissance de cette révolte. Toutefois, je pense que cet ouvrage n'est pas voué au grand public mais à des lecteurs bien spécifiques.

Je remercie Babelio pour la masse critique, ce fut une lecture fort enrichissante.
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