L'abandon, au profit de la notation toute pure, du style et de la composition par les impressionnistes, devait forcément amener une réaction ; et, parallèlement aux écrivains symbolistes de 1890, les jeunes peintres indépendants, mécontents du réalisme anecdotique comme de la simple notation d'effets, cherchaient confusément un art plus synthétique, plus stylisé. Cette réaction se groupa assez bizarrement autour de l'oeuvre de Paul Cézanne.
Le nom vague et inexact d'impressionnisme a été donné à un vaste mouvement, le plus significatif dans la peinture du dernier tiers du xix^ siècle, par hasard : un tableau de Claude Monet, exposé en 1867 et intitulé Impression, ayant fait scandale, le public appela « impressionnistes » les novateurs qui lui semblaient peindre de cette manière, et ils acceptèrent le nom, comme, vingt ans plus tard, les poètes qualifiés « décadents » se parèrent de cette épithète méprisante avant de désigner sous le nom de « symbolisme » leur credo esthétique.
Manet a été le premier et le plus résolu réalisateur du second des deux principes de l'art impressionniste, la recherche du caractère. Mais quant à l'étude de la lumière, c'est à Claude Monet qu'en est due l'initiative.