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EAN : 9782354080518
269 pages
Editions Mnémos (24/08/2009)
3.46/5   81 notes
Résumé :
Ouvrage paru sous le titre "Le pire est avenir", puis sous le titre "Rien ne nous survivra".

Les jeunes ont rasé Paris, ont renversé les fondamentaux de notre société ; les jeunes ont osé briser le plus délicieux des tabous : tuer les vieux.

Tous les vieux. A partir de vingt-cinq ans. Laissez les Théoriciens vous expliquer pourquoi. Dans cette atmosphère de guerre civile, de poudre et de béton calciné, deux snipers émergent.

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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Si j'avais adoré « Dehors les chiens, les infidèles » mettant en scène un monde sombre d'inspiration médiéval et proche de sa fin, je dois avouer avoir été moins convaincue par « Rien ne nous survivra ». On retrouve pourtant un univers tout aussi sinistre, le notre cette fois, ravagé par la guerre civile. A Paris, les jeunes se sont rebellés contre leurs aînés, lassés de se voir systématiquement stigmatisés et jamais pris au sérieux par les « vieux ». Les vieux ? Tous ceux qui dépassent vingt-cinq ans. L'objectif de la révolte ? Tous les exterminer. Les parents comme les grands-parents, les vieillards en maison de retraite comme les trentenaires ou les soixante-huitards, les riches comme les pauvres... le mot d'ordre : pas de quartier. le lecteur, lui, n'assistera pas à la naissance de ce mouvement radical mais découvre ses conséquences près de deux ans plus tard. Paris est alors une ville en ruine où continuent de s'affronter les jeunes et les vieux, obligés de fuir la capitale et de solliciter l'aide des puissances internationales qui voient évidemment d'un très mauvais oeil cette incontrôlable épidémie de parricide. La date de leur intervention a même été fixée. Un compte à rebours que la plupart des jeunes n'escomptent d'ailleurs pas dépasser. Mais il peut s'en passer, des choses, en cent-neuf jours.

L'idée de Maïa Mazaurette a le mérite d'être originale et, si on a souvent du mal à croire qu'une telle révolte ait pu germer dans notre société et engendrer des actes aussi extrêmes, on se laisse rapidement prendre par l'ambiance à la fois menaçante et tragique qui baigne le roman. La construction narrative est également intéressante, les chapitres alternants deux points de vue, celui de deux snipers particulièrement doués dont les routes vont se croiser de façon inattendue. L'un, Silence, est une légende parmi les jeunes et a tout sacrifié pour que sa révolte aboutisse. L'autre, l'Immortel, développe rapidement une fascination dérangeante pour son aîné qu'il cherche à la fois à faire souffrir, posséder, imiter, adorer. A cela s'ajoutent quelques extraits de tracts exposant les théories des inspirateurs du mouvement et qui nous permettent de mieux comprendre les raisons de cette explosion de violence et les principaux arguments utilisés pour convaincre les jeunes de se retourner contre leurs aînés. le ton assez distant employé par l'auteur empêche toutefois de se sentir véritablement concerné, aussi bien par le destin des deux protagonistes que par l'avenir de leur révolution. On suit donc sans déplaisir, mais sans grande passion non plus, l'évolution de leur complexe relation qui relève tour à tour de la fascination, de la haine ou de l'amour.

Un roman original et marquant mais trop froid pour qu'on puisse vraiment se sentir touché par l'histoire ou les personnages. La difficulté que l'on éprouve à se mettre dans la peau de ces jeunes et à comprendre leur choix de se tourner vers une solution aussi radicale est un handicap supplémentaire qui m'a à de multiples reprises perturbé lors de ma lecture.
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Naviguant entre les vagues d'une mer étrangement sombre, l'oeuvre de Maia Mazaurette, "Rien ne nous survivra. le pire est avenir", m'apparaît telle une étrange contre-mélodie au discours de deux penseurs stoïques qui me sont chers : Sénèque et Marc-Aurèle, qui, dans leurs textes, ont contemplé la vieillesse non comme un déclin, mais comme l'apogée d'une vie où la sagesse et la tempérance rayonnent. Là où Sénèque voyait dans le vieillissement un refuge pour l'esprit, et Marc-Aurèle y discernait une acceptation sereine du cours naturel de la vie, Mazaurette, avec une langue tranchante mais indéniablement appauvrie, exprime une révolte éclatante contre l'ancien, présentant une jeunesse en guerre, désireuse de détruire et de tout balayer sur son passage.
Sa prose, à la fois acide et simpliste, si éloignée des raffinements langagiers de nos chers philosophes, révèle, par-delà son style économe et son narratif brutal, une volonté de refléter une génération Y teintée d'un narcissisme apparent, et peut-être d'une soif insatiable de nouveauté et d'auto affirmation, sans l'ombre de la vertu qui habitait les réflexions de mes chers stoïciens. Ce contraste abrupt entre une vision passée de la vieillesse et cette image presque apocalyptique de la jeunesse me laisse en contemplation, m'invitant à une profonde méditation sur les valeurs, l'essence de la rébellion et la soif d'exister qui habite ces jeunes âmes en devenir.

Assurément, "Rien ne nous survivra. le pire est avenir" se prétend une odyssée dans une dystopie, une vision futuriste et désolante, mais je crains que son fondement de science-fiction ne soit, dans sa réalité, qu'un simple décor, un prétexte subtil et pas si subtil à la fois, permettant à Mazaurette d'exercer une sorte de vendetta personnelle, plus qu'une réelle projection des maux de notre société dans un futur hypothétique. À la différence des oeuvres post-apocalyptiques et cyberpunk, qui nous interrogent, nous inquiètent et nous mettent en garde contre les abysses vers lesquels notre civilisation pourrait sombrer, ce récit ne me semble naviguer que dans les eaux troubles d'une rancoeur mal dissimulée, plutôt que de sonder les profondeurs de l'âme humaine et de ses possibles dérives. En cela, et avec une langue loin de la richesse et de la beauté qui pourraient conférer une dimension transcendante à la désolation, je ne trouve pas dans ce roman l'écho d'une vérité perturbante, mais plutôt le murmure d'une colère, enfermée dans les limites étroites d'une vengeance juvénile.
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Maïa Mazaurette, plus connue pour ses ouvrages ou blog de sexologie ou sur la sexualité en général, est aussi auteur de SFFF. Dehors les chiens, les infidèles était par exemple un très bon roman de fantasy sur le fondamentalisme et le fanatisme religieux; mais j'avais un peu peur d'ouvrir Rien ne nous survivra, qui est en fait son premier roman.

Et, autant l'avouer tout de suite, ça a été une véritable claque.

Trois histoires se mêlent ici : celle de la révolution, description des mouvements armés, propagande anti-vieux, attente de la fin de l'ultimatum ; celle de Silence, combattant engagé et extrémiste, dont on ne saura jamais qui il est vraiment, ni son nom, ni son sexe ; celle de la poursuite de Silence par l'Immortel, dans un jeu sado-masochiste à la limite du fantastique, dans une version absolue, folle, trash et intense du thème de l'amour-haine.

La forme du récit, succession de points de vue entre Silence et l'Immortel, toujours à la première personne, parfois entrecoupée de tracts de la Théorie, fonctionne à merveille. le style, clair, direct, percutant, maîtrisé, fait mouche comme chaque balle des snipers.
Les personnages, travaillés, sont d'une intensité folle. Si Immortel me laissait au début un peu de marbre, ça c'est progressivement transformé en fascination, presque aussi perverse que sa relation d'amour-haine avec Silence. Et Silence, justement, entier, humain et mythe réunis, sans doute le meilleur personnage du roman. Les seconds rôles sont très bon aussi (Vatican, Narcisse, Oimir...). Les idées des clans, des pseudos, sont très bien pensés et installent un véritable univers, presque une mythologie.
L'ambiance vous agrippe à la gorge, au coeur, aux tripes, ça vous prend et ne vous lâche pas. Et c'est intelligent en plus, avec des arguments basés sur de véritables constats et problématiques sociétales, idées dérangeantes ainsi poussées à l'extrême dans leur résolutions et pourtant qui tapent juste parce que pas sorties de nul part; c'est un récit pleinement engagé.
Après, sur quelques rares chapitres, les points de vues ne sont pas toujours bien marqués (Silence et l'Immortel parlent avec la même voix, le même style, on ne saurait pas reconnaître qui est qui sans les indications), et l'intrusion du fantastique perturbe un peu, en se disant qu'il n'y avait pas besoin, avant de finalement adhérer devant ce fusionnel fou.

Intense intense intense, un vrai coup de coeur.

Le petit plus du livre :
Les tracts des Théoriciens qui émaillent le récit, entre deux chapitres, expliquant pourquoi tuer les vieux est une nécessité absolue. Et beaucoup d'arguments (jeunisme, infantilisation, culpabilisation) font mouche.
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Nous sommes dans le futur mais pas très loin, le futur proche.
Un jour les jeunes en ont eu marre de se faire marcher dessus, d'être toujours ceux qu'on embobine, ceux qui se font laver le cerveau par la société de consommation. Plus d'avenir, que des contraintes, gâcher ses meilleures années de vie pour payer la retraite d'adultes qui vivent de plus en plus vieux, plus d'avenir ...

Alors ils se sont révoltés et ils se sont surtout fait embrigadé. La première étape : tuer ses parents. Ce crime originel ne pouvant pas se pardonner il faut continuer, se débarrasser du plus de vieux possible. En bande, en solitaire, peu importante tant qu'on est productif pour la cause. La liberté ça se paye et ils ne lâchent rien.

Quand le livre commence la guérilla se poursuit depuis 2 ans, les jeunes tiennent la rive gauche de Paris, alors que les vieux sont retranchés dans la rive droite. L'île de la cité a été quasiment rasée et est témoin de la plupart des combats.

Du coté des jeunes plus de nom et de prénoms, les pseudos choisis eux même sont de mise, plus de genres, de modes, de musique, de livres, de culture, plus rien qui pourraient les rattacher à l'ancienne société. Ils rejettent tout. Ils vendent les musés à des trafiquants d'Europe de l'est pour acheter leurs armes et munitions ainsi qu'un peu de nourriture.

Les élites de cette nouvelle société qui veut tout changer sont les snipers. Bien cachés sur les toits ils éliminent tout les vieux qui osent sortir de chez eux.
Nous assistons à l'opposition entre deux d'entre eux.

Silence était la à l'origine, il a vécu les premiers meurtres, les premières batailles. Il connait les dessous de cette révolte. Intrépide et sans peur, bien organisé et bien nourri comparé à la masses des jeunes affamés qui parcourent les rue, il est LA Star. Sans pitié il n'hésite pas à tuer tout ceux qui se mettent sur son chemin ou qui s'attribuent ses victimes au tableau des scores qui a été affiché.

L'immortel lui est arrivé bien après. Silence était son idole jusqu'à ce qu'il se retrouve au coeur d'une de ses vengeances et que celui ci assassine sa copine. Depuis il le traque, remontant sa trace petit à petit.

C'est un roman d'anticipation très brut, dérangeant, intense et assez difficile au niveau de ses thèmes : les luttes intergénérationnelles.

C'est aussi du coup un livre qui sera surement très clivant.

J'avoue qu'au début j'avais des doutes, ça me semblait trop gros pour être réaliste cette révolution, trop extrême en fait. La suspension d'incrédulité ne fonctionnait pas.
Du coup je n'arrivais pas à entrer dans l'histoire.

Mais finalement, petit à petit ça c'est fait. L'ambiance y a beaucoup fait je pense. C'est une ambiance qui tient aux tripes. C'est vrai que certains détails restent peu vraisemblable de nos jours, que les "vieux" semblent manquer de CRS, de protection ou de puissance de feu pour réagir comme on le voit maintenant sur les gilets jaunes. Mais finalement ça passe quand même bien sur le long terme si on met ça de coté.

Finalement je dirais que malgré le fait qu'il date un peu, il reste très actuel dans ses thèmes, dans les revendications des jeunes. Surtout si on prend les gilets jaunes actuels, et les mouvements comme le #me too qui sont exactement le genre de revendications des jeunes du livre.

Il se compose de 3 types de chapitres : les chapitres Silence, les chapitres Immortel, et les chapitres Théorie qui servent nous montrent les idées de propagande qui ont fait se lancer et se poursuivre le mouvement.


15.5/20
Lien : https://delivreenlivres.blog..
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Point positif: le style de l'auteur, moderne et incisif comme une balle de sniper. Bon, certaines phrases n'ont pas trop de sens mais ça sonne joliment. Les chapitres sont courts très courts et cela donne un rythme effréné à ce récit.
Autre atout: le personnage de Silence, véritable âme de cette révolution, doté d'un bon charisme et d'une bonne dose de mystère. On peut y ajouter quelques personnages secondaires intéressants ( Vatican et Narcisse entre autres).
Alors pourquoi cette note de 2?
-le postulat de départ ne me paraît pas crédible: cette violence envers les vieux, les théories développées m'ont laissé perplexe (pour être gentil). Je n'y ai pas crû.
-les cinquantes dernières pages frôlent le n'importe quoi à mon avis et m'ont fait baisser ma moto d'un demi-point.
Mais bon, je commence à m'embourgeoiser et j'ai passé 40 ans, je n'ai peut-être pas ma place dans ce livre.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous refusons les solutions classiques. Le travail ne nous intègre pas, nous sommes fatigués des stages, épuisés d’être enterrés vivants. Nous réfutons le mythe démocratique. Il faudra nous suivre ou nous combattre. Mais jamais plus nous ignorer.
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Le savoir se périme, les humains aussi. On achève bien les logiciels. Le manque d'adaptation des vieux nécessitait qu'on les termine. De plus, les vieux innocents n'existent pas. Ils ont tous au moins tué un jeune : celui qui vivait en eux.
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Ceux-là sont les pires, le ventre mou et sympathique de l’ennemi. Je leur reproche, individuellement, de n’avoir même pas été conscients du mal infligé. Les excuses séculaires se recoupent toujours : ils ne savaient pas que les Noirs avaient une âme, ils ne savaient pas que les femmes avaient des droits... la souffrance par habitude et par ignorance, dénuée de sens général mais pas de sens pratique. Le pognon anthropophage cherche toujours de nouvelles proies mais, qui sait ? peut-être que ces trois vieux votaient communiste.

Face à l’ennemi de bonne foi, le doute s’installe.
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Devoir de mémoire ? Quelle connerie. Si même les vieux ne savent pas que le temps passe, qui d’autre ? Et jusqu’où ? Va-t-on fêter toutes les guerres, se souvenir de chaque général sanguinaire ?

Mieux vaut profaner, c’est plus gai. Que le marbre vole en éclats. Que les crics détruisent ces monuments aux morts, qu’on insulte la mémoire. On a tellement parlé de satanisme, à l’époque. Ils ne pouvaient pas soupçonner qu’on puisse haïr les morts, tout simplement.

Mémoire sacralisée, mémoire sous formol, mémoire stérile.
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Les jeunes s'en sont pris aux immeubles, aux abribus, aux voies de chemin de fer, aux poubelles, aux vieux, et même aux platanes. Mais jamais aux lampadaires. Bizarre. En même temps, je comprends : un lampadaire sans électricité, on ressent de l'empathie, ça calme la rage, et toute une enfilade de lampadaires éteints, c'est comme un jardin zen.
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